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Tale me more - Page 89

  • Reportage de guerre - Entre CULTURE et CIVILITE

    Dix heures et deux minutes, sortie piétonne du parking souterrain, en face de la médiathèque de ***. Je suis en retard, Amour n'ayant pu se décider à renoncer à sa douche matinale. Non mais franchement, un jour pareil, prendre une douche! Quelle idée! C'est à se demander qui est l'homme dans cette maison...

    Une foule grouillante aux yeux hagards nous assaille aussitôt. Nous sommes cernés d'une masse fébrile d'hommes et de femmes, certains armés de poussettes fashion à trois roues, d'autres munis de sacs cabas à guidage manuel piqués à leur grand-mère. Les plus prudents font le guet à la périphérie, tendus et nerveux, cherchant à conserver un contact visuel avec leur éclaireur déjà à demi englouti dans la marée humaine.

    Moi, je fais la gueule, comme si je me trouvais au bord d'une sublime piscine à l'eau turquoise, sans maillot de bain. Je voulais arriver plus tôt pour éviter ça, justement.
    Ne pas avoir à me faire piétiner par des brutes.
    Ne pas avoir à entendre ces sages préceptes d'éducation: "vas-y, comme t'es petit, glisse toi devant, allez" prononcés en poussant un gamin réticent (ah! la sagesse intuitive de l'enfance!) lequel sera, dans moins de dix ans, incapable de patienter 3mn à la caisse d'un supermarché sans râler et qui, dans un futur bien plus proche, va se prendre trois coups de coude dans la figure, va se faire écraser les deux pieds d'un seul coup par une paire de sandales pointure 48 et sera sur le point de mourir asphyxié, le nez collé contre le postérieur volumineux d'une mère qui n'est pas la sienne... Sans que je lève le petit doigt pour extraire le marmot de l'arène où ses parents l'ont jeté en pâture. Sans dec' . ça en fait toujours un de moins de petit mal élévé gâté.

    Quelques heureux, arrivés avant nous, ressortent déjà du champ de bataille, triomphants mais ingrats, fulminants d'imprécations d'une extrême désobligeance, hurlées au ras de mes oreilles, adressées aux organisateurs, déjà débordés, accablés et, eux aussi, piétinés par la foule en délire.

    C'est vrai que c'est un beau bordel... Après une demi-semaine passée à écouter des ados tenter de me persuader mollement qu'ils ont bien compris les désagréments d'une société basée sur la consommation effrenée et le gavage publicitaire, j'ai vaguement honte d'être là...

    Les stands sont collés les uns aux autres, adossés à l'imposant bâtiment. C'est sûr... il aurait fallu étaler un peu plus... Le trottoir est blindé, les gens se bousculent, se tirent, se poussent. Il faut 20 minutes rien que pour se frayer un chemin jusqu'aux étalages et s'apercevoir qu'alors qu'on cherchait les CD, on est arrivé dans la douleur face au stand de revues d'équitation. Bah... on pourra toujours se mettre au poney le we prochain...

    Je me lance en soupirant dans la mélée. Je fais encore la gueule. J'aime bien ça, faut croire. De toute façon, je me connais, je sauve déjà pas les gamins en perdition (question de principes ou application du darwinisme), mais je suis tout aussi incapable de m'en prendre sauvagement à mes prochains et il me faudra encore plus de temps qu'aux autres pour parvenir aux tables, puisque prise de dégout pour ces cinglés qui sont prèt à tuer père et mère, j'en laisse passer quelques uns devant moi, sous le regard réprobateur d'Amour qui ne peut comprendre qu'il vaut mieux laisser les sauvageons s'entretuer.

    Je commence à apercevoir les caisses de livres. 4000 ouvrages, CD, revues, films, déstockés par la médiathèque à un euro pièce. C'est la première édition, et les bibliothècaires, après seulement 30mn d'assaut, sont au bord des larmes et de la crise de nerf. Je regarde leurs mains, à la recherche de traces de morsures. Faut dire que les insultes et les critiques fusent de tous les côtés. Il aurait fallu faire ceci, moi j'aurais pensé faire comme cela... Et pourquoi ils ont pas eu l'idée de ... ?  C'est scandaleux, nul, irresponsable... des abrutis, des incompétents... blablabla... (Ouaip... et sûrement bénévoles en ce samedi matin... vu la prodigalité actuelle dans les services publics.) J'entends un des organisateurs qui essaie d'expliquer que c'est la première fois, que ça fait déjà des mois qu'ils y travaillent à un quarantenaire exaspéré et borné. Je me dis qu'il parle dans le vide et qu'il aurait aussi bien fait de remplacer ses explications par un "Bah t'avais qu'à pas venir pauvre con si t'es pas content" à haute teneur en défoulement.

