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Tale me more - Page 77

  • Eloge du fonctionnariat

    tous les noms,saramago,litt portugaise,ça me fait à peine une crotte de mouche de plus sur ma carte on ,livre en paragraphes massifs,bureaucratie,amour de la paperasse,poésie de l'administrationTous les noms, José Saramago

    Avis chrono'

    Une poétique de la bureaucratie, c'est ainsi que je vois ce roman. C'était sans doute à prendre au second degré mais à moi, ça me plaît mieux de le voir comme ça. Un beau récit bien littéraire, une quête métaphysique... Dommage que la fin soit si lamentable et que le style, à force d'originalité, en devienne imbuvable.


    extenso.jpgGroumpf, je suis partie persuadée que cette lecture était encore assez fraiche dans ma mémoire et me voilà devant mon cahier, à machouiller mon stylo sans parvenir à me souvenir de la fin et tout ce qui me revient, c'est l'échange avec Anou sur le forum : je ne voyais pas du tout comment l'histoire pourrait trouver une fin satisfaisante et arrivée au bout, je m'étais aperçue que l'auteur non plus...

    Autre problème : aucun dialogue n'est présenté correctement.

    Le narrateur travaille à l'état civil, c'est un gratte-papier obscur, anonyme, qui rentre le soir dans son logement de fonction et collectionne les coupures de presse sur les célébrités. Jusqu'au jour où la fiche d'une inconnue lui donne envie de se lancer à sa recherche. Commence alors une quête blablabla vous voyez où je veux en venir...

    Et partout où se trouvent des dialogues, aucun retour à la ligne, rien qu'un gros bloc dense avec seulement une majuscule pour marquer le changement d'interlocuteur. Voyez vous-même si ça n'est pas original:

    "Vous voulez dire que ce numéro est faux, demanda-t-il en tremblant, Un numéro est un numéro, un numéro ne trompe jamais, répondit le berger, si on l'enlevait d'ici pour le placer ailleurs, il continuerait à être le numéro qu'il est, même au bout du monde, Je ne comprends pas, Vous allez comprendre, Je vous en supplie, ma tête est sans dessus dessous, Aucun des corps enterrés ici ne correspond aux noms sur les dalles de marbre, Je refuse de le croire, Mais puisque je vous le dis, Et les numéros, Ils ont tous été changés,  Pourquoi, Parce que quelqu'un les déplace..."

    Puis imaginez ça sur 300 pages: c'est indigeste. De manière générale, le paragraphe ne semble pas avoir souvent cours chez Saramago. Feuilletez, ça vous sautera à la figure.

    Comme je le disais plus haut, ce qui m'a beaucoup plu en revanche c'est le rendu de l'atmosphère du Conservatoire, les cérémonieux rapports hiérarchiques qui frisent l'absurdité, la topographie des lieux, avec ses couloirs labyrinthiques. Et tous les noms, ceux des vivants, ceux des morts...

    J'ai toujours eu un faible pour les tâches méticuleuses et répétitives jusqu'à l'abrutissement. Qu'on puisse les peindre avec humour et tendresse, voilà qui me ravit et suffit à mon bonheur pour cette fois.

    Auteur portugais! +1 pour ma carte.

  • Vacances à Bamako

    la malédiction du lamantin, moussa konaté, polar, litt malienne, meurtre divin, superstition,  mali, bozos, j'allais dire une bêtise mais je m'abstiensLa malédiction du lamantin, Moussa Konaté

    Avis chrono'

    Une histoire un peu trop rapide à mon goût mais qui n'est pas dénuée de qualités. L'enquêteur se voit mettre des bâtons dans les roues lorsqu'il s'attaque à un double homicide imputé à une divinité. Un récit qui s'interroge sur l'influence des traditions dans notre monde moderne.


    extenso.jpgAprès l'Inde, le Mali... Mais seulement dans mes livres! Dans le monde réel, cinq heures de voiture sous un soleil de plomb c'est déjà bien assez loin pour moi!

    La malédiction du lamantin est un roman policier malien (+1 pour ma carte!) de faible densité. Une poignée de pages, une enquête rapide, un dénouement plutôt satisfaisant. Sans être déçue, je n'ai pas eu la sensation d'être rassasiée.

    L'inspecteur Habib doit faire face à deux morts inexpliquées, celle du chef de la tribu des Bozos et de sa femme, que la rumeur ne tarde guère à mettre sur le compte d'une divinité courroucée: le lamantin.

    "Si tu me demandes s'il y a un pouvoir, je te répondrai qu'il y en a en fait deux. Il y a ceux qui sont au pouvoir par la grâce de la colonisation, et ceux qui s'estiment les héritiers du puvoir ancestral.
    Au sommet même de l'état, on reconnaît cette dualité. Une autre m'a trouvé au bureau sans rendez-vous; ils pourront rencontrer n'importe quel ministre, n'importe quel président de la République de la même façon. "

    L'écartèlement entre société moderne et tradition ancestrale est bien rendu, mais autant, avec La chanson du jardinier, je me suis crue à Bombay, autant le Mali m'est resté fermé.

    Le jeune policier qui accompagne Habib a seul éveillé chez moi un peu de sympathie et quelques sourires. Pourtant je n'ai pas de réelle critique à formuler, en dehors du manque d'épaisseur...

