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mémoire

  • Fondue enchaînée

    parenthèse, elodie durand, B.D, illustrations, maladie, tumeur, épilepsie, mémoire, émotions, reconstruction, il va falloir que je prépare le retour des blagues dans les tags dis donc2j%27aime.jpgLa parenthèse, Elodie Durand

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    Avis chrono'

    En B.D., l'histoire vraie d'une maladie qui a devoré petit à petit le cerveau de la jeune dessinatrice. Un thème délicat, traité sans pathos, qui donne autant à voir la maladie que la lente remontée à la surface qui a suivi, ainsi que le travail de reconstruction des souvenirs qui a permis d'en faire un objet littéraire. Bouleversant.

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    "Désormais, régulièrement et subitement, je ne suis plus responsable de moi."

    Mes incursions dans la B.D. sont rares... Il me fallait au moins cette mention, par une amie, de ce livre au fort potentiel émotionnel pour m'attirer de ce côté là de la médiathèque. Une pause déjeuner qui m'a un peu serré l'estomac et qui m'a fait vivre l'après midi dans une sorte de torpeur lumineuse.

    Elodie Durand revient, avec un recul dont on sent au cours du récit qu'il a demandé beaucoup de temps et de travail, sur cette "parenthèse" qu'a imprimée dans sa vie la survenue d'une tumeur au cerveau et de crises d'épilepsie. De l'annonce de la maladie à son traitement assez effrayant (cf. le dessin des vis dans le crâne) elle tente de faire ressurgir, pour les affronter, des souvenirs en lambeaux, étayés par ceux de ses proches.

    Je ne me sens pas d'en dire plus. Les dessins sont d'une grande simplicité, tout en noir et blanc je crois. Certains, qui datent de l'époque même de la maladie, ne sont que silhouettes noires rageusement gribouillées, torturées, isolées, indéfinissables.

    Dessiner la mémoire, dessiner le néant, la pression d'un sommeil irrésistible, la douleur, c'est un tour de force.

    J'ai été particulièrement marquée par ces deux pages: une salle d'attente, la jeune auteure, à gauche, avec sa mère si ma mémoire est bonne et à droite, d'autres patients, assis, tout noirs, avec à la place des yeux deux trous noirs ovales. Terrifiant. 

    Un peu plus loin, un gros encéphale rond comme une planète, dont la surface est parcourue par un troupeau de médecins.

     

    Un coup de coeur qui fait du bien, dans un mois de septembre maussade, peuplé de lectures pourries.

     

    D'ailleurs, il est temps de redonner un peu de vie à ce blog! Je note que le Vaste Monde Poursuive etc n'a pas eu un grand succès, à croire que je suis seule à l'avoir lu...

    Et que le sujet le plus chaud sur Tale me more, qui déchaîne les foules (3 personnes dont moi) depuis lundi, soit un article vieux de plus d'un an ressuscité par Mélo, est significatif! 

    J'ai acheté le tome 2, voilà, c'est malin! (Et j'ai craqué en même temps pour le tome 2 d'Emily the Strange et pour un roman de Paul Auster dont j'ai déjà oublié le titre.) J'espère me faire plaisir et retrouver les criatures!

    Ce week-end, je rattrape tous mes billets en retard, juré!

    Lien permanent Catégories : Imagerie médicale 7 commentaires
  • La mémoire qui flanche

    modiano_pedigree.jpg

    Un pedigree, Patrick Modiano

    Avis chrono'

    Un récit autobiographique qui ne verse pas dans le sentimentalisme et qui, sans être renversant, m'a touchée.


    note.jpg

    L'imbécile que je suis a rendu le livre (audio) avant d'écrire son billet... Pour les citations, c'est fichu.

