Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tale me more - Page 78

  • Tour du monde (2) - L'asie

    asie.jpg

    ETAPE 2 - L'Asie

    Poursuivons notre tour du monde des livres par la littérature asiatique. Je sens qu'il me faudra trancher arbitrairement parmi les romans japonais, mais qu'il n'y aura pas foule pour le Bhoutan. Plus je regarde la liste et plus je me dis que nombre de cases vont rester vides!

    Si vous cherchez à remplir rapidement votre carte, les plus grandes surfaces sont La Chine, l'Arabie Saoudite, L'inde, le Kazakhstan...

    Comme la première fois, j'attends avec impatience vos conseils!

    Rappel: Pour rechercher facilement dans la liste, CTRL+F.

    littérature du monde entier,tour du monde littéraire,livres par pays,romans asiatiques,littérature japonaise,litt japonaiseBesoin d'améliorer votre orthographe ou de progresser en français?
    Essayez les cours de français gratuits sur i-francais.com

    Afghanistan

    • Morte parmi les vivants, Sahebjam
    • Syngué Sabour, Rahimi

    Arabie Saoudite

    • ???

    Arménie

    • Sur le chemin de la liberté, Aharonian

    Bangladesh

    • Une vie de choix, Anam
    • Vers un nouveau capitalisme, Yunus

    Bhoutan

    • Le Cercle du Karma, Choden

    Cambodge

    • Tu vivras mon fils, Pin Yathay

    Chine

    • Baguettes chinoises, Xinran
    • Le palanquin des larmes, Chow

    Corée du nord

    • Ici, c'est le paradis ! : Une enfance en Corée du Nord, Hyok Kang & Philippe Grangereau

    Corée du sud

    • Cours, Bong-gu!, Jun Byun Byung
    • Junk Love, Chae-Min

    Inde

    • La chanson du jardinier, Swaminathan
    • Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, Swarup
    • La colère des aubergines, Sharma
    • Compartiment pour dames, Nair

    Indonésie

    • ???

    Iran

    • Persépolis, Satrapi
    • Comment peut-on être français ?, Djavann
    • Lire Lolita à Téhéran, Nafisi

    Irak

    • La garçonne, Mamdouh
    • Zahra's paradise, Amir & Khalil

    Israël

    • Valse avec Bachir, David Polonsky & Ari Folman
    • My First Sony, Benny Barbash
    • Une femme fuyant l'annonce, David Grossman
    • Le journal de Fanny, Ben-Ami

    Japon

    • XXX, Clamp
    • Le musée du silence, Ogawa (ou La formule préférée du professeur)
    • 1Q84, H. Murakami
    • 1969, R.Murakami
    • Mémoires d'une geisha, Yuki

    Et aussi: Takami, Tanizaki ...

    Kazakhstan

    • ???

    Kirghiskistan

    • Djamilia, Aïtmatov

    Laos

    • Cent mille journées de prières, Loo Hui Phang & Michaël Sterckeman

    Liban

    • Samarcande, Amin Maalouf
    • Le signe, Khoury
    • Sous la tonnelle, Yared
    • Poste restante à Beyrouth, Hanan El-Cheikh

    Malaisie

    • Et c'est le soir toute la journée, Samarasan

    Mongolie

    • Le monde gris, Tschinag

    Ouzbékistan

    • ???

    Pakistan

    • Transgression, Khan
    • Les nuits de Karachi, Phillips
    • La fiancée pakistanaise, Sidhwa
    • Attentat à la mangue,Hanif

    Palestine

    • Si tu veux être mon amie, Galit Fink & Mervet Akram Sha'ran
    • Etat de siège, Darwich

    Russie

    • (Voir la page Europe)

    Syrie

    • La preuve par le miel, Al Neimi
    • L'ignorant bibliomane, Lucien de Samosate

    Taïwan

    • Formose, Li-Chin Lin

    Thaïlande

    • Citizen dog, Koy
    • La trilogie de Timmy Valentine, Somtow

    Tibet

    • Cent éléphants sur un brin d'herbe, Dalaï-Lama
    • Le mandala de Sherlock Holmes, Norbu
    • Le livre tibétain de la vie et de la mort

    Turquie

    • Soufi, mon amour, Shafak
    • Mon nom est rouge, Pamuk

    Turkménistan

    • ???

    Viêtnam

    • Sanctuaire du coeur, Duong
    • Terre des oublis, Duong
    • Ru, Thuy

    Et aussi: Thuan

    Yémen

    • ???

