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Tale me more - Page 76

  • Voix d'outre-tombe

    treize_raisons_asher.jpgTreize raisons, Jay Asher

    Avis chrono'

    Un roman qui aborde à destination des adolescents le thème du suicide et plus particulièrement de la responsabilité des autres: qu'était-il en leur pouvoir d'empêcher? Dommage que cette volonté de moralisation ne soit pas mieux dissimulée.


    extenso.jpgHannah s'est suicidée, mais avant, elle a laissé un message sous la forme de 7 cassettes. Chacune des  faces accuse quelqu'un d'être en partie responsable de sa mort, la plupart du temps, des camarades de lycée.

    L'idée n'est pas mauvaise, mais je préfère m'abstenir de commenter le style... ça ne redore pas le blason du rayon "YA"* croyez-moi. De plus, si le roman retranscrit en intégralité les pistes audio, c'est en les entrecoupant des pensées du garçon qui les écoute. C'est comme de suivre deux conversations en même temps. Pénible.

    Sur le fond... Je suis partagée. Bien placée pour savoir que ces ados sont des p'tits affreux idiots, toujours à se chamailler, à répandre des rumeurs et à ricaner pendant 3 semaines parce que untel a de grandes oreilles et une telle de grands pieds.  Je pense qu'il n'est pas mauvais de rappeler que des moqueries répétées peuvent avoir de graves conséquences sur une personne fragile.

    Toutefois le trait est presque trop forcé. Hannah n'est pas harcelée et ne parle pas du tout comme quelqu'un de désespéré, il y a trop de colère en elle, bien plus que de soufrance. Elle serait comme ça pendant des heures à enregistrer ses cassettes?
    Je n'ose avouer qu'elle n'éveille chez moi aucune compassion. Je reconnais que c'est dégradant une main aux fesses. Et qu'une goutte + une goutte + une goutte ...

    Mais à la fin, autant je plaignais cette fille malheureuse et déprimée, autant je dédouanais presque tous ceux qu'elle accusait. Ce qui n'est semble-t-il pas du tout le sens de l'oeuvre. Certains sont des voyous, ou méritent la prison, mais pas pour des actes commis envers elle.

    Il y a un prof, par exemple, accusé de n'avoir pas su l'écouter, de n'avoir pas construit un climat propice aux confidences. J'ai trouvé ça un peu dur. Pareil pour le petit copain qui ne se déclare pas à temps, etc. Ce sont davantage des coïncidences malheureuses accumulées que des malveillances.

    En résumé, le réalisme psychologique est plus que fragile, l'écriture - no comment -, mais le livre est tout plein de bonnes intentions et de morale. ça ira bien pour des ados. D't'façon on peut plus leur donner du Zola.

    P.S. Admirez l'effet dramatique de l'accroche. Sur la couverture. C'est un art. La ponctuation.

    "Elle est morte.
    Pour treize raisons.
    Tu es l'une d'elles."

    *Young Adult: Littérature pour "jeune adulte" ( ça commence quand le vieil adulte? Au premier gosse? Au mariage?)

  • Humour sauce américaine

    tante mame,patrick dennis,=mame dennis,humour,made in usa,tarée,folle,extravagante,mais émancipée,suis qd meme pas conservatrice si?,aime pas,remplacez humour par homard et ça s'arrange.Tante Mame, Patrick Dennis

    Avis chrono'

    J'ai ri très souvent, au moins une fois par chapitre, je pense, difficile de m'en empêcher, les situations cocasses s'enchaînent, la pauvre tante est une dingue irresponsable. Mais j'ai quand même détesté.


    extenso.jpgAprès deux mois de bonnes lectures, il fallait bien que ça s'arrête... Ce titre-là amorce le déclin, j'en ai peur. Je ne suis pas devin,  je viens juste de regarder la liste des (gloups) six avis qu'il me reste à rédiger (j'aurais dû lire moins et nager davantage. J'ai pris du bide.) et en dehors d'un roman génial qui sera mon coup de coeur de l'été (j'en ai eu combien déjà? Personne a compté j'espère...) en dehors donc de ce livre là, le reste c'est bof, re bof et beurk.

