L'indésirable, Sarah Waters
J'ai pardonné à un roman choisi pour mes vacances, écrit par Sarah Waters, de ne pas contenir autant de romances lesbiennes que j'étais en droit de les attendre. Magnanime, je l'ai noté trois étoiles dans mon classeur.
C'est que je n'ai pas d'autre exemple de roman fantastique contemporain. C'est admirablement fait, dès le titre (v.o. the little stranger).
Enfant d'une modeste famille, Faraday est vivement impressionné par une visite à Hundreds, le domaine des Ayres, famille aristocrate locale. Des années plus tard, petit médecin de campagne, célibataire sans le sou, il voit ce souvenir ressurgir lorsqu'un imprévu le conduit à se rendre au manoir pour des soins.
Il découvre alors une propriété à l'abandon, bien loin de l'image qu'il en conservait, et une famille à l'image des lieux. Un fils revenu blessé de la guerre, une mère fatiguée, une fille au physique ingrat qui porte le domaine à bout de bras, un personnel de maison décimé.
L'atmosphère historique est très bien rendue, comme toujours chez Sarah Waters, je ne peux pas lui enlever ça. Ils sont parfaits ces aristocrates dont le déclin est d'ores et déjà consommé mais qui cachent les trous dans les moquettes, sont prêts à se priver de tout pour claquer ensuite les ressources économisées dans une fête qui n'a aucun autre but que de conserver les apparences d'une époque faste passée et qui s'accrochent à leurs pierres croulantes au lieu de lâcher le morceau.
Les relations entre les personnages, rien à redire non plus. C'est intelligent. Sans énorme surprise mais bien mené.
J'étais partie pour vous parler du titre et je me suis égarée... Petit à petit, le médecin multiplie les visites et l'atmosphère du manoir s'assombrit. De drôles de choses arrivent... S. Waters aime bien le surnaturel, elle nous a déjà fait le coup avec Affinités. Ici, il n'est jamais bien facile de démêler le vrai du faux. L'indésirable n'est peut-être pas celui qu'on croit. Dans une vieille baraque isolée, qui prend l'eau de partout, que sont quelques bruits et tâches sur les murs ?
Jusqu'au bout, le lecteur reste libre de son interprétation.
On dirait bien que j'ai bien aimé.
Commentaires
Ahah, tu connais ma fascination pour le genre fantastique, tu as eu à répondre à un paquet de questions sur le sujet ! Celui-là me fait très très envie, pour ce que tu m'en as dit en fin de lecture, sur cet aspect-là justement, et sur l'histoire et les personnages en eux-mêmes d'après ce que j'en lis dans ton article. Et si c'est Sarah Waters, alors...
Je subodore peut-être un peu l'ouverture de la fin, mais je me trompe peut-être complètement. On en reparle un de ces quatre ! ;)
C'est une curieuse lecture, que je n'avais pas l'impression d'aimer, mais à laquelle je suis bien obligée de reconnaître des qualités !
Ce n'est pas ouvert qu'à la fin, justement, c'est plutôt égal tout du long. d'ailleurs j'ai déjà à moitié oublié sur quoi on finit... ( Comme pour un certain collier rouge : je compte sur toi pour me rachaîchir la mémoire. Ce soir ? )
Ajoute à ta longue liste, tiens !
Oui oui oui, compte sur moi ! ^^ j'ai lu au moins... Ah non j'ai rien lu ce matin :)