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intertextualité

  • Vite, un croque-mort

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    Avis chrono'

    Un recueil de nouvelles entre fantasy, littérature de l'imaginaire et poésie, à la construction très originale. Par contre, je pense que seuls les vrais connaisseurs du genre pourront saisir pleinement l'ensemble des références, clins d'oeil et reprises.

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    Nouvelle incursion dans le domaine de l'imaginaire avec ce volume de la collection Folio S.F. que je dois à un partenariat Livraddict. Un grand merci!

    Le début est perturbant puisqu'on nous annonce la mort de l'auteur, Fabrice Colin, dans un incendie. Le recueil se présente alors comme un hommage à son travail, une compilation de ses nouvelles, chacune assortie d'une introduction écrite par un ami, un éditeur, un autre auteur...

    Cette info sentait le souffre, mais à 2h du matin au chaud sous sans la couette (28°C dans la chambre) hors de question de me relever et de rallumer le PC  pour vérifier. Il m'a fallu attendre le lendemain pour en avoir confirmation: M. Colin se porte comme un charme. Autant vous dire qu'entre les deux j'ai bien grincé des dents. Je n'aime toujours pas ne pas savoir ce qui est vrai.

    La préface est signée "Claro". Claro? Pffft... Connais pas...
    Et cette réaction, j'ai bien dû l'avoir au moins 30 fois dans le roman, preuve que je suis totalement déconnectée de l'univers de la fantasy et de la littérature contemporaine. J'ai eu souvent du mal à décoder les références - (un catalogue des Imaginales?). Heureusement, le recueil en est tellement plein à craquer que dans le lot, j'ai parfois pu me sentir moins bête. Jusqu'à Peter Pan, Alice et Tolkien, ça va, je tiens la route. Jules Verne, c'est la limite...

    Voilà pour ce qui est de la présentation et ce n'est pas rien d'arriver à transformer un recueil de nouvelles indépendantes et trèèès variées (du classique récit de fantômes à la biographie en passant par des délires divers et opaques ou des réflexions poétiques sur la mort) en un tout cohérent agencé en hommage à rendre à un auteur pseudo-disparu. Il y a des passages de critique littéraire dans les nouvelles, une belle défense de la fantasy p310 et des nouvelles insérées dans le paratexte introduisant un autre récit...

    Rien à dire, l'écriture est de qualité. Aucune histoire n'est ratée, mais le charme n'a pas toujours opéré sur moi, j'ai eu du mal à avancer, assez souvent, dans le recueil dont j'ai étalé la lecture sur plusieurs semaines. L'ensemble est pourtant une expérience agréable.

    J'ai été marquée par:

    - Arnarstapi: Alice (LA Alice, celle de Carroll, qui surgit plusieurs fois dans Comme des fantômes) vieille dame exilée en Islande, confiée aux soins d'un infirmier qui ne saisit pas tout à fait la situation et ne voit en elle qu'une gâteuse comme une autre qui délire à propos de pays magique et qui croit parler à un chat qui sème des sourires comme les autres sèment leurs poils sur les canapés.

    Citation culte. Alice reçoit un colis.
    " - Je l'ouvre?
    Elle acquiesce.
    - C'est sans doute des gâteaux. J'adore les gâteaux. Vous aimez les gâteaux, Jon? [...]
    J'écarte les deux battants. Roulé en boule, tout à l'étroit, un chat me fixe attentivement. Je relève la tête.
    - Ils sont à quoi? demande miss Liddell.
    - C'est un chat.
    - Un chat à quoi?"

    - Retour aux affaires: Moins originale, avec son héros qui passe dans le monde des morts, mais que j'ai beaucoup aimée.

    - Passer la rivière sans toi: Pas simple à résumer... Une fée. Sa mère humaine. Exil. Chagrin. Un film.

    - Un dernier verre, ô dieux de l'oubli: où Dionysos vient écumer les bars de San Francisco, voler des statues, fumer et coucher avec des hippies...

    Et comme d'autres, je suppose, j'ai été un peu dérangée par le Peter Pan vulgaire dans "Une autre fois Damon" (histoire d'un père et de sa douleur suite à la disparition de son fils), qui ve vante de faire "sucer [sa] grosse bite" aux enfants du Pays Imaginaire...

    Je crois qu'on a fait le tour. Multiples effets, multiples tons... Un joli bordel littéraire.

    Une interview, aussi trafiquée que le reste se trouve à la fin du recueil. Je termine sur cette saine assertion:

    " As-tu jamais pensé écrire pour la jeunesse?

    F.C. : Jamais, non. Je trouve la démarche absurde. Je ne sais pas ce qu'est un jeune. La littéraure jeunesse, c'est une invention marketing. [...] Un ado de treize ans, c'est la quintessence absolue de la bêtise. Je sais de quoi je parle. Je ne vois pas pourquoi je me casserais le cul à lisser des phrases spécialement pour des types qui n'en ont rien à foutre de la littérature. Ceux qui veulent lire n'ont qu'à acheter des bouquins normaux."

    P.A.L à  87 --> 82