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Tale me more - Page 41

  • Le don des soupirs

    delphine, féminisme, folio, StaëlDelphine, Madame de Staël

    J'ai fait mon service littéraire ! Je sors d'un roman de 900 pages estampillé "République Française", "Ministère de la culture" et "Commémorations nationales".  J'ai l'impression d'avoir été décorée. Engagez-vous, qu'ils disaient, Mme de Staël est une éclaireuse du bataillon féministe, "romancière dans un monde où les femmes sont réduites au silence". Je me suis rendue à ces arguments, vous pensez bien. 

    Un mois de lecture, plongée dans des "n'y point déroger", des "aimables dispositions", de "vives affections". Même les subjonctifs me séduisent. Il s'en est fallu de peu : cent pages de plus et je comprenais enfin quand et comment m'en servir.

    Je trouve à ce langage beaucoup de charme, mais comment en convaincre quiconque quand il faut déjà une heure de débat acharné pour justifier que l'usage du vouvoiement n'est pas une marque de froideur de ma part et qu'on peut dire "bonjour" et non pas "salut" sans pour autant être de mauvais poil ?

    J'ai croisé un "je prévis" ! Quand avez-vous croisé un "je prévis" pour la dernière fois, vous ?

    Ah, si. J'en connais une qui doit croiser souvent le verbe "prévoir", c'est celle qui a rédigé tout le bazar autour du texte. Les notes de mon édition saccagent joyeusement toute chance de conserver un peu de suspense.
    Les notes un peu utiles alternent avec d'autres, imprévisibles, qui s'appliquent davantage au roman dans son ensemble qu'à l'endroit où elles sont insérées. Note page 296 : "Le roman par lettres, émanant de scripteurs qui ont différents degrés de connaissance de la situation, multiplie les hypothèses plus ou moins fausses sur la conduite et les motivations des autres personnages." Certes.

    Quant au féminisme, le plaidoyer le plus efficace n'est pas venu d'où je l'attendais. Les arguments de l'héroïne, bien que pertinents, m'ont moins touchée que les propos de son ennemie, qui illustrent mieux l'impuissance pour une femme à emprunter une autre voie que celle qui lui est dictée par la société de son époque.

    Delphine est une histoire d'amour et de trahison. Delphine aime Léonce, tous deux sont libres, mais une garce qui veut marier sa fille les manipule et leur amour est empêché. Le quiproquo autour de ce mariage dure un bon moment (meilleure partie du livre). Si on ne m'avait pas tant taquinée sur mon côté fleur bleue, j'aurais peut-être tenu les 900 pages le coeur tout palpitant, mais que voulez-vous, je n'assume plus, je fais la blasée et je préfère rire des personnages dont l'excès d'émotions violentes est manifeste. 

    "Qu'est ce que l'amour sans enthousiasme ? "

    On s'évanouit beaucoup, dans Delphine. Pour le coup l'égalité des sexes est respectée et à en croire l'héroïne, il entrait autrefois moins de testostérone et de muscles saillants dans la définition de la virilité. Delphine les aime faibles/malades/blessés et glissant lentement vers le plancher dans un soupir d'agonie. Là, elle kiffe grave. 

    Et en plus, ils changent tous très souvent de couleur, comme une guirlande, un coup rouges, un coup blancs. 

    "Quand Delphine s'endort, il rougit et pâlit au moindre bruit qui pourrait l'éveiller."

    Comme dans bon nombre de romans de ce genre, l'intro nous informe que ce sont des lettres réelles.

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    C'est fou quand même. On ne devait pas pouvoir traverser une rue sans marcher sur un manuscrit abandonné ou un tas de lettres émanant de vingt personnes différentes, ficelées gentiment ensemble pour raconter une histoire cohérente.  

    La vie privée ? Ahahah On fait lire à l'un les courriers d'un autre, on copie, on résume. 
    Et quelle mémoire, quand une lettre retrace mot pour mot, sur 3 pages, une conversation tenue la veille. Les lettres passent de mains en mains mais les secrets ne sont jamais interceptés. 

