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Pharmacie - Page 21

  • La guerre des boutons anglais

    adrian_mole.jpgThe Secret Diary of Adrian Mole, aged 13 3/4 , Sue Townsend

    Avis chrono'

    Sous la forme d'un journal intime, roman jeunesse plein d'humour qui met en scène un ado, lequel se tient pour un grand intellectuel et tente de porter dans son journal intime un regard pénétrant sur le monde et en particulier sur sa famille. Ah, la candeur de la jeunesse...


    extenso.jpgAdrian Mole a un peu plus de 13 ans et des prétentions intellectuelles. Il lit beaucoup, écrit des poèmes et espère devenir rapidement célèbre. Il n'en néglige pas pour autant la chair car Adrien est un grand esprit, scientifique et rigoureux, il mesure l'angle entre ses oreilles et son visage et n'oublie pas de mesurer, en général, tout ce qui peut se mesurer à cet âge chez un garçon. Il livre aussi une bataille acharnée contre ses boutons.

    Ego-centré, la plupart du temps, Adrian n'oublie pas pour autant de porter un jugement sur le monde extérieur. Ses parents, notamment, en prennent pour leur grade! Son père est un looser, chômeur, trop nul pour retenir sa femme, laquelle s'enfuit en laissant mari et fils se débrouiller.
    Abandon maternel qu'Adrian, blasé, accueille avec désinvolture: voilà ce que c'est de se prendre pour une femme moderne, d'aller à des réunions féministes, de lire des romans et de croire qu'une femme peut à la fois travailler et avoir des orgasmes (ndlr : pas forcément en même temps. ça nuit à la productivité).

    Qu'une faible femme se farcisse la tête de telles niaiseries et voilà le résultat. En attendant, c'est à Adrian de gérer le quotidien. Surveiller le chien, un psychopathe fugueur, surveiller son père qui se laisse aller, surveiller un petit vieux dont il se charge bénévolement. Brûler méthodiquement les factures qui arrivent dans la boîte aux lettres et en parallèle, s'occuper de sa propre vie sentimentale...

    "We exchanged our first really passionate kiss. I felt like doing a French kiss but I don't know how it's done so I had to settle for an ordinary English one."

    Du travail en perpective!

    Que c'était drôle, léger, piquant , ce petit bouquin. Anglais quoi.
    Tous les personnages récurrents, une dizaine, sont délicieux et caricaturaux à souhait. Difficile de ne pas sourire au moins une fois par page.
    Le gamin est extra, à la fois enfant et adulte, certaines de ses réflexions, candides ou radicales, sont de petits coups de griffes amicaux aux adultes que nous sommes. L'âge de raison se fait malmener et c'est tant mieux.

    Ce volume est le premier d'une série, que je suivrai peut-être, si j'en ai l'occasion.

    Merci pour le prêt  ;)

    Décidemment, en ce moment, je ne lis rien qui soit à moi...

  • Le retour des 60's

    couleur-sentiments.jpgLa couleur des sentiments, Kathryn Stockett

    Avis chrono'

    Un succès mérité pour ce roman sans prétention, qui traite de la condition des bonnes noires, aux Etats Unis dans les années 60. Entre colère sourde et prudence, les prémisses d'une prise de conscience, avec la figure emblématique de Martin Luther King en toile de fond.


    extenso.jpgVous connaissez Jackson? Meuh non, pas le gars qui changeait de couleur... Je parle de la ville de Jackson, Mississippi, Etats-Unis. Qui change pas vraiment de couleur, elle.

    1962, toute puissance des lois raciales. En cuisine, les bonnes noires s'occupent de faire tourner la maison, elles élèvent les gamins de leurs patrons blancs, en attendant qu'ils grandissent, prennent conscience de la couleur de leur peau et oublient celles qui les ont élevés. En échange, elles ont tout juste le droit d'aller pisser au fond du jardin dans des cabinets "à part". Pour éviter la contagion.
    Ce qui conduira à une scène cocasse, dans le jardin de Hilly.

