Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

livres sombres 2018 c'est parti

  • Travail d'amateurs

    zut pas assez rapide,livres sombres 2018 allons y, je vais eviter de faire trop de blagues dans cet articleTout, tout de suite, Morgan Sportès

    A quel moment dans ma vie, en me promenant sur quel blog, en écoutant quelle émission ai-je bien pu me dire : oh tiens un roman quasi documentaire sur l'affaire du gang des barbares, une séquestration, des tortures, ça a l'air chouette. Je vais l'ajouter à ma liste et avec un peu de chance je le piocherai au hasard à la médiathèque juste dans la période des fêtes. (je sais qu'il manque un point d'interrogation, j'hésite sur l'endroit où le placer. à votre disposition --> ?)

    J'ai rendu le livre, c'est dommage, vous n'aurez pas de citations fiables. Je voulais aussi vérifier comment l'auteur le présente au début. Il me semble qu'il insiste sur l'étiquette "fiction". Les noms sont changés, d'autant que certains procès doivent encore être en appel. Mais je viens de lire la page wiki consacrée à l'affaire Ilan Halimi, ça recoupe ce que j'ai lu dans le "roman".

    C'est très dérangeant. Le récit recrée pas à pas la démarche du chef et de chacune des autres personnes impliquées. De petits portraits en petits portraits, émaillés parfois de citations tirées du procès, on nous retrace la chronologie d'un crime atroce en plongeant loin dans ses racines.

    Ce qui gêne, c'est l'absence du Mal, le grand mal, la démence psychiatrique, le truc si étranger à nous-mêmes qu'il marque une nette séparation entre Eux et Nous. Entre ceux qui peuvent torturer un être humain à mort et ceux qui seront toujours de l'autre côté de la barrière.

    Je livre comme toujours une lecture personnelle - je ne sais pas si cette atténuation est de mon fait ou non - mais j'ai surtout vu dans le chef de bande un pauvre loser et dans le reste de la clique des abrutis, des gosses, un cruel manque d'éducation et de reconnaissance et seulement deux ou trois types vraiment dangereux.

    Le moteur de Yacef, c'est la colère. Il est respecté parce qu'il a déjà fait de la prison. Il veut faire de l'argent. Dans sa logique idiote et simpliste, les Juifs ont de l'argent. Il tente à de nombreuses reprises, habilement décortiquées dans le livre, d'entraîner de jeunes filles - qui ne sont bonnes qu'à ça de toute façon, utiliser leurs charmes pour chauffer des mecs - à draguer des commerçants juifs pour les attirer dans un guet-apens et les racketter.

    Et puis un jour, malheureusement, le poisson est ferré. Un simple vendeur de téléphones, qui - dans le roman en tout cas - se prétend fils du propriétaire de la boutique sans doute pour se faire mousser auprès de la jolie fille. Il est kidnappé. Ça doit durer trois jours. Sauf que les millions sont un mirage, la famille n'a rien et la police, de toute façon, n'a pas l'intention de créer un précédent en laissant la moindre transaction avoir lieu.

    L'apprenti gangster ne sait que faire de son kidnappé. La logistique n'était pas prévue pour plus que ça, l'appartement doit être reloué, on le transfère dans une cave glaciale - mois de janvier. Les autres gars qui se relaient pour le garder, jours après jours, en ont marre, veulent arrêter, s'agacent. Les plus gentils apportent au prisonnier à manger. Les plus cruels le font taire à coup de brûlures de cigarettes.

    Et les jours passent, impasse, avec Yacef qui négocie, qui menace ou supplie, qui fait descendre la rançon à un montant ridiculement bas, puis, en colère, fait remonter les prix le lendemain. Jugé amateur complet par la police, il se fait régulièrement raccrocher au nez par le négociateur.

    Le roman, d'ailleurs, évoque un peu ce problème de la réaction de la police. Qui pourtant ne pouvait pas prévoir la fin extrêmement tragique de la victime. Autre source d'étonnement, la quantité impressionnante de gens qui parlent et de gens qui savent, qui préfèrent ne rien dire ou, plus simplement, trouvent ça trop gros pour être vrai et n'y pensent plus.

    Ce serait un roman, je ne manquerais pas de vous dire que c'en est presque comique, ce pauvre gars pas foutu de monter correctement un coup, qui engage d'autres caïds, n'arrive à rien, ne peut jamais les payer, enrager encore plus de passer pour un raté et se monte tout seul en mayonnaise. Ces complices pas-vraiment-méchants mais assez bêtes pour devenir des monstres.

    Bref, c'est assez fort. Effrayant. Quitte à lire un bouquin qui balaie vos efforts pour garder un peu de confiance en l'espèce humaine, celui-ci est riche et nuancé