    Je m'étais dit qu'un peu d'humour, au bord de l'eau, ça serait le paradis... Je me suis souvenue de ce titre qui traînait dans ma wish-list et coup de ... chance? il était disponible à la bibliothèque. J'ai au moins la satisfaction de ne pas l'avoir acheté. 

    La tante Mame en question recueille son neveu Patrick, le narrateur, sauf qu'elle est complètement déjantée. Le tout se passe dans l'amérique des années 20 à 50 environ, sous forme d'épisodes, comme des feuilletons. C'est la Martine made in USA: Mame et l'éducation, Mame se met à écrire, Mame épouse un sudiste, Mame recueille des orphelins pendant la guerre...
    Le tout relié vaguement et inutilement par des références à des articles du Digest...

    Enfin, c'est décousu, ce qui n'est pas spécialement gênant mais je ne peux pas me contenter de dire que c'était nul, voyez, je cherche pourquoi c'était nul et comme je ne trouve pas, pendant ce temps, je vous fais la conversation. Voulez que je commente le rose de la couverture? Il est rétro à souhait, à l'image du bouquin.

    C'est marrant, vouais, bon... J'ai avoué plus haut que j'avais ri: pas le choix, il y avait des témoins que je ne pouvais pas, pour des raisons disons... sentimentales, éliminer. Pire, des témoins qui traînent leurs oreilles sur ce blog et qui n'auraient pas manqué de me dénoncer.

    Mais c'est aussi euh... mondain? C'est pas le mot. Affecté? Mmmh. Caricatural? Mais caricatural, ça peut donner de bonnes choses!
    J'aime pourtant les personnages extravagants... C'est quelque chose dans la façon d'écrire..? Oui, je sens que ce n'est pas la tante, le problème, c'est Patrick.

    Je ne trouve pas ce qui m'a déplu. C'est simplement tout ce que je n'aime pas lire.

  • T'es qui moi?

    avant_aller_dormir_watson.jpgAvant d'aller dormir, Steve Watson

    Avis chrono'

    Un bon thriller comme on les aime l'été. Sans être d'une folle originalité, je dois reconnaître qu'il fonctionne très très bien, ça tient vraiment à la manière dont le récit est construit. Tellement prenant que justement, ce n'est peut-être pas un livre à livre avant d'aller dormir!


    extenso.jpgSe réveiller à côté d'un homme dont on ignore le nom, la tête complètement embrumée, vide de tout souvenir de la soirée de la veille, paraît que ça arrive à certaines. Si la scène vous semble familière... C'est du propre! (Surtout n'hésitez pas à tout nous raconter en com').

    Maintenant imaginez que cet inconnu soit votre mari et que cette scène se répète depuis des années, chaque matin. (Si ça vous dit toujours quelque chose, j'insiste VRAIMENT pour le com')

    C'est pourtant ce qui arrive à Christine qui souffre d'une amnésie consécutive à un #Biiiiiiip# 20 ans auparavant. Depuis, sa mémoire est défectueuse, dès qu'elle s'endort, le souvenir de la journée écoulée s'efface.

    Des années entières, englouties.

    Chaque matin, Ben doit lui apprendre qu'il est son mari, lui montrer des photos, lui expliquer la situation. Le temps d'encaisser le choc, de visiter la maison comme pour la première fois... et la journée est passée, il faut aller dormir, tout oublier. Recommencer. 

    Jusqu'au jour où un médecin va lui conseiller de tenir un journal. Un matin, sur la première page, elle trouve l'inscription "Ne pas faire confiance à Ben". Et ce qu'elle va découvrir ne sera pas pour la rassurer.

