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Tale me more - Page 17

  • Xie-Xie Michelle Deshaies

    lgbt moins,sensualité tempéréeXieXie, Michelle Deshaies

    Ou comment mettre un coup d'arrêt à la belle dynamique des lectures communes à la maison ! J'ai bravement traversé ce roman tandis qu'une co-lectrice que je ne dénoncerai pas fait le lièvre de la fable : partie première et puis... on l'attend toujours.

    Je pensais que c'était un roman lesbien ! J'avais lu : "Chine, 1934 — Dès son arrivée au port de Guilin, Rose, une jeune Anglaise, se prend d’affection pour XieXie, une servante chinoise au service de son mari. " . Je précise pour le lectorat hétérosexuel car ça demande un peu d'expérience que "se prend d'affection pour", ça promet qu'elle va coucher avec la servante. ça partait super bien !

    Il se trouve que XieXie est aussi l'amante du mari. (bon... soit... je suis ouverte d'esprit ) Mais je pense qu'on peut laisser à Netflix le monopole des histoires de trouple. C'était gentil leur petite liaison mais d'une part c'était trop court (en unités de pages, car leur amour, lui, est durable) et d'autre part un peu trop factuel à mon goût. Manquait de sexe, ce qui est dommage mais pardonnable ; manquait de sentiments, ça, je ne peux pas laisser passer. Un roman froid comme comme un glaçon, très impersonnel. Je me suis sentie trompée sur la marchandise.

    Sauf si cette histoire d'amour n'était que prétexte à peindre une époque, la présence des Anglais en Chine, les conflits qui les obligent à fuir... Ce que suggère la deuxième partie, où il est question de l'exploitation des mines et d'espionnage. Quant à la troisième partie, je n'ai aucune idée de ce qu'elle faisait là.

    Ce roman est de consistance pâte brisée. Je mettais ça sur le compte d'une traduction un peu ratée ... mais paraît que ce n'est pas une traduction. Est-ce que c'est poétique (?) - champ lexical des odeurs, des saveurs, de la cuisine - et que c'est la raison pour laquelle ça m'est passé loin au-dessus (??). La relation de XieXie avec sa mère. L'enfant. Les sauts du coq à l'âne. C'était comme un anti-roman, il ne correspondait pas aux codes narratifs tels que je les fréquente, mais trop subtilement pour qu'on puisse savoir si c'est volontaire. Ou si c'est juste un effet de style raté.

    De la confiture pour (je ne peux pas écrire ça au féminin, comme d'hab, ce n'est pas connoté comme le masculin) ?

    Bénéfice du doute. En attendant que Sol arrive au terme des 170 pages de ce roman. Courage ! (N'attends plus de sexe, hein, tu as tout dépassé.)

    Je bosse encore sur le titre de l'article... voyons qu'est ce que je connais comme expression avec "Xie"... ?

     

  • Mini série estivale : La force de vivre #0 - Introduction

    Merci Jeanne de m'avoir soufflé ce thème, il me manquait un fil rouge cette année, de quoi me dérouiller l'esprit et de la diversité dans ma pile pour les vacances qui est prête deux mois avant l'heure. J'avais plutôt misé sur humour, aventure et légèreté pour cet été. Mais je fais déjà ça tous les étés.

    La force de vivre, c'est le thème des prépas pour l'année prochaine. Je crois bien que j'avais terminé mes études, ou au moins que j'étais à la fac quand j'ai entendu parler des classes prépa. Je veux voir ce qu'on y lit, à défaut d'avoir accès à ce qu'on y enseigne. Et puis c'est une liste. Une petite liste de petits livres. Nietzsche à glisser entre Pratchett et le Trône de fer. 

    Je ne pouvais pas résister à un thème comme celui-ci. Je ne sais pas qui choisit, mais ils ont dû bien rigoler pendant le brainstorming :

    " Et si on leur faisait un lot mort, dépression et pensées suicidaires ?
    - Ah oui ! apocalypse, memento mori, vanités et tout ça... bien fait pour ces petits insouciants de 20 ans. (Et les moins jeunes qui vont l'enseigner?)
    - Parfait. On va juste revoir un peu le titre par contre... "

    Vous ne m'ôterez pas de l'idée qu'il y a du sarcasme dans la formulation de ce thème, car s'il y a bien une chose qui ne nécessite pas spécialement d'effort (force / effort j'ignore s'il y a un lien étymologique, mais ça pourrait), c'est de vivre. ça arrive sans qu'on ait rien demandé. ça se poursuit de façon instinctive. En général il faut plutôt se donner du mal, moralement ou physiquement pour y mettre fin.

    Je vois la vie comme un état plutôt naturel de stabilité, auquel tout ramène. Détruisez tout, brûlez tout, attendez un peu et les tardigrades et les fourmis seront bientôt de retour. Voire ne seront jamais partis. La vie est le système au repos et les forces, en physique, sont des entités qui viennent perturber cette stabilité.

