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femme

  • L'épine dans mon pied

    colum_mccann_etquelevastemonde.jpgEt que le vaste monde poursuive sa course folle, Colum McCann

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    Avis pas chrono'

    Très belle écriture, mais pour moi, une grande déception, à la limite du rejet. Le ton n'était pas celui que j'espèrais et l'histoire, bien trop sombre à mon goût, n'éveille chez moi aucun écho. Un livre qui m'est resté étranger.

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    Deux mois pour donner mon avis... Le grand vide sur le blog c'est à cause de ce maudit roman, qui avait un titre tellement poétique et une couverture nuageuse à souhait.

    Je l'ai lu, j'ai été terriblement déçue. Encore de l'alcool, des prostituées, l'amérique urbaine, détestable. Les pauvres petits personnages,  dont Corrigan, le prêtre irlandais, insectes perdus dans un univers hostile, qui surnagent à peine. Lourd, lourd, très lourd, tout ça, triste et poisseux. Morne.

    Une très belle écriture. Un exercice de style,même.

    Je n'ai jamais réussi à accrocher. A peine un frémissement, dans le dernier tiers du roman, après l'ultime changement de point de vue. Des femmes. Des geeks. Un peu plus mon domaine.

    Pourtant, on sait combien j'aime ces romans techniquement bien foutus, cohérents, avec un pivot, des histoires satellites... C'est conçu comme un Jonathan Coe. C'est encore mieux écrit (exception faite de cette manie de vouloir copier des tournures orales). Mais sans aucun humour. Un gros caillou dans l'estomac, qui a beau être un lingot d'or, çe ne le rend pas plus digeste.

    Le funambule est le fil conducteur, c'est le cas de le dire. Il sert à la fois de repère géographique et chronologique. Autour de lui défilent ces petits ou ces grands drames de la vie moderne. On enfile: morts, deuils de fils tué en Irak, couples qui s'effilochent, brèves étreintes sans avenir...

    Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu quelques pointes d'amour et d'optimisme. Mais c'était froid, suis restée froide.

    L'ultime petit détail qui n'a l'air de rien: j'avais pris des notes sur ce livre, péniblement. Quelques mots. Et quelques citations. Et au moment d'écrire mon billet, impossible de remettre la main dessus. J'ai cherché pendant des jours, bizarrement incapable de faire sans... Deux trois fois par semaine, je me mettais à soulever les coussins du canapé, à regarder sous le lit. J'ai voulu m'en passer, mais c'était impossible. Un blocage.

    Ce matin, je sors le livre de l'étagère "purgatoire" (après la P.A.L, avant l'archivage en bibliothèque). Et là, un marque page rose, à l'intérieur... Aucune note, en fait. Rien que trois numéros de pages...  ><

    Maintenant, je peux enfin me débarasser de cette épine dans le pied de mon blog:

    Page 237 (ça, c'est tout moi!): "Quand on programme aussi, le monde rapetisse et ne bouge plus. On oublie tout le reste. C'est comme une transe. [...] On trouve un rythme de croisière. On continue. [...] ça peut être un programme de reconnaissance vocale, ou pour jouer aux échecs, ou une appli pour un radar d'hélicoptère, c'est pareil: le seul truc qui compte, c'est la prochaine ligne de code. Les bons jours on peut en écrire mille. Quand ça va pas, impossible de trouver celle qui fout tout par terre."

    Page 277 (ça c'est moi aussi...): " Je pense qu'elle est encore plus inutile qu'il y cinq minutes, quand elle servait déjà à rien."

    Page 320 (et ça, ça m'évoque quelque chose...): "Les crimes étaient commués en délits. Une forme comme une autre de démolition. Il fallait manoeuvrer la pelleteuse. On le jugeait sur la façon dont il jugeait: moins il donnait de travail aux collègues à l'étage, plus ils étaient contents de lui. 90% des affaires - même des infractons graves - devaient être classées sans suite. "

     

    P.A.L à 87 --> 79

    Lien permanent Catégories : Pharmacie 4 commentaires
  • Chant de force

    trois_femmes_puissantes_ndiaye.jpgj'aime.jpgTrois femmes puissantes, Marie Ndiaye

    Avis chrono'

    Un énorme coup de coeur pour ma première lecture de l'année! En raison de l'étiquette "roman", je ne m'attendais pas du tout à ces trois récits qui se frôlent, baignés d'étrangeté. Tout pour me séduire. Avec une écriture à tomber amoureuse...