     

    Et les 22 pays de moins de 300.000 km² pour lesquels je n'ai pas encore de titres à proposer, ne les oubliez pas! 

    Azerbaïdjan, Bahreïn, Brunei, Emirats arabes unis, Géorgie, Hong-Kong, Israël, Jordanie, Kirghiskistan, Koweït, Laos, Népal, Oman, Philippines, Qatar, Sri Lanka, Tadjikistan.

    Rhâââ c'est presque vide, au secours!

  • Vive la T.N.T. ! Quand badaboum rime avec épopée…

    vieux_feter_anniversaire.jpgLe vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, Jonas Jonasson
    par C'era Una Volta.

    Le mot de Sound'

    Pendant que je liste les pays d'Asie en vue de l'étape 2 de mon tour du monde littéraire, tout en attendant avec impatience le début des j.o. , d'autres travaillent et une fois encore j'ai trouvé de la main d'oeuvre bon marché pour écrire à ma place à propos des livres que je lis (si si, je fais encore cet effort!). Attention, je crois que je commence à y prendre goût... Qui pour le suivant?


     extenso.jpgIl y a l’histoire

    Allan Karlsson est en maison de retraite, il va avoir 100 ans et alors que tout le gratin de la ville se déplace pour fêter son anniversaire, il se fait la belle en chaussons par la fenêtre de sa chambre. Il rit déjà de la tête que fera Sœur Alice, cette sorcière qui le prive de son ultime plaisir, l’alcool.

    Allan à la gare rencontre un jeune homme qui lui demande de surveiller sa valise. Il accepte mais son bus est sur le point de partir alors ni une ni deux, il embarque la valise et part. Mal lui en a pris cette valise appartient à un gang qui n’a pas l’intention de lui abandonner la valise et son contenu…

    S’en suit une fuite en avant ou notre papi entraînant avec lui dans son « échappée belle » diverses personnes (et un éléphant !) passe du statut de fugueur à celui de voleur puis meurtrier. Tout ceci sans que cela ne semble le perturber plus que ça. Et en effet, Allan Karlsson en a vu d’autres et s’est sorti de bien plus mauvais pas…

    La fin de cette « aventure » est truculente. Je ris encore un peu de l’esprit malicieux avec lequel lui et ses compagnons se sont joués du procureur.

    …Et l’Histoire

    Un siècle de vie ! La biographie d’Allan Karlsson n’est autre qu’une histoire dans l’Histoire. Un homme simple, généreux, sans éducation, un brin naïf mais loin d’être stupide. Un gars qui apprend à manier les explosifs un peu trop bien, qui passe par la case prison après un malheureux accident et, lui qui hait la politique, finit par fréquenter les plus grands de ce monde dans une course à la bombe nucléaire dont il semble être le seul à connaître la formule.

    Tour à tour, artificier, alchimiste, touriste, prisonnier, évadé, espion aux 4 coins du monde. Ce papi qui a eu une vie entre Mc Gyver et Forrest Gump, une vie extraordinaire n’en garde pas moins une vision simpliste : il n’aspire en définitive qu’à une chose, siroter de l’alcool sous un parasol au soleil… On comprend mieux qu’il n’ait pas eu envie de finir sa vie dans une maison de retraite.

     

    Sa lecture achevée, je suis pourtant restée perplexe, ne sachant dire si j’avais véritablement aimé ce roman. Et je ne saurais dire pourquoi j’avais hâte de le finir… Peut-être cela tient simplement au fait que j’étais encore trop imprégnée de ma précédente lecture ? Je crois que j’ai apprécié le personnage d’Allan Karlsson, sa faculté à influer sur la vie d’autrui, sa vision somme toute optimiste de la vie sans me sentir fondamentalement transportée par l’histoire.

    Quant aux péripéties d’Allan Karlson peu importe qu’elles soient complètement loufoques, elles n’en restent pas moins plaisantes, souvent drôles. Et elles ont au moins le mérite de nous refaire vivre quelques grands moments d’Histoire de manière cocasse.

