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Tale me more - Page 85

  • L'épine dans mon pied

    colum_mccann_etquelevastemonde.jpgEt que le vaste monde poursuive sa course folle, Colum McCann

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    Avis pas chrono'

    Très belle écriture, mais pour moi, une grande déception, à la limite du rejet. Le ton n'était pas celui que j'espèrais et l'histoire, bien trop sombre à mon goût, n'éveille chez moi aucun écho. Un livre qui m'est resté étranger.

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    Deux mois pour donner mon avis... Le grand vide sur le blog c'est à cause de ce maudit roman, qui avait un titre tellement poétique et une couverture nuageuse à souhait.

    Je l'ai lu, j'ai été terriblement déçue. Encore de l'alcool, des prostituées, l'amérique urbaine, détestable. Les pauvres petits personnages,  dont Corrigan, le prêtre irlandais, insectes perdus dans un univers hostile, qui surnagent à peine. Lourd, lourd, très lourd, tout ça, triste et poisseux. Morne.

    Une très belle écriture. Un exercice de style,même.

    Je n'ai jamais réussi à accrocher. A peine un frémissement, dans le dernier tiers du roman, après l'ultime changement de point de vue. Des femmes. Des geeks. Un peu plus mon domaine.

    Pourtant, on sait combien j'aime ces romans techniquement bien foutus, cohérents, avec un pivot, des histoires satellites... C'est conçu comme un Jonathan Coe. C'est encore mieux écrit (exception faite de cette manie de vouloir copier des tournures orales). Mais sans aucun humour. Un gros caillou dans l'estomac, qui a beau être un lingot d'or, çe ne le rend pas plus digeste.

    Le funambule est le fil conducteur, c'est le cas de le dire. Il sert à la fois de repère géographique et chronologique. Autour de lui défilent ces petits ou ces grands drames de la vie moderne. On enfile: morts, deuils de fils tué en Irak, couples qui s'effilochent, brèves étreintes sans avenir...

    Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu quelques pointes d'amour et d'optimisme. Mais c'était froid, suis restée froide.

    L'ultime petit détail qui n'a l'air de rien: j'avais pris des notes sur ce livre, péniblement. Quelques mots. Et quelques citations. Et au moment d'écrire mon billet, impossible de remettre la main dessus. J'ai cherché pendant des jours, bizarrement incapable de faire sans... Deux trois fois par semaine, je me mettais à soulever les coussins du canapé, à regarder sous le lit. J'ai voulu m'en passer, mais c'était impossible. Un blocage.

    Ce matin, je sors le livre de l'étagère "purgatoire" (après la P.A.L, avant l'archivage en bibliothèque). Et là, un marque page rose, à l'intérieur... Aucune note, en fait. Rien que trois numéros de pages...  ><

    Maintenant, je peux enfin me débarasser de cette épine dans le pied de mon blog:

    Page 237 (ça, c'est tout moi!): "Quand on programme aussi, le monde rapetisse et ne bouge plus. On oublie tout le reste. C'est comme une transe. [...] On trouve un rythme de croisière. On continue. [...] ça peut être un programme de reconnaissance vocale, ou pour jouer aux échecs, ou une appli pour un radar d'hélicoptère, c'est pareil: le seul truc qui compte, c'est la prochaine ligne de code. Les bons jours on peut en écrire mille. Quand ça va pas, impossible de trouver celle qui fout tout par terre."

    Page 277 (ça c'est moi aussi...): " Je pense qu'elle est encore plus inutile qu'il y cinq minutes, quand elle servait déjà à rien."

    Page 320 (et ça, ça m'évoque quelque chose...): "Les crimes étaient commués en délits. Une forme comme une autre de démolition. Il fallait manoeuvrer la pelleteuse. On le jugeait sur la façon dont il jugeait: moins il donnait de travail aux collègues à l'étage, plus ils étaient contents de lui. 90% des affaires - même des infractons graves - devaient être classées sans suite. "

     

    P.A.L à 87 --> 79

  • Rentrée littéraire

    carlos ruiz zafon, ombre du vent, litt espagnole, aventure, amour, suspense, un best seller avec tous les bons ingrédients, diable, maisons maudites, police, guerre civile, cimetière des livres oubliésL'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon

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    Avis chrono'

    Je n'ai pas été déçue par ce roman qu'on me recommandait depuis si longtemps! J'ai même réussi à oublier que ça se passait en Espagne, c'est dire si j'étais plongée dans l'histoire... Les méchants sont bien méchants, les gentils sont nombreux et attachants, chacun à sa manière. Daniel est fait pour nous toucher. De bonnes recettes, de bons ingrédients, un bon moment.

