Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tale me more

  • La positive attitude

    gône with the wind,éducation positive,éduquer sans punirEduquer, Isabelle Filliozat

    Ni laxisme ni violence les clés de l'éducation positive nous dit le sous-titre de cet ouvrage qui se donne pour objectif de battre en brèche les critiques qui visent ce courant éducatif. Enfin je crois... Le principal reproche que j'ai à faire, c'est que la progression d'ensemble est très brouillonne, ça manque d'un plan et d'organisation. Il y a des passages très intéressants qu'on peine à rattacher au reste, sur l'inceste par exemple, ou la façon dont Freud a glissé d'un constat de l'impact des traumatismes sexuels à sa théorie de l'Oedipe, qui retourne un peu la responsabilité, quand même... Parce que ça aurait voulu dire que les pères incestueux et les agresseurs sexuels étaient statistiquement très nombreux. Il valait mieux penser que les femmes affabulaient et fantasmaient. J'ai appris que cette théorie n'était plus enseignée, ce qui m'a à la foi surprise et réjouie. Je me suis souvenue de mes lectures de Freud, à l'adolescence. Combien j'étais, à l'époque, perplexe et ne parvenais pas à concilier la renommée de l'auteur et une bonne partie des contenus. Je pense que si "bullshit" avait été usité à l'époque, c'est le terme qui me serait venu. Je me sens fière de ça. Mes parents et mes profs ont réussi quelque chose si au lycée j'avais déjà une indépendance critique !

    Autre anecdote glanée, un manuel de psychiatrie de 1982 note que "l'inceste réduit les risques de psychose et permet une meilleure adaptation au monde extérieur". Si j'en avais les moyens, je vérifierais la provenance de cette citation... ça paraît fou...

    Je me souviens très bien avoir lu cette autrice quelques années avant d'avoir un enfant, (Il n'y a pas de parents parfaits, qui portait entre autres sur la transmission de nos traumas.)  J'avais apprécié mais j'écartais 50% du contenu, je trouvais ça trop "hippie", je pense. Pas seulement idéaliste mais peut-être un brin dangereux, laxiste. J'étais pile la cible de ce livre-ci, en fait, qui démonte les critiques et s'adresse aux sceptiques. Sauf que ça n'est pas cette lecture qui a changé mon point de vue, ça s'est fait entre les deux, en ayant un enfant. Là je termine ce livre en me disant que sans avoir plus que ça cherché à me renseigner sur l'éducation positive, j'en suis venue petit à petit, par tâtonnement, à en appliquer une bonne part des principes. Je dois être proche des 85% d'adhésion à présent. Et je pense que quelques lectures ou discussions de plus pourraient lever le dernier doute qui me reste, sur le refus de pratiquer le "time out", c'est à dire écarter l'enfant en le mettant au coin ou dans sa chambre. Je ne demande qu'à me laisser convaincre.

    Le livre commence par nous interroger sur notre définition de l'autorité.... Et c'est assez gênant... Faut-il obtenir de l'obéissance au doigt et à l'oeil ? Le parallèle fait avec le monde des adultes fait grincer des dents... On nous rappelle que l'obéissance aveugle est un bon moyen de se déresponsabiliser ! De plus, si on ne respecte une règle que par peur de la punition, "quand le chat n'est pas là, les souris dansent". Et on accélère une fois le radar dépassé. Je suis tout à fait d'accord avec ça, ce qui compte, c'est l'intégration des lois, leur respect parce que l'on pense, ou l'on sait, que c'est une des formes du bien commun. Mais je pense que je n'avais pas jusqu'ici fait le lien entre ça et le concept d'obéissance qu'on attend des enfants.

    Un enfant sage peut parfois cacher un enfant "maté", un enfant en état de sidération , qui se fait tout petit, silencieux, et s'attache à complaire au parent en tous points parce que celui-ci lui fait... peur ! Les enfants sont par nature bruyants et en mouvement. Ils en ont besoin pour leur développement. Les espaces publics, les transports, les commerces n'en tiennent que rarement compte.

    Le livre rappelle bien cette pression que la société met sur la parentalité, tout le monde y va de son constat et de ses conseils, mais le jugement prédomine. L'autrice dit que d'autres pays font différemment et mieux et assistent plus facilement les parents en difficulté, sans les juger. Parce qu'élever un enfant, c'est dur, éreintant et que ce qui compte avant tout c'est d'être épaulé, entouré et pouvoir en parler aide. Déculpabiliser les mères, qu'elles travaillent ou non est important.

