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Tale me more - Page 7

  • ô temps, ô humeur

    couv57071912.jpgL'horloge du temps, Jeanette Winterson

    On ne peut être déçu que par ce·ux qu'on aime, petite Jeanne, je suis donc certaine de revenir vers toi dès le prochain roman mais quand même, il faudrait qu'on explicite certaines de mes attentes. Comprendre quelque chose, par exemple, savoir où tu m'emmènes ? C'était, d'après ce que j'avais lu, un roman jeunesse. Que voulais-tu que je fasse de cette satanée horloge, ça restera un mystère... On passe d'un lieu à l'autre, d'une temporalité à l'autre, c'est pire que Mulholland drive et d'une lenteur à mourir d'ennui. J'ai sous les yeux une héroïne orpheline en quête d'un objet qui contrôle le temps, quelques méchants très classiques et pourtant rien qui ne s'enchaîne avec fluidité. Est-ce que j'ai juste trente ans de trop ? Est-ce que c'était conceptuel ? Expérimental ? Quelque chose n'a pas fonctionné...

    couv41715921.jpgFrankissstein, Jeanette Winterson

    ... et ça a continué de travers quelques semaines plus tard avec Frankissstein, qui n'avait à mes yeux rien du charme de la Faille du temps. Même impression d'avoir en main tous les ingrédients, de bons ingrédients (intelligence artificielle, personnage transgenre, questions éthiques sur les robots sexuels, cryogénie et réflexion sur la mort) le tout sur fond d'une autre œuvre littéraire comme tu sais si bien le faire (Frankenstein cette fois-ci) et de ne tirer de la mixture qu'une pâtée pour chat. Le pire étant encore de me demander si j'étais une lectrice mal lunée ou si vraiment, c'étaient là deux ratés. Et puisque j'ai fait le tour de tout ce qui est publié et qui m'intéresse, plus qu'à attendre une éternité la prochaine parution. 

     

  • Sors sorcière !

    Circé.jpgCircé, Madeline Miller

    Une lecture très différente du Chant d'Achille, qui ne m'a pas semblé destinée au même public, même si l'idée de fond est la même : puiser dans la mythologie et moderniser l'approche de certains personnages mineurs, les mettre en valeur en insistant sur leur psychologie.

    Il y avait quelque chose de beaucoup plus mature dans celui-ci, Achille était tourné vers l'action et l'extérieur, celui-ci est un roman du domestique et de l'intérieur (mais pas de la passivité!) et par là, on n'en retire pas les mêmes plaisirs. Je me suis sentie dans le cœur de cible en tout cas, femme, mère, la quarantaine...

    Circé est un personnage assez torturé, figure de l'exclusion, de la solitude mais d'une pugnacité qui inspire le respect. Ses moments de bonheurs au fil des siècles sont rares, arrachés à un monde hostile où elle peine à trouver sa place, jusqu'à ce qu'enfin elle se révèle à elle-même, bannie sur une île où elle deviendra la sorcière que l'on connait, rencontrera Ulysse etc. Ce qui ne mettra pas fin à ses problèmes. Elle deviendra mère par la suite et on sentira à nouveau sa souffrance et pas seulement au moment d'enfanter.

    Le récit est très humain, très réaliste d'un point de vue psychologique, un beau portrait féminin, c'est incontestable.  C'était peut être un tout petit poil sombre, si je devais émettre une réserve.

     

  • Pour vivre heureux vivons ...?

    Trademark-baret.jpgTrilogie "Trademark", Jean Baret

    BonheurTM, VieTM et MortTM comme autant de marques déposées, tels sont les titres des 3 volumes de cette série, que j'ai beaucoup appréciée, pile dans ma veine favorite en SF, celle qui dépeint le futur à des fins politiques ou philosophiques. Nous pouvons les lire dans n'importe quel ordre, paraît-il, il s'agit en fait de différents points de vue sur la même société. Autant Bonheur et Vie se complètent à merveille, autant je n'ai pas bien saisi l'apport du dernier, Mort, je l'ai trouvé redondant.

    Dans Bonheur, les protagonistes vivent dans une société idéale, où tout est possible, où tous les souhaits peuvent être exaucés, devenir un démon en se faisant poser des prothèses, se shooter de toutes les drogues possibles, épouser un robot, où votre corps est à sculpter à volonté et où tout, ou presque, est autorisé, puisqu'après tout, n'importe quoi est une occasion de profit. La consommation tient lieu de dieu à cette société sans morale, sans jugement, où la liberté individuelle prime. A condition de consommer, ce qui une obligation légale. Les personnages portent le nom de la société qui "sponsorise" leur vie et sont littéralement noyés de publicités toutes la journée, sans y trouver à redire.

