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Tale me more - Page 96

  • Contraintes d'écriture

    misery,stephen king,suspense,maladie,accident,paul sheldon,écrivain,écriture,écrire sous la contrainte,folie,crauté,drogue,annie,ferme,litt usMisery, Stephen King

    Avis chrono'

    On a beau savoir, à force, et nous y attendre... Qu'est ce que c'est long à démarrer! Mais ensuite, c'est un régal. King met en scène le cauchemar de l'écrivain. J'y vois, peut-être à tort, une forme d'allégorie.

    Un titre à ne pas manquer!

    L'expérience d'un King en audio-livre, c'est quelque chose. J'ai serré les dents pendant des heures, au début, tellement c'était lent... mais lent... Et cette interminable métaphore filée des poteaux recouverts par la mer, puis découverts... Au secours!

    J'ai dû écouter les premiers chapitres petits bouts par petits bouts pour éviter de m'endormir. Je n'ai poursuivi ma lecture que parce je suis une habituée, à présent, du diesel Stephen King. Je savais que ça ne pouvait que monter en puissance.

     

    Misery est une jeune femme, une héroïne de roman inventée par le célèbre écrivain Paul Sheldon. Un jour, celui-ci se lasse de la série et décide de la faire mourir au cours d'un ultime volume. Il se consacre alors à un tout autre genre et pense être parvenu à un chef d'oeuvre.

    Mais suite à un grave accident de voiture, Paul est recueilli par Annie, une ancienne infirmière, au milieu de nulle part. Pour Paul, c'est un enfer qui commence. Pour nous, un huis-clos étouffant.

     

    J'aimerais être en état de rendre justice à cette lecture, qui a vraiment été un grand moment. A ne pas vouloir quitter la voiture le soir, garée devant la maison, pour finir d'écouter la piste.

    Vous savez combien j'aime les récits qui traitent de la folie. Elle est double, dans celui-ci. Il y a celle de Paul, une folie "autorisée", "médicale". Une souffrance, d'ailleurs, plus qu'une aliénation. Une perte de contrôle et de conscience. Une fuite pour échapper à la cruauté de sa geolière.

    Quant au personnage d'Annie, il est si complexe que je suis incapable de dire si j'ai pitié d'elle, à la fin, ou si je la considère comme un monstre abominable. Ces deux sentiments doivent-ils s'exclure, d'ailleurs?

    Le thème de l'écriture à l'intérieur du roman est bien sûr un point fort. Certains chapitres sont détachés: ce ne sont plus les pages du Misery de King mais celles du Misery de Sheldon. Des chapitres entiers d'un roman dans le roman, d'un genre tout à fait différent comme si le maître du suspense tenait à nous dire:

    "Regardez, si je voulais, je pourrais écrire tout à fait autre chose".

     

    Je n'ai été déçue que par une seule chose, après autant d'intensité: la fin. Sans aucun intérêt à mon sens. Ou alors je n'ai rien compris? C'est bien possible.

     

    Ce livre pour...?

    Pour mon frère, qui en fait collection.

    Et pour ceux qui ne se cachent pas en piaillant sous les fauteuils au cinéma dès que le héros se fait un bobo au doigt.

    Certains passages sont... costauds.

     Lien vers le Club Stephen King

  • De retour?

    Non, je n'ai pas disparu (même s'il s'en est fallu de peu).

    Non, je n'ai pas été abattue par un missile professionnel. Le taux de surmenage est constant, quelque part entre 300 et 400 %. Comme d'hab, quoi. C'est même un poil moins insupportable.

    Non. J'ai juste subi une suite de chocs divers. Physiques et psychologiques. Quelques mauvais coups encaissés. Mais aussi de grandes joies.

    Ou bien j'attends mon retour annuel en Bretagne; Mon voyage de février. Des vacances. De l'air. C'est pour bientôt.

    Ou bien je suis malade, de quelque étrange maladie inconnue qui me fait me sentir hors de ma vie, déconnectée, vagabonde, mais heureuse.

    Je ne vais pas mal. Simplement, je ne suis plus moi-même. Je flotte ailleurs. Je ne me trouve plus. Quand je peux, je tente d'écrire l'un de mes 4 billets en retard (c'est encore raisonnable) mais je n'y arrive pas. Rien à faire. C'est plat, grotesque, nul, sans saveur, ridicule. Je ne peux plus écrire.