    Autre constat auquel je souscris, notre humeur de parent, bien plus que le comportement de l'enfant, influence l'évolution des crises. Le même incident, la même colère n'évoluera pas de la même façon si nous sommes apaisés et reposés, que si nous sommes stressés et épuisés. Comme nous dans nos relations d'adultes, quoi... On a tendance aussi à attendre des enfants qu'ils soient dépourvus de mauvais jours, de variations d'humeur naturelles.

    Alors, qu'est ce que j'ai compris de l'éducation positive ?

    Que ça n'est pas du laxisme, car le laxisme est aussi une violence faite à l'enfant. Et que paradoxalement, les laxistes sont souvent les mêmes que les autoritaires. Ils punissent, ordonnent et tempêtent pour obtenir rapidement le bon comportement. Ils cèdent, mettent la télé et achètent les jouets dans le magasin pour éviter les crises et la frustration. Les deux ensemble apportent du confort au parent.

    Qu'il ne s'agit pas de nier ni d'éviter les émotions négatives. "la parentalité positive ne consiste pas à rester toujours serein, attentif et tempéré, mais à réparer la relation lorsque nos réactions ont insécurisé l'enfant".

    Ni de passer sa vie entière à tout expliquer et argumenter. "partir dans des discours justificatifs sur la nécessité de mettre des bottes pour sortir ou de mieux travailler à l'école est au mieux inutile." Là, j'avoue qu'il m'a manqué la suite... et du coup on fait quoi, si l'on n'est pas non plus autoritaire ? J'ai la brûlante question du brossage des dents sur le feu...

    Qu'il est avant tout question de faire preuve d'empathie et d'écoute, de se mettre au niveau de l'enfant, de ne pas attendre de lui plus qu'il ne peut compte tenu de son état émotionnel du moment, de ses apprentissages, de son âge. De co-réguler ses émotions, c'est à dire de le guider pour traverser celles qu'il éprouve et moduler leur intensité.

    De l'accepter comme il est, sans l'idéaliser, sans vouloir impérativement le changer ou le corriger, sans avoir pour objectif de le rendre parfait. De s'appuyer au contraire sur ses points forts, car focaliser sur ses faiblesses et l'y ramener sans cesse insécurise. L'autrice rappelle au passage que même les troubles "dys", TDAH et compagnie ont un revers positif. Pour avoir (trop rarement) côtoyé ces enfants, c'est tellement vrai... Leurs stratégies de compensation et leur façon de penser les choses sont fascinantes.

    De passer du temps avec lui, du temps agréable, du temps plaisir, de créer du lien... Tout cela pour créer une sécurité affective, inconditionnelle, solide, que l'on ne lui retire pas au premier caprice, à la première crise et sur laquelle il pourra s'appuyer le reste de sa vie.

    Je dois dire que tout cela fait très envie... non?

    Il me reste donc deux axes de progrès : la fin complète des punitions. J'y ai encore eu recours cette semaine, dépitée. Et la fin des time out, ce qui est presque le cas mais parce que l'âge de mon petit chat rend les autres stratégies plus simples.

    Lien permanent Catégories : Psychiatrie 0 commentaire
  • Insécurité routière

    1027836.jpgLa route sanglante, Heinz G. Konsalik

    Voilà ! Cet état-là ! Mon humeur de lapin de Pâques ! Dépêchons, d'autant que mon pc est réquisitionné de 9h à 23h pour les J.O.

    Donc, j'en étais à Konsalik, auteur prolifique de l'après-guerre, côté allemand. Grande figure littéraire de la bibliothèque de Niort, j'ai écumé son étagère à l'adolescence, j'ai bien dû en lire une trentaine, c'est un peu comme Agatha Christie, un fil rouge de cette époque. Des soldats, des infirmières, de l'action, de l'émotion et un contexte historique fascinant, que demander de plus?

    Mais 25 ans plus tard je n'aurais pas osé m'engager sur la qualité littéraire de son œuvre, sans y avoir re-goûté. Pour la Route sanglante, le contrat est rempli. Le cadre est cette fois le front de l'Est, contre les russes, à la toute fin. Roman de guerre en phase de débâcle, quand plus rien ne fonctionne, que la hiérarchie est dépassée, que la propagande officielle et la censure du courrier ne suffit plus à faire croire aux mecs qu'ils vont l'emporter. Que chacun essaie de sauver sa peau, tout en ayant tissé avec les compagnons de tranchées des liens si forts que "sauver sa peau", c'est en premier sauver la leur.

