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religion

  • La pierre des lamentations

    syngué sabour, atiq rahimi, muette comme une pierre, confidence, relation homme femme, violence conjugale, violences contre les femme, religion, réflexionsSyngué sabour, Atiq Rahimi

    Avis chrono'

    Un récit plein d'émotion qui a beau se passer bien loin d'ici, dans une ville en guerre, il n'en touchera pas moins toutes les femmes. Quelle sincérité dans cette écriture. Une belle surprise.


    Obsédée comme je le suis (par ma carte à remplir) j'ai tout de suite repéré à la bibliothèque ce titre qui figure dans ma liste "Asie"  à la rubrique Afghanistan. C'est sans grande conviction que je l'ai emprunté, s'il n'y avait pas eu ce défi (qui est devenu un challenge officiel grâce à Helran)  je n'y aurais prêté aucune attention. Je serais ainsi passée à côté d'une oeuvre superbe qui ne ressemble à aucune autre.

    Dans une maison presque déserte, alors que les bombes tombent tout autour, que les fusils et les bottes claquent sous les fenêtres, une femme veille son mari plongé dans le coma. Elle prie. Les jours s'étirent et sa colère monte au point de déborder ses lèvres scellées. Enfin, elle dit tout. Ce que c'est pour une femme que le devoir de se marier avec un combattant, qu'elle n'a jamais vu, qui n'était même pas présent le jour des noces. Elle qui n'osait - ne pouvait - lui parler quand il était conscient, elle parle d'Allah, de toutes les formes possibles jusqu'aux plus insidieuses des violences faites aux femmes, de sexualité...

    C'est un livre magnifique, un énorme coup de coeur pour moi, c'est bien au delà d'un discours féministe. C'est beau et juste.

    Syngué sabour, c'est une pierre mythologique à laquelle on parle pour vider son coeur. On dit qu'un jour, elle éclate.

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  • Le nombre d'or

    le polygame solitaire, brady udall, gros coup de coeur, ouest américain, litt us, famille, amour, désir, polygamie, partage, mort d'un enfant, deuil, handicap, essai atomique, désert, adultère, désir de se démarquer, recherche d'un équilibre, mormons, religion, fondamentalismele polygame solitaire,brady udall,gros coup de coeur,ouest américain,litt us,famille,amour,désir,polygamie,partage,mort d'un enfant,deuil,handicap,essai atomique,désert,adultère,désir de se démarquer,recherche d'un équilibre,mormons,religion,fondamentalismeLe polygame solitaire, Brady Udall

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    Avis chrono'

    Un roman qui entérine une fois pour toute mon amour pour la littérature étasunienne! Une saga familiale d'une grande qualité littéraire, tendre et réaliste, qui aborde avec l'humour et la distance nécessaire le sujet de la polygamie telle que pratiquée par les fondamentalistes américains. Pour autant, l'intrigue ne se résume pas à cela... Une fois n'est pas coutume, je vous invite à lire l'intégralité de l'article!

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    "Regardez bien et vous verrez. Dans cette maison il y a des problèmes. [...] Si on ne savait pas, on se dirait: une famille heureuse, une famille harmonieuse. Mais approchez-vous, observez, et vous ne manquerez pas de voir les rituels incongrus, les chagrins et les pleurs versés dans la solitude, les tractations, les minis-drames de la peur, de l'angoisse et du désir"

    Existe-t-il des branches distinctes au sein de la littérature U.S.? Dont l'une porterait un écriteau "ici, tout ce que Sound aime" ? Je ne suis pourtant pas une adepte de la société américaine, mais dès qu'on quitte les grandes métropoles pour l'Ouest, je fonds. Je pense par exemple à Blessés de P. Everett, aux Nouvelles histoires du Wyoming, d'A. Proulx et maintenant au Polygame solitaire. Trois coups de coeur.
    Nevada, Montana, Wyoming, Utah... J'ai vérifié sur une carte,  c'est tout dans le même coin! Impossible d'y voir un hasard.

    Brady Udall, c'est l'auteur du Destin miraculeux d'Edgar Mint, que je n'ai toujours pas lu, mais c'est tout comme. Depuis le temps qu'il est dans ma wish-list! On s'aime déjà profondément lui et moi, comme ça, à l'instinct, avant même de se connaître vraiment.

    Le polygame solitaire, c'est Golden, le père d'une famille nombreuse, quatre femmes et vingt-huit enfants. Si j'ai bien compris, c'est une branche particulière des Mormons, qui pratique la polygamie, en dehors des lois américaines, bien sûr.
    Ce que j'ai aimé, c'est que les pistes sont suffisamment brouillées pour qu'il me soit impossible de porter un jugement sur ce mode de vie, ou même de clairement savoir si l'idée était d'en donner une image positive ou négative. (Mais n'est ce pas cela, justement, le réalisme?)

    Ce n'est surtout pas une ode à l'Amour, dégoulinante de religiosité. C'est acide et critique. Ce n'est pas non plus une défense de la toute puissance masculine et encore moins un récit graveleux dans lequel le mâle de la maison enchaîne les relations sexuelles en passant d'une chambre à l'autre.