    Grosse pression... On me croyait guérie. Je me croyais dans une douce période de rémission. Voici qu'à nouveau je suis muette et craintive à l'idée de mettre à plat mes impressions. C'est qu'il est sacrément bien écrit ce livre. Ce serait sacrilège de le traiter trop légèrement. Puis, le(s) sujet(s) ne s'y prête pas.

    Un roman qui donne envie de bien écrire, en soi, c'est déjà une réussite, non?

    De découvertes en découvertes:

    La segmentation, tout d'abord,  de ce "roman" en trois récits successifs qui se font écho subtilement. Il existe bien un lien... à vous de le découvrir.

     

    Le premier récit est celui de Norah qui laisse en France sa fille et son compagnon pour rejoindre en Afrique un homme, à sa demande. Cet homme est presque un étranger. Cet homme l'impressionne. Elle en urine de crainte. Cet homme est son père.

    Terrible histoire de famille, d'abandon, de retrouvailles amères.

     

    Le second nous dépeint la femme de loin, à travers les yeux de son mari. Lequel est en souffrance, au bord de la folie. Eux ont fait le chemin inverse, du Sénégal vers la France. Elle était professeur, elle ne peut plus enseigner. Lui végète, employé médiocre d'un cuisiniste qui a l'ennuyeux défaut d'avoir couché avec sa femme.

    Un récit d'errance, de trouble, que j'ai énormément apprécié. Comme le précédent, il attaque in media res. Une plongée vertigineuse dans la conscience boursouflée d'un homme qui doute.

     

    Le dernier est celui de Khady. Elle, n'est pas encore déracinée. Elle en prend le chemin. Khady est une femme-fantôme. Jeune veuve, elle se fait discrète, transparente, muette, dans la famille de son défunt mari. Un jour, elle est mise à la porte sans rien d'autre qu'un coin de papier. Une adresse en France. Trop peu d'argent pour gagner l'Europe.

    Ma légendaire lâcheté me tient en général bien proprement à l'écart des récits ancrés dans la déchirante réalité de notre société. J'ai tenu bon, car celui-ci méritait tellement d'être lu... Terrible destinée d'une femme qui avait presque cessé d'exister. Et qui s'en portait presque mieux.

    Enfin, chaque partie s'achève sur un "contrepoint", c'est à dire un court passage qui nous offre un autre point de vue sur ce qui vient d'être conté.

    Je ne peux décider de ma préférence pour l'un ou l'autre, chaque morceau est d'une intensité à couper le souffle, dans un style impeccable, envoûtant. Plus que par l'une des parties, j'ai été séduite par des passages, par des détails. Surtout ceux un peu étranges, lorsque je me suis demandée s'il fallait prendre la chose au sens propre ou si ce n'était que symbolique. L'homme-oiseau. Les souvenirs-mirages de Norah. Les diables sur le ventre. La sculpture de Rudy, ses anges et son oiseau-vigile...

    Toutes ces choses que je ne suis pas sûre d'avoir bien "expliquées" avec ma manie de vouloir tout analyser, tout creuser, tout comprendre, tout relier...

    Si vous êtes disposés à un  échange approfondi sur cette oeuvre, ce serait avec grand plaisir! Il est riche, ce livre, et je suis loin d'en avoir épuisé la signification.

    Ahlàlà c'est fou, je crois que je pourrais en parler des heures! J'arrête.

    Trois femmes puissantes a reçu le prix Goncourt en 2009.

     

    Ce livre pour...?

    Ce n'est pas un livre tout public, c'est certain. Il lui faut un lecteur minutieux, un amoureux, à ce roman là. Amoureux des immersions périlleuses dans l'intériorité des personnages. Amoureux des belles écritures et des récits qui par leur force vont nous laisser une cicatrice.

