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massacre

  • Reportage de guerre - Entre CULTURE et CIVILITE

    Dix heures et deux minutes, sortie piétonne du parking souterrain, en face de la médiathèque de ***. Je suis en retard, Amour n'ayant pu se décider à renoncer à sa douche matinale. Non mais franchement, un jour pareil, prendre une douche! Quelle idée! C'est à se demander qui est l'homme dans cette maison...

    Une foule grouillante aux yeux hagards nous assaille aussitôt. Nous sommes cernés d'une masse fébrile d'hommes et de femmes, certains armés de poussettes fashion à trois roues, d'autres munis de sacs cabas à guidage manuel piqués à leur grand-mère. Les plus prudents font le guet à la périphérie, tendus et nerveux, cherchant à conserver un contact visuel avec leur éclaireur déjà à demi englouti dans la marée humaine.

    Moi, je fais la gueule, comme si je me trouvais au bord d'une sublime piscine à l'eau turquoise, sans maillot de bain. Je voulais arriver plus tôt pour éviter ça, justement.
    Ne pas avoir à me faire piétiner par des brutes.
    Ne pas avoir à entendre ces sages préceptes d'éducation: "vas-y, comme t'es petit, glisse toi devant, allez" prononcés en poussant un gamin réticent (ah! la sagesse intuitive de l'enfance!) lequel sera, dans moins de dix ans, incapable de patienter 3mn à la caisse d'un supermarché sans râler et qui, dans un futur bien plus proche, va se prendre trois coups de coude dans la figure, va se faire écraser les deux pieds d'un seul coup par une paire de sandales pointure 48 et sera sur le point de mourir asphyxié, le nez collé contre le postérieur volumineux d'une mère qui n'est pas la sienne... Sans que je lève le petit doigt pour extraire le marmot de l'arène où ses parents l'ont jeté en pâture. Sans dec' . ça en fait toujours un de moins de petit mal élévé gâté.

    Quelques heureux, arrivés avant nous, ressortent déjà du champ de bataille, triomphants mais ingrats, fulminants d'imprécations d'une extrême désobligeance, hurlées au ras de mes oreilles, adressées aux organisateurs, déjà débordés, accablés et, eux aussi, piétinés par la foule en délire.

    C'est vrai que c'est un beau bordel... Après une demi-semaine passée à écouter des ados tenter de me persuader mollement qu'ils ont bien compris les désagréments d'une société basée sur la consommation effrenée et le gavage publicitaire, j'ai vaguement honte d'être là...

    Les stands sont collés les uns aux autres, adossés à l'imposant bâtiment. C'est sûr... il aurait fallu étaler un peu plus... Le trottoir est blindé, les gens se bousculent, se tirent, se poussent. Il faut 20 minutes rien que pour se frayer un chemin jusqu'aux étalages et s'apercevoir qu'alors qu'on cherchait les CD, on est arrivé dans la douleur face au stand de revues d'équitation. Bah... on pourra toujours se mettre au poney le we prochain...

    Je me lance en soupirant dans la mélée. Je fais encore la gueule. J'aime bien ça, faut croire. De toute façon, je me connais, je sauve déjà pas les gamins en perdition (question de principes ou application du darwinisme), mais je suis tout aussi incapable de m'en prendre sauvagement à mes prochains et il me faudra encore plus de temps qu'aux autres pour parvenir aux tables, puisque prise de dégout pour ces cinglés qui sont prèt à tuer père et mère, j'en laisse passer quelques uns devant moi, sous le regard réprobateur d'Amour qui ne peut comprendre qu'il vaut mieux laisser les sauvageons s'entretuer.

    Je commence à apercevoir les caisses de livres. 4000 ouvrages, CD, revues, films, déstockés par la médiathèque à un euro pièce. C'est la première édition, et les bibliothècaires, après seulement 30mn d'assaut, sont au bord des larmes et de la crise de nerf. Je regarde leurs mains, à la recherche de traces de morsures. Faut dire que les insultes et les critiques fusent de tous les côtés. Il aurait fallu faire ceci, moi j'aurais pensé faire comme cela... Et pourquoi ils ont pas eu l'idée de ... ?  C'est scandaleux, nul, irresponsable... des abrutis, des incompétents... blablabla... (Ouaip... et sûrement bénévoles en ce samedi matin... vu la prodigalité actuelle dans les services publics.) J'entends un des organisateurs qui essaie d'expliquer que c'est la première fois, que ça fait déjà des mois qu'ils y travaillent à un quarantenaire exaspéré et borné. Je me dis qu'il parle dans le vide et qu'il aurait aussi bien fait de remplacer ses explications par un "Bah t'avais qu'à pas venir pauvre con si t'es pas content" à haute teneur en défoulement.

    Je remercie la terre entière, en mon for intérieur, de n'avoir jamais mis les pieds dans un magasin un jour de début des soldes.

    Je ressors de la mélée avec une pile de romans, presque tous policiers, puisque le hasard m'a fait arriver devant ce rayon là.

    J'ai mérité mon chocolat chaud et mon croissant, pris de l'autre côté de l'avenue, en continuant, fascinée, à observer les combattants.

    Deux heures plus tard, je repasse, après les courses. Beaucoup moins de monde. Des étiquettes ont été ajoutées au dessus des stands pour guider les passants. Je me fraye, sans avoir à tuer personne, un chemin vers les romans. C'est agréable de ne plus entendre les frustrés et les impatients et les malpolis et les cons braire.

    Du coup, je prends le temps d'examiner les différentes caisses.

    Butin de la journée: 31 romans!!

    Je suis en train de les ranger. J'ai dû réorganiser ma bibliothèque afin de  liberér une étagère pour cette P.A.L n°2 qui vient doubler le volume de la première.

    Mon grand bonheur (oui... j'ai été jusqu'à couiner d'excitation) c'est d'avoir trouvé trois romans de Percival Everett. N'en déplaise à J. qui ne le trouve pas assez réaliste dans les détails, j'ai adoré Blessés, l'année dernière et l'avoir enfin, à moi, dans ma bibliothèque éclaire mon morne weekend.

    Mon seul regret est de n'avoir trouvé aucun grand classique de la littérature... mais je m'y attendais.

    Je les lave (oui, c'est comme ça, vous voyez que je n'ai rien contre les douches ou un minimum d'hygiène. Mon honneur est sauf?) et je les classe amoureusement.

     

    Des livres déjà lus mais que je ne possèdais pas: Rage (Backman = Stephen King), Un Arsène Lupin en gros caractère pour gros myope comme moi.

    Une grosse majorité de policiers/thillers: un roman de Brigitte Aubert,un autre de Koontz et des tas d'auteurs inconnus de moi jusqu'à ce jour.

    Trois romans de S.F.

    Un récit fantastique choisi et présenté par Borgès

    Deux recueils de nouvelles.

    Beaucoup beaucoup de littérature étrangère et même, un roman en v.o. anglaise.

    Alva & Irva (E. Carey) qui a l'air complètement bizarre...

    Un roman Folio, La moisson d'hiver, avec une reliure spéciale, cartonnée, ça fait bizarre...

    Et même un roman "initiatique pour découvrir la Bible" (vous en saurez plus quand je l'aurai lu c'est à dire dans une dizaine d'année...)

    Lien permanent Catégories : Médecine générale, Psychiatrie 7 commentaires