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Tale me more - Page 88

  • Mais faites-le taire!

    chuchoteur,carrisi,litt italienne,thriller,à la morgue,au bûcher même,au secours surtout,mal au coeur,trop mauvais,beurk et rebeurk,ne surtout pas lire attention,nul,caca boudinLe chuchoteur, Donato Carrisi

    Avis chrono'

    Un thriller sans aucun intérêt, très mal écrit et qui se contente d'accumuler les clichés du genre. Le genre de bouquin qui fera un parfait mauvais film à succès.


    Prenons d'un côté Le dernier homme bon et de l'autre Le chuchoteur: deux thrillers récents.  Ensuite, bâtissons un comparatif digne des grandes années de la publicité pour la lessive.

    chuchoteur_carrisi.jpg

    chuchoteur_carrisi.jpg

    Des deux côtés, des meurtres en série et des enquêteurs.

    A gauche, une équipe, dont aucun membre ne parvient à nous intéresser le moins du monde. On les distingue les uns des autres, certes, mais rien pour nous accrocher. Ils sont caricaturaux, n'ont presque pas de vie privée, tentent d'avoir une psychologie complexe mais qu'aucune cause ne vient éclairer, des faiblesses qui ne parviennent pas à nous émouvoir faute d'en comprendre complètement les fondements. On tente bien de nous en faire prendre un ou deux en pitié, mais c'est si creux, si lourd que ça ne peut pas fonctionner. Quant aux victimes, des petites filles, je n'ai pas vu à quel moment il fallait compatir à leur sort.

    A droite, seulement deux "gentils", mais combien plus réussis! Ils sont humains, tout simplement et ancrés dans une époque clairement identifiable. Il est facile de s'identifier aussi bien à elle qu'à lui, dans deux registres différents parce que leur conception est soignée par l'auteur.

     

    Là où ça chuchote, il y a du crime, des horreurs, des mauvais sentiments, des tueurs embusqués, bref, toutes les ficelles bien visibles et une écriture sans intérêt.

    Du côté des bons, l'intrigue est originale, ne se focalise pas un tueur monstrueux, mais sur le déroulement de l'enquête. Déroulement au sens propre, on avance petit à petit, sans savoir dans quelle direction, mais on sent qu'on avance, qu'on est sur la piste de quelque chose et qu'on va comprendre...

     

    C'est bien pour ça qu'à gauche, je me suis ennuyée pire que mortellement et qu'à droite j'ai été tenue en haleine d'un bout à l'autre par un rythme bien calculé, tantôt dans l'action, tantôt dans l'humour ou dans les pauses plus psychologiques qui m'ont permis de m'attacher aux héros et de vouloir vraiment qu'ils réussissent.

    Le chuchoteur n'est qu'un amas de chapitres poussifs, on patauge sur place, il est impossible de comprendre même quel sentiment l'auteur tente de nous insuffler. C'est un mélange du pire des séries américaines à laboratoires d'expertise médico-légale et du pire des romans sans trace de littérature.

    Et pire que l'écriture fade, l'intrigue à proprement parler n'est tout simplement pas cohérente.

    Quinze fois au moins je me suis demandée si je n'avais pas sauté des pages, s'il ne manquait pas des paragraphes. Aucune progression n'a été imaginée, on nous traîne d'une scène à une autre et à la fin par un coup de baguette magique qui ne doit rien du tout à l'enquête, rien du tout au suspense, rien du tout aux policiers, hop, on découvre des trucs et c'est bouclé. Pitoyable.

    Ok, à gauche, je peux pas le nier, du coup, on est surpris. C'est sûr qu'on ne peut pas s'attendre à la chute puisqu'elle n'est annoncée par rien...

    Ce n'est pas du tout l'idée que je me fais d'un bon thriller, qui doit nous préparer au dénouement sans rien nous en laisser deviner, de façon à ce qu'on se dise: mais bien sûr! Comment n'ai-je pas deviné avant!??

