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Tale me more - Page 39

  • Tu est un autre

    quelqu un autre tonino benaquista.pngQuelqu'un d'autre

    Tonino Benacquista

    Lu parce que : auteur déjà connu et apprécié, livre trouvé dans une de nos boutiques d'occasion favorites.

    J'ai bien aimé, j'aurai donc peu à dire. C'était un peu moins drôle que Malavita, mais pas déprimant, je suis contente de mon choix. Il faut juste passer les cinquante premières pages, ensuite c'est lancé.

    Deux types se rencontrent dans un club de tennis et à l'issue d'un match âprement disputé, compensent l'eau perdue durant l'exercice par des liquides prélevés au bar. Cet instant sert de déclencheur. Thierry couvait déjà depuis longtemps une envie de changement radical, il ne lui manquait plus que le courage de se lancer. Le second, Nicolas, n'avait jamais bu et vient de découvrir dans l'ivresse un soulagement au fardeau chronique de la vie. Sa vie est déjà chamboulée. Ils font le serment de se retrouver au même endroit, trois ans plus tard, et d'être devenu, d'ici là, quelqu'un d'autre.

    Le charme du livre tient au choix de la méthode. Ce n'est pas tout à fait pareil de larguer sa femme et de se faire refaire le portrait au bistouri que d'inventer d'ingénieux moyens pour dissimuler de l'alcool au bureau.

    "Ils avaient franchi plusieurs caps mais celui-là était l'un des plus délicieux : ce moment où chacun sent que l'autre n'a aucune envie d'être ailleurs."

  • Un dimanche à ne rien faire

    au commencement du 7e jour,luc lang,ushuaia en afrique,ushuaia dans les montagnes,ushuaia à la plage,ushuaia au bureau,et je ne porte pas non plus de nuisette,vous aussi vous vous laissez emporter par votre imagination,n'en déduisez pas que je préfère les colliers à pointes au tri dAu commencement du septième jour,

    Luc Lang

    Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous résumer l'histoire, je vais vous recopier ce qu'on trouve au dos du livre et qui a motivé ma sélection pour ce dernier partenariat Folio 2017.

    "4h du matin, dans une belle maison à l'orée du bois de Vincennes, le téléphone sonne. Thomas, 37 ans, informaticien, père de deux jeunes enfants, apprend que sa femme vient d'avoir un très grave accident, sur une route où elle n'aurait pas dû se trouver.

    Commence une enquête sans répit alors que Camille lutte entre la vie et la mort. Puis une quête durant laquelle chacun des rôles qu'il incarne, époux, père, fils et frère devient un combat. Jour après jour, il découvre des secrets de famille qui sont autant d'abîmes sous ses pas. "

    abby-hulot.pngAlors, d'après vous, on vous vend NCIS là, ou Ushuaïa ?

    Je sais : j'ai beaucoup d'imagination et je prête facilement aux autres des intentions qu'ils n'ont pas. Mais quand même, bon sang !

    "4h du matin", "le téléphone sonne", "grave accident" : déjà, je m'attends à un truc un peu pêchu, une entrée véloce dans le roman, un rythme soutenu pour la suite. 622 pages, quand même, faut maintenir le lectorat en éveil.

    "une route où elle n'aurait pas dû se trouver", "enquête sans répit', "lutte entre la vie et la mort", "secrets de famille" : certes, ce n'est pas un thriller. Mais un peu quand même alors? ça tombe bien j'adore le suspense et les histoires de famille.

    Sans vouloir rien dévoiler de mon identité sexuelle secrète*, j'ai mes préférences. Si Hulot vient dîner, pas de problème, je fais des pâtes, on discute vente en vrac et fin du diesel. Mais si j'attends Abby et que j'ouvre la porte sur un type mal rasé avec le pull couvert de poils de yack, c'est sûr, je vais faire la tête. Et me sentir très con en nuisette.