    A l'inverse, il ne s'agit pas non plus de célébrer l'abandon de soi à la volonté divine et de s'apitoyer "Oh le pauvre mari malheureux de quatre femme, comme il souffre!".

    C'est quelque chose entre les deux et j'aime que l'on évite à la fois le prosélytisme et le voyeurisme.

    [A propos du mariage plural]:
    "Presque tout le monde s'imagine que c'est pour le sexe, mais il y a autre chose. Si on veut coucher avec une femme, je n'ai pas besoin de t'apprendre qu'il existe d'autres manières d'y parvenir que d'en épouser une. Dieu veut qu'on vive selon le Principe surtout parce que c'est difficile et que ça nous rend meilleurs".

    Golden n'est pas heureux, comme le titre le laisse entendre. Il erre un peu au sein de sa famille comme un fantôme. Il ne parvient pas à se partager entre tous et les disputes et les dissensions sont légion. C'est un personnage passif, sans consistance, sans volonté.

    Il n'est pas à l'honneur, dans le roman, et partage d'ailleurs la vedette avec quelques unes de ses femmes ou certains de ses enfants. Plusieurs chapitres sont décentrés et s'attachent à eux, aussi bien dans leur présent que dans leur passé. Et là encore, j'ai adoré cette façon (qui pour une fois ne m'a pas semblée artificielle) de nous promener dans les souvenirs des personnages, pour comprendre comment ils se sont formés, comment ils se sont retrouvés intégrés à cette famille hors-normes.

    Tellement de thèmes sont abordés que je me sens incapable de les citer tous. Pourtant, aucun n'est balancé comme ça, n'importe comment. Tout est parfaitement cohérent, rattaché à l'intrigue principale.

    Par exemple, l'un des thèmes secondaire les plus importants est celui des essais atomiques qui ont lieu dans le désert proche. C'est un motif qui traverse toute l'oeuvre, en semant ici ou là ses germes délétères: maladies, malformations, fausses-couches... Très bien fait, très touchant. Et pas "écolo à deux balles". Si seulement tout pouvait être dénoncé avec une telle diplomatie...

    Il y a aussi le thème du deuil, particulièrement celui qui suit la mort d'un enfant.

    Et puis Rusty, le garçon terrible de la famille, l'un des seuls qui n'est pas pour nous un numéro alors que paradoxalement il est le symbole dans le roman de l'enfant invisible qui ne reçoit pas assez d'amour et tente en multipliant les bêtises de se démarquer de ses trop nombreux frères et soeurs, sans y parvenir.

    Le sexe aussi, s'il n'est que peu pratiqué dans le récit, est au coeur des interrogations. Avec l'amour.

    "La vie de femme plurale, apprit-elle, était faite de constantes comparaisons et de constantes interrogations. [...] Laquelle d'entre nous est la plus heureuse? Laquelle aime-t-il le plus? Laquelle désire-t-il le plus? A laquelle se confie-t-il au milieu de la nuit? "

     

    Ajoutez encore des maisons pleines de gosses incontrôlables, des mexicains déjantés, un bordel, des explosifs, une autruche et des tonnes de sentiments très variés...

    Ce roman est aussi triste que joyeux, rassurez-vous (j'ai déjà dit que c'était parfaitement équilibré, non?). La scène de la visite aux impôts, ou Golden doit justifier à une employée horrifiée que non, il n'y a pas d'erreur dans les dates de naissances de ses enfants, il y a en a bien trois de nés le même mois, mais pas le même jour... c'est amusant comme tout.

    "Elle lui jeta un regard par dessus ses lunettes tandis que la vérité semblait se faire jour en elle: il n'était pas un de ces salauds qui ont eu seize enfants de femmes différentes et qui ont le culot inouï de les déclarer comme personnes à charge. Il était marié à toutes ces femmes. [...] C'était un de ces polygames!"

    On devine, même si l'auteur ne s'y attarde pas, les relations difficiles de cette famille avec le reste de la société "normale", dans les précautions que prennent les enfants à l'école pour ne pas trop en dire sur leurs parents, ou Golden lui-même dans ses relations professionnelles.

    J'ai été touchée par ce roman parce qu'il traite d'un thème qui m'est cher, celui de l'équilibre à trouver. C'est à mon sens un bel hommage aux concessions, aux petites organisations du quotidien, à la fragilité des relations humaines. Qu'est ce que c'est "aimer"? Comment aimer? Combien aimer?

    La plus belle image, c'est Rusty qui la donne:

    "Les anniversaires, comme tout au sein de cette famille, étaient une affaire compliquée. Ici, on était jamais libre. On aurait cru qu'ils étaient tous liés par un fil invisible, pensait Rusty, et quand une personne voulait faire une chose ou aller quelque part, elle tirait tout le monde de son côté, mais une autre essayait de faire autre chose ou d'aller autre part, et ainsi de suite jusqu'à ce que tout le monde s'emmêle, trébuche et se débatte comme une bande de singes dans un filet."