     

    Conclusion: Ce roman est pire que mauvais et je lis partout qu'il est fabuleux. Je suis dégoûtée... Et dire que ça va être un succès de cinéma parce qu'on nous annonce des fillettes découpées en morceaux... J'en viendrais à pleurer de rage!!

    Faut que quelqu'un m'explique où est le talent, là...


  • Tout est bon dans les gens bons

    le dernier homme bon,kazinski,thriller,litt danoise,danemark,venise,copenhague,tout est bon dans les gens bons,jambon de pays,jambon blanc,jambon cru,je fais des sandwiches qui en veut?,bibleLe dernier homme bon, A.J. Kazinski

    Avis chrono'

    Un vrai bon thriller, enfin! Un cadre bien construit, bien documenté, qui nous fait voyager entre Copenhague et Venise. Un couple fortuit d'enquêteurs aussi attachants l'un que l'autre grâce à un dosage efficace de petits défauts et de zones d'ombre.

    Hum... qu'est ce que ça fait du bien de lire un bon roman policier! Celui-ci mérite une petite entorse à la chronologie de mes lectures. Il a en effet succédé à un autre thriller, exécrable, celui-là! Mais j'aurai l'occasion d'en reparler dans la semaine.

    Résumé:

    Un policier vénitien croit découvrir des liens entre plusieurs meurtres commis dans différents pays. Dans l'impossibilité de poursuivre son enquête, il transmet ses informations à un collègue danois, Niels Bentzon. En plein sommet sur le climat, alors que tous les dirigeants des grandes puissances mondiales sont réunis à Copenhague, Niels tente de trouver non le coupable, mais la victime: un bienfaiteur de l'humanité.

    Avis:

    J'ai tout aimé. Un très bon cru dans le genre du thriller. Sans aucun temps mort, sans aucune incohérence, sans rebondissement improbable. Non seulement l'enquête en elle-même est originale (on ne cherche pas le coupable, mais la future victime), mais le contexte est plein de petits détails très soignés: références biblique ou historique, descriptions de Venise.

    On bouge beaucoup, sans perdre le fil. On est surpris à la fin, sans avoir l'impression qu'on se paye notre tête avec un lapin sorti d'un chapeau...

    Quant aux personnages, c'est un plaisir de tomber sur un auteur qui se souvient que moins on en dit, plus on pense et qu'il faut savoir parsemenr le brave justicier de doutes et de failles très humaines. Ce petit côté marginal... j'aime.

    Niels et Hannah pourraient exister et j'aurais plaisir à les rencontrer. Je ne sais si c'est un critère absolu de qualité, mais ça me semble important.

    Si j'ajoute, sans  trop vouloir en dire, que tout prend sens à la fin, ça devrait vous donner envie d'y jeter un oeil.

    Bonne lecture et bonne nuit!

  • Summer PAL Challenge Acte 2

    Summe_pal_challenge.jpgNe cherchez pas l'acte 1, je l'ai manqué l'année dernière!

    Mais ce matin, je tombe sur l'article de Lilly et là, non seulement je m'amuse beaucoup (ce dont j'ai grand besoin en ce moment) mais en plus je me dis que bon sang mais c'est bien sûr c'est exactement ce qu'il me faut!

    Le principe est simple: Faire diminuer au maximum notre PAL durant les trois mois d'été.

    Je déboule donc sur le blog de l'organisatrice, la très célèbre et très adulée E.B. - alias Liz - alias Caro (vous allez comprendre que j'ai des raisons de la flatter outrageusement) mais HORREUR!

    Les inscriptions sont closes. Je gémis, je m'arrache les cheveux, je me lamente pitoyablement sous sa fenêtre... et je suis repêchée sur l'extrême bord du fil. OUF!