    Pas de parti pris politique, si ce n'est de montrer combien tout cela est insensé, au fond, appuyé sur les volontés chimériques d'autres hommes, loin, à l'abri.

    Aucun temps morts, de petites incursions bienvenues du côté de la mère patrie, des femmes et des civils, des personnages chacun attachants et humains à leur façon, y compris les lâches. Pas de complaisance envers les mochetés de la guerre...

    Vraiment une bonne pioche, dans une boite à livres quelque part. Qui me donne envie d'en dénicher d'autres, pour la nostalgie, pour me détendre.

     

     

     

    Lien permanent Catégories : Médecine générale 0 commentaire
  • Ferme ta geôle !

    décercerer, prison, lhuissierDécarcérer, Sylvain Lhuissier

    "Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons" disait Victor Hugo. La question de la répression des crimes et des délits est sans doute aussi vieille que la notion même de loi. Je renvoie à ma lecture récente des mystères de Paris. L'auteur de ce roman, comme celui du présent essai, partagent de nombreux points communs. Eloignés dans le temps d'un siècle, c'est la preuve qu'on patauge.

    L'ouvrage commence par donner un coup de pied dans les fanstames que l'on se fait de la prison. Non, elles ne sont pas pleines de criminels. Seulement 1,5% des condamnations à une peine ferme est la conséquence d'un crime. Le reste, c'est du délit. Non ça n'est pas une colonie de vacances. Nous sommes assez menacés de sanction par l'Europe pour le savoir, nos prisons sont affreuses, les conditions de vie à l'intérieur dégradantes. Les rats, les punaises, la surpopulation à 4 dans 9m², la température qui monte à plus de 45°, deux douches par semaines, aucun accès aux soins... Tout cela est très documenté et pas une anomalie occasionnelle, c'est l'état chronique de nos prisons où l'on se suicide sept fois plus qu'à l'extérieur. Toujours envie d'échanger votre résidence estivale contre un AirBNB en pension complète à la mal-nommée "Santé" ?

    Un lieu qui craint et surtout, un système qui ne fonctionne pas, qui est une usine à récidive. Et pourtant, on persiste. Parce que c'est sécurisant, l'idée d'enfermer. Qu'on ne se projette collectivement pas plus loin que ça, d'ailleurs, le sujet, politiquement, n'est pas sexy; La sécurité, on la pense en terme de police.

    Oh, on tente des choses, en prison, par exemple les "codétenus de soutien", chargés d'être des antennes vigilantes pour prévenir le suicide en observant les autres. Bonjour la responsabilité sur les épaules...

    Notre système engorgé est un véritable cercle vicieux. Quand les peines sont prononcées, souvent, s'il y a eu détention provisoire et comme celle-ci, à cause de la surcharge des tribunaux, dure plus qu'il n'est nécessaire, le juge prononce souvent une peine équivalente à la durée de détention. ça évite d'avoir à dédommager. En d'autres termes, vous méritiez deux mois, mais votre affaire a trainé, vous avez fait cinq mois de détention provisoire, vous prenez une peine de cinq mois. ça solde le compte.

    Je suis, comme vous l'aurez compris, tout à fait d'accord avec le contenu de ce livre, à une faiblesse près sur laquelle je vais revenir.
    Sur la forme, très artificielle, de ce fil rouge d'un repas imaginaire en famille lors duquel le sujet arriverait sur la table entre les tomates et la mozarelle, je suis moins enthousiaste. Je pense qu'on pouvait se passer de ce pseudo emballage et se contenter des faits.

    Reste la question des solutions. La partie que j'attendais vraiment, les idées que je n'ai pas. Le vrai débat. J'ai été un peu déçue, c'est expédié, ça ne sort pas des quelques trucs déjà connus, les travaux d’intérêt général, le bracelet électronique, la justice restaurative.

    Mais quid d'une action directe sur nos mentalités ? Il faut bien en faire quelque chose, de notre besoin de punir. J'ai beau détester ce que sont nos prisons et être d'accord avec tout le reste, je sens bien, chez moi, que l'idée de s'en tirer avec une réprimande orale et un atelier de sensibilisation, ça me coince. J'attends un tome 2, pour qu'on en discute ?


    Merci à l'opération Masse Critique de Babelio pour cette lecture instructive ! 