    Ce livre a connu un certain succès, surtout au moment de la sortie du film. C'est mérité, puisque ça se lit très facilement, que ça véhicule tout plein de pensées très correctes, contre le racisme, pour la tolérance et que tout est bien qui finit bien...

    Mettons de côté les facilités grand-public, quelques points méritent des applaudissements. Chacune des héroïnes détient une sorte de secret. Dès le début, pour bien nous accrocher, on nous laisse entendre que quelque chose s'est passé, que quelque chose n'est pas dit et il faut bien évidemment attendre un bon moment avant d'avoir les clés des différentes énigmes, savamment délivrées au compte-gouttes.

    C'est addictif et pour une fois, ça n'est pas complètement bidon, ça apporte un plus à l'histoire. Le secret de Minnie, à lui tout seul, nous tient en haleine. Celui de Celia, un peu plus prévisible.

    L'autre point fort du roman, celui qui a ma préférence, c'est Aibileen, quarante ans de service dans diverses maisons. Plus encore que sa façon de se révolter, petit à petit, j'ai aimé ce que le personnage arrive à dire de l'enfance, au travers des portraits des petits dont elle s'est occupée. C'est un thème secondaire qui a attiré mon attention parce qu'il était vraiment touchant et nuancé.

    L'enfant que l'on élève, parfois bien plus que les parents eux-mêmes, l'enfant qu'on aime un peu comme le sien mais qu'on finit par devoir laisser, parce qu'il a grandi, et pire encore, parce qu'en grandissant il a intégré, enfin, qu'il appartient, socialement, à un autre monde, un monde supérieur, c'était vraiment bien vu.

    J'ai oublié le nom de la petite dont Aibileen s'occupe, à laquelle elle raconte chaque jour une petite histoire, apologue pour la tolérance, comme on sème une petite graine, avec espoir et sans savoir si elle finira par porter ses fruits...

    Et la lutte presque centimètre par centimètre pour que cette fillette gagne un peu de confiance en elle et ne souffre pas trop du peu d'intérêt que lui porte sa mère...

    J'aime quand un roman a quelque chose d'enrichissant à dire, qui n'est pas son propos principal, mais qui "rampe", comme ça, en fond...

  • Promesse tenue

    tournier, vendredi ou la vie sauvage, robinson crusoé, defoe, réécriture, viens sur mon ile, on mangera des noix de coco, on fera du feu sur la plage, on traira des chèvresVendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier

    Avis chrono'

    Le personnage de Defoe, Robinson Crusoé, repris par Michel Tournier dans Vendredi ou les limbes du Pacifique, puis à nouveau dans une version dite "pour la jeunesse": Vendredi ou la vie sauvage. Les poupées russes de la littérature. Avec à l'intérieur non pas une petite bonne femme en jupon mais un mec barbu vêtu de feuilles de palmier.


    extenso.jpgUn livre conseillé par Mireille et que je m'étais engagée à lire rapidement!

    Le mythe de Robinson, quel trip !  Allez jeter un oeil sur quelques sites qui vendent des îles privées et vous verrez l'avantage d'un simple naufrage.  A 1.000.000 de dollars l'île, avec ce que j'ai en banque, je ne peux même pas m'acheter de quoi poser ma serviette sur la plage.

    J'ai aimé lire Robinson Crusoé. J'ai aimé les Sims naufragés...

    Bon, du coup, je me suis dit, Sound', tu es lancée, tu n'as qu'à aimer aussi celui-là.

    Mes bonnes résolutions se sont un peu affaissées en milieu de parcours... Quand je me suis aperçue qu'en fait, j'avais fini les Sims naufragés en moins d'une semaine (en pêchant toutes les espèces de poissons) et que mes souvenirs du roman de Defoe n'étaient pas assez précis pour que je puisse comparer vraiment les deux.

    C'est quand même embêtant d'avoir l'impression de lire une version light d'un truc, sans savoir ce qui est nouveau. Il paraît que c'est le rôle de Vendredi qui fait toute la différence.Le message est limpide, le roman coupé en deux...

