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Pharmacie - Page 25

  • L'ancêtre d'MSN à l'honneur

    Je veux parler, bien sûr, du courrier, ce truc avec plein de mots qui ont plein de lettres, car autrefois, on écrivait "JTM" avec pas moins de... 7 caractères! Et une apostrophe, j'expliquerai un jour de quoi il s'agit...

     

    lettres de la marquise au comte,crébillon fils,littérature du xviii,galanterie,amour,adultère,société,satire de la société,badinage,tout le monde sait qu'écrire c'est courir à sa perte,ancetre du mailLettres de la Marquise de M*** au comte de R***, Claude Crébillon

    Avis chrono'

    Une liaison amoureuse narrée de ses prémices à sa fin de façon originale puisque vous n'avez ici que les lettres de la dame. Jolie prouesse, des passages savoureux, on grince un peu des dents car rien ne ressemble tant à une déclaration d'amour qu'une autre déclaration d'amour... Mais il manque un petit quelque chose pour en faire un chef d'oeuvre.


     

    « Quelque chose qu'on dise de la constance elle ne dure qu'autant que l'amour »

    Tout est bidon là dedans puisque ce ne sont pas des lettres authentiques, mais un roman épistolaire... que la dame est en réalité M. Crébillon fils, auteur du XVIIIe siècle (il est mort, bon pour mon challenge nécro ça).

    Vous connaissez sans doute Les liaisons dangereuses, de Laclos? Sinon il faut au plus vite réparer cette lacune. Hé bien vous avez avec cette délicieuse marquise un avant goût (50 ans plus tôt) du piquant des Liaisons.

    En effet, cette dame, mariée bien sûr, entame un échange de lettres avec un comte, dont les réponses ne nous sont pas données, mais que l'on devine très aisément, un peu comme on reconstitue la teneur de la conversation téléphonique du gars qui, au restaurant, répond à un appel à la table d'à côté en parlant bien fort.

    Non seulement on arrive bien à suivre, ce qui est un minimum pour un livre, si vous voulez mon avis, mais en plus, cette absence de réponse est un excellent ressort de l'action. Ainsi, côte à côte, nous trouvons une lettre: "Va-t-en, méchant, je ne veux plus te voir" et tout de suite après "Oh, mon chéri, comme tu me manques, viens dépêche-toi". Avouez que s'il y avait entre les deux le plaidoyer du comte sur 3 pages, ça gâcherait l'effet "papillon".

    Je ne vous fait pas de résumé, il vous suffit de savoir qu'on prend leur idylle tout au début et qu'on la suit jusqu'à la fin. Tout y est: amour, craintes, jalousie, raccommodement, amour, craintes, jalousie...

    lettres de la marquise au comte, crébillon fils, littérature du xviii, galanterie, amour, adultère, société, satire de la société, badinage, tout le monde sait qu'écrire c'est courir à sa perte, ancetre du mail, La répétitivité des motifs est volontaire: quelle meilleure façon de nous faire sentir combien l'amour est vain, convenu, qu'il répond à des schémas immuables? Qu'aucune lucidité ne permet d'en éviter les écueils?

    Car la marquise, dans ses premiers écrits, affiche sa connaissance de ce qui va arriver. Elle tient une sorte de métalangage amoureux. Celui de la femme qui sait qu'elle est en train de parler de l'amour et qui décrit minutieusement les étapes de sa chute, parfois avant même qu'elles n'aient lieu.

     "A force de vous écrire que je ne vous aimais pas, je vins enfin à vous écrire que je vous aimais"

    Elle désamorce même ses propres tactiques de séduction en dévoilant leur objectif, n'hésite pas à lui dire qu'elle est en train de le manoeuvrer...

     

    « Vous vous connaissez trop bien pour ne pas croire ma froideur affectée; je ne veux que vous éprouver , et par un peu de résistance, vous rendre ma conquête plus agréable ».

     

    Je pense qu'on peut voir l'ensemble de l'oeuvre de deux façons: ou bien on considère que c'est un avertissement. A quoi bon être infidèle, puisque ça n'apportera rien de neuf, que ça ressemblera en tout point à l'expérience de tous les autres amants du monde? C'est d'un ennui...