    Je ne suis plus là. Sensation à la fois étrange, effrayante et grisante.

    Je ne peux pas faire de prévision quant à un retour à la normale. J'attends, donc.

    Mais parce que je ne supporte plus de ne plus rien écrire, je vais publier "de force" quelque chose, n'importe quoi. Avec un peu de chance, ça suffira à remettre la machine en route.

    Je m'excuse si le ton, le style, le contenu, semblent différents.

    Et surtout, je m'excuse de ne plus rendre visite à personne, de ne plus laisser de commentaire, de ne plus répondre aux messages, d'avoir délaissé mon suivi lecture.

    Tout cela j'espère rentrera bientôt dans l'ordre.

    Sound.

  • Pause divan dans une vie bien remplie

    psy_con_isabelle_alexis.jpgJe n'irai pas chez le psy pour ce con, Isabelle Alexis

    Avis chrono'

    Pas mal de petits soucis dans la construction de ce roman léger. Des relations mal élaborées entre les personnages, de grosses ficelles finales pour se dépêtrer de l'intrigue semi-policière. On m'annonçait de la chick'lit haut de gamme... L'originalité y est, ainsi qu'une bonne dose d'humour. Mais il manque quelque chose dans le style.


    Le résumé, cette fois, je l'avais lu! Parce que croisé sur un de vos blogs ou parce qu'acheté dans une quelconque librairie (mais quand? Certains livres semblent arriver sur mon étagère par leurs propres moyens). Mal m'en a pris. J'avais donc des attentes.

    Pleine de fantasmes inassouvis, j'attendais avec impatience de découvrir avec Amour, pour notre lecture du soir, ce roman classé chick'lit et auto-déclaré en 4e de couv' "haut de gamme".

     

    Duo de choc: L'une vient faire la promotion de son livre, l'autre doit passer un entretien d'embauche à la télé. Suite à un quiproquo, elles échangent leurs rôles. Puis font connaissance. Et enfin dans une scène plutôt réussie (le genre que les midinettes re lisent deux fois) passent la nuit ensemble.

    Mais Juliette, la plus collante des deux, tue un tout petit peu son petit copain le lendemain et appelle sa nouvelle amie à la rescousse pour se débarrasser du corps.


    Commençons par les points positifs:

    C'est fait pour être drôle et c'est très souvent réussi. Juliette, totalement délurée, insouciante, associée à  Loren, psycho-rigide, qui se prend la tête à tout instant et imagine le pire en son et lumière, c'est irrésistible.

    Jusqu'à un certain point, l'intrigue est bien menée. Quelques rebondissements bien distillés, un attachement certain aux deux complices qui nous fait désirer les voir s'en sortir, tout cela, c'est parfait.

     

    Restent quelques détails qui personnellement me gênent beaucoup:

    La résolution finale est totalement artificielle, non seulement dans son contenu, d'une qualité très inférieure à ce qui précède, mais surtout dans le procédé grossier utilisé: je ne veux pas trop en dire, mais sachez que quelqu'un nous re-raconte presque l'histoire entière en nous expliquant le pourquoi du comment. Lourdeurs, répétitions, ennui... Pourquoi ne pas avoir écourté ce récit?

    Je termine par mon gros coup de gueule: ou bien on fait des romans avec des lesbiennes, ou bien des romans avec des femmes qui s'interrogent sur leur identité sexuelle mais dans celui-ci, la relation entre Loren et Juliette est très mal définie.

    Certains passages sont savoureux, délicieux, intelligents: Juliette qui en quelques secondes en vient spontanément au "ma chérie" alors que Loren se demande comment virer ce gros boulet de nana envahissante.

    Là, il me semblait que la relation était identifiable. Une qui veut, l'autre qui recule ou qui doute. Ou qui regrette. Ressort efficace dans la narration. Pas ce que je préfère comme développement, mais c'est solide.

    Puis, deux pages plus loin, ce n'est plus si clair. Elles se tiennent par la main. Ou dorment ensemble. Ou sont jalouses. Ou toute autre chose discrète mais tangible, qui vient contredire ou troubler ce que je pensais avoir analysé un peu plus haut. Sans que jamais ces doutes, ces changements, ne soient explicités, ni par le narrateur, ni par les deux héroïnes dans leurs échanges. Comme si pour elles tout allait de soi. Aussi bien être ensemble que draguer des mecs à une soirée.

