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ferney

  • Un pavé dans la mare

    les autres, ferney, litt française, un livre qui peut rendre parano, le monde est moche, grosse déprime, snif snifLes autres, Alice Ferney

    Avis chrono'

    Une belle écriture pour aborder avec sérieux le sujet des relations sociales et de tout ce qu'elles peuvent dissimuler. Un récit autour d'un jeu qui n'aura rien d'amusant. Si le couple formé par Estelle et Théo apporte une lueur d'optimisme, l'ensemble reste marécageux.


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    "Nul homme n'est pour lui-même celui qu'il est pour les autres et pas davantage ce qu'il se figure être à leurs yeux."

    Ce livre sort de ma P.A.L. où il végétait depuis au moins un an et demi, même si je ne me rappelle ni ou ni quand j'ai pu me l'acheter. Préparer mes lectures de vacances n'est jamais une mince affaire. Il faut doser les genres, les styles, le sérieux et l'humour, les emprunts à la bibli et la nécéssité de faire de la place sur mes étagères (pour pouvoir mieux les remplir après).

    J'ai choisi celui-ci au hasard, sans un regard pour la 4e de couv' , de toute façon, s'il est arrivé chez moi, il a déjà passé les qualifications. Il avait l'air tristounet avec son titre bref évoquant l'enfer de huis-clos, j'ai pensé que ça contrebalancerait d'autres lectures plus légères déjà rangées dans la valise. Bien vu!

    Quelle sinistre soirée au milieu de ces autres - la famille, les amis - réunis pour l'anniversaire de Théo. Son frère vient de lui offrir un jeu de société qui se propose de révéler ce que vous pensez des autres et ce qu'ils pensent de vous. Avertissement: "Susceptibles, s'abstenir". Vous devinez la suite... Toute la boue des secrets, des non-dits, des rancoeurs va être remuée. Personne n'en sortira immaculé.

    La première partie, intitulée "Choses pensées", c'est 150 pages de monologues intérieurs successifs. Tous les personnages y passent, la soirée défile par autant de minuscules oeilletons subjectifs. Sans rien voir directement, nous suivons toute la terrible partie et apprenons les secrets de chacun: maladie, mort, jalousie, abus sexuels, hypocrisie et mensonges. Chaque question met le feu aux poudres et avive des blessures:

    Ma mère s'est sacrifiée pour ses fils...
    Alors elle ne plaisantait pas quand elle disait ne pas vouloir d'enfant, je ne la ferai pas changer d'avis...
    Oui, j'aime son argent plus que je ne l'aime elle...
    Je ne peux pas faire ma vie avec un homme qui pense cela de moi...
    Tu l'ignores mais c'est toi le père de cet enfant...

    La seconde partie, "Choses dites", reprend l'ensemble, de manière plus traditionnelle, mêlant récit et dialogues. Certains détails s'éclairent, nous découvrons encore quelques secrets, nous assistons à quelques moments essentiels de la partie. Jusque là, j'appréciais l'oeuvre. Un peu sombre triste et pessimiste, comme toujours je crois quand on regarde de près de quoi est faite la vie.

    En revanche, la dernière partie était de trop. Déjà, je n'ai pas bien compris cette fois le titre "Choses rapportées" , car je n'ai pas vu de changement entre cette partie et la précédente. Revivre une troisième fois la même soirée, sans presque aucun ajout, c'était trop pour moi. J'ai peiné, avec l'impression de finir avec un pavé dans l'estomac. Gloups.

    Mais ne vous inquiètez pas, je n'ai pas sauté tout de suite après dans la piscine. Trop peur de couler.

    Extraits:
    "Mais oui il ne faut pas en douter, nos questions ne sont que des espoirs de réponses. Nos questions sont des désirs. Et c'est bien de cette façon détournée par nos attentes que nous parlons."

    "Les gens appellent imagination la douleur de l'autre qu'ils n'éprouvent pas eux-mêmes"