    Me voici donc inscrite. Merci! Je suis une petite joueuse quand je vois que les étagères de certaines participantes croulent sous plus de 200 ou 300 titres en attente alors que mon propre compteur de départ est à:

    87

    (enfin, si je n'ai pas oublié d'en compter dans les coins)

    Si déjà j'arrive à la diminuer de 10, ce sera pas mal... Rendez-vous le 21 septembre!

  • Moi, moche et méchant

    rousseau_20_ans_mazauricjpg.jpgRousseau à 20 ans, Claude Mazauric

    Avis chrono'

    La biographie condensée mais fort sérieuse, d'un homme que je n'aime pas. Livre qui n'a pas su me faire changer d'avis! Je soupçonne l'auteur d'être un peu moqueur, lui aussi, mais allez savoir, je suis si obnubilée par mon animosité à l'encontre de ce cher écrivain des lumières que je peux très bien me faire des idées...


    Non, je ne suis pas maso. (enfin... heu... )
    Noon, je ne le lis pas pour mes études! ( si vous saviez...)
    Nooon, pour une fois, c'est pas un roman. (ça va, je suis pas monomaniaque, non plus!)

    Pfff... Qu'est ce qu'il est difficile de lire en public une biographie de Rousseau, vous n'imaginez pas les commentaires auxquels j'ai dû faire face...

    Donc, me voilà sortie pour un temps très bref de mes fictions chéries. Profitez, ça va pas durer! (J'ai déjà le nez à demi dans un thriller qui est bien meilleur que le précédent - dont je ne vous ai pas encore parlé, mais ça arrive...)

    Bon. Et mon avis? Oui, parce que je vous évite le résumé (il est né, il a grandi, il est mort, aucun suspense.)
    Mon avis, c'est que je n'ai jamais aimé Rousseau. Je trouvais que c'était un type déplaisant très imbu de lui même. Faut dire que j'ai tenté (et achevé? Peut être... Oui, je crois que oui. Suis vraiment maso en fait) de lire ses Confessions.

    Je pensais que cette biographie, proposée par le site Babelio allait être l'occasion d'une tendre réconcialiation entre moi, l'ignare sans coeur, et lui, ce grand homme, ce grand auteur, ce grand penseur, ce grand philosophe et que sortez les violons lui et moi allions forcément nous aimer, après cela, que j'allais découvrir ses qualités cachées, son noble coeur d'homme généreux - ou l'inverse ...

    J'ai dû manquer un truc, parce que je sors de là encore plus dégoûtée. Mais quel gros con! (Je parle de Rousseau, hein, pas de l'auteur de la bio, qui a très bien fait son travail. Je préfère prendre des précautions parce que lui n'est pas mort. Tandis que Rousseau ne viendra pas me demander des comptes. Je peux me lâcher! C'est pas un gars que j'inviterais à un barbecue de toute façon.)

    Je retiens donc de ma lecture:

    - C'est un égoïste qui ne pense qu'à ses fesses. Il abandonne sans hésiter son compagnon en pleine crise d'épilepsie et il se casse... Et narcissique avec ça...

    - C'est un menteur et un voleur. C'est pas parce que tout le monde le sait et qu'il l'a avoué lui-même que je vais l'excuser. Il ment sur son identité, sur ce qu'il sait faire, sur ce qu'il a fait...

    - Hypocondriaque.

    - Crédule, prêt à suivre le premier gars qui lui monte une arnaque.

    - Sans vouloir me mêler de choses intimes et personnelles, il a l'air d'avoir quelques problèmes sexuels... Cette relation avec cette femme qu'il nomme "maman', hum...? Et bien sûr, c'est la faute de la femme si le petit chéri a des doutes sur ses "capacités viriles"!