    Le début du roman collait à peu près au programme, sur une centaine de pages environ. Ensuite, c'est devenu très contemplatif, accompagnant la morosité du mari dans de longues promenades en montagne, dans les visites répétées à son frère berger, au bureau avec son vilain patron, puis finalement dans un périple en Afrique. Je ne peux pas dire qu'il ne s'est rien passé pendant 500 pages. Mais rien passé de ce qui m'aurait plu, oui.

    Je ne comprends pas bien, d'ailleurs, car il y a un vrai public pour ce genre de récits, doux, poétiques, qui opposent le bruit perpétuel de la ville, la dureté du monde de l'entreprise au retour à la terre, à la famille, à l'essentiel. C'est un bon livre je pense. Mais je voulais Testament à l'anglaise de Jonathan Coe et j'ai eu Le goût des pépins de pommes de Katharina Hagera.

     

    Pour m'assurer de mettre fin à cette série noire, j'ai décidé de commencer 2018 par une relecture, celle de Pourquoi être heureux quand on peut être normal de Jeanette Winterson. J'en ai déjà lu un tiers hier avant de dormir et si tout dans l'année pouvait m'apporter ce plaisir là, ce serait le paradis sur terre. Ensuite j'essaie Quelqu'un d'autre de Tonino Benacquista.

    Voilà pour le programme. A votre tour, que trouve-t-on sur vos étagères et tables de nuit pour les prochaines semaines ?



    * Je tiens à préciser qu'ayant été sensibilisée à la question récemment, il aurait été plus correct d'employer ici "orientation sexuelle" pour ne pas entretenir l'amalgame fréquent avec l'identité de genre mais que ça ne m'arrangeait pas dans la phrase.

  • Travail d'amateurs

    zut pas assez rapide,livres sombres 2018 allons y, je vais eviter de faire trop de blagues dans cet articleTout, tout de suite, Morgan Sportès

    A quel moment dans ma vie, en me promenant sur quel blog, en écoutant quelle émission ai-je bien pu me dire : oh tiens un roman quasi documentaire sur l'affaire du gang des barbares, une séquestration, des tortures, ça a l'air chouette. Je vais l'ajouter à ma liste et avec un peu de chance je le piocherai au hasard à la médiathèque juste dans la période des fêtes. (je sais qu'il manque un point d'interrogation, j'hésite sur l'endroit où le placer. à votre disposition --> ?)

    J'ai rendu le livre, c'est dommage, vous n'aurez pas de citations fiables. Je voulais aussi vérifier comment l'auteur le présente au début. Il me semble qu'il insiste sur l'étiquette "fiction". Les noms sont changés, d'autant que certains procès doivent encore être en appel. Mais je viens de lire la page wiki consacrée à l'affaire Ilan Halimi, ça recoupe ce que j'ai lu dans le "roman".

    C'est très dérangeant. Le récit recrée pas à pas la démarche du chef et de chacune des autres personnes impliquées. De petits portraits en petits portraits, émaillés parfois de citations tirées du procès, on nous retrace la chronologie d'un crime atroce en plongeant loin dans ses racines.

    Ce qui gêne, c'est l'absence du Mal, le grand mal, la démence psychiatrique, le truc si étranger à nous-mêmes qu'il marque une nette séparation entre Eux et Nous. Entre ceux qui peuvent torturer un être humain à mort et ceux qui seront toujours de l'autre côté de la barrière.

    Je livre comme toujours une lecture personnelle - je ne sais pas si cette atténuation est de mon fait ou non - mais j'ai surtout vu dans le chef de bande un pauvre loser et dans le reste de la clique des abrutis, des gosses, un cruel manque d'éducation et de reconnaissance et seulement deux ou trois types vraiment dangereux.

    Le moteur de Yacef, c'est la colère. Il est respecté parce qu'il a déjà fait de la prison. Il veut faire de l'argent. Dans sa logique idiote et simpliste, les Juifs ont de l'argent. Il tente à de nombreuses reprises, habilement décortiquées dans le livre, d'entraîner de jeunes filles - qui ne sont bonnes qu'à ça de toute façon, utiliser leurs charmes pour chauffer des mecs - à draguer des commerçants juifs pour les attirer dans un guet-apens et les racketter.