    Même chose pour Vie, qui nous projette de l'autre côté du monde, dans une deuxième organisation sociale, qui méprise les consommateurs de l'autre partie du monde et se fixe elle aussi pour but le bonheur de ses citoyens, en se fondant sur des principes complètement différents : cette fois, tous sont parfaitement égaux, ils vivent dans le même petit appartement carré dont il ne sortent jamais, leurs besoins vitaux satisfaits par un sorte de distributeur de tout/imprimante 3D, qui fournit, la nourriture, les médicaments et tous les objets de la vie courante, spartiate. Pour le reste, leur véritable vie, dès le matin, se passe dans un univers virtuel. Là, leur temps de vie sont précisément décomptés, tant de minutes à consacrer au travail (des tâches ineptes, faire tourner des cubes sur eux mêmes, aligner des cylindres, reconstituer des mots) tant de minutes pour la vie sociale, à faire danser leurs avatars, tant pour le sexe sous toutes les formes possibles.

    Le dernier volet se passe à moitié dans le dernier quartier, celui où le bonheur se définit par la foi, un vrai marché aux dieux et croyances, des plus communes aux plus excentriques, avec sa police de la foi.

    Tout cela s'accompagne, dans chaque livre, d'une sorte de trame à suspense, le petit grain dans l'engrenage.

    La qualité des récits, qui traitent de la façon de définir le bonheur, est indéniable, quand on aime ce genre, c'est intelligent, trash et brutal. Ils laissent une large part à l'interprétation, les conclusions ne sont pas livrées sur un plateau et c'est appréciable.

     

  • Ci-Gide l'harmonie de sa famille amen

    gide.jpgLa symphonie pastorale, André Gide

    Je fais ça, quand je n'en peux plus de lire des daubes, je retourne au siècle précédent, au cas où... mais.

    Revisitons ensemble voulez-vous l'histoire de l'enfant sauvage. C'est une fille, elle s'appelle Gertrude (voilà une chose par exemple à surtout bien laisser dans le siècle précédent, le prénom Gertrude). Ce qui est rigolo c'est que le faible passage ici m'évite de me demander si je risque d'en vexer une. Si par malheur les statistiques et le saint patron des blogs n'étaient pas avec moi, Gertrude, pardon et ne t'inquiète pas j'ai encore des glaces pour te consoler et de toute façon c'est la fin du monde. (cf article précédent).

    Gertrude est une enfant aveugle et complètement négligée, recueillie par un pasteur à la mort de (sa mère, je suppose, j'ai oublié). La femme du pasteur n'est pas chaude-chaude à cette idée. Elle avait peut-être lu la fin du livre, quand son coquinou de mari finit par en pincer pour la demoiselle ? Je ne spoile rien! ce n'est pas un récit à suspense bande de mécréants, mais un récit à portée euh... morale ? un peu philosophique ? A portée profonde, hochez doctement la tête on sent qu'il y a matière à réfléchir.  Si on a une épreuve du bac après.

    Enfin bref, le brave homme, qui est vraiment brave et pieu et noble, il ne sait pas qu'il va être un coquinou plus tard, personne ne sait ces choses là avant qu'elles arrivent, c'est humain, se lance dans la lourde entreprise de transformer cet être grossier, qui ignore même comment communiquer, en une jeune fille épanouie et cultivée, dont il va faire éclore l'âme telle une somptueuse tulipe qui se déploie dans la rosée du matin (je passe pour la quête après).

    Ce pasteur a un fils, qui cherche une fleur à mettre à sa boutonnière.

     

  • Dépression météorologique

    sideration.jpgSidérations, Richard Powers

    Attention ce récit est une cause probable de suicide collectif. A moins que ce ne soit une conséquence ? Rhaa je m'emmêle dans ces liens logiques, la poule, l'oeuf, l'humain, la destruction de la planète... Ce n'est pas de la sidération que j'ai ressentie mais une profonde envie de conclure que vivre ne sert à rien et qu'on est foutu comme espèce, autant appuyer tout de suite sur le bouton rouge et puis j'ai pris mon portable mais j'avais paumé le numéro de Poutine donc je suis descendue manger une glace chocolat spéculoos et après heureusement ça allait mieux. Mais je regarde tout de même mon climatiseur d'un sale œil et je subis stoïquement les 32 degrés l'aprem dans mon bureau mais vraiment, faut arrêter d'essayer de me démonter le moral avec des bouquins parce que je suis tout à fait capable de me débrouiller sans accessoire, vu la dose létale de laideur morale à laquelle j'ai été soumise.

    J'ai réussi à me dégoter le livre de chevet de la petite suédoise, là, Greta, celle qui ne va plus à l'école parce que la planète sera un oeuf dur avant qu'elle ait son doctorat d'écologie.

    Le papa est un grand scientifique mais il est veuf et mort de chagrin, comme son fils, même pas dix ans, qui ne s'adapte pas à l'école et pique des crises parce qu'il est révolté que les sociétés continuent comme si de rien n'était de foncer droit dans le mur et que lui ne peut pas faire semblant. Double dose de désespoir pour le père.

    Puis l'enfant sert de cobaye, en communion avec l'âme de sa mère, mais tout cela n'a pas une grande importance, vous voyez, puisque à quoi bon lire un livre quand nous sommes tous condamnés à vivre sous peu une apocalypse-guerre-civile-famine-cuisson-UHT.

    (Il me reste 3 glaces.)