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racine

  • Tu quoque, Britannicus*?

    *Britannici? Inutile de commenter mon latin imaginaire, mes connaissances en ce domaine sont tout aussi imaginaires.

    britanicus_racine.jpgBritannicus, Jean Racine

    Avis chrono'

    Une tragédie très différente des précédentes, dans laquelle l'amour de deux jeunes gens se heurte aux caprices d'un tyran en devenir, Néron.


    Après celle-ci, j'arrête Racine, plus, ce serait de la gourmandise. Il faut en garder pour ma vieillesse au coin du feu.

    Ma culture latine se limite à quelques passages des Métamorphoses d'Ovide, je vais donc être minimale sur le contexte et m'en tenir à la pièce.

    Néron, dont je viens juste de lire (suis dans une période de documentation intense) qu'il n'a peut-être pas été aussi monstrueux que la légende le laisse entendre, est jeune dans la pièce de Racine. Il n'en est qu'au début de son règne.

    Britannicus, l'héritier spolié du trône, aime Junie. Mais Junie plaît à Néron, lequel a l'habitude d'obtenir tout ce qu'il veut, y compris ce qui ne s'achète pas:

    « Commandez qu'on vous aime et vous serez aimé »

    Il l'enlève et commence alors une intrigue assez complexe à suivre, dans laquelle intervient la mère de Néron: très conscient de sa dépendance vis-à-vis d'elle, il en vient à envisager de la supprimer, influencé par le précepteur de Britannicus, tandis que son propre précepteur, horrifié, passe dans l'autre camp et soutient sécrètement le jeune amoureux.

    On s'y perd vite, comme vous voyez. Je vous laisse découvrir seuls la fin, digne d'une tragédie mais plus mesurée de celle de la Thébaïde en volume de sang versé.

    Est ce que j'ai aimé? C'est une très bonne question. Je l'ai lu le lendemain de la Thébaïde et je l'ai préférée. Mais aujourd'hui, soit après une petite semaine, j'en garde un souvenir moins net, plus fade.

    J'ai appris des choses, ce qui souvent me suffit pour aimer un texte...

    3894665776.jpgJe crois que ce que j'ai préféré, c'est le personnage de Néron, en monstre qui s'éveille à la cruauté, à l'absence de limite, à la toute-puissance injuste. Qui se défait de ses derniers scrupules.  Sa relation avec sa mère est très intéressante. Je sens qu'il y aurait beaucoup à en dire.

    La scène durant laquelle il se cache pour observer les amoureux, après avoir menacé Junie de tuer Britannicus si elle lui exprimait le moindre sentiment m'a fait pensé, étrangement, au monstre tapi dans le placard, comme dans les livres pour enfants.

    Enlèvements, intrigues, arrestations arbitraires... Tout crée une sensation d'oppression, d'enfermement.

    Je m'arrête là, car c'est une pièce complexe qui mérite des recherches et un peu de réflexion.

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour des lecteurs déjà bien dotés en lettres classiques, les passionnées de cette époque historique, ou ceux qui, simplement, sont attirés par les personnalités hors du commun.

     

  • Dallas en plus concis

    thébaïde, racine, pièce de théâtre, théatre, classique, commentaire, antigone, crépon, jocaste, étéocle, polynice, tragédie, pouvoir, amour gloir et beauté, ah non... là je me suis plantée de série... La Thébaïde, Jean Racine

    Avis chrono'

    Ma préférée des trois pièces de Racine lues cette année! Histoire des célèbres descendants d'Oedipe, Antigone en tête, famille poursuivie par des dieux taquins qui tuent un peu tout le monde. L'intrigue amoureuse est réduite au minimum, mais les morts sanglantes se multiplient! Vous voyez que je sais apprécier une tragédie!


    Je viens de re-découvrir qu'à une époque je structurais mes avis. On se tente ça?

     

    Contexte de lecture

    Je n'ai plus l'oeuvre sous les yeux (j'avais plus de deux semaines de retard à la bibliothèque et je tremblais que la police vienne frapper à ma porte), je serais bien en peine de retrouver la date, les sources de la pièce mais je crois pouvoir avancer sans trop de risque que c'est une tragédie en cinq actes du XVIIe siècle.