    Pour les amateurs d’humour noir, d’histoire/Histoire fantaisiste, d’histoire qui se termine bien…

    C'era Una Volta

     

  • De l'or en barre

    faux_monnayeurs_gide.jpgLes faux-monnayeurs, André Gide

    Le mot de Sound'

    Comme vous ne tarderez guère à vous en apercevoir, c'est une plume différente de la mienne qui intervient aujourd'hui sur Tale me more. Je prête mes pages, pour la seconde fois et avec grand plaisir. Il fallait bien cela pour faire honneur au talent d'André Gide. Après une lecture plus ou moins commune, c'est Jeanne qui a relevé le défi. Je l'en remercie. Je ne manquerai pas de commenter et vous invite à faire de même.


    extenso.jpgA ce jeu de conter les ratés, les rendez-vous manqués, les paroles jamais dites à en crever, les regrets sublimes et les passions adolescentes qu’on a le droit d’éprouver y compris à 35 ans (l’un des héros est ainsi un adulte patenté !), j’appelle le roi, le maître, l’orfèvre, j’ai nommé : Gide, André, Gide. Faux Monnayeurs, Les faux monnayeurs.

    Coup de foudre de mes 23 ans (une de mes rares éditions à avoir été annotée), coup de foudre dix ans et des poussières plus tard. Comme quoi, un chef d’œuvre ne vieillit pas, sinon pour gagner en maturité, et devenir plus touchant encore. Est-ce possible pourtant qu’à 23 ans je sois passée à côté du thème principal de ce roman : l’homosexualité de certains personnages masculins ? Je suis bien en peine en effet de parler de manière critique de ce récit qui m’a bouleversée et me bouleverse encore, mais je sais dire qu’il ne m’en était rien resté, en dix ans, sinon cette certitude d’avoir aimé, d’avoir aimé de tout mon cœur, à en pleurer peut-être, oui, très sentimentalement, niaisement, sincèrement, dans le creux de mon oreiller. Des thèmes, donc, rien, des personnages, rien non plus, à part une vague reconnaissance à l’énoncé des noms « Olivier Molinier », « Bernard Profitendieu », « Edouard », autant de sésames à présent que je voudrais ne pas oublier et préserver dans mon cœur jusqu’à la prochaine décennie. De l’histoire ? Rien non plus, à tel point que je me suis presque sentie manipulée par l’auteur, à travers ce titre qui ne m’évoquait pas plus de choses, pour m’empêcher encore davantage de faire émerger quelques palpables souvenirs. Car de faux monnayeurs il n’est que peu question ici, sinon dans le dernier tiers du roman, et du moins est-ce de manière annexe, je dirais, en arrière-plan. Mais là encore le doute s’insinue en moi, et de même que j’avais (peut-être) été incapable de lire l’homosexualité des personnages (par pruderie ? naïveté ? sottise plus certainement, car on ne voit que ça en fait !), de même le suis-je peut-être encore à croire que le thème des faux monnayeurs n’est que secondaire, prétexte au récit des amours contrariées de nos personnages.  Des cours bien sûr (oui, car je suis étudiante à temps partiel !) éclaireront certainement ma lanterne à ce sujet, et achèveront certainement de me confondre dans mon aveuglement !

    Tout cela est bien beau, mais en somme, de quoi s’agit-il, qui remue tant et bouleverse tant ? Rien d’autre somme toute qu’un banal feuilleton amoureux des affres de l’adolescence huppée, arrogante un poil, conquérante à n’en pas douter, du début XXe. Sans doute les avertis et curieux d’Histoire liront-ils ici et là quelques clins d’œil aux avant-gardes et créations de revues (NRF) dont Gide fut en sa jeunesse l’un des créateurs. Pour ma part, ce n’est pas ce qui m’a le plus captivée. Les personnages, des jeunes blancs becs pour les deux principaux, apprentis écrivains, apprentis aventuriers, apprentis dans la vie, s’y jettent à corps perdu avec une audace, une effronterie et une fougue que l’on retrouve dès les premières pages du roman, dans la lettre que Bernard écrit à son père, après avoir découvert que celui-ci n’est justement pas son père :

    « Monsieur, j’ai compris à la suite de certaine découverte que j'ai faite par hasard cet après-midi, que je dois cesser de vous considérer comme mon père, et c'est pour moi un immense soulagement. En me sentant si peu d'amour pour vous, j'ai longtemps cru que j'étais un fils dénaturé; je préfère savoir que je ne suis pas votre fils du tout.» (pages 24, 26)

    La malice et l’arrogance des personnages évidemment n’auraient pas de quoi nous tenir en haleine, s’il n’y avait le style de Gide, propre à nous faire aimer ces personnages, aussi imbus soient-ils, pour leurs défauts justement davantage que pour leurs qualités. C’est tout l’art de l’écrivain que de nous dresser le portrait d’une jeunesse qui se trompe, se cogne, s’aveugle, recommence et ce faisant nous renvoie un miroir de nos propres vicissitudes. Beau à en pleurer vous dis-je.

