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Tale me more - Page 18

  • En période décès

    essai non concluant,thanatonautes,werberLes Thanatonautes, Bernard Werber

    D'après la définition du Robert, ce roman est une "manière de faire cuire certaines viandes à l'étouffée". Si comme moi vous avez le niveau croque-monsieur en cuisine, je vous décode : c'était une daube.

    Les fourmis ! Werber ! Monument de mon adolescence ! Un récit à suspense, des choses à apprendre à chaque page, dans des domaines variés. Je me souviens des énigmes et des solutions des énigmes, j'admire toujours ces insectes et j'utilise parfois une méthode de relaxation que j'avais découverte dans les petits articles de la fictive encyclopédie du savoir relatif et absolu qui s'intercalaient tout au long de l'histoire principale. Quand je rends visite à mon père et que je croise la voisine, il lui arrive encore de me demander si je m'intéresse toujours aux fourmis. Je passais des heures à les pister dans l'allée et à les regarder à la loupe. J'en ai même tristement engluées quelques unes pour les besoins de ma science.

    Thanatonautes, même schéma exactement. Histoire faite de petits chapitres rapides qui alternent avec une "encyclopédie", cette fois, un beau travail de recherche sur les rites associés à la mort dans diverses civilisations, religions et mythologies. C'était le point fort du roman.

    Si les ingrédients sont les mêmes alors disons que c'est la convive qui a changé...

    J'ai trouvé cela très mal écrit et d'un sexisme désolant. La nana est la seule de l'équipe, quand on la présente à des officiels, à ne pas avoir de nom de famille. Il y a M. Machin, M. truc et Amandine. Bah oui quoi, Amandine, M. le Président, vous savez bien, l'infirmière chaudasse qui couche avec tous les thanatonautes. (Les deux autres femmes, par la suite, s'en sortent à peine un poil mieux.)

    Rien de grave. C'est ce que je lisais sans rien y voir de spécial il y a 20 ans. Je ne fais pas exprès de me focaliser là-dessus. C'est juste si gros, là, sous mon nez, si choquant, si risible, je ne peux pas ne pas le voir. Dire que je ne suis même pas une vraie féministe. Je ne milite nulle part, je suis dans la mouvance tiède passive.

    Le récit en lui même : des gars décident d'envoyer des condamnés volontaires dans le coma pour explorer le territoire de la mort et avancent petit à petit dans l'exploration, zone par zone, chacune sa couleur et sa particularité et son épreuve à passer, la peur, le temps, les fantasmes.

    Notez au passage la subtile satire de la société de consommation et de la publicité.  Et de l'humanité toute entière. Bonne idée. Mal écrit. Ah ! et c'était un peu trop catalogue, ça manquait de rythme et de cohérence scientifique d'ailleurs au passage. Ils sont morts ou ils sont dans le coma ? Ouh ouh, quelqu'un a un stétho que j'en aie le cœur net ?

    Voilà. Là, je suis un peu sévère. On sent la différence avec les romans que j'apprécie, rassurez-moi ?

     

  • Entonnoir à lectures

    Juin 2020

    État de la liste : 185 titres

     

    Objectif du mois dernier : Les thanatonautes, Werber (lu)

    Ce mois-ci : La conjuration des imbéciles, Toole (qui est dans ma PAL depuis... pfffiou)

    Le mois prochain : Musil ou Garat

     

    Mise à jour de l'entonnoir

    liste-mai-2020.JPG

     

     

     

    (Principe : Les titres entrent à gauche par initiale du nom de l'auteur et progressent vers la droite par tirage au sort chaque fois qu'une case adjacente se libère.)

  • Dites "Aaarg"

    maladie de sachs, wincklerLa maladie de Sachs, Martin Winckler

    C'est marrant... L'auteur a le même nom que celui du Choeur des femmes ! Et tous deux écrivent des histoires de médecins qui étrillent la profession. D'ailleurs, ils sont tous les deux médecins et au fond, c'est eux-même qu'ils mettent en scène dans leurs récits. Ils ont en commun de penser qu'il faut en finir avec le soignant pontifiant, face au patient soumis et révérencieux. En finir avec la douleur, qui n'est pas une fatalité.

