Treize raisons, Jay Asher
Avis chrono'
Un roman qui aborde à destination des adolescents le thème du suicide et plus particulièrement de la responsabilité des autres: qu'était-il en leur pouvoir d'empêcher? Dommage que cette volonté de moralisation ne soit pas mieux dissimulée.
Hannah s'est suicidée, mais avant, elle a laissé un message sous la forme de 7 cassettes. Chacune des faces accuse quelqu'un d'être en partie responsable de sa mort, la plupart du temps, des camarades de lycée.
L'idée n'est pas mauvaise, mais je préfère m'abstenir de commenter le style... ça ne redore pas le blason du rayon "YA"* croyez-moi. De plus, si le roman retranscrit en intégralité les pistes audio, c'est en les entrecoupant des pensées du garçon qui les écoute. C'est comme de suivre deux conversations en même temps. Pénible.
Sur le fond... Je suis partagée. Bien placée pour savoir que ces ados sont des p'tits affreux idiots, toujours à se chamailler, à répandre des rumeurs et à ricaner pendant 3 semaines parce que untel a de grandes oreilles et une telle de grands pieds. Je pense qu'il n'est pas mauvais de rappeler que des moqueries répétées peuvent avoir de graves conséquences sur une personne fragile.
Toutefois le trait est presque trop forcé. Hannah n'est pas harcelée et ne parle pas du tout comme quelqu'un de désespéré, il y a trop de colère en elle, bien plus que de soufrance. Elle serait comme ça pendant des heures à enregistrer ses cassettes?
Je n'ose avouer qu'elle n'éveille chez moi aucune compassion. Je reconnais que c'est dégradant une main aux fesses. Et qu'une goutte + une goutte + une goutte ...
Mais à la fin, autant je plaignais cette fille malheureuse et déprimée, autant je dédouanais presque tous ceux qu'elle accusait. Ce qui n'est semble-t-il pas du tout le sens de l'oeuvre. Certains sont des voyous, ou méritent la prison, mais pas pour des actes commis envers elle.
Il y a un prof, par exemple, accusé de n'avoir pas su l'écouter, de n'avoir pas construit un climat propice aux confidences. J'ai trouvé ça un peu dur. Pareil pour le petit copain qui ne se déclare pas à temps, etc. Ce sont davantage des coïncidences malheureuses accumulées que des malveillances.
En résumé, le réalisme psychologique est plus que fragile, l'écriture - no comment -, mais le livre est tout plein de bonnes intentions et de morale. ça ira bien pour des ados. D't'façon on peut plus leur donner du Zola.
P.S. Admirez l'effet dramatique de l'accroche. Sur la couverture. C'est un art. La ponctuation.
"Elle est morte.
Pour treize raisons.
Tu es l'une d'elles."
*Young Adult: Littérature pour "jeune adulte" ( ça commence quand le vieil adulte? Au premier gosse? Au mariage?)