    Quant aux domestiques, la mode n'est pas encore à en faire des personnages du roman. Ils sont des silhouettes laborieuses. Mais je me suis plu à les imaginer, témoins de ces innombrables rebondissements, papotant en cuisine, scandalisés. On ferme des portes, on les rouvre, on fait des valises, on ne part plus, on reçoit en cachette, on perd connaissance presque chaque jour... 

    Cependant, en dépit de mes moqueries, quand on enlève 400 pages de pâmoison, ce qui reste ressemble à n'importe laquelle de nos idylles qui tournent mal, rien ne change, à toute époque, aimer, ça pique. 

    L'honneur, thème crucial de l'intrigue, est présenté davantage comme un barème appliqué de l'extérieur, par les autres, que comme une jauge personnelle de notre attitude, ce qui m'a pas mal fait réfléchir. Je sens qu'il y a quelque chose à creuser là dedans, ça devrait revenir au même, non ? 

    Le contexte politique, j'ai survolé. C'est nouveau pour moi, de penser la révolution à partir de ce cercle noble et aisé, j'ai appris des trucs.

     "Ce qui est surtout impossible, c'est de concilier entièrement en sa faveur l'opinion générale, lorsqu’un fanatisme quelconque divise nécessairement la société en deux bandes opposées. "

    Le thème que j'ai préféré tient dans cette citation, référence à Léonce, trompé parce que sensible à ce qui a trait à sa réputation. :

     "On ne gouverne jamais personne que dans le sens de son caractère."

    Autrement dit, inutile de se plaindre d'avoir été influencé, on ne peut l'être que dans une direction compatible avec nos désirs. 

    Exactement ce que dit Messmer  ^^

     

  • Le blanc est une couleur chaude

    En janvier, j'étais décidée à écrire un petit truc sur Dans les forêts de Sibérie, de Sylvain Tesson. Journal tenu durant six mois par l'auteur lors de son séjour dans une cabane (confort minimaliste) au bord d'un lac russe gelé et isolé. J'ai eu froid d'un bout à l'autre et je m'interroge : comment ai-je réussi à venir à bout d'un livre dans lequel il n'est question que de boire de la vodka, lire, boire de la vodka, manger des pâtes au ketchup, boire de la vodka, jouer de la flûte à des mésanges, rencontrer des russes rustiques, boire beaucoup plus de vodka et marcher dans la neige?

    J'en étais arrivée à cette citation pleine de testostérone dont je n'ose vous priver :

    "Les Russes adressent encore quelques toasts à des choses extravagantes puis, sans coup férir, ils crient qu'il faut "se tirer putain de bite" et ils remettent leurs vestes, et ils insultent leurs gants et leurs bonnets et leurs écharpes et l'un d'eux envoie un coup de pied dans la porte en la traitant de "bite" et, me laissant le bon saucisson à peine entamé de moitié, ils démarrent et je reste là, sur la grève, un peu sonné, au seuil d'une journée bousillée par la vodka."

    Puis j'ai oublié mon début d'article.

    Trois mois plus tard, la fonte des glaces n'a pas eu lieu ! Même décor enneigé - quoique un poil plus peuplé - avec là aussi le compte de mâles rustiques.

    couv74599488.jpgCar, oui, enfin, j'ai replongé dans le Trône de Fer, son célèbre "Winter is coming", ses personnages plus nombreux que dans un roman russe, ses complots, alliances, trahisons.  C'est délicieux !!

    Je n'en pouvais plus de tomber sur des révélations à chaque coin du web, faute d'avoir dépassé la saison 1 de la série. Que de sournoiserie, parfois... on lit tranquillement une recette de fondue de courgettes sur Ta-Marmite.com et bam "j'en mangeais justement le soir où (personnage X) est mort, ça m'a coupé l'appétit".
    Un tour sur Mode&Maison.fr ? "Je voeu dékorer ma chambre com celle kan on torture (Y) dans Game of thrones kkun peu maider stp ? "

    Même sur Doctorissumo.org certains demandent où se procurer les poisons les plus courus chez les Lanisters...