    Ou bien on s'en réjouit: si c'est si commun, à quoi bon se priver, tout le monde fait pareil. Crébillon en était déjà convaincu il y a près de 300 ans et ce roman ressemble à s'y méprendre au scénario des Feux de l'Amour.

    La première proposition est fort bien-pensante, la seconde passera pour immorale.

    Et moi... ceux qui commencent à me connaître à force de fréquenter ces pages savent que mes positions morales sont toujours extravagantes!
    Ce que je retiens de cette histoire, c'est sa tendresse. Je trouve ça mignon de nous donner ainsi à voir nos défauts amoureux. Mieux vaut en rire!

    Montrer que nous pouvons vivre trois fois la même histoire, la reconnaître chez les autres... Savoir où l'on va, savoir que ça va mal finir... Et quand même y retourner... C'est une belle preuve de la puissance de la nature et des instincts en nous. Nous passons vraiment trop de temps à nous croire les plus forts, dans cette vie...

    « En connaissant le péril que je courrais, je n'eus pas la force de l'éviter »

    Terminons sur une petite note pour l'égalité des sexes:

    « Que vous êtes heureux, vous autres hommes, de pouvoir sans honte vous livrer à votre penchant; pendant que, soumises à des lois injustes, il faut que nous vainquions la nature, qui nous a mis dans le coeur les mêmes désirs qu'à vous. »

     

    P.S. Si après cet article merveilleux vous vous sentez l'envie irrépressible de m'écrire des mails enflammés, mon adresse est dans la colonne de gauche.

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour servir de modèle à vos courriers galants, si vous manquez d'imagination. A offrir à vos prétendants ou vos prétendantes préhistoriques qui en restent aux sms "komen ça va JTM". Il y a là dedans un très beau "Gaffe si tu t'appliques pas un peu je vais aller me trouver un mec meilleur que toi". Ne pas hésiter à surligner le passage.

     

  • Du signe de la balance

    justice, dürrenmatt, roman suisse, pas vraiment un polar, pas vraiment moral non plus, abracadabrant, déjanté, cynique, ironique, impossible à suivre trop de personnages, mais pas mauvaisJustice, Friedrich Dürrenmatt
    (illustration introuvable... je vous mets une photo de l'auteur?)

    Avis chrono'

    Un roman très étrange - pas un polar - sur le thème de la justice, mais sans aucun suspense, puisque le coupable est évident et le héros manque singulièrement de sens moral, en dépit de sa soif de vérité. C'est grinçant, décalé, ironique... Un ovni. Je n'ai pas aimé, mais j'ai apprécié.

    Il est rare qu'une personne extérieure à mon cercle familial se risque à me recommander un livre. J'étais donc ravie lorsqu'on m'a prêté celui-ci! (J'ai une vie sociale en ce moment. Je devrais l'écrire en gras et en rouge?) Je l'ai lu pendant les vacances, intriguée. Et en effet, il y avait de quoi...

    Kohler, un notable de la ville, un homme que tout le monde connaît et reconnaît entre dans un restaurant bondé, un revolver à la main et descend devant tous un professeur d'université. Evidemment, il est arrêté presque aussitôt et comme il ne nie rien - ce serait difficile - il est condamné. Mais, dans un second temps, acquitté...

    Vous vous demandez comment c'est possible?

    Le narrateur, qui entame son récit en nous annonçant son intention de tuer Kohler, est là pour vous l'expliquer. Jeune avocat, il va peu à peu developper une obsession pathologique pour cette histoire dans laquelle il a été entraîné pour l'argent (ça donne déjà un premier aperçu de sa moralité) et consigne toutes ses observations, ses souvenirs de l'affaire dans un manuscrit, qui couvre les deux tiers du roman.

    Seulement, de Justice, il n'est pas vraiment question dans ce livre, ou plutôt, la Justice qui agit là-dedans est immorale, affreuse,  pervertie. Je pense que c'est une dénonciation cynique de ses dysfonctionnements. Et en même temps... ça ne sonne pas toujours si faux.

