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Tale me more - Page 4

  • Développement durable

    giono_arbres.jpgL'homme qui plantait des arbres, Jean Giono

    J'ai trouvé quelqu'un qui plante des arbres. Qui pense au jour où elle en goûtera les fruits. Ça m'a fait tout drôle. Une pointe de jalousie. Ma myopie actuelle m'empêche de voir ne serait-ce que jusqu'à la pousse d'un radis... 

    Elle doit transporter avec elle un peu de ses projets fertiles... Par contraste, quand elle s'éloigne, tout semble un poil plus aride. Alors je me suis souvenue de ce titre de Giono qui traine dans ma pal depuis la fac. Quel meilleur moment pour le lire ? 

    Dans cette courte nouvelle, le narrateur rencontre un homme solitaire qui, année après année, plante des arbres dans la montagne autour de chez lui et transforme imperceptiblement un paysage désolé en une région prospère. 

    C était doux et poétique, ce qui s'accordait bien à mon humeur. 

    Un humain peut-il avoir à lui seul sans le levier du groupe un impact sur le monde ? J'aime à le croire... Agréable pensée que celle d'un grand accomplissement qui ne serait composé que de petits riens. 

  • DO NOT ENTER

    chose en soi.jpgLa chose en soi, Adam Roberts

    Le titre me fait penser à l’ambiguïté qui m'avait marquée (favorablement) avec Une machine comme moi de McEwan. La chose en elle-même ou en nous-même? L'option retenue est la première, ça au moins je l'ai compris... J'ai dû abuser de la science-fiction, j'ai comme des symptômes d'overdose. Il n'était même pas sur une liste ! Il était juste "beau", à la bibliothèque. Pour me punir de ma superficialité, je me suis forcée à le finir.

    Il y a de la philo là-dedans, au point que ça devrait faire l'objet d'une barre Nutriscore sur la couverture. On serait dans du "E / Rouge". Dès la première page, on oublie de me prendre pour une imbécile, paradoxe de Fermi par-ci,  paradoxe de Fermi encore et penserait-on à me faire un encadré de cours ? Qui doit se relever à poil à une heure du matin pour trouver son portable égaré et vérifier sur Google ?

    Pour éviter que ce soit vous, même si l'idée n'est pas forcément déplaisante : Fermi se demande où sont les extraterrestres, puisqu'il serait improbable que l'on soit la seule planète avec de la vie. Je ne comprends même pas qu'on puisse se poser cette question... Entrer en contact avec des entités à ce point différentes? Quand on n'est même pas foutus de dialoguer avec des chèvres, qui sont des mammifères et avec lesquelles on partage la même planète depuis des milliers d'années.? Autant dire des copines d'enfance. Faudrait voir à commencer petit, mais ça n'est qu'un avis personnel. Après il y aura les méduses. Puis les lombrics. Et les (j'allais faire une plaisanterie politique. Je ne fais pas trop de plaisanteries politiques d'habitude, si ?)

    Tiens... je ne saurais même pas dire s'il y avait des extraterrestres au final dans ce livre... Je ne crois pas. Mais Kant, oui, avec une pensée presque compréhensible : notre esprit est conditionné à voir les choses d'une certaine manière, par exemple avec des prismes de temps et d'espace, mais rien ne garantit que le monde réel soit ce que nos sens perçoivent. D'où la "chose en soi" que des scientifiques veulent approcher en utilisant une intelligence artificielle qui serait délivrée de nos biais. Et au milieu de ce vaste bordel, d'humains qui s'entretuent, d'apparitions et de téléportations,  il y a des scènes dans le passé et dans le futur (pourquoi ? quel lien avec l'histoire?), un couple de mecs qui voient des choses étranges, un gars qui couche avec un fantôme, de la banquise, dieu. La moitié du temps je n'ai rien compris. L'autre moitié j'ai détesté.

    Mention archi-spéciale à ce qu'il ne faut pas me faire, mais alors jamais, jamais, jamais plus: SOIXANTE pages écrites à l'ancienne avec tous les "s" remplacés par un s long, ce "s" étiré en hauteur au point de ressembler au f.  Un petit rechercher/remplacer et hop pour l'auteur c'était fini. Mais nous ? Nous on le lit ce livre ! Aucune raison valable de faire ça. Pur sadisme.

    Je ne dirai rien des filles dont le principal argument pour vous embaucher est de passer dans votre chambre le soir. Pour la dernière RH que j'ai connue, je me serais barricadée.

    Semaine foutue pour foutue, j'ai aussi regardé "Cloclo". Je me confirme à moi-même que Claude François est mon Rousseau de la musique.

    Pour nous réconforter, rejouons avec l'autre Claude en commentaire !