    Robinson vit seul et s'organise, puis arrive Vendredi, le sauvage, le non-civilisé auquel il va tout vouloir apprendre. Les habits, les bonnes manières, le travail, l'agriculture raisonnée, la cuisson du pain. Les levers et les couchers à heures fixes. Vendredi devient un serviteur modèle, mais sans rien prendre au sérieux. Jusqu'au jour où toute cette belle civilisation miniature, à deux, vole en éclat.

    Et là, c'est Vendredi qui mène le jeu.

    Voilà, moi j'ai réécrit la 4e de couv de la réécriture de la réécriture de Robinbson. Je peux publier mon article alors?

    Rhôô faut que je donne mon avis en plus? Mais c'est déjà fait. C'était sympathique, mais tellement peu approfondi, tellement rapide que je n'ai pas vraiment eu le temps de trouver ce qu'il fallait apprécier.

    Vendredi, bien sûr, me plaît. Il est celui qui sait vivre, il est innocent et léger...

    Il y a tout de même quelques beaux passages sur l'usage du langage et des métaphores, sur l'art, la danse, la musique...

    Peut-être que les limbes du Pacifique me conviendront mieux?

     

  • New-York transfert

    trilogie_newyorkaise_auster.jpgTrilogie New-Yorkaise, Paul Auster

    Avis chrono'

    Des "affaires" mais pas d'enquête et encore moins de résolution. Des hommes, mais dont les identités se perdent en route. Une curieuse écriture qui laisse un sillage de questions. Des liens qui ne se font pas. Un texte qui résiste, qui irrite un peu la frileuse lectrice que je suis. Trois récits qui ont su tout de même éveiller mon intérêt, plus que ne l'avait fait Moon Palace du même auteur.


    extenso.jpgLe salut, enfin! Mon dernier billet en retard! Ensuite, je vais pouvoir reprendre le train tranquille de mes chroniques, en temps réel. Cela devient effroyablement difficile d'extirper de ma mémoire autre chose que des bribes d'impressions, dont la plupart ont davantage trait aux circonstances de ma lecture (souvenirs de rues pluvieuses, de bras que l'on serre autour du livre pour éviter de le mouiller, tout en épiant au loin l'arrivée de ma co-voiture.) qu'au contenu du roman.

    Et pour cause, il n'est pas possible de résumer. Il y a bien une histoire, c'est indéniable, dans chacun de ces récits, mais je la soupçonne de n'être qu'un prétexte. Passées les premières pages, à peine se sent-on installé, ferré, que tout s'écroule. La narration classique se dérobe, le personnage se perd lui-même, met tellement de mauvaise volonté à nous laisser le saisir que c'en devient épuisant de reconstruire ce petit monde incohérent et de lui conserver un sens tangible.

    Je crois que j'ai fini par laisser tomber, tant pis pour la compréhension, tant pis pour le sens. Peut-être était-ce là ce qu'on attendait de moi? Je suis bien incapable de trouver un lien unissant ces trois récits, en dehors du cadre spatial. Et quand je lis dans la préface "C'est comme si la même histoire était racontée trois fois mais par une autre personne ou par la même personne parvenue à un autre moment de sa propre destinée, de sa propre conscience." j'enrage!! 
    Vas-y, dis-le que toi non plus tu n'as rien compris!!

    Cela n'empêche même pas d'aimer.

    Les trois récits:

    . Cité de verre: Quinn, un auteur, reçoit un coup de fil qui ne lui est pas destiné (ou bien si?) et endosse une identité qui n'est pas la sienne pour mener une enquête sur un mystérieux personnage, suivre un type qui n'est peut-être même pas le bon. Enquête durant laquelle Quinn lui-même va s'oublier et se dissoudre.

    Beaucoup de questions et peu de réponses, tenez-vous prêts à être frustrés.