    "Ma passion c'est d'arracher les gens aux griffes de la justice. Un avocat n'est pas un juge. Croit-il à la Justice, croit-il aux lois qui découlent de cette idée? C'est son affaire. Finalement, c'est une question métaphysique, un peu comme la question de l'essence du nombre."

    On finit par penser, nous aussi, qu'après tout, le système est là et que celui qui sait s'en servir a raison et l'idiot qui s'y laisse broyer... hé bien... est un idiot, tant pis pour lui!

    Notre narrateur est toujours saoul comme un cochon, il fréquente de très près les prostituées. Il se vend pour une belle voiture, il cherche à connaître la vérité seulement parce qu'il a l'impression d'être le dindon de la farce.

    Et tous les personnages trèèès nombreux de cette intrigue tarabiscotée, décousue, qui ne respecte jamais la chronologie, dans laquelle je me suis perdue presque tout le temps, sont caricaturaux. Je ne sais pas trop comment l'auteur fait cela, mais ils sont si extrêmes que l'on finit tout de même par les accepter et les reconnaître.

    "Le prêtre, affligé d'un pied-bot, courbé, ratatiné, était plus vieux que Mathusalem.
    - Votre épouse a reçu l'extrême onction, dit-il
    - Parfait, rétorqua Stüssi-Leupin.
    - Je prierai pour elle, assura l'homme de Dieu.
    - Pour qui?
    - Pour votre épouse.
    Cette précision laissa Stüssi-Leupin indifférent:
    - C'est votre boulot."

    Pourtant, avec une naine à corps de larve, une femme violée qui en redemande et autres voleurs, proxénètes, dingos... Il y avait matière à hausser les sourcils.

    J'ai détesté ce bouquin sur près de 200 pages. Puis j'ai complètement changé d'avis. Pas au point d'y voir un chef d'oeuvre, mais j'ai nettement senti la qualité littéraire, l'absurdité assumée de la situation et des personnages. (Et puis à la fin, j'ai un peu compris, me suis sentie moins bête, donc valorisée.)

    3894665776.jpgAh! J'ai oublié de préciser que l'intrigue en elle-même, le fameux manuscrit, est parsemé de digressions invraisemblables, sur l'histoire de la Suisse (c'est un roman suisse, il n'est pas trop tard pour le dire), de descriptions de maisons abracadabrantes avec jardins peuplés de nains, de parenthèses historiques, paysagères, morales...

    Un fourre-tout incroyable. Quant à la troisième partie, si on se demande ce qu'elle fait là, elle est sans doute pour beaucoup dans mon revirement d'opinion.

    ça donne envie à quelqu'un? Je ne suis pas sûre de vouloir le conseiller...

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour ceux qui pensent qu'en Suisse, il n'y a que des banques, des employés de banque, des billets de banque et des livres sur les horloges. Ou le chocolat.
    Ceux qui comme moi auraient été incapable de citer un auteur suisse. ça donne envie de poursuivre l'exploration!

  • Tu quoque, Britannicus*?

    *Britannici? Inutile de commenter mon latin imaginaire, mes connaissances en ce domaine sont tout aussi imaginaires.

    britanicus_racine.jpgBritannicus, Jean Racine

    Avis chrono'

    Une tragédie très différente des précédentes, dans laquelle l'amour de deux jeunes gens se heurte aux caprices d'un tyran en devenir, Néron.


    Après celle-ci, j'arrête Racine, plus, ce serait de la gourmandise. Il faut en garder pour ma vieillesse au coin du feu.

    Ma culture latine se limite à quelques passages des Métamorphoses d'Ovide, je vais donc être minimale sur le contexte et m'en tenir à la pièce.

    Néron, dont je viens juste de lire (suis dans une période de documentation intense) qu'il n'a peut-être pas été aussi monstrueux que la légende le laisse entendre, est jeune dans la pièce de Racine. Il n'en est qu'au début de son règne.

