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Tale me more - Page 80

  • Une petite manucure?

    pacte boréal, litt suédoise, anna jansson, thriller, maria au pays des glaçons, meutres rituels, attaques de végétariens enragés, intervention de thor et toute sa clique, du grand spectacleLe pacte boréal, Anna Jansson

    Avis chrono'

    Court, efficace, le vrai bon polar comme on aime tous en avoir dans nos valises pour les vacances. Une femme pour héroïne, des références à la mythologie ... Une perle scandinave, encore! A croire que les thrillers de qualité aiment le froid. Je me demande ce qu'il en restera dans 10 ans, avec le réchauffement climatique.


    extenso.jpgEn attendant que les éditeurs de thriller se décident, pour rendre grâce à cette manne nordique, à reverser 10 centimes par exemplaire à l'association Sauvons les Pingouins, voici un titre qui vous fera passer un bon moment. Un court bon moment, car le volume n'est pas épais et qu'il est difficle de le lâcher.

    Je n'avais pas lu de thriller depuis des mois, et quelle bonne surprise de ne pas tomber à nouveau sur une histoire biscornue, qui ne respecte en rien les principes archaïques du genre: un mort au début, un enquêteur et la solution à la fin. (Vous verrez dans un article prochain que certains ne se privent pas de déroger aux règles.)
    Je suis une réac' du polar. Je n'en fais pas un secret.

    Une fois ces ingrédients réunis, deux choses distinguent un thriller d'un autre à mes yeux: le moment et la façon dont la solution nous saute aux yeux, et le caractère des personnages.

    Côté intrigue, j'ai été servie. On entre dans le vif du sujet dès la première page: Un homme pendu dans un arbre, entouré de cadavres d'animaux. des ongles coupés bien ras, des symboles rituels qui font références à la mythologie scandinave et c'est parti, impossible de lâcher le livre.

    Je me retrouve à grappiller des pages dès que possible, entre deux heures, pendant un téléchargement de page un peu long sur internet, entre le brossage de dents et le p'tit dej (no comment sur l'ordre dans lequel je procède) ou à la pub pendant un film... Résultat: à trop morceler, j'ai raté tous les gros indices et toute contente, je suis arrivée à la fin sans avoir rien deviné, rien vu venir! Whouah, quel suspense!

    Les lecteurs plus perspicaces que moi, qui s'inquiéteraient de devoir le palpitant d'une intrigue à un manque de concentration seront heureux de savoir que M. qui m'a piqué le livre à peine en avais-je refermé la dernière page, a trouvé la solution bien bien avant moi et que cela n'a en rien gâché sa lecture, ce qui est la marque d'un bon roman à énigme: même avec la solution, le récit reste prenant.

    Pour l'anecdote, la seule fois où la myope que je suis a tout de même remarqué un indice monstrueux, je me suis dit "tiens, c'est bizarre ça. C'est pas cohérent... Bah, l'auteur a dû faire une erreur!"  ><

    Les personnages (critère numéro deux pour ceux qui suivent) :
    Je me suis demandée si le roman appartenait à une série, il faut s'accrocher au début, on nous parle de tout un commissariat comme si nous connaissions déjà tout le monde.
    L'enquêtrice, Maria, personnage principal, doit faire face à des problèmes personnels qui lui donnent de l'épaisseur psychologique.
    Le duel qui l'oppose à sa belle-mère est caricatural, à la limite de la farce et plutôt décevant.
    Bien meilleur est celui qui l'oppose à son mari, un gars complètement irresponsable, qui échange leur bagnole contre un oiseau empaillé, qui se comporte comme le 3e enfant de la maison et n'ose s'opposer à sa môman. Un mou qu'on a envie de baffer.

    Je suppose que les avis seront partagés quant à savoir s'il devait y avoir divorce ou non. A la place de Maria, je crois que j'aurais perdu patience bien plus tôt. Elle se pose la question, pense aux enfants, pense qu'elle l'aime... Je vous laisse découvrir ce qu'elle décide à la fin. ça m'énerve un peu de ne pas pouvoir donner mon avis.

    Citations - Parce que ça m'amuse de sortir des phrases de leur contexte...

    Le comble de la colère: "Dans un accès de rage, l'agent de police Wern balança dehors le sapin désodorisant que l'inspecteur Hartman avait suspendu à l'allume-cigare."

    La question existentielle: "Effectue-t-on des radios de dentiers?"