    On pourrait croire qu'il s'agit de la même personne. C'est d'autant plus troublant que si l'on consulte leur fiche sur livraddict et qu'on regarde leur photo, ils ont carrément la même tête ! Fascinant...

    Pour être précise, seulement presque la même tête. Mmmh c'est une question de proportion, si vous voulez mon avis. Celui de la maladie de Sachs a une bien plus grosse tête. Une très très grosse tête. Et à mon avis, si on recadrait la photo, ça vaudrait le coup de mesurer son tour de cheville.

    Le choeur des femmes fait partie des très rares livres qui ont changé ma vie. Il a complétement changé mon regard sur la médecine - en particulier la gynécologie, qui était au centre de l’œuvre -  il a même créé ce regard, une opinion et un engagement là où je n'en avais guère.

    La maladie de Sachs est presque son jumeau, on y retrouve tout, y compris la forme, fragmentée. Ici non seulement le récit s'assemble par petites touches, mais l'énonciation est atypique, il faut un petit temps d'adaptation. Tout est écrit du point de vue d'un patient, qui décrit ce que fait le médecin, à la 2e personne. On change de patient régulièrement mais plusieurs reviennent et l'ensemble finit par former un récit à suspense, car certains éléments ne trouvent qu'à la fin une explication. De même que d'autres destinées, que l'on pensait sans lien, finissent par se rejoindre; C'est habile.

    Le dernier quart efface l'ennui des débuts.

    En revanche, à message équivalent, la maladie de Sachs n'a pas l'humilité du chœur des femmes, loin s'en faut. Mais ce n'est peut-être qu'une question de maturité, 10 ans les séparent. Celui-ci, tout en s'attaquant aux confrères incapables d'écouter leurs patients, de penser à soigner avant de penser à faire les médecins, se donne un sacré beau rôle et c'était très agaçant.

  • L'oiseau de malheur

    chardonneret-tartt.jpgLe chardonneret, Donna Tartt

    Les histoires de drogue m'angoissent. Sans doute qu'à certains moments j'ai renâclé à ouvrir le roman à cause de ça, opté pour une autre de mes lectures parallèles. Sans en être le thème, c'est un axe central de ce récit initiatique. Ce n'est pas la première fois que je remarque que quand ça tourne mal pour un personnage auquel je me suis attachée, soit il me faut dévorer les pages à toute vitesse, presque sans toucher les lignes, pour qu'il se sorte rapidement du pétrin - et gare à qui vient me déranger à ce moment-là, ou me poser une question que je n'aurai pas entendue, ma réponse ne vaudra pas tripette - soit j'esquive, je pose le livre, je reviens plus tard. Comme si une part de moi espérait que pendant ce temps quelqu'un serait venu faire le ménage, arranger les choses, que la tempête serait passée sans que j'aie à me taper les catastrophes.

    A treize ans Théo perd sa mère dans un attentat au musée. Il en sort traumatisé, accablé par la culpabilité et les inévitables "et si..." qui voudraient réécrire le passé. Il se trouve qu'il en réchappe aussi avec deux secrets : une rencontre dans les décombres et un tableau emporté sans conscience véritable de son acte.

    C'était un roman corne d'abondance, qui a tout de la soirée roborative entre amis - si vous vous souvenez encore de ce que c'est - il y a d'abord eu l'agitation bavarde, le repas joyeux avec de quoi piocher pour tous les goûts : une très belle histoire d'amour, un peu triste. Le personnage de la fille, superbe, pas besoin d'être souvent présente dans l'histoire pour prendre énormément de place. Une amitié poivre et sel avec un autre garçon paumé.  Une rencontre décisive avec un restaurateur de meubles. L'art, sous plusieurs formes. L'amour fou pour ce petit tableau, cet oiseau enchaîné. Le deuil. Tout ce qui marque sa jeune vie, le pire et le meilleur, mêlé.  L'atmosphère se relâche. La torpeur repue de fin de soirée l'emporte. Il y a de longues pauses digestives, je suis certaine d'avoir parfois décroché rêveusement. Théo est dans le bus, le trajet est long. Je m'assoupis un peu. Je suis bien.

    Quand on dit d'un roman qu'il est beau, en général, c'est que c'est un peu chiant lent par endroits. Dnas un beau roman, on ne s'attend pas à des flingues, des dealers, une profusion de lieux - New-York, Las Vegas, Amsterdam. J'ai eu ça ET une mélancolie anxieuse, métaphysique. C'est tout ce mélange qui m'a bien plu.