    Britannicus, l'héritier spolié du trône, aime Junie. Mais Junie plaît à Néron, lequel a l'habitude d'obtenir tout ce qu'il veut, y compris ce qui ne s'achète pas:

    « Commandez qu'on vous aime et vous serez aimé »

    Il l'enlève et commence alors une intrigue assez complexe à suivre, dans laquelle intervient la mère de Néron: très conscient de sa dépendance vis-à-vis d'elle, il en vient à envisager de la supprimer, influencé par le précepteur de Britannicus, tandis que son propre précepteur, horrifié, passe dans l'autre camp et soutient sécrètement le jeune amoureux.

    On s'y perd vite, comme vous voyez. Je vous laisse découvrir seuls la fin, digne d'une tragédie mais plus mesurée de celle de la Thébaïde en volume de sang versé.

    Est ce que j'ai aimé? C'est une très bonne question. Je l'ai lu le lendemain de la Thébaïde et je l'ai préférée. Mais aujourd'hui, soit après une petite semaine, j'en garde un souvenir moins net, plus fade.

    J'ai appris des choses, ce qui souvent me suffit pour aimer un texte...

    3894665776.jpgJe crois que ce que j'ai préféré, c'est le personnage de Néron, en monstre qui s'éveille à la cruauté, à l'absence de limite, à la toute-puissance injuste. Qui se défait de ses derniers scrupules.  Sa relation avec sa mère est très intéressante. Je sens qu'il y aurait beaucoup à en dire.

    La scène durant laquelle il se cache pour observer les amoureux, après avoir menacé Junie de tuer Britannicus si elle lui exprimait le moindre sentiment m'a fait pensé, étrangement, au monstre tapi dans le placard, comme dans les livres pour enfants.

    Enlèvements, intrigues, arrestations arbitraires... Tout crée une sensation d'oppression, d'enfermement.

    Je m'arrête là, car c'est une pièce complexe qui mérite des recherches et un peu de réflexion.

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour des lecteurs déjà bien dotés en lettres classiques, les passionnées de cette époque historique, ou ceux qui, simplement, sont attirés par les personnalités hors du commun.

     

  • Dallas en plus concis

    thébaïde, racine, pièce de théâtre, théatre, classique, commentaire, antigone, crépon, jocaste, étéocle, polynice, tragédie, pouvoir, amour gloir et beauté, ah non... là je me suis plantée de série... La Thébaïde, Jean Racine

    Avis chrono'

    Ma préférée des trois pièces de Racine lues cette année! Histoire des célèbres descendants d'Oedipe, Antigone en tête, famille poursuivie par des dieux taquins qui tuent un peu tout le monde. L'intrigue amoureuse est réduite au minimum, mais les morts sanglantes se multiplient! Vous voyez que je sais apprécier une tragédie!


    Je viens de re-découvrir qu'à une époque je structurais mes avis. On se tente ça?

     

    Contexte de lecture

    Je n'ai plus l'oeuvre sous les yeux (j'avais plus de deux semaines de retard à la bibliothèque et je tremblais que la police vienne frapper à ma porte), je serais bien en peine de retrouver la date, les sources de la pièce mais je crois pouvoir avancer sans trop de risque que c'est une tragédie en cinq actes du XVIIe siècle.

    Encore une!? Me direz-vous. Oui, quand j'aime, je ne m'arrête pas à "1", je pousse jusqu'à "2" et même, les soirs de folie, jusqu'à "3".

    J'ai voulu tricher et me garder celle-ci pour la fin, parler d'abord de Britannicus. Mais mes notes ne sont pas encore au propre.

     

    L'histoire

    Le titre fait référence à Thèbes, ça a l'air évident comme ça mais je n'y ai fait attention qu'en découvrant Antigone dans la liste des personnages. J'ai respiré, d'un coup, parce que pour une fois, je connais un peu l'histoire. J'ai dû lire deux ou trois fois la pièce d'Anouilh et j'ai assisté à la performance d'une comédienne fascinante l'année dernière, qui a gravé le mythe dans ma mémoire. Je la bénis.

