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Tale me more - Page 19

  • La rivière à l'envers

    moby dick tiens toi bien j'arrive !,quitte à lire moins autant lire mieux,caricature de la femme casse pied,voyage dans le passé,maison sur le rivage,daphné du maurierLa maison sur le rivage, Daphné du Maurier

    C'est une écriture un petit peu surannée - j'adore - ça se sent surtout dans les dialogues, de façon légère, indéfinissable. C'est comme si les personnages étaient tous un peu guindés, même quand ils sont mari et femme, même quand monsieur s'adresse à ses beaux-fils. L'intimité, mais d'un peu plus loin. Voilà, ça ce sont les lectures de ma jeunesse. Même en s'assassinant les uns les autres dans Agatha Christie il se respectent, se saluent, soulèvent leur chapeau et ont un langage chatié.

    En ce moment au boulot il nous arrive des cargaisons de nouveaux toutes les semaines. Je leur serre gentiment et avec le sourire la main le lundi. Je les vouvoie comme il se doit - c'est à dire comme je préfère. Et le mardi c'est tout juste s'ils me tapent pas dans le dos en me claquant la bise sans trop me laisser le choix. Je n'en peux plus des gens dans mon espace. Je vais demander une grotte lors de mon entretien annuel...

    Le héros du récit arrive seul dans une maison de campagne prêtée par son vieil ami le professeur Magnus. Sa femme et les enfants de celle-ci ne le rejoindront que plus tard. Encore aura-t-il tout tenté pour retarder leur arrivée. Il y a en arrière plan de ce récit leur relation de couple. En clair : la plupart du temps, il en a plein le dos d'elle, de ses amis, de son désir d'aller vivre aux Etats-Unis. Elle est un gros caillou dans sa chaussure.

    Or, monsieur a fort besoin de ses souliers en se moment puisqu'il arpente les alentours dans tous les sens. Mais pas dans son époque. Grâce à une drogue confectionnée par Magnus, il voyage dans le passé et se promène dans une réalité alternative, révolue de quelques siècles. On suit, au fil de ses voyages, les aventures de ces personnages rencontrés dans le passé qui finissent par avoir pour lui bien plus de réalité et surtout bien plus d'importance que ceux de sa vie réelle, jusqu'à ce que se crée une certaine confusion.

    Très belle illustration au passage de la mise en place d'une dépendance. Depuis le temps que je devais le lire, j'en suis très contente !

    P.S. M'a fait beaucoup penser à Barjavel, mais en mieux.

     

     

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  • Journal du Far West

    des nouvelles du monde, couverture , folio, paulette jilesDes nouvelles du monde, Paulette Jiles

    Même époque, ou presque, que ma récente lecture Des jours sans fin : 1870 aux Etats-Unis, l'après guerre de Sécession, l'ouest encore à moitié sauvage, les voyages périlleux, les bandits et les indiens embusqués. Mais tandis que dans le roman de Barry deux jeunes hommes adoptaient une petite indienne orpheline, dans celui de P. Jiles c'est un vieil homme, ancien combattant et ancien imprimeur qui accepte de reconduire dans sa famille une petite fille enlevée par les indiens quand elle avait six ans.

    Des deux romans c'est celui-ci qui a ma préférence sur presque tous les plans. Pour l'écriture d'abord : beaucoup moins de fioritures. Pour les deux personnages principaux, dont la psychologie est plus détaillée. Le capitaine Kidd colporte des nouvelles, traversant la région pour lire le soir à haute voix à son public des journaux en provenance du reste du pays ou d'Europe. C'est pourquoi on fait appel à lui pour reconduire Johanna chez les siens. 

    C'est surtout la petite qui est attachante dans le roman. En quelques années seulement, elle a tout oublié de sa langue maternelle, elle est complètement devenue indienne et ne pense qu'à s'échapper pour rejoindre les siens - pas ceux vers qui on la ramène. Elle ne comprend plus rien aux villes, aux vêtements, aux usages mondains. 