    Tiens, je ne résiste pas, je vous cite M. Mazauric (pas dans sa meilleure prose, mais dans sa plus lyrique, peut-être):

    " Ce n'est pas au cours de cette expérience insolite, mais finalement brève, que Jean-Jacques connaîtra le délice d'entendre sous le poids de son corps les soupirs de la jouissance féminine. "

    Naaaa mais qu'est ce que c'est que cette phrase pompée sur un vieil Harlequin!! Je me fendrais bien d'une étude détaillée et commentée de cet extrait, mais j'attirerais encore des obsédés sur mes pages, non merci... J'ai assez à faire déjà...

    - L'allusion à maman me fait ajouter cette qualité: c'est un gros profiteur, genre pique-assiette de 1ère! Il se colle aux basques de tout ce qui passe.

    - C'est un glandeur... Il ne fait qu'aller ici, revenir par là, retourner là-bas et hop, encore dans l'autre sens, pas fichu de conserver un job plus de quelques semaines, soi-disant parce que Monsieur serait trop intelligent pour s'abaisser à des tâches indignes. Fainéant!!

    - C'est un père avisé: il abandonne ses gosses un peu après leur conception. Le meilleur moment pour s'en débarrasser, avant de se mettre à les aimer, parce qu'après, c'est foutu, on est obligé de les garder. Mais il compense par de merveilleux textes sur l'éducation.

    - C'est un looser. Il met des mois à inventer un truc en musique... pour qu'on finisse par lui rire au nez: d'autres que lui l'ont déjà fait!

    Alors... est ce que j'ai lu tout cela? Est ce que je l'ai inventé??

    Les habitués savent que j'aime en rajouter... (un peu) mais quand même... je n'ai pas tout sorti de mon chapeau. J'ai trouvé étrange que l'auteur nous balance tout cela... Parce qu'à côté, on sent une véritable admiration pour les oeuvres de Rousseau, sincère. C'est vrai, il aurait été malhonnête de passer tout cela sous silence si l'homme était vraiment aussi détestable...

    Et puis l'oeuvre et l'homme ont-elles un rapport? Est-ce important, au fond, qui il était?

    J'ai de la chance! Je participe à une virtuelle-interview de l'auteur, je vais peut-être savoir si je me suis fait des films ou s'il y avait vraiment un brin d'ironie dans cet ouvrage...

    Ou bien c'est encore plus simple: l'obligation, à cause du titre de la collection, de s'en tenir aux 20 ans de Rousseau (il y a eu triche manisfeste à l'aide de prolepses multiples) nous montre un jeune homme... Un p'tit voyou adolescent, rebelle, pénible, flemmard, agité, pas encore mûri.
    Un p'tit con quoi, comme il en existe encore quelques uns de nos jours.

     

    Je vous tiens au courant, pour l'interview. D'ailleurs s'il vous vient des questions, c'est pas trop tard.

  • Le nombre d'or

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    Avis chrono'

    Un roman qui entérine une fois pour toute mon amour pour la littérature étasunienne! Une saga familiale d'une grande qualité littéraire, tendre et réaliste, qui aborde avec l'humour et la distance nécessaire le sujet de la polygamie telle que pratiquée par les fondamentalistes américains. Pour autant, l'intrigue ne se résume pas à cela... Une fois n'est pas coutume, je vous invite à lire l'intégralité de l'article!

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    "Regardez bien et vous verrez. Dans cette maison il y a des problèmes. [...] Si on ne savait pas, on se dirait: une famille heureuse, une famille harmonieuse. Mais approchez-vous, observez, et vous ne manquerez pas de voir les rituels incongrus, les chagrins et les pleurs versés dans la solitude, les tractations, les minis-drames de la peur, de l'angoisse et du désir"

    Existe-t-il des branches distinctes au sein de la littérature U.S.? Dont l'une porterait un écriteau "ici, tout ce que Sound aime" ? Je ne suis pourtant pas une adepte de la société américaine, mais dès qu'on quitte les grandes métropoles pour l'Ouest, je fonds. Je pense par exemple à Blessés de P. Everett, aux Nouvelles histoires du Wyoming, d'A. Proulx et maintenant au Polygame solitaire. Trois coups de coeur.
    Nevada, Montana, Wyoming, Utah... J'ai vérifié sur une carte,  c'est tout dans le même coin! Impossible d'y voir un hasard.

