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Botanique de l'absurde

mincouv63380234.jpgL'écume des jours, Boris Vianj'aime.jpg

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Avis chrono'

Encore un livre qui gagne a être lu, ou relu, à l'âge adulte. Des images magnifiques qui parviennent à rendre douce une histoire plutôt triste. Beaucoup d'humour, de liens à tisser. Bien sûr, l'ensemble est absurde et cela peut dérouter, mais pour moi, c'est un grand coup de coeur.

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note.jpgJe dois cette (re) lecture (audio) à ma petite soeur, j'en profite pour la remercier à nouveau pour cet audio-livre, sans lequel je n'aurais probablement jamais relu L'écume des jours, roman pioché à l'adolescence dans la bibliothèque paternelle. Je ne me souvenais que de l'intrigue principale:

Colin tombe amoureux de Chloé et Chloé tombe malade: un nénuphar pousse dans sa poitrine.

Le ton est donné, ce récit nous fait perdre nos repères et dès les premières pages, le choc est rude, car rien ne semble avoir de sens. La baignoire se vide à l'étage inférieur, des anguilles se pêchent dans les lavabos, la cuisine ultra-moderne tient vaguement de la sorcellerie, les patineurs sur glace qui tombent sont engloutis par des machines nettoyeuses et les rues s'adaptent à l'humeur de Colin...

Le lecteur doit fournir un véritable effort pour accepter ce monde et le visualiser... Je n'ai pas tardé à me dire, en écoutant, que finalement, l'ensemble n'était pas du tout absurde, plutôt onirique. Comme dans un rêve, les images s'enchaînent et si elles ne sont pas réalistes, elles n'en ont pas moins un sens profond et clair.

A aucun moment je n'ai eu de difficulté à comprendre. C'est anormal et décalé, mais il est amusant de décoder les symboles. Jeux de mots (l'ami de Colin se ruine pour les livres du philosophe Jean-Sol Partre.), déformations du lexique... inventions loufoques.

Tout est transfiguré, pour mieux nous faire comprendre la beauté de ce que serait un monde à notre image... Colin souffre lorsque Chloé tombe malade et sa souffrance se répercute autour de lui, concrètement et physiquement: les vitres s'opacifient, les pièces rétrécissent et peu à peu, le plafond se rapproche du sol.

A ces images dont je m'émerveille encore, tant je trouve incroyable d'arriver en utlisant des phrases neutres et une majorité de description, à entrer aussi intensément dans l'intériorité des personnages, s'ajoute une dimension politique et une critique plutôt féroce de la société.

Les passages qui traitent du travail, par exemple, sont divins et si drôles. Ils en montrent toute l'absurdité, pour le coup, réelle: interchangeabilité des employés, bureaucratie imbécile, fabrication d'armes mais oubli des munitions adaptées...

C'est juste magnifique, somptueux, envoûtant, tout ce que vous voudrez... Attention annonce rarissime: je crois que je le relirai encore!

 

Ce livre pour...?

Ce livre pour ceux qui se sentent un besoin d'évasion sans forcément rechercher la facilité, le vite-consommé et qui sauront apprécier l"équilibre entre humour et passages sombres.

 

Lien permanent Catégories : Urgences 5 commentaires

Commentaires

  • J'ai le ce livre l'an dernier. Mon premier Vian. Au début, j'ai trouvé que c'était étrange. C'était différent de ce que je lisais d'habitude. Et puis, on s'y fait peu à peu. Et c'est tout simplement superbe. Je pense que je vais me l'offrir ^^ (c'était mon frère qui me l'avait prêté).

  • Je me souviens des images mais pas du tout de la critique sociale... lu trop jeune peut-être ? Je note donc de le relire ce que je ferai avec grand plaisir vu le beau souvenir que je garde de ce roman.

  • @ Erato: C'est vrai que ça peut sembler déroutant au départ, mais je trouve que ça n'en a que plus de saveur après. Bonne idée, de l'avoir dans une bibliothèque. Pour moi aussi, ça a commencé par un échange familial. C'est encore dans la bibliothèque de mon père que j'ai fait mes plus belles découvertes.

    @ Véro: J'espère que le terme critique sociale est bien choisi... Je ne pensais pas qu'à la critique du travail, mais aussi à celle de la guerre, par exemple.
    Jean Paul Sartre en prend aussi pour son grade.
    Et il y a Chick, dont je n'ai pas parlé, le copain qui se ruine pour sa passion des livres de collection, au point de sacrifier son amour.
    La souris.
    En fait chaque page mériterait des éloges.

  • L'un de mes livres préférés et sûrement l'une des plus belles histoires d'amour qui soit.

  • Tiens, c'est curieux, parce qu'à la relecture, justement, j'ai eu l'impression que l'histoire d'amour ne prenait pas tant de place que cela... Moins que dans mon souvenir.
    Qu'est ce qui te plaît? Le profond désespoir de Colin? Son sacrifice d'aller travailler pour pouvoir acheter des fleurs?

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