    . Revenants: La encore, une histoire d'enquête et d'identité, c'est peut-être ça le dénominateur commun?  Tous les protagonistes se nomment Bleu, Brun, Blanc, Noir... ce qui est quand même déroutant. L'un est un détective privé et il observe. Il observe. Il observe encore. Ce qu'il observe? plus on avance, moins ça devient clair et convaincant. Au final, c'est plutôt lui qui est observé.

    Si vous voulez mon avis (d'ailleurs, sinon, pourquoi êtes-vous là?) , c'est un récit-qui-rend-fou, qui aurait probablement retourné le cerveau à moins sain d'esprit que moi. Heureusement que je suis une fille équilibrée*...

    . La chambre dérobée: Dérobée, c'est le maître mot... Un homme dont un ami perdu de vue depuis des années vient de mourir hérite de la responsabilité de faire publier ses oeuvres posthumes. (Il hérite aussi de sa jolie femme, au passage). Et PAF! On hurle au génie, la gloire pleut etc.
    Là encore, ensuite, ça se complique, ça se s'embrouille, il faut chercher, comprendre, découvrir, s'interroger... Pour arriver à pas grand chose...

    Prochaine escale: Léviathan.

     

    * naaan c'est une 'tite blague. Les habitué(e)s ne seront pas tombés dans le panneau.

  • Publicité mensongère

    poétique_aristote.jpgPoétique, Aristote

    Avis chrono'

    Plus facile à lire que je ne le pensais. Tout ce qui concerne la phonétique grecque, sa grammaire, les vers iambiques, stasimons et autres étrangetés m'est passé loin au dessus de la tête. En revanche, ce qui traite de la tragédie ne manquait pas d'intérêt.


    extenso.jpgPremière incursion, ou presque, dans ce domaine de la "poétique", qui ne concerne pas la poésie comme on peut l'entendre aujourd'hui, mais globalement, l'art d'écrire.

    J'ai bossé, avec Aristote! Je suis à présent l'heureuse propriétaire d'une page de notes.
    1 page = l'espace blanc qui restait autour du courrier d'EDF. Moins un petit carré qui a été dévolu à la recette de la compote de pommes, car même pour un truc simple comme une compote, il m'a fallu une recette. Avantage: la compote était mangeable.   Inconvénient: maintenant le recette est rangée au rayon mixte factures-littérature-cuisine, ce qui réduit presque à néant mes chances de remettre la main dessus à la saison prochaine. Par contre, si un gars d'EDF se pointe, j'ai de la compote au congélateur.

    Revenons au texte. Ma méconnaissance des pièces antiques m'a souvent empêchée de comprendre les exemples, mais la brièveté de l'ouvrage m'interdisait de me décourager. Et tant mieux!

    Le sentiment qui domine, encore un mois après (on atteint des records de retard sur ce blog...) c'est "Whouaouh, mais alors, ça existe un livre qui explique comment écrire??". J'ai adoré l'examen méthodique des différents cas qui mènent, ou non, à l'élaboration d'un effet tragique. C'est bien carré, bien scientifique comme façon de faire. Rigoureux comme j'aime.
    Il est précisément expliqué comment on suscite la pitié, ou la crainte, par quel type de personnage, mis dans quelle situation, conscient ou ignorant de telle ou telle circonstance.

    Je retiens en particulier que pour Aristote, seule l'action compte.  Que la tragédie fait l'homme meilleur qu'il n'est. Que l'instant de la reconnaissance (notion assez difficile à appréhender pour moi... ) est une source essentielle de plaisir et un excellent ressort tragique et que l'on peut élaborer un classement qualitatif des types de reconnaissances. 

    Enfin,  que la vraisemblance prime sur la vérité et donc, qu'il vaut mieux un trucage plausible qu'une vérité par trop incroyable. 

    Il m'a semblé, sur le moment, que certains passages étaient lumineux et fort utiles pour qui se mêlerait d'écrire. Je suis même passée par une phase de fébrilité avec grande envie de me remettre à mes brouillons...

    Depuis, j'ai presque tout oublié, comme toujours, et mon enthousiasme est un peu tombé. Mais si toute la théorie de la littérature était aussi digeste, probable que j'aurais essayé avant.