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ivy compton burnett

  • De derrière les fagots

    ivy_compton_famille_chef.jpgUne famille et son chef, Ivy Compton-Burnett

    Avis chrono'

    Si vous grincez un peu des dents en ce moment  avec envie d'insulter/griffer/battre/étouffer sous un oreiller l'un ou l'autre des membres de votre famille, une belle-mère aux propos sibyllins, un conjoint autoritaire ou méprisant, des enfants pervers ou dénués de gratitude, voici qui devrait vous parler. L'objectif n'est pas de relativiser, d'atteindre la zénitude... non. Plutôt de passer à l'acte.


    extenso.jpgAlors? J'ai gagné? Qui connaît Ivy Compton-Burnett, sérieusement, hein?
    Des personnes... quoi? Cultivées? Oh, comme c'est méchant de pointer mes lacunes! Voyez comme je travaille, pour une fois, à les combler!

    En attendant, je vous signale que pendant que vous lisez mon article, vous ne lisez pas une 200e chronique sur la Délicatesse de Foenkinos et ça, déjà, en soi, ça devrait me valoir votre reconnaissance éternelle.

    Décontenancée par cette lecture - prêt d'une amie aux étagères monomaniaques, fournies et érudites - incapable de dire que j'ai vraiment aimé, mais très enthousiaste à l'idée d'en rendre compte, je me suis renseignée un peu sur l'auteure: britannique, début du XXe, lesbienne (renseignement sans aucun intérêt pour ce roman, mais on ne me refera pas, j'aime les potins d'ordre privé).

    Par où commencer? Le titre? Mon amie m'avait signalé qu'ils étaient pour la plupart construits sur ce modèle: un truc ET un machin,  souvent autour du thème de la famille. (Frères et soeurs, Une famille et une fortune). Curieux, non?

    Après lecture, je suis bien embêtée par ce "Et" qui n'unit pas la famille et son chef, mais au contraire aurait tendance à les opposer... Bon. Assez glosé sur des machins sans intérêt. Le résumé.
    La 4e de couv' de l'édition que j'ai eue entre les mains, sans complexe, racontait TOUTE l'histoire, du début aux toutes dernières lignes!!! Révélations, rebondissements et dénouement compris. Heureusement que fidèle à mes habitudes, je ne l'ai lu qu'à la fin.
    J'en reste coite (p'tit clin d'oeil. Puisqu'il paraît que j'aime ce mot...) Je vais faire plus évasif pour compenser: Une famille. Et son chef.

    Le style vaut le détour. N'ai-je pas écrit à quelqu'un il y a peu qu'il faudrait brûler toute la littérature tordue du début du XXe siècle?
    Les dialogues prédominent. Enfin, des dialogues... La conversation commence au sein d'un groupe devant une église et trois répliques plus loin, sans avertissement nous sommes attablés dans une salle à manger, les interlocuteurs ne sont plus les mêmes, un qui n'était même pas là prend la parole, les autres sont partis...

    Je me suis longtemps appliquée à relire l'ensemble de la conversation, à vérifier que des pages n'étaient pas collées entre elles, avant de me résigner, désespérée.
    L'effet est assez curieux, une déambulation libre et décousue, sans jamais entrer véritablement dans la psychologie des personnages.

    Une masse de dialogues, mais dans la bouche de ces êtres malsains, menteurs, hypocrites, il est presque impossible de savoir comment interpréter ces paroles. Les conventions sociales jouent à plein. On devine, sans comprendre, que tout est à double sens. Et que sous la courtoisie coule le venin.

    Allez, je plaisantais tout à l'heure. Je vais quand même en dire un peu plus sur l'histoire: Le chef de famille, après le décès de sa femme, se remarie et ... Pffff!
    A la fois il ne se passe strictement rien et beaucoup d'évènements ont lieu. Je me suis ennuyée, oui, pourtant, j'étais envoûtée par cette écriture étrange.

    C'est un vase clos, malsain, glauque. Rien ne semble exister en dehors de cette cellule familiale sur laquelle règne ce père, froid, distant, tyrannique, monstrueux, moqué par ses enfants, défié, mais dont l'influence rampante ne cesse de s'étendre et au final... remporte la manche?

    Le cercle des notables, autour, ne sert que de décor, indéchiffrable, de la politesse guindée des bien-pensants au burlesque, avec cette femme qui sans cesse  frappe aux portes pour apporter la "bonne parole" à ses amis, pour finalement n'en dire guère que trois mots et se plaindre ensuite longuement de sa difficile tâche.

    Des choses affreuses se passent, crescendo. Des secrets sont dévoilés.
    Nous, on attend... La Justice. La Morale. La Raison. La Société. La compréhension de ce qui motive ces personnages.
    Mais rien ne vient. Illustration parfaite de cette célèbre expression "Laver son linge sale en famille".
    Cette cellule s'auto-gère, s'auto-sanctionne et jouit de la souffrance de ses membres, elle ne connaît aucun frein puisque rien de l'extérieur ne vient la toucher, la contraindre.

    "Violent" est l'adjectif utilisé par celle qui me l'a prêté.
    Je choisis "dérangeant", pour compléter. Et je ne suis pas satisfaite de ma présentation, mais la tâche est vraiment trop difficile, je me consolerai avec ça.

    Un roman étrange, sans rythme, sans fluidité. Une pièce de littérature déconcertante, étouffante, tant dans la forme que le fond. Exerce une forme indéniable de fascination... Pour les amateurs.

    Lien permanent Catégories : Pharmacie 3 commentaires