Etat second

Qui c'est qui a réussi à se faire confiner juste au moment où la longueur de ses cheveux devenait inconvenante ? Qui a de la purée d'épinards sur ses plans (mais de la purée maison donc ça va) ? Qui n'a d'ailleurs plus de table de cuisine - devenue un bureau - et devra manger sur ses genoux dans le canap' pour les x prochains mois ? Qui bosse même le dimanche parce qu'elle a beaucoup moins envie de jouer à la console quand elle le peut davantage? Esprit de contradiction de m**** . Qui bosse en apparence plus que sa part, car sa femme, qui s'ennuie, a eu envie d'apprendre le métier et sort à présent tranquillement elle aussi son petit quota de plans ? 

Et qui fait sa maligne alors que bon... elle flippe quand même ... Pour la famille, pour ceux qui sont loin, parfois pas tout jeunes, parfois malades et auxquels elle tient ?

Bienvenue dans le grand confinement 2020. J'attendais plutôt les J.O. cette année. Et mes vacances en Bretagne. ça sent le roussi , hein ? Quand on nous laissera sortir, ce sera pour retourner au bureau...

On pourrait croire le moment propice à une débauche de lectures. C'est sans compter sur le monstre aux dents qui poussent, qui œuvre surtout la nuit. Mais j'ai quand même concocté un programme, au cas où mon boss n'aurait plus d'imagination pour me télé-commander des trucs à distance. Si ça arrive, ne comptez pas sur moi pour rejoindre les profs dans un champ de patates. Ce sera chaise longue sur le balcon.

Parlons lecture maintenant.

Idaho, Emily Ruskovitch

Après l'inévitable tirage au sort et quelques négociations sur les modalités, voici la première lecture synchronisée faite avec ma femme. Nous sommes parvenues à ne jamais avoir plus de trente pages d'avance l'une sur l'autre, ce qui a permis de partager nos hypothèses.

ça, on en a eu des hypothèses. Comme souvent, je n'avais pas en l'ouvrant la moindre idée du sujet du roman. Je découvre au tout début un homme qui a perdu sa fille, visiblement assassinée. Et sa nouvelle femme, Ann, qui veille sur lui car le bonhomme perd un peu la boule avec l'âge - c'est de famille.

Assez rapidement je me lance là dedans comme dans un polar, je flaire des pistes, je raboute des indices, je suppute, j'échafaude, je suis persuadée d'avoir anticipé 200 pages. J'ai tout compris. J'ai tout faux. Je suis partie trop loin. Je suis l'égarée dans l'histoire.

Je ne veux pas trop en dire mais ce sacré roman est une piste qui s'enfonce profond dans la forêt et se garde bien d'en ressortir. Les époques se mélangent, les souvenirs ressurgissent, les personnages alternent. Je n'ai pas été emballée. Mais j'ai été bien menée en bateau et ça ne compte pas pour rien. Je crois que je pourrais le conseiller. A quelqu'un qui n'attend pas le coup de foudre.

P.S. Et voici le lien de l'article écrit par ma moitié, bien plus fourni et sympa !