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écrivain

  • Rien n'arrive par hasard

    coe.png2j%27aime.jpgTestament à l'anglaise, Jonathan Coe

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    Avis chrono'

    4e roman de Jonathan Coe et nouveau coup de coeur... ça commence à devenir une habitude. Je reste muette d'admiration, à la fois devant la qualité d'écriture - on sent que l'auteur s'éclate à chaque page - l'impressionnante trame satirique qui me laisse déprimée devant l'étendue de mon ignorance et fascinée par cette structure en toile d'araignée qui soutient tout le récit. Sur moi, le piège a fonctionné!

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    "Il en restera un live à scandale, au ton fielleux et vindicatif, manifestement écrit dans un esprit de malveillance, et même parfois... vous me permettrez de le dire... empreint de futilité.
    Je poussai un soupir de soulagement
    - Donc, vous allez le publier?
    - Je pense."

    Plus le temps passe et plus j'ai l'impression de me répéter sur ces pages. Ou bien c'est une bonne nouvelle - je suis parvenue à identifier exactement ce que j'aime dans un roman -  ou bien c'en est une mauvaise - je radote - ou pire - je suis incapable de me renouveler.

    Mais si explorer de nouveaux horizons littéraires signifie m'extasier devant des thrillers qui confondent scénarios de films à gros budget et écriture de qualité... je dois pouvoir supporter de me répéter encore quelques dizaines de fois.

    J'ai tout aimé dans ce roman, qui ne peut être qualifié de  "policier" et pourtant... pourtant tout y est minutieusement réfléchi et calculé, de la première ligne à la dernière.

    1271551427.jpgDégager un pan de mur de deux mètres de large. Y coller des dizaines de feuilles de papier, des post-it, un pour chaque personnage. Prévoir sur le côté un calendrier géant afin d'y reporter les dates importantes, de 1942 à 1991. Puis agencer, relier, tracer des traits sur l'ensemble de cet édifice. Faire apparaître la toile très serrée et dense des correspondances et des échos.

    Enfin, photographier.

    Voilà ce que j'aurais dû faire (et ce que je ferai un jour, si je le relis, ce dont je suis quasi certaine, parce que ce volume est à moi, rien qu'à moi, pas à la bibliothèque, non, il est à moi. C'est un cadeau.) pour pouvoir vous montrer la prouesse technique qu'a dû représenter l'écriture d'un tel roman.

    En 1942, l'un des frères de la puissante famille Winshaw, engagé dans le conflit contre l'allemagne, meurt en mission. Rapidement sa soeur Tabitha émet l'hypothèse d'une trahison élaborée par un autre membre de la famille. Mais taxée de folie, celle-ci est aussitôt expédiée dans un asile. Pourtant, cet évènement, minuscule racine, ne cessera d'étendre ses ramifications sur les cinquante années à venir, jusqu'à atteindre Michael, jeune écrivain dépressif chargé par Tabitha de rédiger l'histoire des Winshaw.

    En suivant l'évolution du jeune homme, nous découvrons touche par touche toute la famille, car tout est lié. Pas une phrase du récit ne semble être là par hasard. Elle trouve dans le chapitre suivant, ou bien 200 pages plus loin, une explication, une raison d'être. Les personnages qui ne font que traverser ici sont ailleurs en plein sous le feu des projecteurs. Un film vu  par un petit garçon frustré, un détective  pervers, des lettres délirantes, des élevages de poulets... Des centaines de détails plein d'humour  mais si disparates... qui tous cependant participent à une même logique des faits... Quel supplice pour ma mémoire!

    Ce roman est un petit bijou d'humour noir, il tombe sur tous les travers de la société anglaise, incarnés par chacun des membres (plus immonde et secs de coeur les uns que les autres) de la famille. Verni intellectuel de la journaliste qui écrirait n'importe quoi du moment que ça fait vendre, traitement inhumain des animaux destinés à l'industrie alimentaire, montages financiers destinés à financer les ventes d'armes à Saddam Hussein, politiciens véreux, sans morale, dégradation du système de santé...