    Quel rythme! J'ai vraiment été emballée par ce roman, tenue en haleine. Okay, je suis bon public, sur ce thème, j'adore des films comme le génial "Memento" ou, plus léger, "Amour et amnésie". Mais il y avait plus que ça. Reprendre chaque jour le journal de la veille, nous faire savoir dans une nouvelle page qu'elle a relu chaque fois toutes les précédentes et sans jamais se répéter, c'est un tour de force.

  • Un pavé dans la mare

    les autres, ferney, litt française, un livre qui peut rendre parano, le monde est moche, grosse déprime, snif snifLes autres, Alice Ferney

    Avis chrono'

    Une belle écriture pour aborder avec sérieux le sujet des relations sociales et de tout ce qu'elles peuvent dissimuler. Un récit autour d'un jeu qui n'aura rien d'amusant. Si le couple formé par Estelle et Théo apporte une lueur d'optimisme, l'ensemble reste marécageux.


    extenso.jpg

    "Nul homme n'est pour lui-même celui qu'il est pour les autres et pas davantage ce qu'il se figure être à leurs yeux."

    Ce livre sort de ma P.A.L. où il végétait depuis au moins un an et demi, même si je ne me rappelle ni ou ni quand j'ai pu me l'acheter. Préparer mes lectures de vacances n'est jamais une mince affaire. Il faut doser les genres, les styles, le sérieux et l'humour, les emprunts à la bibli et la nécéssité de faire de la place sur mes étagères (pour pouvoir mieux les remplir après).

    J'ai choisi celui-ci au hasard, sans un regard pour la 4e de couv' , de toute façon, s'il est arrivé chez moi, il a déjà passé les qualifications. Il avait l'air tristounet avec son titre bref évoquant l'enfer de huis-clos, j'ai pensé que ça contrebalancerait d'autres lectures plus légères déjà rangées dans la valise. Bien vu!

    Quelle sinistre soirée au milieu de ces autres - la famille, les amis - réunis pour l'anniversaire de Théo. Son frère vient de lui offrir un jeu de société qui se propose de révéler ce que vous pensez des autres et ce qu'ils pensent de vous. Avertissement: "Susceptibles, s'abstenir". Vous devinez la suite... Toute la boue des secrets, des non-dits, des rancoeurs va être remuée. Personne n'en sortira immaculé.

    La première partie, intitulée "Choses pensées", c'est 150 pages de monologues intérieurs successifs. Tous les personnages y passent, la soirée défile par autant de minuscules oeilletons subjectifs. Sans rien voir directement, nous suivons toute la terrible partie et apprenons les secrets de chacun: maladie, mort, jalousie, abus sexuels, hypocrisie et mensonges. Chaque question met le feu aux poudres et avive des blessures:

    Ma mère s'est sacrifiée pour ses fils...
    Alors elle ne plaisantait pas quand elle disait ne pas vouloir d'enfant, je ne la ferai pas changer d'avis...
    Oui, j'aime son argent plus que je ne l'aime elle...
    Je ne peux pas faire ma vie avec un homme qui pense cela de moi...
    Tu l'ignores mais c'est toi le père de cet enfant...

    La seconde partie, "Choses dites", reprend l'ensemble, de manière plus traditionnelle, mêlant récit et dialogues. Certains détails s'éclairent, nous découvrons encore quelques secrets, nous assistons à quelques moments essentiels de la partie. Jusque là, j'appréciais l'oeuvre. Un peu sombre triste et pessimiste, comme toujours je crois quand on regarde de près de quoi est faite la vie.

    En revanche, la dernière partie était de trop. Déjà, je n'ai pas bien compris cette fois le titre "Choses rapportées" , car je n'ai pas vu de changement entre cette partie et la précédente. Revivre une troisième fois la même soirée, sans presque aucun ajout, c'était trop pour moi. J'ai peiné, avec l'impression de finir avec un pavé dans l'estomac. Gloups.

    Mais ne vous inquiètez pas, je n'ai pas sauté tout de suite après dans la piscine. Trop peur de couler.

