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Médecine générale

  • A vos ogres

    À celle qui trouve le job de muse un peu trop contraignant.
    Charge à moi de mettre en lumière plus d'avantages que d'inconvénients,
    plus d'amusement que d'ennui,
    à elle de poursuivre l'approvisionnement en énergie renouvelable.

     

    jaworski-fauteurs-ordre.pngLes fauteurs d ordre, Jean-Philippe Jaworski

    Ah, l'époque bénie des commanditaires et des exécutants ! Au départ de ce grand soupir venu du coeur, j'avais en tête la vision idéalisée de l'amour courtois, bien sûr. Ainsi que les peintres et sculpteurs de la Renaissance, les poètes et leurs muses, Roxane ou Béatrice, Guenièvre et son Lancelot. Mais en m'attardant sur le concept, ce n'est pas sans frissonner que je traverse cette époque persuadée que je ne suis pas faite pour être du côté qui inspire. Il y a un plaisir évident à se laisser porter par d'autres volontés, plaisir qui selon le contexte peut s'avérer délicieux ou dangereux. Soit. Nous verrons à recevoir comme il se doit qui voudra s'en mal servir.  

    Voici, si j'ai bien compris, un texte qui a justement tout de l'œuvre de commande et se donne pour objectif de répondre - offensivement - à la brûlante actualité politique. Rédigée en quelques semaines, donc, et fermement engagée. 
    Je n'ai pas encore lu Jaworski, c'est prévu (Janua Vera), je note que j'ai apprécié l'univers et la langue. C'est présenté comme un conte et il est en effet difficile de dater l'époque dans laquelle se déroule l'intrigue : des hauts-de-chausse, des hôtels particuliers, une Régente, un Patricien, tout cela typique des univers fantasy. Ce qui est certain, c'est que le régime est autoritaire, on arrête à tour de bras, on enferme, on interroge à la mode Inquisition. Craindre, obéir et acclamer la figure du chef, c'est le petit côté moderne. 

    Sans doute faudra-t-il retrancher de tout cela mon enthousiasme de femme en vacances qui a endormi sa progéniture en pleine berceuse en tout début de soirée et s'est vue octroyer ainsi un temps de lecture, de dégustation de chocolat et de méditation rare et précieux, mais je n'ai pas été déçue. 

    Plus qu'un conte, j'y vois une nouvelle, resserrée sur son sujet, courte afin de ne pas laisser au lectorat le temps d'échafauder des hypothèses sur la fin de ce triste sire, figure connue du 20e siècle, le monstre commun, l'humain administratif, l'exécutant zélé de tout ce qui vient du haut. Ce n'est pas transcendant, ni vraiment surprenant, mais… oui, efficace. Un salutaire rappel d'une réalité, un message qu'on aimerait capable de toucher quelques esprits, l'argument est pertinent. Désolée de ne pouvoir en dire plus. 

    Bémol. Le lien avec l'actualité est un peu lâche. Qu'on pense à un passé qui éclaire les fondements d'un parti actuel, ou aux conséquences futures de son accession au pouvoir, vers l'avant ou en arrière, je trouve qu'il manque une pièce au raisonnement. Il y a comme un trou. Je ne suis pas certaine que l'objectif affiché soit atteint.

    J'ai ici rempli ma part de ce duel de commande à honorer. Reste à déterminer à qui le guerredon.

     

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  • Drôle de râle

    Les-morts-bizarres.jpgLes morts bizarres, Jean Richepin

    Drôle de livre, en très bon état, que je ne me souviens pas avoir acheté, dont j'ignore si on me l'a offert ou prêté, ce qui est rarissime et ... très gênant. Je le sens comme kidnappé chez moi, injustement retenu et je ne demande pas mieux que de le libérer mais vers qui ?

    J'ai découvert un nouvel auteur de la fin du XIXe siècle, qui a connu Rimbaud, peut-être Rostand... Un jeune rebelle, provocateur, grande gueule, libre et nomade, franc-tireur au franc parlé, qui semble avoir cherché en premier lieu par ses écrits le scandale et l'outrage.