    Lien permanent Catégories : Laboratoire 0 commentaire
  • Les mystères de Paris

    mysteres-paris.jpgLes mystères de Paris, Eugène Sue

    "Car enfin c’est une infamie, ça… que la loi soit trop chère pour les pauvres gens."

    Plus d'un an déjà que cette lecture fleuve m'accompagne. En livre audio, dans la voiture, au travail, à vélo ou sur la liseuse la nuit. Pour quelques phrases éparses ou pour trois chapitres d'un coup. Avec des pauses de plusieurs semaines, pour lire d'autres choses. Il devrait me manquer... Je devrais être en train de ruminer sur cette séparation.

    Mais ce sont dix livres en un, dont quatre vraiment en trop. Déjà à cette époque, c'était le point faible des séries, d'étaler le contenu jusqu'à des épaisseurs si fines qu'on finit par voir le vide à travers. Je crois avoir évacué ma principale critique.

    Pour le reste, j'en suis à essayer de comprendre comment j'ai pu passer au travers jusqu'ici. Située entre Balzac et Zola, je trouve qu'il y a énormément à dire sur cette œuvre, dans un parcours scolaire. Si elle souffre d'une mauvais réputation, je me demande à quoi c'est dû... Certaines scènes de vie populaire valent bien Zola, qui en fait aussi des caisses parfois, en pathos - Balzac, tout le vaut, je ne l'ai jamais porté dans mon cœur, il m'ennuie, à l'exception du père Goriot qu'on peut sauver.

    Je savais Eugène Sue célèbre pour ses rebondissements rocambolesques. Je m'en faisais l'idée d'un récit davantage policier, je pense. Or, c'est très social. Très politique.  Mais bien fichu, comme feuilleton pour tenir en haleine.

    Au début du récit, on découvre Rodolphe, le personnage principal. C'est un prince héritier, déguisé pour infiltrer les couches les plus honteuses, les plus mal-famées, les plus malheureuses de la société. Il rencontre un repris de justice au grand cœur, une orpheline qui brille de pureté au cœur de l'infamie ! Ahlàlà, ça dégouline de bons sentiments de partout. Le bien, le mal, la justice, à chaque coin de page et j'adore ça.

    Sans doute, ce qui doit jouer sur le regard porté sur l’œuvre : ça fait très catéchisme laïc. On vit dans une époque où tout doit être nuancé, où l'on se garde bien de porter des jugements moraux stricts. Là non seulement chaque partie illustre un argument moral, mais c'est très construit, très explicite et c'est doublé d'une sorte d'aparté, ensuite, où l'auteur argumente directement à notre adresse sur ce qu'il vient de mettre en exemple. Si l'on n'a pas compris la première fois, on a le droit à la rediff sous titrée.

    Alors oui, le hasard fait bien les choses dans ce livre, les enfants perdus retrouvent leurs parents, les périls imminents sont déjoués à la dernière seconde, les quiproquos se nouent et se dénouent, on nous laisse en plein suspense d'un côté pour nous emmener quelques chapitres d'un autre et nous impatienter, puis les bons sont récompensés, les méchants punis. L'amour empêché ne l'est soudain plus (merci le destin et les maris suicidaires). C'est romanesque à souhait... mais ça nous dit tout aussi de la misère ouvrière, des engrenages par lesquels on tombe dans la délinquance. Du rôle important de l'état et des lois, de l'enseignement, des politiques économiques et carcérales. D'ailleurs je sauve ceci, des derniers livres en trop, toute la partie sur les prisons, la raison pour laquelle il ne faudrait pas mettre les détenus ensemble mais les séparer dans des cellules individuelles, etc. (Petit bémol sur l'idée des mutilations physiques, rendre aveugle pour faire du fort un faible, mais seulement instinctivement, sans véritable argument, je sens qu'à notre époque ça passerait moyen).

    C'est un vrai plaidoyer qui aurait sa place à l'Assemblée. ça ressemble presque à un discours contemporain. Je dis "presque", il y a parfois quelques propos qui sentent un peu le colonialisme. Pas le racisme, mais le XiXe siècle, c'est logique, l'auteur y vivait. Avec une ébauche de féminisme. Comment on rend un homme fier de son travail, comment on dirige quand on est un bon patron... Je suppose que c'est assez mièvre, souvent. Il y aurait matière à débat.