    Extraits:
    "Mais oui il ne faut pas en douter, nos questions ne sont que des espoirs de réponses. Nos questions sont des désirs. Et c'est bien de cette façon détournée par nos attentes que nous parlons."

    "Les gens appellent imagination la douleur de l'autre qu'ils n'éprouvent pas eux-mêmes"

  • 1 Q tout 9

    1Q84_murakami.jpg1Q84 Livre 1 Avril - Juin, Haruki Murakami

    Avis chrono'

    Étrange, mais moins que ce à quoi je pouvais m'attendre! Des femmes maltraitées, une secte qui brasse de l'argent, des "little people" dont on ne sait rien, un roman dans le roman qui rejoint parfois la réalité, une assassine peu avare de son corps... Ce 1er tome d'1Q84 est bourré d'ingrédients qui mettent l'eau à la bouche! La suite, la suite!


    extenso.jpgC'est un réel plaisir de découvrir un nouveau titre d'un auteur que l'on a déjà apprécié par le passé. Je devrais m'accorder ça plus souvent, au lieu de toujours courir après les découvertes.

    J'avais été décontenancée par l'étrangeté de La fin des temps, Je m'attendais à la même confusion entre réalité et monde parrallèle, du moins c'est ce que semblait annoncer le résumé que j'avais lu, pour une fois. Mais cette première partie se met si lentement en place que l'irrationnel n'y fait qu'une timide et tardive apparition (combien déconcertante!). Pourtant je ne me suis pas sentie dépaysée, le ton, l'univers, l'écriture de Murakami me semblait familière.

    Si je voulais plaisanter un peu - mais je suis bien trop sérieuse pour ça - je dirais qu'il me suffit de compter le nombre d'occurences de "seins" pour identifier l'auteur.  Bon sang, je ne crois pas en avoir jamais vu une telle densité... je veux dire du MOT "sein", le reste relève de ma vie privée...

    Mmhh je ne sais pas bien encore à la fin de ce premier livre s'il y a ou non deux mondes et qui est dans lequel. Mon intérêt se partage équitablement entre Tengo, le presque romancier qui réécrit un peu contre son gré le roman d'une jeune fille sympathique, mystérieuse et coincée au stade monosyllabique (et qui a de beaux seins) et Aomamé, tueuse pour la bonne cause à ses heures perdues quand elle ne se délasse pas en compagnie d'une autre célibataire pleine d'appétit qui se trouve être dans la police.

    Aomamé est confrontée à des variations, minimes mais perturbantes, de la réalité. Des évènements retentissants dont elle n'a jamais entendu parler et elle se demande aussi depuis quand il y a deux lunes... Et d'après vous, que fait une femme assaillie par l'angoisse de ne plus savoir ce qui est réel, ce qui ne l'est pas. Ce qui appartient vraiment à l'année 1984? Non, elle ne sort pas dans un bar pour trouver un type quelconque, de 10 ans son ainé, dégarni de préférence, pour lui demander s'il a un grand zizi et s'envoyer en l'air avec lui. Elle ne pense pas non plus aux mamelons ovales de son unique expérience lesbienne. Non, ça, c'est ce qu'elle fait en temps normal.

    Quand Aomamé doute de la réalité de son existence, elle se palpe la poitrine, bien sûr...

    "Aomamé lança un regard autour d'elle puis examina la paume de ses mains, scruta la forme de ses ongles, et, pour plus de sureté, également celle de ses seins en les saisissant à deux mains par-dessus son chemisier. Pas de changement. C'était bien le même volume et la même forme. Je suis ce que je suis depuis toujours. Le monde est le monde de toujours."

    Mon personnage préféré reste Fukaéri, qui peine à aligner 10 mots ou ne s'en donne pas la peine tout en donnant l'impression de détenir toutes les clefs. Il existe des liens évidents entre les deux personnages principaux même si pour l'instant je ne parviens pas à leur donner du sens. J'ai quelques hypothèses et attends avec impatience de lire le livre 2...