    Je remercie la terre entière, en mon for intérieur, de n'avoir jamais mis les pieds dans un magasin un jour de début des soldes.

    Je ressors de la mélée avec une pile de romans, presque tous policiers, puisque le hasard m'a fait arriver devant ce rayon là.

    J'ai mérité mon chocolat chaud et mon croissant, pris de l'autre côté de l'avenue, en continuant, fascinée, à observer les combattants.

    Deux heures plus tard, je repasse, après les courses. Beaucoup moins de monde. Des étiquettes ont été ajoutées au dessus des stands pour guider les passants. Je me fraye, sans avoir à tuer personne, un chemin vers les romans. C'est agréable de ne plus entendre les frustrés et les impatients et les malpolis et les cons braire.

    Du coup, je prends le temps d'examiner les différentes caisses.

    Butin de la journée: 31 romans!!

    Je suis en train de les ranger. J'ai dû réorganiser ma bibliothèque afin de  liberér une étagère pour cette P.A.L n°2 qui vient doubler le volume de la première.

    Mon grand bonheur (oui... j'ai été jusqu'à couiner d'excitation) c'est d'avoir trouvé trois romans de Percival Everett. N'en déplaise à J. qui ne le trouve pas assez réaliste dans les détails, j'ai adoré Blessés, l'année dernière et l'avoir enfin, à moi, dans ma bibliothèque éclaire mon morne weekend.

    Mon seul regret est de n'avoir trouvé aucun grand classique de la littérature... mais je m'y attendais.

    Je les lave (oui, c'est comme ça, vous voyez que je n'ai rien contre les douches ou un minimum d'hygiène. Mon honneur est sauf?) et je les classe amoureusement.

     

    Des livres déjà lus mais que je ne possèdais pas: Rage (Backman = Stephen King), Un Arsène Lupin en gros caractère pour gros myope comme moi.

    Une grosse majorité de policiers/thillers: un roman de Brigitte Aubert,un autre de Koontz et des tas d'auteurs inconnus de moi jusqu'à ce jour.

    Trois romans de S.F.

    Un récit fantastique choisi et présenté par Borgès

    Deux recueils de nouvelles.

    Beaucoup beaucoup de littérature étrangère et même, un roman en v.o. anglaise.

    Alva & Irva (E. Carey) qui a l'air complètement bizarre...

    Un roman Folio, La moisson d'hiver, avec une reliure spéciale, cartonnée, ça fait bizarre...

    Et même un roman "initiatique pour découvrir la Bible" (vous en saurez plus quand je l'aurai lu c'est à dire dans une dizaine d'année...)

  • Une cassette à la mer

    0.4,ne cherchez pas le titre il est là ce sont des chiffres,de quoi vexer les purs littéraires,science fiction,notre monde vu du futur,kyle sans le x et sans le y0.4, Mike A. Lancaster

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    Avis chrono'

    Un roman "une bouchée" à la fois S.F. et jeunesse, qu'il doit être difficile de ne pas voir en librairie, tant la couverture irisée irrite les yeux. L'ensemble tient en haleine, la fin ne deçoit pas. Plutôt réussi à condition de ne pas attendre trop de l'écriture elle-même.

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    Une découverte brève mais sympa avec ce mince roman, grâce auquel je célèbre mon retour à la lecture de fictions ( ce que je lisais avant est classé secret défense pour l'instant, inutile de m'interroger, je ne dirai rien) dans un genre qui n'a pourtant pas ma préférence: la science-fiction.

    Kyle, adolescent - comme il se doit dans un roman pour ado - et son ex-petite-amie-mais-c'est-un-peu-compliqué se portent volontaires avec deux autres personnes pour servir de cobayes dans un numéro d'hypnose. Quand ils ouvrent les yeux, tout est figé autour d'eux, comme si le monde s'était arrété. Quelques instant plus tard, la vie reprend son cours... mais plus rien n'est comme avant.