    Brady Udall, c'est l'auteur du Destin miraculeux d'Edgar Mint, que je n'ai toujours pas lu, mais c'est tout comme. Depuis le temps qu'il est dans ma wish-list! On s'aime déjà profondément lui et moi, comme ça, à l'instinct, avant même de se connaître vraiment.

    Le polygame solitaire, c'est Golden, le père d'une famille nombreuse, quatre femmes et vingt-huit enfants. Si j'ai bien compris, c'est une branche particulière des Mormons, qui pratique la polygamie, en dehors des lois américaines, bien sûr.
    Ce que j'ai aimé, c'est que les pistes sont suffisamment brouillées pour qu'il me soit impossible de porter un jugement sur ce mode de vie, ou même de clairement savoir si l'idée était d'en donner une image positive ou négative. (Mais n'est ce pas cela, justement, le réalisme?)

    Ce n'est surtout pas une ode à l'Amour, dégoulinante de religiosité. C'est acide et critique. Ce n'est pas non plus une défense de la toute puissance masculine et encore moins un récit graveleux dans lequel le mâle de la maison enchaîne les relations sexuelles en passant d'une chambre à l'autre.

    A l'inverse, il ne s'agit pas non plus de célébrer l'abandon de soi à la volonté divine et de s'apitoyer "Oh le pauvre mari malheureux de quatre femme, comme il souffre!".

    C'est quelque chose entre les deux et j'aime que l'on évite à la fois le prosélytisme et le voyeurisme.

    [A propos du mariage plural]:
    "Presque tout le monde s'imagine que c'est pour le sexe, mais il y a autre chose. Si on veut coucher avec une femme, je n'ai pas besoin de t'apprendre qu'il existe d'autres manières d'y parvenir que d'en épouser une. Dieu veut qu'on vive selon le Principe surtout parce que c'est difficile et que ça nous rend meilleurs".

    Golden n'est pas heureux, comme le titre le laisse entendre. Il erre un peu au sein de sa famille comme un fantôme. Il ne parvient pas à se partager entre tous et les disputes et les dissensions sont légion. C'est un personnage passif, sans consistance, sans volonté.

    Il n'est pas à l'honneur, dans le roman, et partage d'ailleurs la vedette avec quelques unes de ses femmes ou certains de ses enfants. Plusieurs chapitres sont décentrés et s'attachent à eux, aussi bien dans leur présent que dans leur passé. Et là encore, j'ai adoré cette façon (qui pour une fois ne m'a pas semblée artificielle) de nous promener dans les souvenirs des personnages, pour comprendre comment ils se sont formés, comment ils se sont retrouvés intégrés à cette famille hors-normes.

    Tellement de thèmes sont abordés que je me sens incapable de les citer tous. Pourtant, aucun n'est balancé comme ça, n'importe comment. Tout est parfaitement cohérent, rattaché à l'intrigue principale.

    Par exemple, l'un des thèmes secondaire les plus importants est celui des essais atomiques qui ont lieu dans le désert proche. C'est un motif qui traverse toute l'oeuvre, en semant ici ou là ses germes délétères: maladies, malformations, fausses-couches... Très bien fait, très touchant. Et pas "écolo à deux balles". Si seulement tout pouvait être dénoncé avec une telle diplomatie...

    Il y a aussi le thème du deuil, particulièrement celui qui suit la mort d'un enfant.

    Et puis Rusty, le garçon terrible de la famille, l'un des seuls qui n'est pas pour nous un numéro alors que paradoxalement il est le symbole dans le roman de l'enfant invisible qui ne reçoit pas assez d'amour et tente en multipliant les bêtises de se démarquer de ses trop nombreux frères et soeurs, sans y parvenir.