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    Humour...

     "Avec le temps, elle apprit à se concentrer sur la mince part des élèves, pas plus de dix pour cent, qui s'élevaient au dessus de leur condition de petits animaux parfumés"

    Emotion...

     

    "Loin de se vanter de son éthique de travail, il plaisantait sur cette frénésie de production et la décrivait comme une forme mineure de la lâcheté.
    - Pendant qu'on travaille, on ne regarde pas la vie dans les yeux ».

     

    J'ai réussi! Quel sprint sur la ligne finale! Je publie mon billet à une heure indécente, mais le jour exact de la LC, ce qui était inespéré avant-hier, lorsque je me suis aperçue que je n'avais lu que la moitié du livre en un mois et qu'il me restait deux jours pour le finir.

    Je parlais de recette, un peu plus haut ... ma toute première impression de lecture a été "whaou, on dirait un roman comme j'en dévorais étant gamine" et le titre qui m'est venu à l'esprit, c'est Le comte de Monte-Christo. Qu'est ce que j'ai pu aimer ce livre!

    Je serais tentée de parler de roman d'aventure, même s'il n'y a pas dans l'ombre du vent assez d'action pure, de coups d'épée, ou d'air marin.
    Nous sommes plutôt dans la littérature qui s'aime elle-même et se met en scène, puisque l'objet au coeur du roman est un livre perdu, mystérieux, recueilli par le jeune héros Daniel.

    L'auteur de ce livre, Julian Carax, semble avoir disparu dans des circonstances étranges et depuis, un homme qui sent le souffre cherche chaque exemplaire de ses livres pour les brûler... Quel suspense!

    "Les raisons de dire la vérité sont limitées, mais le nombre de celles qui poussent à mentir sont infinies".

    S'en suit une enquête, en compagnie d'un drôle de zigue, Fermin, un peu libidineux, vaguement provocateur, mais si attachant. D'une ou deux filles parfois écervelées. N'oublions pas: des prostituées, des concierges, des prêtres, des femmes torturées par leur passé, des hommes monstrueux excités par l'odeur du sang de la guerre civile, des pères désemparés et j'en passe... Ah! Et les histoires d'amour, sortez les violons... Avec du sexe à même le sol, of course, c'est ça la jeunesse. Et des blessures par balles... Faudrait vraiment bouder son plaisir!

    Bien sûr, au fil du texte, des liens se dessinent entre Carax et Daniel... C'est le petit côté superstitueux qu'on aime trouver dans les romans, ce lien ténu, vaguement mystique, entre deux destinées, cet écho humain, parce que c'était lui et parce que c'était lui (l'autre lui) et blablabla...

    C'est assez foisonnant, dans la forme, ce mélange de personnages, ces rebondissements parfois trop évidents, les séquences émotions où on sort les mouchoirs... Et je n'ai pas particulièrement aimé tous ces passages un peu "faciles" en italiques, où l'on nous sort d'un chapeau un épisode du passé (au compte-gouttes, faut en garder pour la fin), en dévoilant plus que le narrateur supposé de l'épisode n'en pourrait véritablement savoir...

    Je crois qu'une grande partie de cette sensation d'être happée dans le récit m'est venue de cet artifice d'écriture qui consiste à brasser beaucoup, et très vite, et tout le temps...

    Car si j'y réfléchis bien, je n'ai pas été souvent surprise, même pas tellement à la fin, mais j'ai joué le jeu, j'ai fait "comme si"... Ce que je n'aurais pas fait si je n'avais pas eu l'impression  de prendre beaucoup de plaisir à lire.

    La vision de la femme est un peu décevante... Les hommes occupent tout l'espace et sont les seuls personnages consistants du récit, qui sortent du registre émotionnel. Pas bien, ça... tssss...

    "Comme nous l'enseigne Freud, la femme désire l'opposé de ce qu'elle pense ou déclare."

    Mais le seul personnage vraiment raté, à mes yeux, c'est le père de Daniel.
    Qu'en pensent mes compagnons de LC? Je crois que je vais remettre à demain la lecture de vos critiques!