    J'ai bien senti que je ne saisissais pas toutes les allusions politiques - il ne faut pas trop m'en demander non plus - mais la satire est un des points forts du roman et elle décape... ! Tout y passe, mais , ce qui est plus incroyable, sans jamais nous écarter une seule seconde de Michael.

    Voilà, je l'ai redis: j'aime quand un roman ressemble de loin à un patchwork et que de près, il est impossible de mettre en défaut la cohérence parfaite de l'ensemble.

     

    1590023268.jpg10/10 pour cette première lecture estivale, qui me fait de plus gagner un point dans le SUMMER PAL Challenge. Il me reste: 87  86 romans à lire. Mon étagère ne doit pas encore se sentir soulagée, mais c'est un premier pas.

     

    Rappel: Un point sur le challenge Jonathan Coe à  cet endroit!

    J'ai un retard monstre (il était prévu pour février...) mais l'échéance finale au 1er novembre me laisse un maigre espoir de me rattraper!

    Un livre qui me correspondait parfaitement. Un grand merci.

  • Contraintes d'écriture

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    Avis chrono'

    On a beau savoir, à force, et nous y attendre... Qu'est ce que c'est long à démarrer! Mais ensuite, c'est un régal. King met en scène le cauchemar de l'écrivain. J'y vois, peut-être à tort, une forme d'allégorie.

    Un titre à ne pas manquer!

    L'expérience d'un King en audio-livre, c'est quelque chose. J'ai serré les dents pendant des heures, au début, tellement c'était lent... mais lent... Et cette interminable métaphore filée des poteaux recouverts par la mer, puis découverts... Au secours!

    J'ai dû écouter les premiers chapitres petits bouts par petits bouts pour éviter de m'endormir. Je n'ai poursuivi ma lecture que parce je suis une habituée, à présent, du diesel Stephen King. Je savais que ça ne pouvait que monter en puissance.

     

    Misery est une jeune femme, une héroïne de roman inventée par le célèbre écrivain Paul Sheldon. Un jour, celui-ci se lasse de la série et décide de la faire mourir au cours d'un ultime volume. Il se consacre alors à un tout autre genre et pense être parvenu à un chef d'oeuvre.

    Mais suite à un grave accident de voiture, Paul est recueilli par Annie, une ancienne infirmière, au milieu de nulle part. Pour Paul, c'est un enfer qui commence. Pour nous, un huis-clos étouffant.

     

    J'aimerais être en état de rendre justice à cette lecture, qui a vraiment été un grand moment. A ne pas vouloir quitter la voiture le soir, garée devant la maison, pour finir d'écouter la piste.

    Vous savez combien j'aime les récits qui traitent de la folie. Elle est double, dans celui-ci. Il y a celle de Paul, une folie "autorisée", "médicale". Une souffrance, d'ailleurs, plus qu'une aliénation. Une perte de contrôle et de conscience. Une fuite pour échapper à la cruauté de sa geolière.

    Quant au personnage d'Annie, il est si complexe que je suis incapable de dire si j'ai pitié d'elle, à la fin, ou si je la considère comme un monstre abominable. Ces deux sentiments doivent-ils s'exclure, d'ailleurs?

    Le thème de l'écriture à l'intérieur du roman est bien sûr un point fort. Certains chapitres sont détachés: ce ne sont plus les pages du Misery de King mais celles du Misery de Sheldon. Des chapitres entiers d'un roman dans le roman, d'un genre tout à fait différent comme si le maître du suspense tenait à nous dire:

    "Regardez, si je voulais, je pourrais écrire tout à fait autre chose".

     

    Je n'ai été déçue que par une seule chose, après autant d'intensité: la fin. Sans aucun intérêt à mon sens. Ou alors je n'ai rien compris? C'est bien possible.

     

    Ce livre pour...?

    Pour mon frère, qui en fait collection.

    Et pour ceux qui ne se cachent pas en piaillant sous les fauteuils au cinéma dès que le héros se fait un bobo au doigt.

    Certains passages sont... costauds.

     Lien vers le Club Stephen King