    Je n'ai pas réussi à savoir s'il était ou non question de sentiments. Cela sonne terriblement faux.

     

    Sans doute, je cherche encore et toujours la petite bête... Serait curieuse d'avoir un autre avis.

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour votre copain. Filez-le-lui en sussurant que ça déborde de lesbiennes en chaleur puis observez-le tandis qu'il tourne fébrilement les pages. Et surtout, s'il tombe sur la malheureuse scène en question, très chaste, en moins de vingt minutes, récompensez-le! Il aura bien travaillé!

  • La bave du crapaud

    guide_toujours_jeune_pere_antilogus.jpgLe guide du Toujours Jeune Père, P. Antilogus & J.L. Festjens

    Avis Chrono'

    De bons moments en perspective! Et la bonne nouvelle, c'est qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des ados pour en profiter. Ni même des enfants. Se souvenir de l'avoir été suffit!


     

    Avant d'avoir reçu le livre, j'ai entendu un matin une chronique à la radio. J'ai alors appris qu'il existait un précédent "Guide du jeune père", paru à la fin des années 80.

    Ce second volume en est la suite logique: les charmants bambins sont devenus de charmants ados. Tous aux abris!

    Pour couper court à toutes vos objections, mesdames et messieurs, je vais vous révèler un secret: personne n'est plus habile que moi à se glisser dans la peau expérimentale d'un JEUNE PERE. Suis au top. Je me suis bien reconnue partout! Comme quoi, il est inepte de penser qu'il faut une large progéniture (par exemple... plus de zéro enfant) pour être un jeune père parfaitement à l'aise dans ses baskets. Ou d'être un homme. Balivernes.

    Le premier test, par exemple. Je récolte un max de B. Conclusion "Vous êtes bel et bien un Toujours Jeune Père (TJP)" "L'honneur de la nation et toute cette sorte de choses". Je me reconnais bien là.

    Monter des étagères. Aimer faire la sieste. Attendre le dîner. Loucher sur les so-sexy collègues de boulot... C'est moi, c'est tout moi...

    J'étais inquiète au départ, comme chaque fois que je m'attaque à un para-roman (ça existe?) parce que l'humour en continu, c'est souvent lourdingue à la longue.

    Sauf que je ne me suis pas ennuyée un instant.

    Seul bémol, rien d'inattendu du tout dans ce guide. Cela manque un peu d'innovation sur le sujet, c'est vrai.

    Mais drôle, on y revient! Dommage, je ne peux pas vous copier l'image, mais le dessin "L'adulte est convexe, l'ado est concave" avec le bide rond du père et la colonne vertébrale en spaghetti du gamin me fait encore rire.

    On apprend qu'il existe différents types d'ado

    "L'intello est un sous genre d'artiste maudit. Même pour dormir il ne quitte pas sa longue écharpe, couvrant une gorge faite pour déclamer des poèmes dans les squares municipaux".

    On accuse et on tape sur l'épouse, les parents, les profs. On cherche la meilleure manière de s'en débarasser pour les vacances. On lâche un paquet de billets de vingt euros.

    Les différents sujets de conversation avec l'ado, c'était aussi un grand moment. Ou comment "faire semblant d'écouter votre ado".

    Parler de ses études

    "Pas bon. Soit le jeune pitre doit vous faire signer un truc déplaisant [...] soit il a longuement réfléchi à une nouvelle orientation. [...] Ne dites pas "Je te l'interdis formellement". Dites "A quel ordre, le chèque?"

    Parler politique

    Ne dites pas "ça te passera quand tu auras un peu de plomb dans la cervelle jeune crétin".

    Dites " Tu m'as convaincu. Va convaincre ta mère tu sais comme elle est, la pauvre..."

    Gestion du syndic de l'immeuble pour la petite fête, premiers petits copains... Tout y est. Sans oublier les pages spéciales Lionel Choupard, le vieux réac'.

    En conclusion: comique de répétition largement utilisé, mais efficace.

     

    Un grand merci aux Editions Michel Lafon pour ce partenariat!

    michel_lafon.jpg

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour ceux qui n'ont pas d'enfant!

    Les autres manquent singulièrement d'humour sur le sujet, vous ne trouvez pas?

    Bisous à tous les super-parents!

    Ce livre pour Jeanne, dans quelques années!