    C'est une œuvre socialiste, je suis d'une génération qui peut encore reconnaître ça, pour l'avoir connu.  Le roman parcourt toutes les classes sociales, il montre l'extrême dénuement des ouvriers, l'injustice d'une situation qui met les êtres humains à la merci des usuriers. Il montre aussi que l’aristocratie n'est pas à l'abri de tous les chagrins. C'est paternaliste, d'une certaine manière. Le riche a le devoir moral d'être attentif aux autres, d’œuvrer au bien. Proche de la vision américaine des classes, pour le coup.

    Bref. Trop complexe pour être résumé. Agréable à lire, même sans prêter trop d'attention au côté moralisateur. Il y a suffisamment de voyous, de coups de couteau, de meurtres et de situations pathétiques pour s'occuper.

    "Il ne te tuera pas, et il vendra ta pauvre Catherine… Il est ton mari, n’est-ce pas ? Il est le chef de la communauté, comme t’a dit l’avocat, tant que vous ne serez pas séparés par la loi ; et comme tu n’as pas cinq cents francs à donner pour ça, il faut te résigner, ton mari a le droit d’emmener sa fille de chez toi, et où il veut."

    Lien permanent Catégories : Urgences 0 commentaire
  • A vos ogres

    À celle qui trouve le job de muse un peu trop contraignant.
    Charge à moi de mettre en lumière plus d'avantages que d'inconvénients,
    plus d'amusement que d'ennui,
    à elle de poursuivre l'approvisionnement en énergie renouvelable.

     

    jaworski-fauteurs-ordre.pngLes fauteurs d ordre, Jean-Philippe Jaworski

    Ah, l'époque bénie des commanditaires et des exécutants ! Au départ de ce grand soupir venu du coeur, j'avais en tête la vision idéalisée de l'amour courtois, bien sûr. Ainsi que les peintres et sculpteurs de la Renaissance, les poètes et leurs muses, Roxane ou Béatrice, Guenièvre et son Lancelot. Mais en m'attardant sur le concept, ce n'est pas sans frissonner que je traverse cette époque persuadée que je ne suis pas faite pour être du côté qui inspire. Il y a un plaisir évident à se laisser porter par d'autres volontés, plaisir qui selon le contexte peut s'avérer délicieux ou dangereux. Soit. Nous verrons à recevoir comme il se doit qui voudra s'en mal servir.  

    Voici, si j'ai bien compris, un texte qui a justement tout de l'œuvre de commande et se donne pour objectif de répondre - offensivement - à la brûlante actualité politique. Rédigée en quelques semaines, donc, et fermement engagée. 
    Je n'ai pas encore lu Jaworski, c'est prévu (Janua Vera), je note que j'ai apprécié l'univers et la langue. C'est présenté comme un conte et il est en effet difficile de dater l'époque dans laquelle se déroule l'intrigue : des hauts-de-chausse, des hôtels particuliers, une Régente, un Patricien, tout cela typique des univers fantasy. Ce qui est certain, c'est que le régime est autoritaire, on arrête à tour de bras, on enferme, on interroge à la mode Inquisition. Craindre, obéir et acclamer la figure du chef, c'est le petit côté moderne. 

    Sans doute faudra-t-il retrancher de tout cela mon enthousiasme de femme en vacances qui a endormi sa progéniture en pleine berceuse en tout début de soirée et s'est vue octroyer ainsi un temps de lecture, de dégustation de chocolat et de méditation rare et précieux, mais je n'ai pas été déçue. 

    Plus qu'un conte, j'y vois une nouvelle, resserrée sur son sujet, courte afin de ne pas laisser au lectorat le temps d'échafauder des hypothèses sur la fin de ce triste sire, figure connue du 20e siècle, le monstre commun, l'humain administratif, l'exécutant zélé de tout ce qui vient du haut. Ce n'est pas transcendant, ni vraiment surprenant, mais… oui, efficace. Un salutaire rappel d'une réalité, un message qu'on aimerait capable de toucher quelques esprits, l'argument est pertinent. Désolée de ne pouvoir en dire plus. 

    Bémol. Le lien avec l'actualité est un peu lâche. Qu'on pense à un passé qui éclaire les fondements d'un parti actuel, ou aux conséquences futures de son accession au pouvoir, vers l'avant ou en arrière, je trouve qu'il manque une pièce au raisonnement. Il y a comme un trou. Je ne suis pas certaine que l'objectif affiché soit atteint.

    J'ai ici rempli ma part de ce duel de commande à honorer. Reste à déterminer à qui le guerredon.

     

    Lien permanent Catégories : Médecine générale 0 commentaire