    Car j’ai parlé de feuilleton, et il me semble bien tenir là quelque chose, dans ce que ce genre aurait de propre à peindre la psychologie des personnages, à ne faire que cela peut-être. Pourquoi n’a-t-on pas alors la sensation d’être dans un roman de gare ? Un roman à l’eau de rose (car tout finit bien, en plus de cela…) ? Car Gide dit et exprime avec une sensibilité inouïe les non dits, les paroles toujours refoulées, par orgueil mal placé ou simple timidité. D’orgueil il est souvent question dans ce roman, qui traite avec emphase*  de la question de l’honneur. Mais les personnages sont tellement souvent ramenés à l’expression la plus sincère de leur médiocrité, que la grandiloquence des uns, l’aspiration à de beaux grands idéaux un peu ridicules, est toujours gentiment égratignée, moquée, par la faculté des autres à faire tomber les masques, à voir au-delà des apparences. Et savez-vous quels personnages sont les plus à même de dire, de voir, de sentir et d’admettre ? Les femmes bien sûr : Laura d’abord, la divine Laura, jouet et victime de l’inconstance d’un jeune amant l’ayant mise dans une position délicate (voudrais-je imiter Gide que je n’en garderais que les traits les plus ridicules! Comprenez donc : l’ayant mise enceinte !), très capable de pardonner, de comprendre, de se sacrifier enfin :

    « Mon ami,
    La dernière fois que je vous ai vu – c’était, vous en souvenez-vous, à St James Park, le 2 avril, la veille de mon départ pour le midi – vous m'avez fait promettre de vous écrire si je me trouvais dans l'embarras. Je tiens ma promesse. A qui d'autre que vous en appellerais-je? […] vais-je oser vous avouer à vous ce qu'à Félix je ne puis dire? Le moment est venu que je devrais le rejoindre. Hélas, je ne suis plus digne de le revoir. Les lettres que je lui écris depuis quelque temps sont menteuses et celles que je reçois de lui ne parlent que de sa joie de me savoir mieux portante. Que ne suis-je demeurée malade! que ne suis-je morte là bas! … Mon ami, j'ai dû me rendre à l'évidence: je suis enceinte; et l'enfant que j'attends n'est pas de lui. J'ai quitté Félix il y a plus de trois mois; de toute manière, à lui du moins, je ne pourrai donner le change. Je n'ose retourner près de lui. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Il est trop bon. Il me pardonnerait sans doute et je ne mérite pas, je ne veux pas qu'il me pardonne. ( pages 72) »

    Et surtout, cet autre personnage féminin, nullement dupe et clairvoyante au contraire, la sœur d’Edouard, Pauline, dont on croit un temps qu’elle est elle-même la dupe de son entourage, pour apprendre, d’autant plus ému, qu’elle a en réalité tout compris, tout saisi, depuis le début, concernant son mari, ses fils, jusqu’à l’homosexualité de son frère, leurs faux-semblants et les efforts qu’ils font pour « l’épargner ». Je n’en finirais pas de vouloir vous citer des passages où sa sensibilité et son intelligence surgissent de manière frappante, mais je me contenterais de celui-ci :

    « On dirait qu'il a peur de moi. Il a bien tort. Depuis longtemps je suis au courant des relations qu'il entretient... je sais même avec qui. Il croit que je les ignore et prend d'énormes précautions pour me les cacher; mais ces précautions sont si apparentes que plus il se cache, plus il se livre. Chaque fois que, sur le point de sortir, il affecte un air affairé, contrarié, soucieux, je sais qu'il court à son plaisir. J'ai envie de lui dire: ' Mais mon ami, je ne te retiens pas; as-tu peur que je sois jalouse? ' J'en rirais, si j'en avais le coeur. Ma seule crainte, c'est que les enfants ne s'aperçoivent de quelque chose; Il est si distrait, si maladroit! Parfois, sans qu'il s'en doute, je me vois forcée de l'aider, comme si je me prêtais à son jeu. Je finis par m'en amuser presque, je vous assure; j'invente pour lui des excuses; je remets dans la poche de son pardessus des lettres qu’il laisse traîner ». (p272, 273)

    Oh et je me rends bien compte à présent que je ne dis rien, je n’ai toujours pas résumé de quoi il s’agit : à la vérité, je suis bien piètre critique de ce roman. Qu’en dire en fin de compte, qui vous fasse aller y voir de plus près ? J’échoue et je rends les armes (à celle qui m’a fait cette commande empoisonnée !), il n’est pas dit que 10 ans après ma première lecture je sache seulement mieux en parler, ni plus clairement. Au moins aurez-vous senti mon enthousiasme, seul fil conducteur de ma piètre lecture. S’il faut vous fier à cela seulement, alors oui, lisez-le, chanceux qui l’avez oublié ou ne l’avez pas encore découvert !