    La trame est simple, sans trop d'originalité, mais je dois l'avouer, diablement efficace. Je n'ai pas eu envie de lâcher le livre avant de savoir le fin mot de ce mystère...  Même si le plus gros se laisse deviner avant le dénouement, j'ai pourtant eu le sentiment d'être surprise à la fin.

    Seul gros point négatif, la structure très artificielle du roman. En effet, le récit est présenté comme un témoignage, hérité du passé sur de vieilles K7 (cassette: pour les jeunes générations, consulter un dictionnaire c'est à dire wikipédia). Ainsi, les chapitres se nomment "Cassette 1 - Face A" puis "Face B" etc. ce qui n'est pas encore trop grave et se justifie.
    Mais chaque fin de chapitre est coupée, soi-disant parce que celui qui a réalisé l'enregistrement ne savait pas qu'il y avait un blanc à la fin... Bon... Ok... ça c'est juste maladroit. Mais ce qui est pénible, c'est que cette grosse ficelle ne sert strictement à rien. Il pourrait y avoir dans ces interruptions quelque chose d'essentiel à l'histoire. Un blanc qui tient en haleine et qu'il faudra combler ensuite. Mais non, rien... C'est purement artificiel comme procédé, donc, décevant.

    Je sais, je suis exigeante... Surtout que j'ai aimé le roman. Mais je ne vois pas pourquoi la littérature jeunesse devrait être jugée avec plus d'indulgence qu'une autre. Au contraire, même.

    Quant aux petits passages "encyclopédiques", destinés à éclairer les lecteurs du futur sur des réalités de notre monde telles que les émissions de télé-réalité, Coldplay, certaines de nos expressions métaphoriques... oui, oui, c'est rigolo. Parfois encore maladroit, mais souvent fait avec humour.

    Voilà. Qu'ajouter? Que je le conseille aux ados et pourquoi pas aux plus grands qui veulent se faire plaisir. Je ne vous garantis pas un coup de coeur mais il faudrait être bégueule (tiens, j'en connais deux trois qui...) pour ne pas du tout aimer.

     

    Un grand merci aux Editions Nathan et à Livraddict pour ce partenariat!

  • Botanique de l'absurde

    mincouv63380234.jpgL'écume des jours, Boris Vianj'aime.jpg

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    Avis chrono'

    Encore un livre qui gagne a être lu, ou relu, à l'âge adulte. Des images magnifiques qui parviennent à rendre douce une histoire plutôt triste. Beaucoup d'humour, de liens à tisser. Bien sûr, l'ensemble est absurde et cela peut dérouter, mais pour moi, c'est un grand coup de coeur.

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    note.jpgJe dois cette (re) lecture (audio) à ma petite soeur, j'en profite pour la remercier à nouveau pour cet audio-livre, sans lequel je n'aurais probablement jamais relu L'écume des jours, roman pioché à l'adolescence dans la bibliothèque paternelle. Je ne me souvenais que de l'intrigue principale:

    Colin tombe amoureux de Chloé et Chloé tombe malade: un nénuphar pousse dans sa poitrine.

    Le ton est donné, ce récit nous fait perdre nos repères et dès les premières pages, le choc est rude, car rien ne semble avoir de sens. La baignoire se vide à l'étage inférieur, des anguilles se pêchent dans les lavabos, la cuisine ultra-moderne tient vaguement de la sorcellerie, les patineurs sur glace qui tombent sont engloutis par des machines nettoyeuses et les rues s'adaptent à l'humeur de Colin...

    Le lecteur doit fournir un véritable effort pour accepter ce monde et le visualiser... Je n'ai pas tardé à me dire, en écoutant, que finalement, l'ensemble n'était pas du tout absurde, plutôt onirique. Comme dans un rêve, les images s'enchaînent et si elles ne sont pas réalistes, elles n'en ont pas moins un sens profond et clair.

    A aucun moment je n'ai eu de difficulté à comprendre. C'est anormal et décalé, mais il est amusant de décoder les symboles. Jeux de mots (l'ami de Colin se ruine pour les livres du philosophe Jean-Sol Partre.), déformations du lexique... inventions loufoques.