    Le roman tourne principalement autour de ce sujet de l'apprivoisement mutuel. Mais c'est aussi un road movie en chariot, avec péripéties et échanges et tirs. 

    Lecture rapide et agréable.

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  • Bar solitaire*

    thriller ferey jamais seulPlus jamais seul, Caryl Ferey

    Le flic (ex-flic) est borgne, son orbite vide purulente lui fait un mal de chien, ce qui est parfaitement assorti à son humeur de bouledogue. Il traîne avec lui sa fille, une adolescente orpheline de mère dont il vient à peine de faire connaissance.

    Lorsque son meilleur ami disparaît en mer, peu satisfait des conclusions de l'enquête officielle, il s'embarque dans l'aventure, prêt à en découdre, à contourner des règles, à casser des gueules. De toute façon, il pense qu'il va crever.

    Le roman écume la Bretagne, de Brest à la pointe du Raz - c'était sympa de reconnaître des lieux, des noms - et navigue parfois un peu plus loin, jusqu'en Grèce.

    Le personnage bien déglingué, à défaut de jouer la carte de l'originalité, est campé comme il faut pour me le rendre attachant.

    Et surtout, dans ce thriller qui tient la route, le message de fond - traite des humains, aide aux migrants - est particulièrement explicite et explosif. Je crois que je m'oriente de plus en plus facilement vers des romans qui s'ancrent dans cette réalité. Je ne suis pas trop dans une période autruche cet été et avec nos achats massifs de climatiseurs pour lutter contre le réchauffement produits par la conso électrique des climatiseurs, nous n'allons pas vers de très beaux jours. Comme un clash récent ne l'a rappelé, il y aura toujours du monde pour s'asseoir sur son tas d'or volé, avec un fusil dans chaque main, outré de voir ceux qui n'ont plus rien regarder dans cette direction.

     

    * Si, si, ça fonctionne. Même sans savoir qu'un bar et un loup, c'est le même poisson. A Brest, par exemple, à part des bars (ceux avec des bouteilles) il n'y a pas grand chose à visiter.

    P.S. (Océanopolis, quand même)

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  • A l'ouest rien de nouveau

    barry-jours-sans-fin.jpgDes jours sans fin, Sebastian Barry

    Encore un roman qui a dû donner mal à la tête à la personne chargée des 4e de couverture.

    Dans les années 1850, chassé d'Irlande par la Grande Famine, le jeune Thomas McNulty vient tenter sa chance en Amérique. Il y rencontre John Cole, qui devient l'ami et l'amour de sa vie. Tour à tour, Thomas et John vont combattre les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestir en femmes pour monter des spectacles, et s'engager du côté de l'Union dans la guerre de Sécession. Jusqu'à ce que la violence de la guerre les rattrape... [N'importe quoi cette phrase! On dirait moi quand j'abuse des points de suspension.]

    Sebastian Barry dessine le portrait d'une famille touchante et inhabituelle, composée de ce couple inséparable, de Winona, leur fille adoptive sioux, et du vieux poète noir Mcsweny, et pose un regard neuf sur une des périodes les plus brutales de l'histoire américaine.

    Le début et la fin collent bien au livre. Le reste est malin... pas faux, projecteurs braqués sur des détails.

    L'ami et l'amour de sa vie : l'homosexualité est un thème mineur du récit. Ils s'aiment, font l'amour, leur couple dure, sans qu'on en parle souvent. C'est comme ça, un simple fait. Depuis que les deux gamins se sont trouvés en s'abritant dans le même fossé, miséreux, seuls et affamés.

    Ensemble ils traversent les épreuves. Leur jeune âge les conduit d'abord, grimés en femmes du monde, à faire rêver les mineurs épuisés à la fin de leur journée, le temps d'une danse dans un saloon, loin du reste de la civilisation, dans des lieux inhospitaliers où ne vivent presque aucune femme.