    Golden ne sait pas plus comment gérer cette multitude d'identités distinctes et préfère ne plus essayer.

    "Il avait si longtemps tenu son amour en réserve pour le distribuer avec parcimonie, petit bout par petit bout, et en général en secret afin que personne ne soit jaloux. Quand il prenait un enfant dans ses bras, il était obligé de prendre tous les autres [...] Il devait mesurer ses compliments, ses baisers et ses cadeaux. [...] Au fil du temps il avait appris à développer une attitude de neutralité, une expression impassible afin de ne pas être accusé de favoriser un enfant ou une femme".

     

    Conclusion:

    Grand auteur et grand roman! Comme tout livre d'importance, il a soulevé en moi quantité de questions, auxquelles je n'ai pas encore vraiment répondu. La principale étant de savoir si ce mode de vie est considéré comme sectaire et si le roman en fait l'apologie.

    Dernière qualité, non des moindres, c'est un énorme livre! 735 pages. Qu'est ce que ça fait du bien de lire des gros livres parfois. Ce qu'on perd en confort de lecture, on le regagne dix fois, puisqu'on peut faire durer le plaisir.

    Est-ce que ça tente quelqu'un une pétition: Ne publions plus de livres de moins de 500 pages??

    Un ENORME merci à Livraddict pour ce partenariat que je désirais obtenir plus que n'importe quel autre, c'est un réel bonheur de l'avoir reçu.

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  • Escapade islandaise

    pendant vierge marie, minervudottir, nouvelles, islande, litt islandaise, sombre, triste, religion, cave, chaton, tranches de viePendant qu'il te regarde tu es la vierge Marie, Gundrun Eva Minervudottir (il manque les accents spéciaux...)

    Avis chrono'

    Un recueil de nouvelles qui toutes ont le mérite de choisir une tranche de vie inattendue... Mais j'ai peiné à bien comprendre certaines histoires, j'ai souffert souvent de l'absence de conclusion, ou de fil conducteur et l'ensemble manque de légèreté... il faut être dans l'état d'esprit adéquat.


    "Les gens comme elle méprisent ceux qui ne laissent pas la vie les prendre au dépourvu."

    Cap sur l'islande pour les vacances! Ah! Les pays exotiques! Leurs supermarchés, leurs appartements minuscules et leurs... caves !?? Ne comptez pas sur ce recueil de nouvelles pour vous faire voir du pays et doper les ventes de billets pour Reykjavík ou pour vous prendre du volcan plein les mirettes.

    Voyez d'abord les promesses combien poétiques des titres à rallonge de quelques nouvelles:
    - Maintenant je vais te donner un bain parce que tu es mon amie
    - Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais la conscience derrière toi
    - Pourquoi est ce que les anges tombent du ciel les ailes en flammes?
    - Pendant qu'il te regarde tu es la vierge Marie

    Et sachez ensuite que nous restons presque toujours en intérieur, loin des grands espaces et même un peu à l'étroit. Chaque histoire est une mince fenêtre ouverte sur la vie d'un personnage.
    Prenez celle du bain... Le récit commence et finit avec la scène du bain! J'ai cru y sentir du symbolisme, un sens caché... Je l'ai lue trois fois, parce que c'était la première du recueil et je voulais comprendre... Mais non... C'était juste un bain donné par un homme à son... amie? petite amie?

    Aucune autre nouvelle ne s'est détachée assez pour emporter mon adhésion... peut-être celle avec le chaton mort? Ou alors celle des gosses enfermés dans la cave qui mangent de la pâtée pour chat? Le reste: quelques filles un peu paumées, des rencontres bizarres...

     

    " - Quand je me regarde dans la glace je me trouve belle.
    - Ah bon, dit-il en me regardant avec de grands yeux. [...] Est-ce que je t'ai jamais dit ça?
    - Non.
    - Tant mieux. Il ne faut pas courir après ce genre de vanité. Tu n'es d'ailleurs pas belle."


    Les émotions positives ne sont pas assez nombreuses et l'ensemble dégage une désagréable impression d'oppression, de mélancolie qui m'a glacée. Rien de net, de clair, aucun mouvement, surtout. Rien que des bribes de vies éparses, sans cause, sans but identifiable...

    Mou et triste.

    Un ovni qui aurait pu se poser ailleurs que dans mon salon.
    E.T. retourne médiathèque. Bon débarras.

     

    "Seuls sont heureux ceux qui ne méritent pas de l'être. Ceux qui se méprennent sur la vie. [...] Comme les gens qui expédient simplement les affaires courantes et qui croient voir le fond des choses alors qu'ils ne font que contempler leur propre reflet déformé à la surface."


    Ce livre pour...?

    Ce livre pour des islandais de souche ou de coeur car cela semble n'agir que sur les autochtones!
    Ou pour ceux qui veulent apprendre comment donner un bain romantique à leur amie.

    La maison ne garantit pas le résultat.

    Lien permanent Catégories : Morgue 4 commentaires