    Toutefois, je reconnais que l'animal humain est particulier. Il est conscient de la mort. La conscience rend ce qui était jusque-là instinctif inutilement compliqué. L'être humain est le Picasso de l'art de la prise de tête. D'autant qu'ironiquement, une bonne part de ce qui vient pourrir (l'envie de / la capacité à) vivre de l'espèce est de son propre fait : inégalités sociales et économiques, catastrophes industrielles, armes biologiques, pollution, harcèlement, violences. Très peu nombreux sont les cadres de France Télécom à avoir été dévorés par des tigres.

    Si vous n'avez plus la force de vivre, quelque chose ou quelqu'un vous l'a ôtée. Si c'est accidentel, patientez un peu, ça va revenir. Si c'est sciemment et avec l'idée que ça devrait durer, alors ce quelqu'un va aussi vouloir éviter une paire de baffes en retour quand vous aurez identifié le coupable. Pour l'éviter il peut alors tenter de vous faire penser :  qu'il n'y a pas de problème ou que le problème vient de vous ou que ça n'est pas un problème mais une chance unique de vous dépasser. 

    Je vois donc deux choses que l'on peut déguiser sous cette appellation de "force de vivre" :

    1. Les efforts que nous déployons pour éviter de penser qu'on va mourir ou souffrir durablement.

    Appétence limitée pour les questionnements sérieux, surdité aux problèmes, mise en tête de gondole du carpe diem. Il faut bien toute cette expérience maturée au fil des siècles pour jouer sereinement à colin-maillard au bord du précipice écologique.

    2. Quand on arrive à court d'imagination en 1. et que ça devient trop imminent ou flagrant, les stratégies de manipulations qui visent à nous faire penser que cela sert une noble cause.

    Le religion fait ça très bien. Et à ses trousses tout un tas de petits concepts qui ont fait leurs preuves. L'héroïsme, l'abnégation, le sens du devoir ou de la patrie, bien utiles pour tirer contre un autre gars qui ne nous a rien fait personnellement, aller sans masque soigner des maladies mortelles, ou pomper de l'eau avec un petit seau à Fukushima. Et la liste peut s'allonger. La parentalité, par exemple, est un ressort connu quand on veut convaincre quelqu'un de continuer un peu sur un chemin merdique : "pense à tes gosses". (directement plagié en "bien de l'élève" par l'éducation nationale pour faire faire à ses enseignant·es tout un tas de trucs gratos en dehors de leur V.S.)

    J'ai donc fort hâte de voir ce qu'on vend sous cette appellation qui me semble trop souvent apparentée à de la vente d'air en flacon ou à de la manipulation. Si l'idée était de parler de bonheur de vivre, de prairies ensoleillée et de pensée positive, il fallait mettre Gounelle et psychologie magazine dans le corpus. 

    Je vois d'avance le point faible de ma position actuelle. C'est Hugo. Hugo qui a perdu sa fille - je ne spoile personne il a la fille morte la plus célèbre de l'Histoire... Ah ah, Sound ! Et là, il n'en faut pas de la véritable force de vivre, pour surmonter la perte d'une personne aimée ? Tu la vois venir, l'écriture salvatrice ? Tu peux aussi faire la maligne avec ça et dire que tu n'y crois ?

    - ...

     

    Voilà pour l'état des lieux avant les lectures. Au boulot, moi !

     

     

     

  • Insul'air

    j'étais vexée de lire moins que ma fille,king,tempete du siècle,méchant contre gentil,population pourrie jusqu'à la moelleLa tempête du siècle, Stephen King

    Les lectures se bousculent au portillon. Deux articles la même semaine ! Le tout pour un blog à 3,5 lectrices, tandis que bientôt 4000 inscrits sur mon site réclament du contenu qui n'arrive pas... J'espère que vous êtes conscients du traitement de faveur dont vous bénéficiez ! 

    Merci ma femme pour ce conseil de lecture, je l'ai dévoré. Je préfère ce genre-là chez Stephen King, quand ce n'est pas purement de l'horreur. Je n'ai pas eu trop peur, j'ai trouvé le sommeil après chaque session. Toutefois je me serais bien passée des passages violents. Et merci, merci, enfin un Stephen King sans viol ! (je me demande s'il n'en mentionne pas un quand même... dans le passé de quelqu'un.) 

    Commentaire sur la forme, façon scénario : bof, ralentit la lecture sans rien apporter. 

    Sur le fond, du traditionnel, solide, efficace. Une petite île qui permet de former une communauté où tout le monde se connait (j'ai fait ma grosse feignasse, je ne me suis pas donné la peine de retenir le moindre nom). Une très grosse tempête, qui les coupe du reste du monde. Puis la touche King, dès le départ pour une fois, un gars avec un sceptre et des yeux qui tourbillonnent se met à assassiner ces pauvres insulaires, au petit bonheur la chance. Et quand il est mis en prison, rien ne s'arrête. (Bah oui, c'est magique). 