     

  • Monet, Monet, Monet, must be funny

    nympheas-noirs Nymphéas noirs, Michel Bussi

    J'ai mis le nez dehors pour la première fois depuis deux semaines... Maintenant je pense qu'il va falloir m'attacher pour m'empêcher d'y retourner. J'ai vilainement senti que le printemps était arrivé sans moi. On ne devrait jamais rater le printemps. ça met de fort méchante humeur.

    D'humeur noire à lire un roman policier. C'est vrai que je suis hargneuse. Je n'avais pas lu trente pages que j'ai commencé à descendre le machin en flèche... Je ne peux même pas vous dire ce que je lui reprochais, parce que je suis tombée dans un piège, gourde que je suis, que mes reproches étaient anticipés, désirés par l'auteur et que ça vous dévoilerait des choses. Trop de choses. Le dénouement d'un polar... Je ne vais pas vous faire ça. Je n'avais qu'à pas critiquer trop tôt, c'est bien fait pour moi !

    Une chose revient en boucle dans ce roman. Je vous mets sur la piste ?

    Des sites liés à ce domaine d'activité voient leur fréquentation exploser en cette période de confinement.
    C'est une sorte de loisir. Auquel en temps normal on préfère s'adonner sans écran mais parfois il faut faire avec les moyens du bord ...
    Qu'il est commun d'apprécier à plusieurs mais dont on profite aussi assez bien seul.e.
    Incarné dans le roman par une instit prompte à ôter sa culotte ? Trouvé ?

    Si vous n'avez pas trouvé... c'est que je suis nulle pour les devinettes !  Ce roman est bourré de références à la peinture, plus précisément aux tableaux de Monet. Elle est au coeur de tout - avec une vieille narratrice qui surveille la ville du haut de son donjon et nous distribue du suspense comme d'autres leurs postillons covidés-19.

    L'histoire se passe à Giverny, ville de Monet. ça, je ne peux pas le nier, j'en ai appris sur lui et sa peinture, ce qui, vu d'où je partais n'est pas un exploit. Elle tourne autour d'un meurtre, celui d'un notable de la ville, coureur de jupons. Elle tourne large, en englobant ses maîtresses, celles qu'ils connait bibliquement, et la maîtresse sus-mentionnée, celle qui - ah non, ça je ne peux plus le dire, c'est quasi pardonné par le dénouement - et qui flashe sur le flic chargé de l'enquête.

    Et lui il flashe aussi. Voyez ? Comme ça m'agace souvent ! Un simple regard et zou, jamais ça ne se passe comme ça dans la vie. Faut apprendre à se connaître un minimum avant de lancer son slip pour courir dans une prairie, non ? Ou pas. Rien à voir - enfin, si, tout - mais j'ai vu Portrait de la jeune fille en feu. Le 31 mars. A la maison, légalement, grâce à notre médiathèque. 20 jours et j'y pense encore. C'était exactement comme tomber moi-même amoureuse. C'était lentement construit et d'une intensité terrible, qui bloque le processus de lessivage cycle court habituel de ma mémoire de poisson rouge. C'est resté gravé. Et puis c'était beau.

    Alors... pfff... le mec hypnotisé par la jeune femme mariée qui rêve d'évasion, le flic de caricature, beau gosse en blouson cuir et moto, qui ne fait que bégayer et loucher sur ses seins. Ces passages entre eux sont à se cogner le front sur la table de désespoir... Pour en rajouter une couche, tout est sexualisé autour d'eux.

    "Sur la place de la mairie, un soleil coquin dévore avec délice ses bras et ses cuisses nues."

    Malgré cela, l'intrigue policière est très bien ficelée. J'ai changé d'avis sur le roman à la toute fin.

    Lecture parallèle par Solessor 

     

    P.S. J'en ai oublié que c'était une lecture pour le book-club (même pas un apéro Skype de confinement... tss... ) . 

    Le thème actuel - pour lequel j'avais proposé "Devenir" de Michelle Obama, mais je ne sais pas si je veux vraiment le lire. Si c'est mon truc. A voir ...  -  le thème, donc, était : Michel ^^