    Thèbes, c'est la ville dont Oedipe a été roi après avoir tué son père et épousé sa mère. Il finit par se crever les yeux avant d'aller mourir quelque part en exil. Thèbes est promise à ses deux fils, Etéocle et Polynice, lesquels doivent régner en alternance, un an chacun.

    Quand la pièce débute, le conflit est déjà bien avancé: Etéocle est vissé à son trône, son frère a décidé de lever une armée pour attaquer la ville et prendre son tour de règne. La mère est désespérée, la soeur aussi... Il n'y a qu'oncle Créon qui se frotte les mains...

     

    Vue d'ensemble

    L'ensemble m'a plu, peut-être en partie parce que j'étais déjà familière de l'histoire, dans une version différente, mais pas seulement. J'ai trouvé ça un peu gros, un peu exagéré, ces morts qui s'accumulent sur la fin, cette persécution familiale. L'extrême de la situation lui donne un petit air de... Dérision? Je ne sais pas... Pas de tendresse pour les personnages... Pas de rire non plus... J'ai senti une distance vis-à-vis de l'aspect "tragique". Je sens que je m'embrouille là... Désolée.

    Le pouvoir est le thème central (l'amourette entre Antigone et le fils de Créon, Hémon, est très secondaire), j'ai trouvé le thème plein d'echos modernes. Partager un règne "en alternance", l'idée semble déjà si sotte à la base, qu'on n'arrive pas à s'étonner qu'ils en viennent à s'entre-tuer. Tout le monde sait que l'ambition rend fou et qu'un gars accroché à son royaume ne risque pas de s'offrir une année sabbatique.

    De plus, c'est présenté comme un devoir, comme un acte de bravoure (il y  en a même un qui se sacrifie) comme s'il fallait absolument contrebalancer une situation absurde par une surenchère de sang et de belles paroles:

    « Et du sang de ses rois il est beau d'être issu
    Dut-on rendre ce sang sitôt qu'on l'a reçu »

    (Cette fois j'ai pensé à relever mes vers préférés!)

     

    Plus sérieusement, j'ai trouvé ça fascinant et complexe, dérangeant, même. Chacun campe sur des positions différentes, l'un est le maître et compte le rester. L'autre brigue la place et avoue froidement que s'il faut pour cela tuer son peuple avant de le gouverner, il va le faire.

    La mère ne veut pas prendre position un coup elle est naïve et pense qu'ils vont se faire des câlins, trois secondes plus tard on lui annonce la paix et là, elle est méfiante. Quant à la soeur... Je n'ai pas vraiment fait attention.

     

    Un personnage saisissant

    J'ai gardé mon chouchou pour la fin. Créon est d'un cynisme qui ne peut que me plaire. Par devant, il fait semblant de chercher la paix, par derrière, il reconnaît verser de l'huile sur le feu entre les deux frères, dans l'espoir de finir par obtenir la place.

    Il reste sourd aux avertissements:

    « Vous n'avez plus, Seigneur, à craindre que vous même;
    On porte ses remords avec le diadème »

    Il ne connaît pas le remord parce qu'il pense que seul le premier crime coûte, alors, bon, c'est trop tard quoi, c'est déjà fait. 

     

    Il perd un fils, puis deux... Bon... On vient à peine d'annoncer à Antigone la mort de je ne sais combien de ses proches, il la demande en mariage.

    C'est... glaçant et fascinant.

    Mais là encore, le personnage de la pièce d'Anouilh est peut-être encore présent dans ma mémoire.

    Je me demande quand même pourquoi cette pièce de Racine n'est pas plus connue... (elle l'est?)

     

    Je vous laisse sur ces vers qui posent une question d'actualité, sur la légitimité de la tyrannie, vous avez deux jours pour répondre en argumentant:

     

    « Est-ce au peuple, Madame, à se choisir un maître?

    Sitôt qu'il hait un roi doit-on cesser de l'être? »

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour les frileux qui n'aiment pas le théâtre classique et veulent tout de même lire une tragédie. Je ne sais pas si elle respecte bien les règles du genre, mais je l'ai trouvée simple à lire, limpide et pleine d'intérêt.