    Ce sale type est une franche réussite, cruel, impassible, prompt à dégainer en public sa langue de vipère et vos sales petits secrets cachés. 

    Et pour lui faire face, l'habituel type parfait, le bon flic, bon père, bon mari, droit comme la justice. 

    Dit comme ça, c'est très classique. Ce qui est le cas, mais c'était irrésistible, cette envie de tourner les pages pour comprendre. Mais que veut-il à la fin, ce mec sorti tout droit de l'enfer ? Et comment ça va finir ? (Dans ma tête, ça veut toujours dire "est-ce que les gentils qui sont morts ne seront plus morts à la fin?" mais étrangement, je suis souvent déçue. Cette manie des romanciers et des scénaristes de sacrifier les gentils et les chiens... tsss...) 

    Petit bémol, ne cherchez pas chez King de chouettes persos féminins complexes (remarquez... les mâles ne sont pas beaucoup plus riches psychologiquement). Ce sont de gentilles petites vieilles, des épouses acariâtres ou dévouées, presque toutes des mères d'ailleurs. Et là il a carrément évacué habilement tous les ados, pour pas s'emmerder.

    Si j'avais su j'aurais gardé ça pour les vacances.

  • Chacun cherche son chai

    si qqun a une idée de ce que le titre du bouquin veut dire, collette, esperons qu'elle passera pas par là, thriller sans suspense, vent dans les cendresUn vent de cendres, Sandrine Collette

    Quel plaisir que ce roman : ce sera si vite expédié qu'il va me rester assez de temps de pause pour aller me chercher un Bounty au distributeur ! Tout le monde ne peut pas avoir repris le chemin de la salle de sport. Heureusement qu'il en reste d'autres pour faire tourner l'industrie agro-alimentaire.

    A ce propos partons faire un tour du côté de la vinouse et du pinard. Un tour aux vendanges, avec Camille et son frère Malo. C'est le moment de préciser que c'était un livre audio. Les livres papier je me sens obligée de les finir tout de suite. En audio, ils ne sont pas sur ma table de chevet, je les oublie, je m'accorde des pauses. Celle-ci a duré quelque chose comme huit mois... autant vous dire que je ne sais plus ce que ces deux-là fichaient dans les vignes. Je devais avoir dépassé le premier tiers sans accrocher. Je n'ai donc eu aucun mal à reprendre au milieu de rien.

    Donc. Camille. Elle idolâtre son frère, il disparaît. Le maître du domaine est un type étrange défiguré par des cicatrices. Un autre gars vit dans l'obscurité de la maison, sombre histoire d'accident et de sa nana ou sa femme morte. 

    Tout élément de résumé est à la fois le début, le centre et la fin du récit, puisque tout en essayant de donner l'impression que l'angoisse grandit autour de Camille, on a un peu l'impression d'avoir tout compris dès le départ, quand un type louche mate un peu trop une femme qui lui en rappelle une autre disparue.

    Tournée de Bounty ou vous êtes au régime ? Profitez pour une fois j'ai de la monnaie.

     

     

    ... La voix de la lectrice a accentué la catastrophe... son accent lourd de grosse paysanne quand elle fait parler une des autres vendangeuses... 

     

     

    ... J'ai bien aimé le cheval, quand même.

     

     

     

  • Sot l'y graisse*

    drôle, conjuration,imbécile, tooleLa conjuration des imbéciles, J.K. Toole

    Nouvelle-Orléans, années 60. Ignatius Reilly, homme adulte ayant suivi des études aussi longues que possible, vit cloîtré chez sa mère, dans sa piaule malodorante. Dédaigneux, colérique, égoïste, réactionnaire, persuadé d'être un génie méconnu, il a un avis critique sur tout, de nombreuses névroses, fait une fixation sur le fonctionnement de son système digestif et a toutes les apparences de sérieux blocages sexuels. Son existence consiste à écrire rageusement dans des cahiers et à se goinfrer. Alors lorsqu'une dette contractée par sa mère le contraint à se chercher un boulot, croyez bien qu'il va y mettre toute la mauvaise volonté possible. 

    C'est toujours délicat, un roman dont le personnage central est détestable. J'ai déjà changé plusieurs fois la catégorie de cet article, qui était au départ dans les urgences (les coups de coeur) et puis je l'en ai ôté, je ne sais pas bien pourquoi. Et ce soir, allez, je l'y remets. Je n'identifie pas bien ce qui me fait hésiter car j'ai ri plusieurs fois et je trouve qu'il y a quelque chose du chef d’œuvre dans la galerie de personnages secondaires (la mère bien sûr, les pantalons Levy, le night-club pitoyable) . L'écriture ne m'ayant pas déçue non plus... c'est quoi mon problème, en fait ? C'était très bien.

     

    * Je n'aime pas préciser dans mes articles que les personnages sont obèses. Néanmoins je ne veux pas être accusée d'un titre incompréhensible.