    Et pour le plaisir, ce dernier passage :

    — Je voudrais savoir si tu éprouves pour Laura … du désir ? »
    Bernard devint brusquement très grave.
    « C’est bien parce que c’est toi…, commenca‐t‐il. Eh bien ! mon vieux, il se passe en moi ceci de bizarre, c’est que, depuis que je la connais, je n’ai plus de désirs du tout. Moi qui, dans le temps, tu t’en souviens, m’enflammais à la fois pour vingt femmes que je rencontrais dans la rue (et c’est même ce qui me retenait d’en choisir aucune), à présent je crois que je ne puis plus être sensible, jamais plus, à une autre forme de beauté que la sienne ; que je ne pourrai jamais aimer d’autre front que le sien, que ses lèvres, que son regard. Mais c’est de la vénération que j’ai pour elle, et, près d’elle, toute pensée charnelle me semble impie. Je crois que je me méprenais sur moi‐même et que ma nature est très chaste. Grâce à Laura, mes instincts se sont sublimés. Je sens en moi de grandes forces inemployées, je voudrais les mettre en service. J’envie le chartreux qui plie son orgueil sous la règle ; celui à qui l’on dit : ‘‘Je compte sur toi.’’ J’envie le soldat… Ou plutôt, non, je n’envie personne ; mais ma turbulence intérieure m’oppresse et j’aspire à la discipliner.

    C’est comme de la vapeur en moi, elle peut s’échapper en sifflant (ça c’est la poésie), actionner des pistons, des roues ; ou même faire éclater la machine. Sais‐tu l’acte par lequel il me semble parfois que je m’exprimerais le mieux ? C’est… Oh ! Je sais bien que je ne me tuerai pas ; mais je comprends admirablement Dmitri Karamazov, lorsqu’il demande à son frère s’il comprend qu’on puisse se tuer par enthousiasme, par simple excès de vie… par éclatement. »

    Un extraordinaire rayonnement émanait de tout son être. Comme il s’exprimait bien ! Olivier le contemplait dans une sorte d’extase. « Moi aussi, murmura‐t‐il craintivement, je comprends qu’on se tue ; mais ce serait après avoir goûté une joie si forte que toute la vie qui la suive en pâlisse ; une joie telle qu’on puisse penser : Cela suffit, je suis content, jamais plus je ne … »

    Mais Bernard ne l’écoutait pas. Il se tut. À quoi bon parler dans le vide ? Tout son ciel de nouveau s’assombrit. (p265)

     Jeanne

    *rectificatif : ce sont les personnages qui sont emphatiques et mélodramatiques dans leur manière de voir le monde, non l’écriture, me semble-t-il en fin de compte, qui reste elle, toujours limpide et pure.

     

  • Sarabande dessinée

    Je vous parlais le mois dernier de l'opération pack vacances organisée par ma bibliothèque. Enfin, mon ex bibliothèque, je ne vais même pas avoir le temps de finir les deux paquets suivants avant le déménagement. Cette médiathèque va me manquer, je le sens...

    Si j'avais su, je n'aurais pas commencé par celui qui me tentait le moins, pour garder le meilleur pour la fin! J'ai donc découvert ce qui semble être un genre entre le roman et la B.D., nommé roman graphique.

    b.d, roman, roman graphique, guerre, amour, un peu de tout en fait, j'aime les filles aux antennes, et les drames quand ils arrivent sur la pointe des pieds mais qu'on les entend quand même2 soeurs, Matt Kindt

    Le plus destabilisant des trois. Une histoire d'espionnage (Thème que je déteste et j'ai James Bond en horreur.) qui met en scène une femme pendant la seconde guerre mondiale. L'ensemble de l'oeuvre est presque sans texte, avec des flash back d'images d'enfance, des transitions brutales... J'ai passé autant de temps sur ces dessins que sur un gros roman, en me posant 300.000 questions et sans avoir jamais rien l'impression de comprendre. C'est vraiment une autre façon de lire dont je n'ai pas la clé.