    Je ne sens pas l'envie d'approfondir, je ne vais pas me forcer.

    Je suis frivole, dans mes lectures, ces temps-ci, satisfaite d'un rien, incapable de détester, impatiente toutefois d'un nouveau gros coup de coeur. Devant moi, une petite pile de livres. Peut-être que...?

  • La miss Marple Indienne

    chanson-jardinier.jpgLa chanson du jardinier, Kalpana Swaminathan

    Avis chrono'

    Un titre énigmatique - il s'en est fallu de peu qu'il le reste pour moi jusqu'au bout - pour un polar indien à la façon d'Agatha Christie: l'action n'est pas trépidante, l'enquêtrice oeuvre tranquillement dans sa tête pendant tout le roman pour nous sortir à la fin l'imprévisible solution de son chapeau. Cependant le roman ne manque pas de charme ni de saveur.


    extenso.jpgJe n'avais encore jamais goûté à la littérature indienne. L'occasion d'y remédier s'est présentée dans le dernier pack vacances. Le dépaysement était au rendez-vous et mon tour du monde littéraire gagne une étape.

    On ne parle pas de l'Inde, ce n'est pas un guide touristique bien pédagogique, on y est plongé d'un coup sans préparation et j'ai dû reprendre haleine plusieurs fois, au début, pour m'y retrouver dans les diverses langues, cultures et religions car les personnages, qui vivent tous dans le même immeuble, sont nombreux.

    L'un des voisins, le moins sympathique de tous, celui qui a une langue de serpent et qui, en répandant des rumeurs, a déjà causé du tort à chaque palier est retrouvé mort dans l'ascenseur. Les suspects ne manquent pas. Mais heureusement, la police est à domicile, l'enquêtrice vedette habite justement l'immeuble.

    J'ai beaucoup songé à la littérature anglaise en lisant La chanson du jardinier. Peut-être à cause de cette fameuse chanson qui doit tout à Lewis Carroll - c'est là ce que j'ai compris. Il y a un lien entre les paroles de la chanson et le crime mais alors, quel lien, je serais bien en peine de l'expliquer. Cela m'est passé au dessus de la tête pendant un long moment, jusqu'à ce qu'à force d'insistance la chose se fraie un chemin dans ma p'tite cervelle. Mais il était déjà bien trop tard, j'ai eu la flemme aiguë de remonter les pages pour bien comprendre.

    Toujours est-il que j'ai cru reconnaître un peu de Conan Doyle, avec la nièce de Miss Lalli, qui nous relate les principaux évènements et observe les avancées de l'enquête de sa tante, sans jamais parvenir à apprendre l'essentiel, un peu comme Watson, ou comme ce gars, (Hastings?) qui accompagne parfois Hercule Poirot. Le type même du témoin qui ne pigera rien avant que le Maître, a la fin, ne dévoile tout triomphalement.

    Vous commencez à savoir que l'old school que je suis aime ces romans policiers là, sans débordement sanguinolent, sans scène de sexe racoleuse... j'ai donc passé un très agréable moment, je me suis crue en voyage, ce qui sied très bien à des vacances. J'ai trouvé la victime odieuse à souhait et toute la partie qui revient sur ses actions des derniers jours très amusante.
    J'aurais aimé un peu mieux suivre le fil de l'enquête mais dans l'hypothèse où l'on ne peut pas tout avoir, ce livre-ci s'en sort très bien.

  • Des bleus à l'âme

    bleu_couleur_chaude.jpgLe bleu est une couleur chaude, Julie Maroh

    Avis chrono'

    Une bande dessinée sublime, toute en douceur et en douleur, d'une grande sensibilité. Une histoire d'amour entre deux jeunes femmes autour du thème du temps gâché. Pour un petit aperçu du coup de crayon, voyez ici, sur le blog de l'auteur.


    extenso.jpgCette B.D. là est un cadeau de ma petite soeur (pour Noël... celui de l'année dernière j'espère...) qui m'a dit "tu vas adorer". Comme je regrette de l'avoir laissée si longtemps dans ma p.a.l, quelle claque! J'ai fondu en larmes dans les dernières pages, après avoir été pas mal bousculée pendant la lecture. Et ensuite, je n'ai pas pu m'arrêter pendant au moins un quart d'heure. Un de ces gros chagrins d'émotion, venus du fond du coeur dont on ne saurait expliquer clairement l'origine. Simplement, on sent que ça touche là où c'est à vif.

    Construite autour d'un journal intime, l'histoire revient sur la jeunesse de l'héroïne, qui après avoir croisé dans la foule le regard d'une fille aux cheveux bleus, se met à penser à elle de manière obsessionnelle et à douter de son orientation sexuelle.

    C'est une peinture je suppose assez juste de ce qu'on peut encore vivre de nos jours en se découvrant, à l'âge du lycée, homosexuelle: les amis que l'on perd et dans le pire des cas, la famille, ainsi que le douloureux questionnement intérieur.

    Mais au delà du thème de l'homosexualité, c'est l'amour, tout court, qui est évoqué. En particulier ses sombres méandres. Ces évènements, ces querelles idiotes, ces erreurs qui font que l'on perd du temps, qu'on en perd jusqu'à ce qu'il soit trop tard.