    Et puis un jour, malheureusement, le poisson est ferré. Un simple vendeur de téléphones, qui - dans le roman en tout cas - se prétend fils du propriétaire de la boutique sans doute pour se faire mousser auprès de la jolie fille. Il est kidnappé. Ça doit durer trois jours. Sauf que les millions sont un mirage, la famille n'a rien et la police, de toute façon, n'a pas l'intention de créer un précédent en laissant la moindre transaction avoir lieu.

    L'apprenti gangster ne sait que faire de son kidnappé. La logistique n'était pas prévue pour plus que ça, l'appartement doit être reloué, on le transfère dans une cave glaciale - mois de janvier. Les autres gars qui se relaient pour le garder, jours après jours, en ont marre, veulent arrêter, s'agacent. Les plus gentils apportent au prisonnier à manger. Les plus cruels le font taire à coup de brûlures de cigarettes.

    Et les jours passent, impasse, avec Yacef qui négocie, qui menace ou supplie, qui fait descendre la rançon à un montant ridiculement bas, puis, en colère, fait remonter les prix le lendemain. Jugé amateur complet par la police, il se fait régulièrement raccrocher au nez par le négociateur.

    Le roman, d'ailleurs, évoque un peu ce problème de la réaction de la police. Qui pourtant ne pouvait pas prévoir la fin extrêmement tragique de la victime. Autre source d'étonnement, la quantité impressionnante de gens qui parlent et de gens qui savent, qui préfèrent ne rien dire ou, plus simplement, trouvent ça trop gros pour être vrai et n'y pensent plus.

    Ce serait un roman, je ne manquerais pas de vous dire que c'en est presque comique, ce pauvre gars pas foutu de monter correctement un coup, qui engage d'autres caïds, n'arrive à rien, ne peut jamais les payer, enrager encore plus de passer pour un raté et se monte tout seul en mayonnaise. Ces complices pas-vraiment-méchants mais assez bêtes pour devenir des monstres.

    Bref, c'est assez fort. Effrayant. Quitte à lire un bouquin qui balaie vos efforts pour garder un peu de confiance en l'espèce humaine, celui-ci est riche et nuancé

  • Livres pour finir l'année désespéré·e - 2e partie

    Thème du prochain bookclub lyonnais : Intolérance. Dans la sélection j'ai commencé par lire

    Non Edouard Louis n'est pas notre 1er ministre, Eddy Bellegueule, Zulu, apartheid, homophobieEn finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis

    Maintenant j'attends le débat avec le reste du groupe... va y avoir de la houle. C'était avant que je reprenne le blog, mais en résumé : caricatural au possible. Le gamin est victime de brimades à l'école parce qu'il est efféminé - dans le roman cet adjectif est nécessaire et suffisant pour qu'en grandissant le gosse soit homosexuel - il grandit dans un milieu de gros bouseux débiles, violents et alcooliques et va tout faire pour s'émanciper par les études. L'écriture est déplaisante, le sujet méritait mieux et je n'ai pas osé aller voir l'adaptation récente en film.

    Puis j'ai eu le temps, pour une fois, de m'attaquer à un second titre.

     

    Non Edouard Louis n'est pas notre 1er ministre, Je connais un vegan qui va se sentir persécuté, Eddy Bellegueule, Zulu, apartheid, homophobieZulu, Caryl Férey

    Je l'ai préféré à Eddy Bellegueule, mais c'était d'une telle violence qu'y associer le terme "intolérance" semble un peu léger. L'Afrique du Sud post-apartheid qui sert de décor au roman est écorchée, peau encore à vif et je me suis sentie tout du long très angoissée par l'atmosphère. Je ne voyais pas l'Afrique du Sud dans un état si critique. On nous entraîne loin des coins touristiques, dans d'immenses quartiers de relégation où l'on assigne les populations les plus pauvres. La misère sévit, la police est corrompue, la drogue et le sida se disputent leurs proies : de pauvres gamins même pas encore adolescents.