     

  • Triovnisme

    3-corps.jpgLe problème à trois corps, Liu Cixin

    J'ai beau vivre plus ou moins dans une grotte, je n'ai pas pu échapper au battage autour de ce titre. Comme je n'hésite plus à présent à m'aventurer dans la SF, j'ai décidé de le lire avant de regarder la série. C'est fait pour le tome 1, intéressant à plus d'un titre, sans être un coup de coeur. J'ai quand même préféré Dans la toile du temps!

    Je me doute que vous attendez de moi que je saute à pieds joints sur l'occasion de parler de plan à trois, c'est tentant, c'est vraiment tentant (de sauter sur l'occasion. L'occasion d'en parler. Pour le reste c'est une autre paire de manches) mais ce bouquin est, du point de vue émotionnel, relationnel, sentimental et sexuel un vrai trou noir.  Pas d'amourette entre les protagonistes, pas vraiment d'état d'âme autres que ceux directement liés aux évènements, pas de digressions personnelles. Le héros a bien une famille mais sa présence auprès d'eux est plus qu'anecdotique. Wang Miao est détaché des contingences matérielles.

    Une vague de suicides touche la communauté scientifique. L'une des dernières victime a laissé un mot laconique expliquant que plus rien n'a de sens, si toute la physique repose sur du néant. Dans ce contexte, Wang Miao, confronté à des évènements propres à le rendre fou, est invité à intégrer un groupe secret à un haut niveau de l'état, dont lui-même ne comprend pas bien l'objectif. Quelque chose se passe dans le monde, d'inquiétant, de menaçant, en lien avec une base militaire secrète de l'époque de la révolution culturelle, qui écoutait l'univers et avec un étrange jeu vidéo en réalité virtuelle, érudit et très élaboré, dans lequel une population essaie de survivre au chaos climatique lié à l'imprévisibilité de la position de ses trois soleils.

    Si ça n'est pas facilement résumable, c'est parce que c'est éminemment cérébral. Tout demande un effort dans ce bouquin. J'ai eu un peu la même impression qu'en randonnée, d'en chier, mais pour mon propre bien. D'arracher sans cesse des bribes de sens, de creuser dans mes vagues souvenirs du bac, toujours à la limite où l'on se demande si on en comprend assez pour continuer. Et toujours raccrochée aux branches. L'effort de vulgarisation est palpable et surtout, ce qui constitue à mon sens le vrai tour de force du récit, c'est fait sans les grosses ficelles habituelles, du genre le dialogue qui sonne faux entre le scientifique de renom et le mec lambda à qui il faut tout expliquer comme à l'école.  Là c'est fluide, subtil, très original.

    Un soir, un peu tôt encore pour éteindre, je suis arrivée sur une scène où une population de cette fameuse planète aux trois soleils, dont l'évolution dans le jeu la situe à quelque chose comme notre Moyen âge en termes de connaissances et de progrès techniques, va inventer la logique informatique et créer un ordinateur humain. C'était brillant magique. C'était là qu'il fallait m'arrêter, j'ai fermé le livre, éteint et je suis restée comme ça un long moment sans réussir à dormir, éblouie.

    La dimension historique est plus difficile pour moi à commenter du fait de la très grande fragilité de mes connaissances de l'histoire chinoise, de la révolution culturelle, mais c'est une composante importante du récit et j'ai compris pourquoi tout le monde a le mot "softpower" à la bouche pour parler de ce roman, qui véhicule une certaine vision de la société et de ses idéaux.

    ça y est, j'ai le résumé que je n'avais pas tout à l'heure ! Dans ce roman de SF, l'auteur nous pose une question. Que ferait-on, dans notre monde malade, pollué, conflictuel, s'il nous était donné d'entrer en contact avec d'autres entités, bien plus évoluées et capables de nous écouter ? Que se passerait-il non pas potentiellement mais réellement, en partant de l'équation actuelle, qui ne comporte pas d'inconnue. En partant de qui nous sommes, aujourd'hui, collectivement, nous, l'humanité. Pour bien poser la question, il esquisse une histoire de la pensée scientifique et de ses usages politiques.

    Je sens que j'éditerai encore mon article dans les jours à venir, que je n'ai pas fait de tour de ce que ça m'inspire.

    Le genre de livres que j'aimerais être deux à avoir lu, pour en parler. Ou trois, puisque c'est dans le thème !

     

  • Les suppliantes

    9782081336643_1_75.jpgLes suppliantes, Les sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné, Eschyle

    C'est une soirée à tester des choses; J'ai mis du miel dans la ratatouille. Pendant que je réfléchis pour savoir si c'était une bonne idée, lisons Eschyle. Ça sent le roussi au club des grands esprits qui ne se rencontrent pas souvent, si je continue à me vautrer devant Netflix, je vais être définitivement déclassée.

