Le pacte boréal, Anna Jansson
Avis chrono'
Court, efficace, le vrai bon polar comme on aime tous en avoir dans nos valises pour les vacances. Une femme pour héroïne, des références à la mythologie ... Une perle scandinave, encore! A croire que les thrillers de qualité aiment le froid. Je me demande ce qu'il en restera dans 10 ans, avec le réchauffement climatique.
En attendant que les éditeurs de thriller se décident, pour rendre grâce à cette manne nordique, à reverser 10 centimes par exemplaire à l'association Sauvons les Pingouins, voici un titre qui vous fera passer un bon moment. Un court bon moment, car le volume n'est pas épais et qu'il est difficle de le lâcher.
Je n'avais pas lu de thriller depuis des mois, et quelle bonne surprise de ne pas tomber à nouveau sur une histoire biscornue, qui ne respecte en rien les principes archaïques du genre: un mort au début, un enquêteur et la solution à la fin. (Vous verrez dans un article prochain que certains ne se privent pas de déroger aux règles.)
Je suis une réac' du polar. Je n'en fais pas un secret.
Une fois ces ingrédients réunis, deux choses distinguent un thriller d'un autre à mes yeux: le moment et la façon dont la solution nous saute aux yeux, et le caractère des personnages.
Côté intrigue, j'ai été servie. On entre dans le vif du sujet dès la première page: Un homme pendu dans un arbre, entouré de cadavres d'animaux. des ongles coupés bien ras, des symboles rituels qui font références à la mythologie scandinave et c'est parti, impossible de lâcher le livre.
Je me retrouve à grappiller des pages dès que possible, entre deux heures, pendant un téléchargement de page un peu long sur internet, entre le brossage de dents et le p'tit dej (no comment sur l'ordre dans lequel je procède) ou à la pub pendant un film... Résultat: à trop morceler, j'ai raté tous les gros indices et toute contente, je suis arrivée à la fin sans avoir rien deviné, rien vu venir! Whouah, quel suspense!
Les lecteurs plus perspicaces que moi, qui s'inquiéteraient de devoir le palpitant d'une intrigue à un manque de concentration seront heureux de savoir que M. qui m'a piqué le livre à peine en avais-je refermé la dernière page, a trouvé la solution bien bien avant moi et que cela n'a en rien gâché sa lecture, ce qui est la marque d'un bon roman à énigme: même avec la solution, le récit reste prenant.
Pour l'anecdote, la seule fois où la myope que je suis a tout de même remarqué un indice monstrueux, je me suis dit "tiens, c'est bizarre ça. C'est pas cohérent... Bah, l'auteur a dû faire une erreur!" ><
Les personnages (critère numéro deux pour ceux qui suivent) :
Je me suis demandée si le roman appartenait à une série, il faut s'accrocher au début, on nous parle de tout un commissariat comme si nous connaissions déjà tout le monde.
L'enquêtrice, Maria, personnage principal, doit faire face à des problèmes personnels qui lui donnent de l'épaisseur psychologique.
Le duel qui l'oppose à sa belle-mère est caricatural, à la limite de la farce et plutôt décevant.
Bien meilleur est celui qui l'oppose à son mari, un gars complètement irresponsable, qui échange leur bagnole contre un oiseau empaillé, qui se comporte comme le 3e enfant de la maison et n'ose s'opposer à sa môman. Un mou qu'on a envie de baffer.
Je suppose que les avis seront partagés quant à savoir s'il devait y avoir divorce ou non. A la place de Maria, je crois que j'aurais perdu patience bien plus tôt. Elle se pose la question, pense aux enfants, pense qu'elle l'aime... Je vous laisse découvrir ce qu'elle décide à la fin. ça m'énerve un peu de ne pas pouvoir donner mon avis.
Citations - Parce que ça m'amuse de sortir des phrases de leur contexte...
Le comble de la colère: "Dans un accès de rage, l'agent de police Wern balança dehors le sapin désodorisant que l'inspecteur Hartman avait suspendu à l'allume-cigare."
La question existentielle: "Effectue-t-on des radios de dentiers?"
Le moment où on se demande si on a bien lu: "Krister avait refermé la porte à la volée et avait roulé sa mère dans le tapis du séjour".
On termine sur une image grandiose: Le Naglfar, le bateau construit à partir des ongles des morts! Ah tiens, non, je n'ai pas de photo, ça fait un bail que je n'ai pas passé de vacances en Suède. Et si j'organisais un concours de dessins? A vos stylos, ou à vos coupe-ongles, au choix. Je veux une illustration. Une maquette peut-être? Mon adresse mail est dans la colonne de droite.
Un grand merci à Livraddict et au Livre de Poche pour ce partenariat de qualité.