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  • Pour vivre heureux vivons ...?

    Trademark-baret.jpgTrilogie "Trademark", Jean Baret

    BonheurTM, VieTM et MortTM comme autant de marques déposées, tels sont les titres des 3 volumes de cette série, que j'ai beaucoup appréciée, pile dans ma veine favorite en SF, celle qui dépeint le futur à des fins politiques ou philosophiques. Nous pouvons les lire dans n'importe quel ordre, paraît-il, il s'agit en fait de différents points de vue sur la même société. Autant Bonheur et Vie se complètent à merveille, autant je n'ai pas bien saisi l'apport du dernier, Mort, je l'ai trouvé redondant.

    Dans Bonheur, les protagonistes vivent dans une société idéale, où tout est possible, où tous les souhaits peuvent être exaucés, devenir un démon en se faisant poser des prothèses, se shooter de toutes les drogues possibles, épouser un robot, où votre corps est à sculpter à volonté et où tout, ou presque, est autorisé, puisqu'après tout, n'importe quoi est une occasion de profit. La consommation tient lieu de dieu à cette société sans morale, sans jugement, où la liberté individuelle prime. A condition de consommer, ce qui une obligation légale. Les personnages portent le nom de la société qui "sponsorise" leur vie et sont littéralement noyés de publicités toutes la journée, sans y trouver à redire.

    Même chose pour Vie, qui nous projette de l'autre côté du monde, dans une deuxième organisation sociale, qui méprise les consommateurs de l'autre partie du monde et se fixe elle aussi pour but le bonheur de ses citoyens, en se fondant sur des principes complètement différents : cette fois, tous sont parfaitement égaux, ils vivent dans le même petit appartement carré dont il ne sortent jamais, leurs besoins vitaux satisfaits par un sorte de distributeur de tout/imprimante 3D, qui fournit, la nourriture, les médicaments et tous les objets de la vie courante, spartiate. Pour le reste, leur véritable vie, dès le matin, se passe dans un univers virtuel. Là, leur temps de vie sont précisément décomptés, tant de minutes à consacrer au travail (des tâches ineptes, faire tourner des cubes sur eux mêmes, aligner des cylindres, reconstituer des mots) tant de minutes pour la vie sociale, à faire danser leurs avatars, tant pour le sexe sous toutes les formes possibles.

    Le dernier volet se passe à moitié dans le dernier quartier, celui où le bonheur se définit par la foi, un vrai marché aux dieux et croyances, des plus communes aux plus excentriques, avec sa police de la foi.

    Tout cela s'accompagne, dans chaque livre, d'une sorte de trame à suspense, le petit grain dans l'engrenage.

    La qualité des récits, qui traitent de la façon de définir le bonheur, est indéniable, quand on aime ce genre, c'est intelligent, trash et brutal. Ils laissent une large part à l'interprétation, les conclusions ne sont pas livrées sur un plateau et c'est appréciable.