    Le moment où on se demande si on a bien lu: "Krister avait refermé la porte à la volée et avait roulé sa mère dans le tapis du séjour".

    pacte boréal,litt suédoise,anna jansson,thriller,maria au pays des glaçons,meutres rituels,attaques de végétariens enragés,intervention de thor et toute sa clique,du grand spectacleOn termine sur une image grandiose: Le Naglfar, le bateau construit à partir des ongles des morts! Ah tiens, non, je n'ai pas de photo, ça fait un bail que je n'ai pas passé de vacances en Suède. Et si j'organisais un concours de dessins? A vos stylos, ou à vos coupe-ongles, au choix. Je veux une illustration. Une maquette peut-être? Mon adresse mail est dans la colonne de droite.

    Un grand merci à Livraddict et au Livre de Poche pour ce partenariat de qualité.

  • De derrière les fagots

    ivy_compton_famille_chef.jpgUne famille et son chef, Ivy Compton-Burnett

    Avis chrono'

    Si vous grincez un peu des dents en ce moment  avec envie d'insulter/griffer/battre/étouffer sous un oreiller l'un ou l'autre des membres de votre famille, une belle-mère aux propos sibyllins, un conjoint autoritaire ou méprisant, des enfants pervers ou dénués de gratitude, voici qui devrait vous parler. L'objectif n'est pas de relativiser, d'atteindre la zénitude... non. Plutôt de passer à l'acte.


    extenso.jpgAlors? J'ai gagné? Qui connaît Ivy Compton-Burnett, sérieusement, hein?
    Des personnes... quoi? Cultivées? Oh, comme c'est méchant de pointer mes lacunes! Voyez comme je travaille, pour une fois, à les combler!

    En attendant, je vous signale que pendant que vous lisez mon article, vous ne lisez pas une 200e chronique sur la Délicatesse de Foenkinos et ça, déjà, en soi, ça devrait me valoir votre reconnaissance éternelle.

    Décontenancée par cette lecture - prêt d'une amie aux étagères monomaniaques, fournies et érudites - incapable de dire que j'ai vraiment aimé, mais très enthousiaste à l'idée d'en rendre compte, je me suis renseignée un peu sur l'auteure: britannique, début du XXe, lesbienne (renseignement sans aucun intérêt pour ce roman, mais on ne me refera pas, j'aime les potins d'ordre privé).

    Par où commencer? Le titre? Mon amie m'avait signalé qu'ils étaient pour la plupart construits sur ce modèle: un truc ET un machin,  souvent autour du thème de la famille. (Frères et soeurs, Une famille et une fortune). Curieux, non?

    Après lecture, je suis bien embêtée par ce "Et" qui n'unit pas la famille et son chef, mais au contraire aurait tendance à les opposer... Bon. Assez glosé sur des machins sans intérêt. Le résumé.
    La 4e de couv' de l'édition que j'ai eue entre les mains, sans complexe, racontait TOUTE l'histoire, du début aux toutes dernières lignes!!! Révélations, rebondissements et dénouement compris. Heureusement que fidèle à mes habitudes, je ne l'ai lu qu'à la fin.
    J'en reste coite (p'tit clin d'oeil. Puisqu'il paraît que j'aime ce mot...) Je vais faire plus évasif pour compenser: Une famille. Et son chef.

    Le style vaut le détour. N'ai-je pas écrit à quelqu'un il y a peu qu'il faudrait brûler toute la littérature tordue du début du XXe siècle?
    Les dialogues prédominent. Enfin, des dialogues... La conversation commence au sein d'un groupe devant une église et trois répliques plus loin, sans avertissement nous sommes attablés dans une salle à manger, les interlocuteurs ne sont plus les mêmes, un qui n'était même pas là prend la parole, les autres sont partis...

    Je me suis longtemps appliquée à relire l'ensemble de la conversation, à vérifier que des pages n'étaient pas collées entre elles, avant de me résigner, désespérée.
    L'effet est assez curieux, une déambulation libre et décousue, sans jamais entrer véritablement dans la psychologie des personnages.

    Une masse de dialogues, mais dans la bouche de ces êtres malsains, menteurs, hypocrites, il est presque impossible de savoir comment interpréter ces paroles. Les conventions sociales jouent à plein. On devine, sans comprendre, que tout est à double sens. Et que sous la courtoisie coule le venin.

    Allez, je plaisantais tout à l'heure. Je vais quand même en dire un peu plus sur l'histoire: Le chef de famille, après le décès de sa femme, se remarie et ... Pffff!
    A la fois il ne se passe strictement rien et beaucoup d'évènements ont lieu. Je me suis ennuyée, oui, pourtant, j'étais envoûtée par cette écriture étrange.

    C'est un vase clos, malsain, glauque. Rien ne semble exister en dehors de cette cellule familiale sur laquelle règne ce père, froid, distant, tyrannique, monstrueux, moqué par ses enfants, défié, mais dont l'influence rampante ne cesse de s'étendre et au final... remporte la manche?