    Tout est transfiguré, pour mieux nous faire comprendre la beauté de ce que serait un monde à notre image... Colin souffre lorsque Chloé tombe malade et sa souffrance se répercute autour de lui, concrètement et physiquement: les vitres s'opacifient, les pièces rétrécissent et peu à peu, le plafond se rapproche du sol.

    A ces images dont je m'émerveille encore, tant je trouve incroyable d'arriver en utlisant des phrases neutres et une majorité de description, à entrer aussi intensément dans l'intériorité des personnages, s'ajoute une dimension politique et une critique plutôt féroce de la société.

    Les passages qui traitent du travail, par exemple, sont divins et si drôles. Ils en montrent toute l'absurdité, pour le coup, réelle: interchangeabilité des employés, bureaucratie imbécile, fabrication d'armes mais oubli des munitions adaptées...

    C'est juste magnifique, somptueux, envoûtant, tout ce que vous voudrez... Attention annonce rarissime: je crois que je le relirai encore!

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour ceux qui se sentent un besoin d'évasion sans forcément rechercher la facilité, le vite-consommé et qui sauront apprécier l"équilibre entre humour et passages sombres.

     

  • Nouveautés rayon boite aux lettres

    100_1177.JPGC'est noël! Plein de livres font avec optimisme leur entrée chez moi cette semaine (sans savoir que la file d'attente en P.A.L. frôle l'éternité).

    Je commence par le plus intrigant, le petit .2 , si vous n'avez pas entendu parler de ce nouveau format prétendument révolutionnaire, c'est que vous travaillez trop.

    Alors là, je vous préviens tout de suite, je n'y suis pour RIEN! C'est Amour, la fashion-victim de la maison, qui a craqué. J'ai commencé par râler que c'était n'importe quoi... et la curiosité l'emportant toujours sur mes vilaines manières, j'ai fini par partager un peu de son impatience.

    Il est arrivé hier et je sens que c'est LE truc pour crâner au boulot. Microscopique pour 982 pages, très léger. Ecrit dans le sens parallèle à la reliure, au cas où vous n'auriez pas suivi. Mais ça semble rester lisible, bien que petit.

    Par contre faites gaffe si vous fréquentez des fumeurs et planquez vos gadgets,  ils pourraient être tentés de se rouler des clopes dans les pages en papier à cigarette. Un vice qui coûte presque aussi cher: 13 euros le mini-livre...

    Voilà... Je ne compte pas le lire avant un bout de temps, je ne suis pas attirée plus que ça par le titre en question. J'ai tout de même pris quelques photos. Le gros fait 550 pages, le petit presque 1000!!

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    Je termine avec deux nouveaux partenariats obtenus grâce à Livraddict et à Babelio:

    nouveaux livres, c'est une fille!!, ou alors c'est un garçon, vous croyez qu'ils se reproduisent en bibliothèque? , les petits avec les gros? , partenariat, Ils sont pas mignons? C'est beau quand la famille s'agrandit!

  • Théorie des correspondances

    Introduction, aujourd'hui, car deux annonces importantes:

    Je ne vais pas tarder à vous soumettre un petit sondage concernant quelques changements à apporter au blog d'ici l'été. J'ai noté que le noir et les couleurs criardes dépareillées posaient quelques problèmes. Mais surtout, vous ne trouvez pas qu'on parle un peu trop de livres ici? Ah! Nostalgie de l'époque où je racontais ma vie en termes plus ou moins cryptés... D'où:

    Les nécessités d'un hiver tardif mais rigoureux dans ma vie amicale et la conjonction d'un livre qui s'y prête me font pousser cet appel au secours: ECRIVEZ-MOI!!!

    Des commentaires, des mails, de longs poèmes d'amour, une liste de course, vos prévisions pour le tiercé... tout ce que vous voulez mais... s'il y a quelqu'un sur ces pages, animé de bonnes intentions, qu'il se manifeste et m'écrive! On n'aurait pas idée de passer chez quelqu'un, de se servir dans le frigo et de ressortir sans dire bonjour. Faites comme si j'étais un frigo! (On est pas si loin du compte.)

     

    Pour ceux qui aiment le noir et m'écrivent déjà, parlons lecture!