    1590023268.jpgLa minute culturelle - Leçon de vocabulaire par Carlos Ruiz Zafon:
    - Incunable: Livre qui date de l'origine de l'imprimerie.
    - Morticole: Personne incompétente.
    - Vistemboire: Pas dans mon Larousse. Et suis pas du genre à en pincer pour Robert... Désignerait un objet indéfini et mystérieux...?
    - Rhapsode: Chanteur antique (= pré star-académicien).
    - Caque: Barrique pour les harengs. Version géante de la boîte de sardines.

    Liens vers les billets des autres participants:

    L'organisatrice, Lilly!

    Audrey - Jostein - ô pâle étoile - Laura - Gabyelle - Nienor -

    P.A.L à 87  --> 80

  • En rouge et noir

    emily the strange.jpgEmily the Strange, Tome 1: Les jours perdus, Rob Reger

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    Un univers très particulier, envoûtant, des illustrations magnifiques qui accompagnent un récit-énigme où tout se goupille bien, pourvu qu'on soit assez large d'esprit et prêt à mettre dans le même grand sac un robot, un bar gothique, un jeu de poker spécial, un médium pré-pubère, des paris stupides et quelques chats énigmatiques.

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    Un passage furtif... C'est la panne sèche, comme vous avez pu le remarquer. J'ai lu Emily the Strange il y a déjà plus d'un mois, autant vous dire que ce billet va avoir des relents de poisson pas frais...

    C'était chouette, en tout cas, je vous le conseille. J'ai eu l'impression de retourner en enfance et de lire une de ces histoires de détective dont on a hâte de connaître la solution. (Quitte à tourner un tout petit peu la page suivante pour au moins regarder les images).

    100_1304.JPGEmily , qui ne sait pas qu'elle est Emily, car elle a perdu la mémoire, est assise sur un banc, dans la petite ville isolée de Blackrock. Elle n'a pas la moindre idée de ce qu'elle fait là et entreprend de tenir un journal intime pour y consigner ses découvertes.

    De rebondissements en rebondissements, il est très difficile au lecteur, même perspicace, de savoir comment tout cela va se terminer. Surtout parce que c'est souvent délirant et bizarre. La fille est bizarre... L'atmosphère est bizarre... On frôle la science fiction. Et le rêve éveillé.

    Le genre de bouquin qu'il faut à tout prix piquer à nos enfants pour passer un bon moment. Si vous avez réussi à échapper à l'obligation de procréer, j'ai le livre, moi, et je suis dispo à l'adoption. Maison avec vue sur la mer bienvenue.

    100_1306.JPGIl paraît que le tome 2 n'est pas aussi bon. A voir. Un jour. En attendant je vais me regarder un film romantique, on sait jamais, ça fait du bien parfois...

    Autre renseignement d'importance sur Emily: elle a exactement la même coupe de cheveux que moi à son âge. Ah! Et le personnage, semble-t-il, est super connu! (J'ai découvert lors d'une précédente plongée dans la haute-culture cinématographique qu'un poster d'Emily ornait la chambre du gamin dans Freaky Friday).

     

    P.A.L à 87 --> 81

  • La femme comme je l'aime

    hedda gabler, ibsen, théâtre, litt norvégienne, sublime hedda, couple, ambiguité, identité, 19e siècle, pouvoir, séduction, absense de capacité à aimer.2j%27aime.jpgHedda Gabler, Henrik ibsen

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    Avis chrono'

    Une pièce très accessible et très complexe à la fois, mettant en scène une sublime figure de femme, une femme qui se heurte à la pauvreté des possibles dans sa vie: être une épouse, être une mère. Et point barre. ça fait pitié, je la comprends... Sûrement pour ça que j'ai adoré ce texte.

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    Encore du théâtre... Ce blog se spécialise contre ma volonté... J'ai bien sûr une excuse en béton pour justifier cette rechute: la lecture commandée.
    La lecture commandée - pour ne pas dire imposée - est la version "vie réelle" de la célèbre L.C.
    Elle commence généralement par un coup de téléphone pour me proposer de discuter d'un livre. (Ok, avec plaisir!!) D'un livre que je n'ai pas lu (bien sûr, ce serait trop facile. Ok, s'il est à la biblio...)
    Grosse différence d'avec la L.C. standard: le délai aberrant. - ça marche, on se voit quand? Euh...Demain?