    Chacune des nouvelles qui compose ce roman raconte l'histoire d'un homme - jamais d'une femme - et se termine sur sa mort souvent stupide et impromptue. Les futurs décédés sont de pauvres types, voleurs, écrivains ratés, troufions, ou savants fous. Ils meurent sur les toilettes, dans des cachots où à l'endroit où il se pensaient sauvés. La diversité des récits, très courts est un point positif,  ainsi que la couche d'humour noir mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable.

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    Claude !  Viens faire un peu le malin avec nous, tes interventions sont, paraît-il, appréciées. Montre voir comme tu es savant ! J'ai choisi "drôle de râle" comme titre de mon texte, en référence à un vieux film. Tu saurais deviner lequel ?

    Le film auquel vous faites probablement référence est "Drôle de drame", un classique du cinéma français réalisé par Marcel Carné en 1937. "Drôle de drame" est une comédie loufoque qui met en scène Louis Jouvet, Françoise Rosay, Michel Simon et Jean-Louis Barrault. Le film est connu pour son humour absurde et ses dialogues savoureux, écrits par Jacques Prévert. Votre titre "Drôle de râle" joue habilement avec cette référence, en remplaçant "drame" par "râle", ce qui crée un lien intéressant avec le thème macabre des "Morts bizarres" de Richepin.

    Yep. Un de mes films préférés ! Je l'aurai un jour... Je l'aurai...

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  • Point d'eau, point d'homme

    mare au diable, classique, george sandLa mare au diable, George Sand

    Je ne le fais pas exprès mais mes lectures en ce moment s'enchaînent avec une grande cohérence et se répondent les unes aux autres, ce que vous verrez peut-être si j'arrive à garder le rythme des articles, ce qui n'est pas évident. Passés les 30 degrés à l'intérieur, j'agonise. Aussi mon instinct de survie me pousse à errer dehors la moitié des soirs. L'autre moitié, je rêvasse tendrement en essayant de fabriquer des sorbets citron-basilic, de m'y retrouver dans les différents types de farine ou de retenter pour la 4e fois d'obtenir des naans au fromage.

    George Sand ne m'avait jamais attirée et je n'ai pas follement changé d'avis maintenant. J'ai découvert au passage dans l'intro du livre, même si je me demande pourquoi cette profusion de détails sur sa vie privée, qu'elle avait eu un nombre très honorable d'amants (et peut être une amante). S'il y a un lien avec la Mare au diable il est encore flou, parce que le livre ne déborde pas de sensualité, même si l'histoire est celle d'un veuf trentenaire, encore vert, qui, contraint de voyager un jour avec une jeune voisine (très jeune) s'égare en forêt. Durant cette nuit de camping improvisé, à proximité de cette mare au diable,  il en tombe amoureux. Très chastement ne vous inquiétez pas, ils ressortiront des bois comme ils y sont entrés.  Elle, très pauvre, partait travailler dans un village voisin. Lui, mieux loti, faire sa cour à une inconnue vantée par son beau-père et contracter un mariage de raison pour donner une nouvelle mère à ses enfants et étendre son patrimoine.

    La description de la vie rurale n'a pas la douceur et la poésie que j'ai aimée chez Giono. C'est davantage centré sur les humains, sur la vie quotidienne que sur la nature. Giono avait les pieds dans les nuages, ceux de Sand sont bien enfoncés dans ses sabots. C'est un roman régionaliste. Pour ce qui est d'avoir un aperçu de la vie dans les campagnes au XIXe siècle, c'est parfait. Au delà de ça, l'amourette... Si ça ne m'a pas touchée alors qu'en ce moment je suis plutôt d'humeur sentimentale c'est qu'on peut mieux faire. A voir si je tente un autre de ses romans, François le champi ou la petite Fadette.