    Vous avez bien un lecteur comme ça qui hante vos bibliothèques?

    Un livre pour celui qui me l'a offert: mon père.

     

    Et pitié... dites-moi que pour une fois il reste moins de cinq fautes d'orthographe!

    Lien permanent Catégories : Urgences 3 commentaires
  • Bon débarras!

    Hop hop je me depêche, je n'ai plus que deux articles à écrire et je pourrai boucler le bilan. Comme me le disait tout à l'heure un charmant agent comptable, le 1er janvier, ce n'est pas vraiment le 1er janvier, vous voyez?

    Vous ne voyez pas? Moi non plus. Je n'ai rien compris. Mais avec un grand sourire, j'ai obtenu qu'il m'avance son 1er janvier fantôme au 3 janvier et non pas au 8 ou 9 comme il en avait l'intention. Ce monde est fou.

    Vous êtes donc en droit d'attendre que j'en finisse moi aussi au plus vite avec mes lectures de l'année révolue. (Mon premier roman 2011 est juste génial, mais chuuut je n'en dis pas plus...)

    colonel_chabert_balzac.jpgLe colonel Chabert, Honoré de Balzac

    Avis super chrono'

    S'il vous faut un Balzac court, celui-là fera l'affaire. Pas trop de personnages, un brin de grands sentiments.

    Les vingt premières pages peuvent faire peur, mais ça s'arrange ensuite.


    Pffff ça m'ennuie terriblement de devoir donner mon avis parce que j'ai bien trop hâte d'en venir au moment où je vais vous détailler tout ce que le papa noël avait dans sa brouette pour moi cette année! Uniquement des titres piqués sur vos blogs! Vous allez tous les reconnaître! Et je...

    Balzac? Ah oui. Je suis donc devenue très pâle à la lecture des 20 premières pages, ayant conseillé (comprenez: imposé) cette lecture à d'aucuns... un peu inconsciemment! Eu peur qu'ils partent en courant, en hurlant, en me maudissant... (tiens, non, en fait ils font ça tout le temps).

    Je vous résume le :passage initial, un peu ardu:

    2351699391.jpgDes clercs qui dans leur étude tiennent plusieurs conversations à la fois, l'une portant sur la copie d'un texte juridique, avec abondance de termes spécialisés, l'autre sur la visite d'un vieillard. Plusieurs voix, plusieurs thèmes mêlés, un vocab' hard... Une fois forcé le passage, ça roule comme sur des bigoudis pur beurre et ça ressemble exactement à tous mes souvenirs de Balzac! Ouf.

    Ce roman-ci est court. Le colonel Chabert, qui se présente lui-même à Maïtre Derville comme "celui qui est mort à Eylau" expose son petit problème: on le croyait mort au champ d'honneur, il a mis suffisamment de temps à trouver le panneau exit de la fosse aux soldats pour que sa femme se remarie à un beau gosse, bon parti. Sa fortune éparpillée, Chabert n'est plus qu'un clochard nostalgique de sa gloire passée. La donzelle feint de ne pas le reconnaître, bien sûr, et ce pauvre vieux traîne sa misère sur tous les pavés, le nez pointé vers ses godasses, à la recherche de son honneur.

    Pas de rebondissement surprise, rien qu'un déluge de bassesses humaines: cupidité, mépris, tromperies, rejet...

    Un classique qui se laisse lire.

     

    Ce livre pour...?

    Les petits frères et les petites soeurs, qui sortent du collège ou entrent au lycée, avec l'envie de découvrir un grand auteur français. Marche aussi avec un adulte, mais seulement s'il est pressé, sinon, Le père Goriot me semble un meilleur choix. Ou même Illusions perdues (je n'ai pas encore lu les Chouans). Un autre billet, sur le Chef d'oeuvre inconnu, par là.

    Et vous, vous l'avez conseillé à quelqu'un?

     

    (C'est bon?

    Je peux te montrer mes livres maintenant, dis???)

     

    Une lectrice incommodée m'impose ce correctif: le tutoiement ci-dessus n'est pas un manque de respect! Je peux vous montrer mes livres quand même?

    Lien permanent Catégories : Pharmacie 6 commentaires