     

    une forme de vie, amélie nothomb, autobiographie, roman, ou les deux en même temps, irak, guerre, obésité, correspondance, échanges, lettres, amitié, j'adorerais recevoir tout ce courrier!!Une forme de vie, Amélie Nothomb

    Avis chrono'

    Le livre qu'il me fallait pour retrouver du plaisir à lire Amélie Nothomb. Un thème - la correspondance - qui m'attire, des passages brillants... Un mélange habile et intrigant entre éléments biographiques et fiction. Un humour bien dosé et des propos carrément acides sur ses lecteurs... Pour la peine, je lui pardonne la fin ratée.


    "Un lien ne me paraît complet que s'il comporte une part de correspondance."

    Me revoici en pleine Love Story, bon sang que ça fait du bien! C'est que nous étions brouillées, moi et Amélie N.  Vous savez comment c'est, on se tourne autour, on se dit qu'on est bien l'une avec l'autre et puis c'est le drame, un mot de travers et nous voilà fâchées.

    Avec le sabotage amoureux, nous avions échangé nos premiers sourires, avec Mercure j'avais entériné notre rapprochement et avec Stupeur et tremblements... Il y a eu consommation...

    Puis après quelques années de hauts et de bas, il a bien fallu nous rendre à l'évidence, la passion du début s'était émoussée et puis... est arrivé Le voyage d'hiver... Le coup de froid fatal. La rupture.

    Mais voilà, c'est le printemps, saison des amours, je succombe à nouveau au charme de cette auteure belge et pourtant, je l'ai vue à la télévision il y a moins de deux mois. Mon dieu qu'elle est affreuse, elle me fait peur et sa voix me terrifie... Vraiment, on a pas idée, quand on est un auteur, d'exister en vrai! Tsssss...

     

    Le premier plaisir, dans Une forme de vie, c'est l'intrigue à proprement parler.
    L'auteure reçoit dans son courrier des lecteurs une lettre d'un soldat américain basé en Irak. De réponse en réponse, se crée un attachement. Celui-ci lui dépeint sa tragique réaction au stress de la guerre: il mange, mange, mange et devient plus qu'obèse.

    "Je me dis: Là, je dois être en train de grossir. Ma panse commence le boulot. C'est fascinant d'imaginer la transmutation de la nourriture en ce tissus adipeux. Le corps est une sacrée machine."

    Là dessus, Amélie Nothomb nous sert ce qu'elle fait le mieux, du bizarroïde, le gars s'imagine que son tas de graisse est une femme fondue en lui...
    On s'y fait. C'est Nothomb, quoi. C'est même pour ça que je l'aime. Même si ça m'exaspère. Mais cette excentricité est brève, le sujet est bien traité, original, les lettres sont délicieuses.

    La seconde couche est encore meilleure: l'utilisation d'une expérience personnelle  (qui fait classer ce livre dans les autobio) autour du thème de l'écriture, de la correspondance. Amélie Nothomb répond aux lettres de ses lecteurs et dans ce roman, à diverses reprises, elle en parle et j'ai trouvé ses propos pleins de bon sens.

    "De même qu'il ne suffit pas d'écrire un livre pour être écrivain, il ne suffit pas d'écrire du courrier pour être épistolier."

    "Il y a des gens qui gagnent à être cotoyés et d'autres qui gagnent à être lus."

    Elle évoque les types de lettres reçues, de la demande d'argent sans délicatesse à la déclaration d'admiration absolue et sa façon de les ouvrir, de les trier. Elle parle de l'évolution possible de ces échanges, qui pour certains deviennent de véritables amitiés durables.

    La réflexion sur ce qu'on perd en perdant un correspondant m'a plu. "Pourquoi un ami d'encre et de papier vaudrait-il moins qu'un ami de chair?" La réaction face au silence brutal de l'autre... Evidemment, ça ne pouvait que me séduire...

    Enfin, elle n'est pas tendre avec certains de ses lecteurs!! Ne leur fait cadeau d'aucune langue de bois! J'ai adoré ces passages, assez nombreux!

    "Je reçois très souvent des missives dans lesquelles le destinataire a oublié ou n'a jamais su qu'il s'adressait à moi ou à quelqu'un. [...] et cette personne m'envoie une réponse qui n'est pas une réponse [...] parce que rien dans son propos ne signale qu'il a lu le mien."

    Ne dirait-on pas qu'Amélie a lu mon Petit guide de politesse à l'usage des blogueurs venus se faire un peu de pub??

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour moi. C'te blague. Je prête pas mes amoureuses.