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  • Apocalypse, tout le monde dessine

    station-eleven-emily-saint-john.jpgStation Eleven, Emily St. John Mandel

    Parce qu'il était question dans le résumé d'une troupe itinérante jouant Shakespeare dans un monde post-apocalyptique, ce roman devait faire partie de mon voyage sous les tropiques, celui dont je suis rentrée avec quatre coups de soleil, plus de questions que de réponses et la ferme intention de relancer tous mes projets avortés. Heureusement, j'en ai fini la lecture juste la veille de mon départ et in extremis je lui ai confisqué son billet.

    C'est une pure arnaque, oubliez Shakespeare il n'est que figurant. A moins que de merveilleuses et savantes références ne m'aient échappé... Je ne considère pas que c'est impossible mais qu'au fond ça n'aurait pas fait grande différence. L'épidémie qui anéantit la quasi totalité de l'humanité, voui, pourquoi pas. Au moins on échappe aux zombies, aux passages sanglants de guerre civile même si la violence est présente, sourde, en arrière plan.  L'acteur multi-divorcé, en proie aux doutes existentiels, mort dans l'épidémie mais qui sert de fil rouge à tout ce qui suit ne m'a pas spécialement émue. La jeune héroïne qui n'a que peu de souvenirs du monde d'avant à peine plus.

    "Donc, dit Miranda, toutes les fois où je te voyais lui écrire, elle ne répondait pas. Cette révélation l'attrista à un point qui la surprit.
    - Exact. Je me servais d'elle comme réceptacle de mes pensées. Je crois que j'avais cessé de la voir comme un être humain qui lisait une lettre."

    Le gros défaut de ce livre c'est qu'en dépit de quelques péripéties, il ne raconte foncièrement rien. Il décrit, à la rigueur. ça n'est pas non plus une invitation à réfléchir, un texte engagé.

    Étrangement, il y a quand même quelque chose qui m'a énormément plu, c'est la bande dessinée nommée "station eleven", grand projet d'une des épouses de l'acteur. Projet qui l'a occupée presque toute sa vie, qui n'a donné lieu qu'à deux exemplaires pilotes qui voyagent encore dans le monde d'après. Ce qui est dit de l'histoire de la B.D, de son style graphique, de ses personnages m'a fait envie. C'est ce livre-là que je veux lire le "station eleven" qui n'est pas dans mes mains, celui qui n'existe pas. Je me reconnais bien là...

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  • Mais à quoi tu joues ?

    giono,roi sans divertissement,divertissement sans roi marche aussiUn roi sans divertissement, Jean Giono

    Ayant découvert au passage que je n'avais jamais lu Giono, pas plus que Genet, les confondant sans doute avec Gide en raison de la sonorité, j ai eu envie d' enchaîner avec ce roi sans divertissement.

    On retrouve ce même goût de l'auteur (ce même talent) pour les scènes de grands espaces. Ce qui ne va pas m'aider à le distinguer de celui qui a un nom de buisson... Une magnifique scène de montagne enneigée au début. Ensuite, plus on avance plus il devient évident que ce livre n'a pas d'intrigue, c'est plutôt un patchwork de chroniques locales étalées dans le temps, de narrations imbriquées. Un jeu de piste qui commence par des meurtres puis se fond dans le décor une fois ceux-ci élucidés. Langlois, l'enquêteur du début, lie les différentes parties. 

    Que comprendre à la fin ? Qui est l'homme du portrait chez la couturière ? Quelle relation unit Langlois à ces femmes qui semblent l'aduler? 

    Je me reconnais un certain talent pour débusquer les sous-entendus, j'en ai levé un grand nombre mais je sèche sur leur analyse.  Le genre de doute assez costaud, où l'on préfère que l'autre parle d'abord histoire de ne pas se planter dans les grandes largeurs. 

    Roman qui fait preuve d inventivité stylistique, avec la déception assumée des attentes des lectrices. J'aurais aimé l'étudier, il y a de quoi faire. 

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