    Puis, lorsque même avec de la bonne volonté ils ne peuvent plus faire tenir l'illusion, ils vont là où on leur donnera presque chaque jour du pain : ils s'engagent dans l'armée.

    Ne vous laissez pas berner par la "famille touchante" et par ce vieux poète noir, qui ne fait qu'une maigre apparition. C'est foncièrement un récit de guerre, de sang, de marches à travers les plaines avec peu de pain et à peine une paire de chaussures. Une guerre peinte comme elle est souvent : inepte, mais qu'on conduira parce que ce sont les ordres et qu'on ne se voit pas faire autre chose. Un massacre en entraîne un autre en représailles, triste engrenage. Quand on ne tue pas les indiens, on éduque leurs enfants, on négocie des traités de paix, qu'on respectera ou non d'un côté comme de l'autre. Quand les indiens ne sont plus les cibles, c'est dans la guerre de Sécession qu'on s'engage.

    Je ne suis pas convaincue par le choix du style "j'écris comme je parle", ça n'apportait pas grand chose. Autre petit détail, jamais le narrateur n'appelle John "John" quand il parle de lui, c'est toujours John Cole ce qui est d'autant plus étrange que les deux hommes forment un couple, c'est explicite.

    Pour le reste c'était vraiment un bon moment de lecture. Le XIXe siècle, ça me plaît aussi de l'autre côté de l'Atlantique ! Une plongée réfléchie et impartiale dans une période historique sanglante, loin des mirages de la ruée vers l'or.

    Je pensais que ça pourrait plaire à mon père mais il n'a qu'à peine réagi à ma présentation, je suis déçue, c'est le genre de livre qui sans être un chef d’œuvre absolu gagne à être partagé.

     

     

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  • Sur la plage abandonnée

    couverture beckett o les beaux joursO les beaux jours, Samuel Beckett

    Enfin sorti de ma bibliothèque. Je savais que ça ne serait pas simple, je n'ai jamais beaucoup accroché avec Beckett, c'est trop obscur pour moi. Le sens, déjà, est volontairement obscur, à peine arrive-t-on à mettre bout à bout les dialogues tant les didascalies prennent de place, elles sont partout, s'intercalent entre toutes les phrases, hachent menu la lecture - je sais, qui n'est pas censée en être une. Une fois, j'ai vu jouer En attendant Godot, à Chartres. Je me souviens surtout du décor : presque rien.

    Et de même, obscur ce que j'imagine quand je tente de décortiquer ses pièces. Triste, mélancolique et pesant. Je ne peux que grogner, quand je ne suis pas sûre de comprendre. Pourquoi faut-il que tout soit si opaque ? Une phrase lancée et jamais élucidée...

    Dans ô les beaux jours, rien que Willie et Winnie. Deux personnes âgées, un mari, qu'on voit à peine, tantôt les mains, tantôt la tête. Il semble vivre là, à proximité de sa femme, peu loquace, peu mobile. Quant à sa femme, elle est enterrée jusqu'aux seins dans une petite colline herbeuse.

    Situation loufoque, qui symbolise je suppose la vieillesse, la mobilité qui disparaît peu à peu. Leurs journées sont rythmées par des carillons (il me semble). On se réveille, on dort, on discute - mais trop peu. Pour toute occupation, un sac d'objets du quotidien, brosse, brosse à dents, lunettes, parapluie. Et un revolver (la mort toujours à proximité?). Les souvenirs, aussi, ont une place importante, le passé, par bribes. 

    Au moins en voici une qui a tout le temps de se rendre compte qu'elle a un pied, voire les deux, dans la tombe.

    Je ne déteste pas. Je sais simplement qu'il faut une motivation extérieure - le tirage au sort en est une - pour me lancer aujourd'hui dans ces lectures-là, sans y être contrainte par les études car ça me laisse seule avec ce paquet de "????".

     

     

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