    Le cercle des notables, autour, ne sert que de décor, indéchiffrable, de la politesse guindée des bien-pensants au burlesque, avec cette femme qui sans cesse  frappe aux portes pour apporter la "bonne parole" à ses amis, pour finalement n'en dire guère que trois mots et se plaindre ensuite longuement de sa difficile tâche.

    Des choses affreuses se passent, crescendo. Des secrets sont dévoilés.
    Nous, on attend... La Justice. La Morale. La Raison. La Société. La compréhension de ce qui motive ces personnages.
    Mais rien ne vient. Illustration parfaite de cette célèbre expression "Laver son linge sale en famille".
    Cette cellule s'auto-gère, s'auto-sanctionne et jouit de la souffrance de ses membres, elle ne connaît aucun frein puisque rien de l'extérieur ne vient la toucher, la contraindre.

    "Violent" est l'adjectif utilisé par celle qui me l'a prêté.
    Je choisis "dérangeant", pour compléter. Et je ne suis pas satisfaite de ma présentation, mais la tâche est vraiment trop difficile, je me consolerai avec ça.

    Un roman étrange, sans rythme, sans fluidité. Une pièce de littérature déconcertante, étouffante, tant dans la forme que le fond. Exerce une forme indéniable de fascination... Pour les amateurs.

  • En bref

    dog_s_tale_twain.jpgA dog's tale, Mark Twain

    Avis chrono'

    Une nouvelle, par le celèbre auteur de Tom Sawyer (que de bons souvenirs!) dont la narratrice n'est autre qu'une chienne. L'écriture est magnifique, on dévore l'histoire en deux bouchées et si l'on devine peu à peu la chute, elle n'en est pas moins très émouvante. A ne pas manquer. Existe sûrement en français...


    extenso.jpg"My father was a St. Bernard, my mother was a collie, but I am a Presbyterian."

    Ainsi débute cette nouvelle, et l'ensemble du texte sera sur le même ton, subtil et drôle. Première originalité, le récit est fait par un personnage inattendu, une chienne. Les premières pages nous décrivent sa jeunesse, sous l'influence d'une mère sage et curieuse, qui glâne auprès des humains le plus de mots nouveaux et savants possibles, pour les ressortir en société canine (avec plus ou moins de pertinence...) et faire ainsi son petit effet.

    Toute imprégnée des valeurs maternelles, la jeune chienne est alors placée dans une nouvelle famille et le seconde partie du récit commence. La tonalité sera très différente, pour terminer sur un passage très émouvant, qui découle logiquement de tout ce qui précède, de la psychologie des personnages, comme il se doit à mon sens dans une nouvelle bien construite.

    On ne peut pas réellement parler de chute, néanmoins j'ai été assez surprise de l'intensité de cette histoire, véritable plaidoyer en faveur de l'animal et beau morceau de littérature, ce qui ne gâche rien.

    Si ce n'est pas assez clair, je me répète: lisez-la, elle est courte, efficace, tout public.


    J'en ai terminé avec les lectures en anglais, pour le moment.

    Prochain épisode: un machin sorti de nulle part dont peu d'entre vous, je suppose, auront entendu parler... Vous relevez le pari?


    EDIT: Anou, toujours aussi efficace vient de me communiquer un lien vers la nouvelle intégrale, en français, qui s'intitule (que c'est moche) L'histoire d'une chienne.


  • La guerre des boutons anglais

    adrian_mole.jpgThe Secret Diary of Adrian Mole, aged 13 3/4 , Sue Townsend

    Avis chrono'

    Sous la forme d'un journal intime, roman jeunesse plein d'humour qui met en scène un ado, lequel se tient pour un grand intellectuel et tente de porter dans son journal intime un regard pénétrant sur le monde et en particulier sur sa famille. Ah, la candeur de la jeunesse...


    extenso.jpgAdrian Mole a un peu plus de 13 ans et des prétentions intellectuelles. Il lit beaucoup, écrit des poèmes et espère devenir rapidement célèbre. Il n'en néglige pas pour autant la chair car Adrien est un grand esprit, scientifique et rigoureux, il mesure l'angle entre ses oreilles et son visage et n'oublie pas de mesurer, en général, tout ce qui peut se mesurer à cet âge chez un garçon. Il livre aussi une bataille acharnée contre ses boutons.

    Ego-centré, la plupart du temps, Adrian n'oublie pas pour autant de porter un jugement sur le monde extérieur. Ses parents, notamment, en prennent pour leur grade! Son père est un looser, chômeur, trop nul pour retenir sa femme, laquelle s'enfuit en laissant mari et fils se débrouiller.
    Abandon maternel qu'Adrian, blasé, accueille avec désinvolture: voilà ce que c'est de se prendre pour une femme moderne, d'aller à des réunions féministes, de lire des romans et de croire qu'une femme peut à la fois travailler et avoir des orgasmes (ndlr : pas forcément en même temps. ça nuit à la productivité).