    Encore une!? Me direz-vous. Oui, quand j'aime, je ne m'arrête pas à "1", je pousse jusqu'à "2" et même, les soirs de folie, jusqu'à "3".

    J'ai voulu tricher et me garder celle-ci pour la fin, parler d'abord de Britannicus. Mais mes notes ne sont pas encore au propre.

     

    L'histoire

    Le titre fait référence à Thèbes, ça a l'air évident comme ça mais je n'y ai fait attention qu'en découvrant Antigone dans la liste des personnages. J'ai respiré, d'un coup, parce que pour une fois, je connais un peu l'histoire. J'ai dû lire deux ou trois fois la pièce d'Anouilh et j'ai assisté à la performance d'une comédienne fascinante l'année dernière, qui a gravé le mythe dans ma mémoire. Je la bénis.

    Thèbes, c'est la ville dont Oedipe a été roi après avoir tué son père et épousé sa mère. Il finit par se crever les yeux avant d'aller mourir quelque part en exil. Thèbes est promise à ses deux fils, Etéocle et Polynice, lesquels doivent régner en alternance, un an chacun.

    Quand la pièce débute, le conflit est déjà bien avancé: Etéocle est vissé à son trône, son frère a décidé de lever une armée pour attaquer la ville et prendre son tour de règne. La mère est désespérée, la soeur aussi... Il n'y a qu'oncle Créon qui se frotte les mains...

     

    Vue d'ensemble

    L'ensemble m'a plu, peut-être en partie parce que j'étais déjà familière de l'histoire, dans une version différente, mais pas seulement. J'ai trouvé ça un peu gros, un peu exagéré, ces morts qui s'accumulent sur la fin, cette persécution familiale. L'extrême de la situation lui donne un petit air de... Dérision? Je ne sais pas... Pas de tendresse pour les personnages... Pas de rire non plus... J'ai senti une distance vis-à-vis de l'aspect "tragique". Je sens que je m'embrouille là... Désolée.

    Le pouvoir est le thème central (l'amourette entre Antigone et le fils de Créon, Hémon, est très secondaire), j'ai trouvé le thème plein d'echos modernes. Partager un règne "en alternance", l'idée semble déjà si sotte à la base, qu'on n'arrive pas à s'étonner qu'ils en viennent à s'entre-tuer. Tout le monde sait que l'ambition rend fou et qu'un gars accroché à son royaume ne risque pas de s'offrir une année sabbatique.

    De plus, c'est présenté comme un devoir, comme un acte de bravoure (il y  en a même un qui se sacrifie) comme s'il fallait absolument contrebalancer une situation absurde par une surenchère de sang et de belles paroles:

    « Et du sang de ses rois il est beau d'être issu
    Dut-on rendre ce sang sitôt qu'on l'a reçu »

    (Cette fois j'ai pensé à relever mes vers préférés!)

     

    Plus sérieusement, j'ai trouvé ça fascinant et complexe, dérangeant, même. Chacun campe sur des positions différentes, l'un est le maître et compte le rester. L'autre brigue la place et avoue froidement que s'il faut pour cela tuer son peuple avant de le gouverner, il va le faire.

    La mère ne veut pas prendre position un coup elle est naïve et pense qu'ils vont se faire des câlins, trois secondes plus tard on lui annonce la paix et là, elle est méfiante. Quant à la soeur... Je n'ai pas vraiment fait attention.

     

    Un personnage saisissant

    J'ai gardé mon chouchou pour la fin. Créon est d'un cynisme qui ne peut que me plaire. Par devant, il fait semblant de chercher la paix, par derrière, il reconnaît verser de l'huile sur le feu entre les deux frères, dans l'espoir de finir par obtenir la place.

    Il reste sourd aux avertissements:

    « Vous n'avez plus, Seigneur, à craindre que vous même;
    On porte ses remords avec le diadème »

    Il ne connaît pas le remord parce qu'il pense que seul le premier crime coûte, alors, bon, c'est trop tard quoi, c'est déjà fait. 

     

    Il perd un fils, puis deux... Bon... On vient à peine d'annoncer à Antigone la mort de je ne sais combien de ses proches, il la demande en mariage.