    b.d, roman, roman graphique, guerre, amour, un peu de tout en fait, j'aime les filles aux antennes, et les drames quand ils arrivent sur la pointe des pieds mais qu'on les entend quand mêmeTamara Drewe, Posy Simmonds

    Déjà bien plus sympa. Ceux qui lisent les com' de mes articles ont remarqué la précision apportée par Anou: cette histoire a été adaptée en film, sous forme de comédie. La bande-annonce est ici, mais elle me laisse perplexe, je n'y retrouve pas l'atmosphère grave du roman. Nous sommes dans une campagne tranquille, une résidence pour écrivains tenue par Beth (petit doute sur le prénom...) qui doit aussi gérer les nombreuses frasques sexuelles de son mari, quand débarque une belle journaliste qui va faire tourner des têtes et provoquer des drames.
    Le personnage de Beth était vraiment touchant. Et il m'a semblé qu'il y avait comme un message dans ce récit, un sombre avertissement. Là où rien ne se passe, tout couve et il ne manque que l'allumette.

    b.d, roman, roman graphique, guerre, amour, un peu de tout en fait, j'aime les filles aux antennes, et les drames quand ils arrivent sur la pointe des pieds mais qu'on les entend quand mêmeFrançoise, Dupuy & Berberian

    Et pour finir mon coup de coeur, mini-format, une poignée de pages à peine. Le narrateur tombe amoureux d'une curieuse femme qui porte des antennes et lit peut-être dans ses pensées. C'est assez tristounet comme histoire, mais tendre comme tout. Le texte était accompagné d'un C.D. que j'ai pris le temps d'écouter mais qui ne m'a pas emballée.

  • Claustrophobe s'abstenir

    room, donoghue, enfermement, kidnapping, fait divers, viol, relation mère-fils, oups pas facile de plaisanter sur ce thème auj. , madame commode, Dylan le maçon, enfant sauvage, psychiatrie, psychologieRoom, Emma Donoghue

    Avis chrono'

    Quelle femme n'a jamais frémi en songeant à ce qui se passerait si sa route devait croiser celle d'un pervers? D'un violeur? D'un kidnappeur? Room est un roman (et pourtant...) très bien fait, qui esquive quelques clichés - presque tous. Paradoxalement, c'est aussi une très belle façon d'aborder le thème de la maternité.


    extenso.jpgJe tournais autour de sa couverture toute simple, intriguée, depuis quelques mois et j'ai fini par me décider à l'offrir à quelqu'un qui saurait me le prêter ensuite! Je suis trop forte!

    Jack est un petit garçon de cinq ans. Précoce, il apprend à lire, aime chanter des comptines, faire du sport, regarder la télé avec modération parce que ça n'est pas bon pour les neurones et, comme de juste à son âge, sa mère est tout pour lui. Elle est le centre de son monde. Un monde enfantin dans lequel les objets sont des monsieurs-madames: Madame Table, Monsieur Tapis ... Un monde de quelques mètres carrés puisque nous ne tardons guère à comprendre qu'il est né dans cette pièce et pense que l'univers entier s'arrête à ces murs.

    Les deux parties de l'histoire sont racontées à la première personne, par Jack. Bien sûr, l'adulte que nous sommes devine à travers son récit innocent tout le drame étouffé de la mère, qui tente de l'élever du mieux qu'elle peut dans de si sordides conditions, de le préserver en lui cachant tant que possible la vérité (Procédé qui évoque un peu La vie est belle de Benigni).
    La relation fusionnelle d'une mère et de son fils, c'est même le thème principal et sans doute ce qui évite au roman de verser dans le fait divers. J'ai trouvé cette partie glaçante et d'une grande richesse.

    La seconde partie est très différente. J'ai commencé par en être déçue. Vautour que je suis... Mais après le basculement  ce que j'ai avancé ci-dessus se renforce encore, le fait que le monde formé par le duo mère-fils est au centre de ce récit psychologique, bien au delà du thème de la détention à la Natascha Kampusch. Qu'il reste encore pas mal de questions en suspens et que les conséquences d'un drame courent encore, quand les journaux n'en parlent plus et que notre télé est éteinte.

    "Qui sauvera qui?"

    Un livre à ne pas manquer, qui me réjouit encore un bon mois après sa lecture!

     

    P.S. Merci à C'era... qui m'a fait des suggestions pour cet article et en propose le titre. A quand ton propre blog, squatteuse?