    Le sexe aussi, s'il n'est que peu pratiqué dans le récit, est au coeur des interrogations. Avec l'amour.

    "La vie de femme plurale, apprit-elle, était faite de constantes comparaisons et de constantes interrogations. [...] Laquelle d'entre nous est la plus heureuse? Laquelle aime-t-il le plus? Laquelle désire-t-il le plus? A laquelle se confie-t-il au milieu de la nuit? "

     

    Ajoutez encore des maisons pleines de gosses incontrôlables, des mexicains déjantés, un bordel, des explosifs, une autruche et des tonnes de sentiments très variés...

    Ce roman est aussi triste que joyeux, rassurez-vous (j'ai déjà dit que c'était parfaitement équilibré, non?). La scène de la visite aux impôts, ou Golden doit justifier à une employée horrifiée que non, il n'y a pas d'erreur dans les dates de naissances de ses enfants, il y a en a bien trois de nés le même mois, mais pas le même jour... c'est amusant comme tout.

    "Elle lui jeta un regard par dessus ses lunettes tandis que la vérité semblait se faire jour en elle: il n'était pas un de ces salauds qui ont eu seize enfants de femmes différentes et qui ont le culot inouï de les déclarer comme personnes à charge. Il était marié à toutes ces femmes. [...] C'était un de ces polygames!"

    On devine, même si l'auteur ne s'y attarde pas, les relations difficiles de cette famille avec le reste de la société "normale", dans les précautions que prennent les enfants à l'école pour ne pas trop en dire sur leurs parents, ou Golden lui-même dans ses relations professionnelles.

    J'ai été touchée par ce roman parce qu'il traite d'un thème qui m'est cher, celui de l'équilibre à trouver. C'est à mon sens un bel hommage aux concessions, aux petites organisations du quotidien, à la fragilité des relations humaines. Qu'est ce que c'est "aimer"? Comment aimer? Combien aimer?

    La plus belle image, c'est Rusty qui la donne:

    "Les anniversaires, comme tout au sein de cette famille, étaient une affaire compliquée. Ici, on était jamais libre. On aurait cru qu'ils étaient tous liés par un fil invisible, pensait Rusty, et quand une personne voulait faire une chose ou aller quelque part, elle tirait tout le monde de son côté, mais une autre essayait de faire autre chose ou d'aller autre part, et ainsi de suite jusqu'à ce que tout le monde s'emmêle, trébuche et se débatte comme une bande de singes dans un filet."

    Golden ne sait pas plus comment gérer cette multitude d'identités distinctes et préfère ne plus essayer.

    "Il avait si longtemps tenu son amour en réserve pour le distribuer avec parcimonie, petit bout par petit bout, et en général en secret afin que personne ne soit jaloux. Quand il prenait un enfant dans ses bras, il était obligé de prendre tous les autres [...] Il devait mesurer ses compliments, ses baisers et ses cadeaux. [...] Au fil du temps il avait appris à développer une attitude de neutralité, une expression impassible afin de ne pas être accusé de favoriser un enfant ou une femme".

     

    Conclusion:

    Grand auteur et grand roman! Comme tout livre d'importance, il a soulevé en moi quantité de questions, auxquelles je n'ai pas encore vraiment répondu. La principale étant de savoir si ce mode de vie est considéré comme sectaire et si le roman en fait l'apologie.

    Dernière qualité, non des moindres, c'est un énorme livre! 735 pages. Qu'est ce que ça fait du bien de lire des gros livres parfois. Ce qu'on perd en confort de lecture, on le regagne dix fois, puisqu'on peut faire durer le plaisir.

    Est-ce que ça tente quelqu'un une pétition: Ne publions plus de livres de moins de 500 pages??

    Un ENORME merci à Livraddict pour ce partenariat que je désirais obtenir plus que n'importe quel autre, c'est un réel bonheur de l'avoir reçu.