    Aujourd'hui, parlons de Modiano. Je vous devine surpris - "Pas son genre ça..." - Si seulement vous saviez! Plus rien de ce que je fais en ce moment n'est mon genre. D'abord il n'y a plus rien qui me tente au rayon livre audio de la petite bibli. Et pour la grande, je n'ai plus le temps d'y aller. Alors voilà, mea culpa, cette semaine, je me suis retrouvée à rouler 30 minutes en écoutant... radio Grand Ciel. Vous ne connaissez pas? Je vous mets sur la piste? Le Ciel, avec un grand 'C'? La méthode de trois 'P' pour faire durer votre couple? (Programmer, Protéger et ... tss j'ai pas assez bien écouté... Pardonner? Parler? Parler ça me semble bien mais ce n'était pas cela). Vous ne voyez toujours pas? Et si j'ajoute des exégèses de textes bibliques, vous y êtes?

    Le plus drôle, c'est que ça n'était pas désagréable. Mais quand même j'ai senti qu'il était temps que je trouve quelque chose à me mettre sous l'oreille, avant d'entrer dans les ordres.

    Début de semaine, donc, avec Un pedigree, de Modiano. Oh mon Dieu (voilà ça déteint déjà...) me suis-je dit après les quinze premières minutes. Ce n'était que succession de noms propres, des femmes, des hommes, de la famille, des villes. Impossible de m'y retrouver.

    Il s'agit d'un roman autobiographique dans lequel Modiano revient sur son enfance et notamment sur la vie de ses parents, après la guerre.

    modiano_boutiques_obscures.jpgJ'avais déjà lu, peu de temps après l'ouverture de ce blog Rue des boutiques obscures, sans trop savoir comment le prendre. Le narrateur courrait d'un bout à l'autre de l'histoire derrière son identité (il souffrait d'amnésie), me perdait lui aussi dans une énumération de noms et de lieux. J'ai détesté. Le seul point positif était ce jeu de piste, cet homme renvoyé comme une bille d'une piste à une autre, d'un témoin à l'autre, ici à cause d'un souvenir confus, là grâce à une photo... C'était très froid comme récit.

    Dans Un Pedigree, j'ai retrouvé avec une grande surprise des noms propres sortis tout droit de ma précédente lecture, là je ne comprenais plus. Fiction? Autobio? J'ai fini par m'habituer, au moins, je me sentais en terrain connu. J'ai même aimé, à la fin. Je n'en lirais pas quinze du même genre, mais ce ton documentaire, ces faits alignés sans trop de sentiments, comme de simples constats, m'ont plu. Sans pouvoir citer les mots exacts, je me souviens d'un moment où il justifie  cette distance et ce ton glacé et objectif.

    Il re-construit une enfance qui n'a rien d'enviable, à mon sens, à partir d'objets récupérés. Comme si ça ne venait pas d'un coeur, mais d'une boite en carton qui sent la poussière. (ça, c'est moi qui le pense).

    Curieuse relation que celle qui l'unit (ou le désunit) à son père. Drôle d'enfance racontée sans entrer dans les sentiments du principal concerné, comme vue de de l'extérieur, comme si les lieux qui se succèdent, les amis de la famille aux noms égrenés, tout cela pouvait suffire à retracer une vie.

    Et ce n'est pas idiot, au fond. Peut-être que cela ne compte pas, ce qu'on peut dire de nous-même, de nos joies, de nos désirs, de notre envie d'aider ou de détruire. D'ailleurs qui entend? Peut-être que tout ce qui doit rester de nous après la mort, ce sont quelques photos, des tickets de train ou de ciné, des adresses. Le concret.

    J'ai songé à Val de Grâce lu cet été, qui parlait aussi d'enfance, de mémoire, qui était plus joyeux et que je n'ai pas aimé.

    Là encore, le lieu était le centre de tout, le centre d'un monde et d'une personnalité.

    Ce narrateur-ci est toujours bringueballé d'une ville à l'autre et ce n'est pas un enfant heureux, ou si peu.

    Le secret du bonheur d'une enfance serait-il de ne jamais déménager?

    Lien permanent Catégories : Pharmacie 1 commentaire
  • La fin justifie les moyens

    Tout en contrastes! Après un Wilt turbulent, dans un genre complètement différent - aux antipodes - voici un premier pas exaltant dans la littérature japonaise:

    Musee_silence_ogawa.jpgLe musée du silence, Yôko Ogawa.