     Il ne s'agit pourtant pas d'un roman historique, mais d'un polar. Nous suivons une équipe de flics qui enquêtent sur le viol et le meurtre de jeunes blanches filles à papa. Le roman abonde en scènes écœurantes de violences et de tortures. Quand ce n'est pas l'intrigue policière qui apporte cette pesanteur poisseuse, ce sont les pages qui nous entraînent dans la vie privée des enquêteurs. Divorce, maladie, passé secret et étouffant.

    Bilan

    Déprime, nostalgie, roman mou et spongieux : check avec le Cheval soleil

    Déprime, monde en perdition, aucun espoir en vue, roman violent et flippant: check avec Zulu

    Je suis sûre que vous vous demandez ce que j'ai encore en réserve pour demain... Mmhh. Vous reprendrez bien un peu de violence ? Avec un peu d'antisémitisme ? C'est ma tournée, c'est Noël.

  • Pas mon dada

    Si vous sortez d'un repas de réveillon aux contours temporels flous, qui vous a donné l'impression de n'avoir pas quitté la table depuis trois jours, sauf pour laver les assiettes, si vous avez les oreilles qui sifflent - pour une fois ce sont les enfants qu'on entendait le moins - si vous avez laissé échapper, l'alcool aidant, des secrets de famille vieux de trente ans, si vous avez lâchement abandonné les vôtres avant le sanglier sous le prétexte fallacieux d'un 39 de fièvre, si vous avez eu des pensées tendres pour les amis perdus et envoyé des sms imbibés au rhum regrettés au petit matin, ou regretté au petit matin de n'avoir pas osé le rhum pour envoyer ce sms, si vous vous êtes endormi à 22h50 en bavant sur les coussins du canapé, si vous avez trinqué à l'heureuse absence de votre mère - quel soulagement, elle est coincée dans une congère pour au moins 24h mets-lui des figues de côté quand même - si vous avez sérieusement pensé à refermer le congélateur sur Kiki, le Yorkshire de Tatie en train de lécher la bûche glacée, si vous avez moqué l'indéniable réussite professionnelle du voisin sous prétexte qu'il pratique tout nu, qu'il vénère la Terre-Mère et qu'il sait exactement où trouver une prostate, et qu'avec tout ça, vous passez ici dès le matin du 26, c'est mérité, c'est pour vous :

    Joyeux Noël !

     

    Fin des réjouissances. Je dois malheureusement dire aussi un mot de mes lectures.

    cheval-soleil.pngLe cheval soleil, Steinunn Sigurdardóttir

    Je commence par un coucou, une bise, un sourire, ce que vous voulez, ce qui vous fait plaisir. Tenez bon, je vais faire vite. Et pensez que moi, j'ai dû le lire !! Et aller chez le dentiste.

    Je pensais vous faire discrètement une nouvelle couverture, un rapide montage, un cheval sur un fond de prairie joyeux, et un gros soleil bien jaune, bien brillant mais parfois, mentir n'est pas la solution et plus je regarde cette fille plantée seule sous ce ciel gris, plus je me dis qu'on est bons là. On touche plus à rien. De toute façon il n'y avait pas cheval dans l'histoire. Ni de soleil.

    Rien qu'une gamine dont les parents médecins sont occupés, elle se débrouille avec son frère. La nounou est partie, elle est adulte quand elle raconte. Il y a aussi un gars dont elle a été amoureuse. Et une sdf suicidée.

    Voilàààà ! C'est fini, je vous libère. Désolée. Cette liste de lecture commence à me poser de sérieux problèmes, il faudrait que j'aie le courage de l'effacer et reprendre à zéro.

    Les articles à venir sont à peine moins sombres et plus violents. Vous revenez quand même demain ?