    C'est... glaçant et fascinant.

    Mais là encore, le personnage de la pièce d'Anouilh est peut-être encore présent dans ma mémoire.

    Je me demande quand même pourquoi cette pièce de Racine n'est pas plus connue... (elle l'est?)

     

    Je vous laisse sur ces vers qui posent une question d'actualité, sur la légitimité de la tyrannie, vous avez deux jours pour répondre en argumentant:

     

    « Est-ce au peuple, Madame, à se choisir un maître?

    Sitôt qu'il hait un roi doit-on cesser de l'être? »

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour les frileux qui n'aiment pas le théâtre classique et veulent tout de même lire une tragédie. Je ne sais pas si elle respecte bien les règles du genre, mais je l'ai trouvée simple à lire, limpide et pleine d'intérêt.

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  • Speed Mithridating

    mithridate, racine, pièce, théâtre, tragédie, cinq actes, roi, père, deux fils, même femme, Monime, Xipharès, Pharnace, conflit amoureux, agrégation lettres modernes 2011, classique, 17 siècleMithridate, Racine

    Avis chrono'

    Sans trop m'avancer, je pense pouvoir dire que je lirai de meilleures pièces. Tragédie, cinq actes. Du sûr, du carré (Racine carrée... eh oui, avec les vacances et l'abus de kir breton, retour des blagues pourries). Non non, je me reprends. A un si grand auteur, je dois du respect.


    Il était une fois Mithridate, un roi qui vivait dans une lointaine contrée où la mer est Noire, dans des temps anciens, sans internet et sans blog - quelle pitié. Du coup, pour s'occuper, il envisageait d'envahir Rome.

    « Annibal l'a prédit, croyons-en ce grand homme,

    Jamais on ne vaincra les romains que dans Rome »

    C'était sans compter sur la famille!


    Peut-être avez-vous entendu parler de Mithridate: il avait pour coutume d'ingurgiter de petites quantités de poison, histoire de s'habituer.
    Suivant son noble exemple (et la subtile tyrannie du chef de cuisine) j'ai tenté la cuillèrée d'épinards aux amandes lundi midi... et j'ai survécu. Pas si bête ce Mithridate!

    Acte I, le roi est mort. Ses deux fils, Pharnace et Xipharès prétendent épouser la même femme, laquelle était justement fiancée à leur père. Triangle amoureux qui devient un fâcheux carré lorsque le papa chéri revient finalement sain et sauf.

    Acte II, III, IIII, IIIII - Ouille, il n'est pas très content.

    Une petite intrigue politique là dessus, le tout en une seule journée, comme il se doit chez un honnête auteur de théâtre classique, quitte à tasser un peu les évènements.

    Voilà pour la tragédie, qui, très honnêtement, n'est pas si tragique que ça puisque ça finit avec très peu de morts (Non, je ne vous gâche pas la fin! Et puis d'abord vous ne la lirez jamais!) c'est décevant je m'attendais à plus de sérieux de la part d'un drammaturge aussi célèbre.

    Ai-je détesté? Non, du tout. Je l'ai juste trouvée sans relief, cette pièce, sans douloureux questionnement, sans émotion forte. Je n'arrive même pas à plaindre Mithridate. Sa jalousie ne sonne pas assez juste pour qu'on le méprise, pas assez sombre pour qu'on le plaigne.

    A la rigueur, je me suis intéressée quelques minutes à son choix final. La femme ou le fils?
    Je ne déconseille, ni ne vous somme de l'inscrire sur votre liste à lire. Je ne sais pas.
    Sound lève le drapeau blanc. Esprit critique en vacances, revenir dans deux semaines.

    Néanmoins, d'autres pièces du même auteur à venir très bientôt!  Réjouissez-vous d'avance. Je le fais bien, moi... En grinçant un peu des dents.

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour quelques pauvres hères risibles qui se destinent à l'enseignement - mauvaise idée, vade retro tout de suite, candidat à ce concours maudit! Tu ne sais pas où tu mets les pieds!

    Et je suis très mal placée pour apporter un éclairage intelligent à une oeuvre si grandiose. Blog classé degré zéro de l'érudition par Wikidiot.