    Avis chrono'

    Un musée des défunts, création d'une vieille dame excentrique et elle-même mourante. Roman japonais qui mêle divers registres et s'en sort admirablement bien!  Coup de coeur.


    J'ai bien du mal à me faire une idée du Japon. Dans mon esprit, c'est: petites musiques qui tintent doucement, vêtements traditionnels chatoyants, jeu de go (très sympa!) et autres clichés que je sais être idiots et périmés mais qui ont la vie dure.

    D'un autre côté, j'aime certains manga, certains animés japonais et depuis quelques années, j'ai découvert quelques films asiatiques grâce à mon frère.

    2LDK, Battle Royale: exit la petite musique douce... Du sang et encore du sang.

    Nouvelle Cuisine (Hong Kong) : Une découverte ce film... mais là encore, plutôt heurtant...

    My sassy girl (sud Coréen)

    Et d'autres... je ne me souviens jamais des titres...

    Le Japon, c'est donc aussi des films sanguinolents, de la haute technologie , des enseignes lumineuses partout... Un peu comme l'Amérique, mais en moins envahissant?

    Pour combler mes lacunes, Le musée du silence a été lu dans le cadre du challenge in the mood for Japan

    Challenge_japon.jpgJe me demande si la lecture de six romans suffira à me faire une image dénuée de fantasmes d'une culture si complexe... J'en doute. Peut-être qu'il serait bon pour moi de passer à la catégorie supérieure du challenge?

    Avec Le musée du silence, je m'attendais, à cause de ce titre et du résumé lu - une fois n'est pas coutume - à quelque chose d'assez lent, fort, peut-être mélancolique.

     Première surprise et mon dieu quel bonheur, (pourquoi n'est-ce pas toujours ainsi?) c'est un roman sans nom propre. Je m'en suis aperçue à la moitié du livre. Aucun personnage n'a de nom!

    Le narrateur est engagé dans une région lointaine par une vieille femme revêche qui désire bâtir un musée qui, comme dirait un gars aux chevilles enflées « n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur ». Cette dame récupère depuis toujours – en se passant d'autorisation - un objet appartenant à chaque personne décédée dans la ville. Cet assemblage hétéroclite s'accumule dans sa demeure et le narrateur va être chargé de nettoyer, inventorier, répertorier chaque souvenir. Ainsi que d'en recueillir l'histoire, des lèvres même de la vieille dame.

    Un jour, c'est à son tour, secondé par la fille de la maison, de procéder à la délicate récupération des souvenirs.

    Bien étrange livre, que je recommande très très chaudement. Impossible à cerner, ou à définir. Mélange d'une tendre réflexion sur le temps qui passe et le devoir de mémoire et d'une poétique vision du monde avec ces « prédicateurs  du silence », enveloppés dans leur mutisme, auxquels les habitants viennent confier leurs secrets.

    Là dessus, une bombe. Au sens propre. Un attentat. Un frère qui ne donne plus de nouvelle. Puis des meurtres avec mutilation des tétons. Et des matchs de baseball. C'est inattendu, dissonant, cela tombe comme un cheveu dans la soupe. Mais un cheveu qui serait l'ingrédient ultime.

    De cet assemblage aussi disparate que l'est la collection de la vieille dame, naît un très beau récit.

    Je le conseille, encore! Si quelqu'un devait le lire grâce à mon article, je crois que je serais on ne peut plus heureuse!

     

    Dans la R.A.T Pal il y avait aussi:

    Wilt: Irrésistible!

    Hunger Games: Facile à lire. A grignoter entre deux repas.

    Tsubaki, Le poids des secrets T1: Un drame personnel dans un drame historique.

    Allumer le chat: Un roman français au rythme explosif

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    (P.S. Ajout du dim 17: Ce conseil lecture ne s'applique pas à la vénérable parisienne qui l'a déjà lu avant moi et l'a sûrement aimé. Ou aurait-elle cessé d'avoir bon goût? J'ai hâte de le savoir... Aurait-elle un blog, que je gagne du temps?).

    Lien permanent Catégories : Urgences 3 commentaires