    Qu'une faible femme se farcisse la tête de telles niaiseries et voilà le résultat. En attendant, c'est à Adrian de gérer le quotidien. Surveiller le chien, un psychopathe fugueur, surveiller son père qui se laisse aller, surveiller un petit vieux dont il se charge bénévolement. Brûler méthodiquement les factures qui arrivent dans la boîte aux lettres et en parallèle, s'occuper de sa propre vie sentimentale...

    "We exchanged our first really passionate kiss. I felt like doing a French kiss but I don't know how it's done so I had to settle for an ordinary English one."

    Du travail en perpective!

    Que c'était drôle, léger, piquant , ce petit bouquin. Anglais quoi.
    Tous les personnages récurrents, une dizaine, sont délicieux et caricaturaux à souhait. Difficile de ne pas sourire au moins une fois par page.
    Le gamin est extra, à la fois enfant et adulte, certaines de ses réflexions, candides ou radicales, sont de petits coups de griffes amicaux aux adultes que nous sommes. L'âge de raison se fait malmener et c'est tant mieux.

    Ce volume est le premier d'une série, que je suivrai peut-être, si j'en ai l'occasion.

    Merci pour le prêt  ;)

    Décidemment, en ce moment, je ne lis rien qui soit à moi...

  • Le retour des 60's

    couleur-sentiments.jpgLa couleur des sentiments, Kathryn Stockett

    Avis chrono'

    Un succès mérité pour ce roman sans prétention, qui traite de la condition des bonnes noires, aux Etats Unis dans les années 60. Entre colère sourde et prudence, les prémisses d'une prise de conscience, avec la figure emblématique de Martin Luther King en toile de fond.


    extenso.jpgVous connaissez Jackson? Meuh non, pas le gars qui changeait de couleur... Je parle de la ville de Jackson, Mississippi, Etats-Unis. Qui change pas vraiment de couleur, elle.

    1962, toute puissance des lois raciales. En cuisine, les bonnes noires s'occupent de faire tourner la maison, elles élèvent les gamins de leurs patrons blancs, en attendant qu'ils grandissent, prennent conscience de la couleur de leur peau et oublient celles qui les ont élevés. En échange, elles ont tout juste le droit d'aller pisser au fond du jardin dans des cabinets "à part". Pour éviter la contagion.
    Ce qui conduira à une scène cocasse, dans le jardin de Hilly.

    Ce livre a connu un certain succès, surtout au moment de la sortie du film. C'est mérité, puisque ça se lit très facilement, que ça véhicule tout plein de pensées très correctes, contre le racisme, pour la tolérance et que tout est bien qui finit bien...

    Mettons de côté les facilités grand-public, quelques points méritent des applaudissements. Chacune des héroïnes détient une sorte de secret. Dès le début, pour bien nous accrocher, on nous laisse entendre que quelque chose s'est passé, que quelque chose n'est pas dit et il faut bien évidemment attendre un bon moment avant d'avoir les clés des différentes énigmes, savamment délivrées au compte-gouttes.

    C'est addictif et pour une fois, ça n'est pas complètement bidon, ça apporte un plus à l'histoire. Le secret de Minnie, à lui tout seul, nous tient en haleine. Celui de Celia, un peu plus prévisible.

    L'autre point fort du roman, celui qui a ma préférence, c'est Aibileen, quarante ans de service dans diverses maisons. Plus encore que sa façon de se révolter, petit à petit, j'ai aimé ce que le personnage arrive à dire de l'enfance, au travers des portraits des petits dont elle s'est occupée. C'est un thème secondaire qui a attiré mon attention parce qu'il était vraiment touchant et nuancé.

    L'enfant que l'on élève, parfois bien plus que les parents eux-mêmes, l'enfant qu'on aime un peu comme le sien mais qu'on finit par devoir laisser, parce qu'il a grandi, et pire encore, parce qu'en grandissant il a intégré, enfin, qu'il appartient, socialement, à un autre monde, un monde supérieur, c'était vraiment bien vu.

    J'ai oublié le nom de la petite dont Aibileen s'occupe, à laquelle elle raconte chaque jour une petite histoire, apologue pour la tolérance, comme on sème une petite graine, avec espoir et sans savoir si elle finira par porter ses fruits...

    Et la lutte presque centimètre par centimètre pour que cette fillette gagne un peu de confiance en elle et ne souffre pas trop du peu d'intérêt que lui porte sa mère...

    J'aime quand un roman a quelque chose d'enrichissant à dire, qui n'est pas son propos principal, mais qui "rampe", comme ça, en fond...