    Notez donc : j'en suis au tome 4 (découpage français - c'est à dire au coeur de l'intégrale 2) et bien décidée à poursuivre dans les mois à venir.

    Quant à la série, je vais voir. Paraît qu'elle prend rapidement de plus en plus de libertés, par rapport aux romans. Ce n'est pas pour me plaire. Et surtout je ne cautionne pas la course au sensationnel nourrie par de la complaisance envers la violence sexuelle. Certes, la période moyenâgeuse décrite n'est guère propice au féminisme. En effet, c'est si souvent la guerre là-dedans que les 8 mai passent sans que quiconque ait le temps d'aller acheter un aspirateur pour la journée des droits des femmes. 

    Je sais, je me répète, sur ce sujet, mais pourquoi non ? Certaines idées ne rentrent pas bien dans les cervelles bouchées... Dans un article de blog consacré à un roman d'une exquise délicatesse, dans lequel une femme contemporaine expédiée au XVIIIe siècle se console d'être violée parce que le gars ressemble à son petit copain donc ça va il est mignon, la lectrice, qui est une personne réfléchie, je le sais, écrit : "quelque chose m'a un peu dérangé, à mon goût il y avait un peu trop de scène de sexe" et  "je ne suis pas du tout d'accord avec tout ce côté anti-femme, mais d'un autre côté c'était la réalité de l'époque et il est parfois bien de se souvenir de l'histoire" (avant de le noter 10/10).

    C'est un argument qui revient souvent "c'est pour la couleur locale, pour la véracité historique". Oui. Bon. Sauf que. Ce n'est pas tant ce qui est raconté, qui compte, que l'axe choisi pour présenter les évènements. Si je décris pendant 100 pages la vie d'un esclave dans un très historique champ de coton, avec le maître des lieux qui prospère et se réjouit de son petit domaine, je n'envoie pas le même message que si je m'attarde sur les coups reçus par l'esclave, son ressenti, sa douleur.

    Je ne vais pas prétendre abruptement que tout récit doit orienter moralement son lecteur. Il existe forcément des romans qui jouent sur leur neutralité apparente en nous bombardant de faits dérangeants. Aucun titre ne me vient comme ça, mais je vous en prie, venez à ma rescousse. Quoi qu'il en soit, la plupart du temps, quand on aborde des questions morales, le positionnement ne laisse guère de doutes. Etrangement, quand on aborde certains sujets, c'est beaucoup plus flou et fleurissent les excuses "c'est pour l'Histoire" , "c'est de l'humour".

    Pour en revenir à G.o.T, on y trouve par exemple nombre de femmes prostituées, mais je trouve leur image plus riche et nuancée dans les romans que dans la série. C'est flagrant combien la femme, dans le roman, est remplacée par un simple objet sexuel. Je vous invite à lire l'intégrale 1 avant de regarder la série et à comparer, si vous avez des doutes.

    Et pour finir une leçon d'humour subtil, si vous avez besoin d'un autre exemple, avec Guillaume Meurice sur France Inter

     

    Pour une fois qu'un de mes articles est dans le ton... on a jamais autant parlé du blanc que ces trois derniers jours, non ?

     

     

  • Semaine à lire

    Semaine à lire

    Le bilan est tardif mais promis je n'ai pas triché, je suis revenue dès le dimanche à mon rythme de tortue ! Pour cette semaine à lire, j'ai fait l'effort de m'attaquer à 4 romans, sur 5 prévus, en laissant de côté le Robert Merle. S'il me restait encore un peu de temps, j'avais épuisé ma motivation.

    Brièvement, mes quatre commentaires :

     

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  • Un vendredi soir sur la Terre

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    Je suis prête !  Je commencerai à 19h pile, par Casus Belli, roman dont je ne sais rien - pas même la provenance - et n'attend rien. J'ai prévu ma boisson favorite de l'hiver, citron chaud au miel, un peu de jambon blanc et du pain frais. J'ai bien l'intention de le finir avant la nuit. Aurais aimé être dès ce soir en charmante compagnie, mais je vais devoir patienter ! ^^

    Bon challenge à tous