    J'adore qu'on me sollicite... je ne saurais le dire mieux. Suis ravie de courir partout en urgence. De commencer à lire à peine le pied posé hors de la médiathèque. D'attendre impatiemment le lendemain... Tout ça pour me faire bousculer, parfois hurler dessus et entendre 200 fois dans l'heure "Ah NON, je ne suis pas d'accord. Tu ne PEUX pas dire ça!". Saisir alors le sens de l'expression "une imbécile heureuse". Je n'ai jamais été si heureuse un 26 août. Pas depuis des années!

    Vous l'aurez compris, j'ai adoré cette pièce (même s'il semble que ce ne soit pas pour les bonnes raisons, celles des universitaires émérites, érudits, éclairés, ééé...et caetera.).
    Le personnage féminin central, Hedda, est magnifique... d'une complexité dont on ne peut venir à bout, alors que l'ensemble est d'une telle limpidité... Se lit très vite, n'a pas cette pesanteur habituelle des pièces, qui nous rappelle à chaque page que ce texte n'est pas fait pour être lu mais pour être joué. Peu de personnages, une situation a priori simple. Et 3000 ambiguïtés. 10000 Interprétations. Tout ce que j'aime.

    Les époux Tesman rentrent de voyage de noce. Lui est un intellectuel qui étudie l'histoire de la culture Elle, elle l'a épousé en connaissance de cause, mais ne parvient à se satisfaire de cet être terne et trop insignifiant. Elle rêve de grandes choses, mais sans parvenir à leur donner de contours précis, d'où une grande frustration...

    Hedda Gabler (de son nom de jeune fille) est une femme qui ne demande qu'à vivre, mais souffre de n'avoir, en tant que femme, qu'une emprise médiocre sur le monde. Ne sachant (n'osant?) aimer, elle est en partie "défaite" du rôle type d'épouse, qui la dégoûte. Aucune autre possibilité ne s'offre à elle qu'un insatisfaisant et stérile jeu de séduction, dans lequel elle ne trouve pas son compte.

    Elle va jalouser/envier/désirer une autre femme, Théa, qui, elle, a su influencer la destinée d'un autre homme, Loveborg, en faisant d'un noceur un homme nouveau, "nettoyé", auteur d'un livre à succès. Hedda connaissait Loveborg, elle en était très proche, mais la réputation sulfureuse de celui-ci et la crainte d'Hedda de perdre en respectabilité les ont séparés (enfin, c'est un peu moins clair que ça, je sais que je me trompe en l'écrivant...).

    Hedda comme elle le dit si justement elle-même en prenant place sur le canapé, va vouloir se mettre entre eux deux. Elle peut sembler méchante, froide, manipulatrice... mais ça sonne plutôt comme la rage du désespoir. Ce qui est magnifique, c'est qu'elle ne souhaite au fond que vivre quelque chose de beau.
    Et quand ce  beau n'arrive pas... Quand les médiocres semblent avoir le dessus et triompher sans elle...

    Je m'arrête là car je sens que je ne suis déjà pas dans l'usage ordinaire de mon blog et qu'à vouloir trop en dire en trop peu de place, je ne suis plus fidèle au texte. Mais j'invite chaleureusement tout lecteur d'Ibsen à se joindre à un débat plus précis!

    S'il vous plaît? Et avec un grand sourire? Pour me faire plaisir? Qui aurait l'amabilité de lire cette pièce et d'en discuter? (Si ça marche sur moi... ça marche p'têt sur vous aussi...)

  • Vite, un croque-mort

    comme des fantômes,fabrice colin,nouvelles,recueil,fantasy,imaginaire,imaginales,références,intertextualité,peter pan,jules verne,alice au pays des merveilles,enfance,alcool et sexe en prime,pour adulte qui ont gardé une ame d'enfantComme des fantômes, histoires sauvées du feu, Fabrice Colin

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    Avis chrono'

    Un recueil de nouvelles entre fantasy, littérature de l'imaginaire et poésie, à la construction très originale. Par contre, je pense que seuls les vrais connaisseurs du genre pourront saisir pleinement l'ensemble des références, clins d'oeil et reprises.

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    Nouvelle incursion dans le domaine de l'imaginaire avec ce volume de la collection Folio S.F. que je dois à un partenariat Livraddict. Un grand merci!

    Le début est perturbant puisqu'on nous annonce la mort de l'auteur, Fabrice Colin, dans un incendie. Le recueil se présente alors comme un hommage à son travail, une compilation de ses nouvelles, chacune assortie d'une introduction écrite par un ami, un éditeur, un autre auteur...