  • Chant de force

    trois_femmes_puissantes_ndiaye.jpgj'aime.jpgTrois femmes puissantes, Marie Ndiaye

    Avis chrono'

    Un énorme coup de coeur pour ma première lecture de l'année! En raison de l'étiquette "roman", je ne m'attendais pas du tout à ces trois récits qui se frôlent, baignés d'étrangeté. Tout pour me séduire. Avec une écriture à tomber amoureuse...


    Grosse pression... On me croyait guérie. Je me croyais dans une douce période de rémission. Voici qu'à nouveau je suis muette et craintive à l'idée de mettre à plat mes impressions. C'est qu'il est sacrément bien écrit ce livre. Ce serait sacrilège de le traiter trop légèrement. Puis, le(s) sujet(s) ne s'y prête pas.

    Un roman qui donne envie de bien écrire, en soi, c'est déjà une réussite, non?

    De découvertes en découvertes:

    La segmentation, tout d'abord,  de ce "roman" en trois récits successifs qui se font écho subtilement. Il existe bien un lien... à vous de le découvrir.

     

    Le premier récit est celui de Norah qui laisse en France sa fille et son compagnon pour rejoindre en Afrique un homme, à sa demande. Cet homme est presque un étranger. Cet homme l'impressionne. Elle en urine de crainte. Cet homme est son père.

    Terrible histoire de famille, d'abandon, de retrouvailles amères.

     

    Le second nous dépeint la femme de loin, à travers les yeux de son mari. Lequel est en souffrance, au bord de la folie. Eux ont fait le chemin inverse, du Sénégal vers la France. Elle était professeur, elle ne peut plus enseigner. Lui végète, employé médiocre d'un cuisiniste qui a l'ennuyeux défaut d'avoir couché avec sa femme.

    Un récit d'errance, de trouble, que j'ai énormément apprécié. Comme le précédent, il attaque in media res. Une plongée vertigineuse dans la conscience boursouflée d'un homme qui doute.

     

    Le dernier est celui de Khady. Elle, n'est pas encore déracinée. Elle en prend le chemin. Khady est une femme-fantôme. Jeune veuve, elle se fait discrète, transparente, muette, dans la famille de son défunt mari. Un jour, elle est mise à la porte sans rien d'autre qu'un coin de papier. Une adresse en France. Trop peu d'argent pour gagner l'Europe.

    Ma légendaire lâcheté me tient en général bien proprement à l'écart des récits ancrés dans la déchirante réalité de notre société. J'ai tenu bon, car celui-ci méritait tellement d'être lu... Terrible destinée d'une femme qui avait presque cessé d'exister. Et qui s'en portait presque mieux.

    Enfin, chaque partie s'achève sur un "contrepoint", c'est à dire un court passage qui nous offre un autre point de vue sur ce qui vient d'être conté.

    Je ne peux décider de ma préférence pour l'un ou l'autre, chaque morceau est d'une intensité à couper le souffle, dans un style impeccable, envoûtant. Plus que par l'une des parties, j'ai été séduite par des passages, par des détails. Surtout ceux un peu étranges, lorsque je me suis demandée s'il fallait prendre la chose au sens propre ou si ce n'était que symbolique. L'homme-oiseau. Les souvenirs-mirages de Norah. Les diables sur le ventre. La sculpture de Rudy, ses anges et son oiseau-vigile...

    Toutes ces choses que je ne suis pas sûre d'avoir bien "expliquées" avec ma manie de vouloir tout analyser, tout creuser, tout comprendre, tout relier...

    Si vous êtes disposés à un  échange approfondi sur cette oeuvre, ce serait avec grand plaisir! Il est riche, ce livre, et je suis loin d'en avoir épuisé la signification.

    Ahlàlà c'est fou, je crois que je pourrais en parler des heures! J'arrête.

    Trois femmes puissantes a reçu le prix Goncourt en 2009.

     

    Ce livre pour...?

    Ce n'est pas un livre tout public, c'est certain. Il lui faut un lecteur minutieux, un amoureux, à ce roman là. Amoureux des immersions périlleuses dans l'intériorité des personnages. Amoureux des belles écritures et des récits qui par leur force vont nous laisser une cicatrice.

    Vous avez bien un lecteur comme ça qui hante vos bibliothèques?

    Un livre pour celui qui me l'a offert: mon père.

     

    Et pitié... dites-moi que pour une fois il reste moins de cinq fautes d'orthographe!