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  • A consommer avec modération

    delerm,gorgée de bière,plaisirs minuscules,m'enfin si c'est un plaisir intense je prends aussi,pas un roman,inclassable,et juste pour faire rire ceux qui lisent mes tags j'avais écrit,quelle image je donne de moi tsssLa première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Philippe Delerm

    Avis chrono'

    Difficile d'aborder ce livre en toute impartialité, car il n'appartient pas à mon univers. Je perçois bien la nostalgie, les saveurs d'antan, l'harmonie de l'ensemble, mais rien qui puisse me toucher, ni m'atteindre. Pour autant, je ne regrette pas de l'avoir lu, c'est une nouvelle facette de la littérature que j'ajoute à mes expériences.


    Une forme facile à décrire: accumulation de chapitres minuscules, succession d'instantanés, de moments volés et heureux. Ou l'inverse, ça marche aussi.

    Seulement voilà: si l'intention est louable, l'écriture habile (je dis chapeau, c'est beau, que c'est beau!), que les émotions sont au rendez-vous (je me suis crue assise sur les genoux de ma grand-mère un soir de veillée), que tout ceci sent bon le vécu (à toutes les sauces: la campagne / la ville, le gamin / l'adulte, l'estomac / l'esprit) vous devinez, à la pluie de parenthèses qui précèdent que j'ai à émettre quelques réserves.

     

    C'est que je déteste le Tour de France!! ça doit bien être le seul sport que je ne regarde pas à la télé!

    C'est que je ne vais pas aux mûres! Je préfère les framboises. Je n'écosse pas de petits pois. Ils sortent déjà tout déshabillés d'une boite de conserve. (Oui, c'est scandaleux, dénoncez moi au chef - celui qui fait des épinards aux amandes -  si ça peut vous soulager). Je ne goûte guère les banana-spit, encore moins les loukoums. Et d'abord, je ne me souviens même plus avoir été assise sur les genoux de ma grand-mère. Quant aux veillées, c'était vite vu à la maison, au lit à 20h.

    Conclusion n°1: beaucoup de ces textes me sont passés à côté, tandis que je me contentais de leur faire un p'tit coucou de la main.

     

    Ensuite: C'est que si je n'aime pas la bière, en revanche, j'aime poser mon coude sur la table et mon menton dans ma main et contempler de jeunes femmes juste légèrement éméchées finir la leur en déployant un sourire à tomber à la renverse.

    Je me souviens aussi du Bibliobus, du rideau avec ses larges pans en plastique qui en barre l'entrée, et de ses casiers en bois. Je me souviens d'y avoir emprunté un livre qui traitait du corps humain et dans lequel un croquis présentait les dangers du tabac: une cigarette, des poumons, une tombe. Croquis que je revois encore et qui fait de moi une non-fumeuse incurable.

    J'ai des miliers d'images d'autoroutes de nuit dans la tête. Des dizaines de voyages et chacun d'eux compte pour moi. Il m'est cher, je peux le faire revivre tant que je veux.

    C'est ma seconde conclusion, la dernière. Ce livre ne me touche pas, car il ne m'est pas utile. Il ne constitue pas une expérience. Je ne suis pas Delerm, je ne saurais pas l'écrire avec talent, mais je suis pleine de ces moments merveilleux, de ces toutes petites choses que j'ai su saisir, qui étaient délicieuses, que j'ai soigneusement enfermées dans ma mémoire pour pouvoir me réchauffer à leur contact, à volonté.

    Parfois, je maudis cette capacité, car je suis incapable de transmettre la tendresse et le bonheur que ses souvenirs m'évoquent. Impuissante à partager, pourtant ce serait si agréable...

    Voilà, je suis sentimentale! Le but de l'ouvrage n'est-il pas atteint?

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour ceux qui ont besoin de faire le plein de sérénité.

    Je n'ajoute rien.

    Ici, à la place du blabla habituel, une minute de silence.