    Cette info sentait le souffre, mais à 2h du matin au chaud sous sans la couette (28°C dans la chambre) hors de question de me relever et de rallumer le PC  pour vérifier. Il m'a fallu attendre le lendemain pour en avoir confirmation: M. Colin se porte comme un charme. Autant vous dire qu'entre les deux j'ai bien grincé des dents. Je n'aime toujours pas ne pas savoir ce qui est vrai.

    La préface est signée "Claro". Claro? Pffft... Connais pas...
    Et cette réaction, j'ai bien dû l'avoir au moins 30 fois dans le roman, preuve que je suis totalement déconnectée de l'univers de la fantasy et de la littérature contemporaine. J'ai eu souvent du mal à décoder les références - (un catalogue des Imaginales?). Heureusement, le recueil en est tellement plein à craquer que dans le lot, j'ai parfois pu me sentir moins bête. Jusqu'à Peter Pan, Alice et Tolkien, ça va, je tiens la route. Jules Verne, c'est la limite...

    Voilà pour ce qui est de la présentation et ce n'est pas rien d'arriver à transformer un recueil de nouvelles indépendantes et trèèès variées (du classique récit de fantômes à la biographie en passant par des délires divers et opaques ou des réflexions poétiques sur la mort) en un tout cohérent agencé en hommage à rendre à un auteur pseudo-disparu. Il y a des passages de critique littéraire dans les nouvelles, une belle défense de la fantasy p310 et des nouvelles insérées dans le paratexte introduisant un autre récit...

    Rien à dire, l'écriture est de qualité. Aucune histoire n'est ratée, mais le charme n'a pas toujours opéré sur moi, j'ai eu du mal à avancer, assez souvent, dans le recueil dont j'ai étalé la lecture sur plusieurs semaines. L'ensemble est pourtant une expérience agréable.

    J'ai été marquée par:

    - Arnarstapi: Alice (LA Alice, celle de Carroll, qui surgit plusieurs fois dans Comme des fantômes) vieille dame exilée en Islande, confiée aux soins d'un infirmier qui ne saisit pas tout à fait la situation et ne voit en elle qu'une gâteuse comme une autre qui délire à propos de pays magique et qui croit parler à un chat qui sème des sourires comme les autres sèment leurs poils sur les canapés.

    Citation culte. Alice reçoit un colis.
    " - Je l'ouvre?
    Elle acquiesce.
    - C'est sans doute des gâteaux. J'adore les gâteaux. Vous aimez les gâteaux, Jon? [...]
    J'écarte les deux battants. Roulé en boule, tout à l'étroit, un chat me fixe attentivement. Je relève la tête.
    - Ils sont à quoi? demande miss Liddell.
    - C'est un chat.
    - Un chat à quoi?"

    - Retour aux affaires: Moins originale, avec son héros qui passe dans le monde des morts, mais que j'ai beaucoup aimée.

    - Passer la rivière sans toi: Pas simple à résumer... Une fée. Sa mère humaine. Exil. Chagrin. Un film.

    - Un dernier verre, ô dieux de l'oubli: où Dionysos vient écumer les bars de San Francisco, voler des statues, fumer et coucher avec des hippies...

    Et comme d'autres, je suppose, j'ai été un peu dérangée par le Peter Pan vulgaire dans "Une autre fois Damon" (histoire d'un père et de sa douleur suite à la disparition de son fils), qui ve vante de faire "sucer [sa] grosse bite" aux enfants du Pays Imaginaire...

    Je crois qu'on a fait le tour. Multiples effets, multiples tons... Un joli bordel littéraire.

    Une interview, aussi trafiquée que le reste se trouve à la fin du recueil. Je termine sur cette saine assertion:

    " As-tu jamais pensé écrire pour la jeunesse?

    F.C. : Jamais, non. Je trouve la démarche absurde. Je ne sais pas ce qu'est un jeune. La littéraure jeunesse, c'est une invention marketing. [...] Un ado de treize ans, c'est la quintessence absolue de la bêtise. Je sais de quoi je parle. Je ne vois pas pourquoi je me casserais le cul à lisser des phrases spécialement pour des types qui n'en ont rien à foutre de la littérature. Ceux qui veulent lire n'ont qu'à acheter des bouquins normaux."

    P.A.L à  87 --> 82