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yuval noah harari

  • Juge et partie

    couverture, harari, yuval, sapiensSapiens : Une brève histoire de l'humanité, Yuval Noah Harari

    "On n'a aucune raison de penser que les cultures qui ont le mieux réussi dans l'histoire soient nécessairement les meilleures pour Homo Sapiens."

    Ouvrage très intéressant qui retrace le parcours de l'humanité en mélangeant des notions d'histoire, de sociologie, d'économie, d'histoire des sciences et techniques, de philosophie (et j'en passe) en nous invitant à examiner d'où nous venons et à nous interroger sur la suite.

    C'est très bien posé dès le départ, nous sommes en tant qu'espèce un cas unique : du genre homo, il ne reste plus que nous, les sapiens. Toutes les autres espèces se sont éteintes. Nous sommes sans concurrence et sans point de comparaison. De quoi prendre la grosse tête. 

    Le livre fourmille de petits détails, de virages, c'est ça qui est magique et vertigineux il s'en est fallu d'un milliard de petits riens pour que nous ne soyons pas nous. Ainsi avec la domestication du feu, la digestion est facilitée, des intestins plus courts font l'affaire. Mais il n'est pas seulement question de l'évolution au sens biologique. Plus largement, ce livre est une histoire de la pensée.

    Pourquoi est-ce l'Europe et non l'Asie qui a essaimé ses colonies partout? L'Asie dominait à l'époque. En technique, en nombre. C'étaient les Etats-Unis d'alors. Puis il y eut 35 000 km de voies ferrées en Europe avant que l'Asie ne s'y mette. Ce n'était pas dans leur mentalité. 

    Et tant d'autres questions... Pourquoi cet engouement mondial pour le capitalisme ? Comment une petite plante de rien du tout comme le blé a-t-elle asservi l'homme au point de se servir de lui comme agent pour proliférer dans le monde entier ? 

    On apprend que ce n'est pas seulement le langage qui permet de constituer de grands groupes sociaux, mais la particularité du langage humain de décrire des choses imaginaires. On ne désigne ainsi plus seulement un troupeau, ou des noisettes. On peut évoluer vers des concepts sans existence matérielle - et qui ne tiennent d'ailleurs que grâce à un aveuglement mutuel et consenti - tels que l'argent, la nation, l'entreprise. 

    On y traite encore de la fondation des préjugés raciaux ou de genre. L'idée que le patriarcat s'est développé parce que physiquement, dès le départ, l'homme avait l'avantage de la force physique est balayée en deux lignes :  les exemples ne manquent pas d'hommes soumis à d'autres alors qu'ils sont plus forts individuellement ou collectivement. L'esclave qui travaillait rudement au champ vingt heures par jour avait plus de force que son maître bien gras. La main d'oeuvre est souvent plus forte que le patron. La chair à canon que son capitaine. Le pouvoir est assis davantage par une domination intellectuelle, morale ou sociale que par la force pure. 

    "Bref, la recherche scientifique ne saurait prospérer qu'en alliance avec une idéologie ou une religion. L'idéologie justifie les coûts de la recherche. En contrepartie, elle influe sur l'ordre du jour des chercheurs et détermine l'usage fait des découvertes."

    La partie presque finale sur l'articulation entre science et technique était tout aussi passionnante. Il n'y a que la fin qui m'a déçue mais c'était prévisible. L'avenir de l'humanité est un gigantesque point d'interrogation. L'auteur n'est ni optimiste ni pessimiste. Il aborde (trop) succinctement la quête de l'immortalité par la médecine, le transhumanisme, les enjeux écologiques etc. 

    En résumé, je conseille. C'est par manque de temps non par manque d'intérêt que j'ai traîné à le finir !