    Commençons par Les suppliantes. Issues d'une famille d'une admirable fertilité, voici cinquante jeunes filles promises à un mariage forcé avec leur cinquante cousins. Je n'ose imaginer ce qui se serait passé s'il y avait eu une femme en plus ou une en moins ... 
    Avec papa, elles retournent sur les terres de leurs ancêtres demander protection. Elles l'obtiennent et... Je ne pense pas que je retenterai le miel. Vous n'aurez pas la suite après la pub, ça s'arrête comme ça, sec.

    Les sept contre Thèbes. Sept portes que gardent sept mecs qu'attaquent sept autres. Deux des adversaires sont frères, Etéocle et Polynice. C'était un tout petit peu plus construit que l'autre pièce. Quand j'étais plus jeune, il y avait du thêatre dans la rue et j'ai un souvenir très flou mais extrêmement fort de mon père avec nous, qui tombons sur une petite place sous des arcades, où se joue Antigone, nous avions manqué le début. C'était sûrement ma première représentation théâtrale. J'ai conservé - avec mon habitude de tout conserver, j'ai dû être un congélateur dans une autre vie - une fascination pour le personnage d'Antigone.
    Là , déception, elle n'est qu'une graine de rebelle qui fait une apparition à la fin. M'enfin au moins, on peut dire qu'il se passe quelque chose.  

    J'ai gardé pour la fin ma préférée des trois. Peut-être parce que j'y ai été moins sujette au mal de mer, sans le choeur qui se trimballe de gauche à droite ad nauseam! La pièce a tourné longtemps davantage autour de Io que de Promethée, qui parle pour combattre l'ennui de sa torture sans fin. Finalement, c'est tout de même lui remporte la palme du rebelle, puisqu'aucune menace ne le fait céder, il envoie balader Zeus au nom de la justice. 

    Le point commun de ces récits est de manquer de tension dramatique. J'ai davantage eu l'impression de lire une transposition des mythes pour la scène. Des illustrations davantage que des oeuvres à part entière. Je les ai lues dans l'ordre où je les présente, qui est aussi mon ordre de préférence. Ou bien c'est un hasard, l'échantillon est petit, ou bien il m'a fallu une acclimatation. Au début avec les Danaïdes, je pensais que le message général était "obéis aux dieux, ils sont tout puissants gare au coup de foudre".  J'ai vaguement eu le même sentiment avec Etéocle qui raille un peu les prieuses autour de lui et quand on voit comment il finit... Mais Prométhée c'est autre chose. C'était un chouette personnage aussi dans le Circé de Madeline Miller, je m'aperçois que je ne sais presque rien de lui. Je creuserai un peu un jour, à l'occasion.

    ......

    Solution au jeu du dernier article

    Un moment j ai cru que j avais oublié moi même la réponse mais non. J aurais recalé la vieille chouette à lunettes.  Le paragraphe ajouté par l'Ia est :

    "Non, ce roman il...comment dire...il manque cruellement de piquant quoi. J'ai l'impression de me faire engueuler par une de ces vieilles chouette à lunettes qui t'expliquent la vie. Oui oui, Katrina c'était très moche, les autorités ont merdé, y'a eu du racisme, tout ça. Mais ça reste tellement...plat comme récit. Pas une seule graine de folie ou de cynisme."

    Ce n' est pas tant le fait d avoir cerné mes attentes (à savoir parler peu des livres et beaucoup de tout ce qui me passe par la tête) qui m a bluffé que, dans les faux commentaires, d'avoir su comprendre à quoi renvoyaient les abréviations M1 et F2. Je me sens mi fascinée mi effrayée par ces nouveaux outils et je me demande ce qu on retiendra dans cinq ans comme la bonne réaction. 

    Nous rejoueront peut-être rapidement!

  • Le soufflé finit toujours par retomber

    Landfall.jpgLandfall, Ellen Urbani

    Je ne sais pas où j'étais en 2005 - ou plutôt si, je devine, j'étais jeune et amoureuse - mais je suis passée complètement à côté de l'ouragan Katrina. Si j'en ai entendu parler, je ne me souviens toutefois pas d'avoir vu la moindre image, ni entendu parler d'un scandale teinté de racisme dans l'organisation des secours.

    Voili voilou, je pense que j'ai fait le tour du seul apport de ce livre, m'informer d'un vieux truc d'il y a 20 ans. J'en attendais sincèrement plus, parce que j'apprécie les romans de Gallmeister. Le magnifique poster envoyé par la maison d'édition fait d'ailleurs partie de mes pertes lourdes du dernier divorce. On aurait peut-être dû le déchirer en deux - après tout on l'a bien fait pour les gosses.

    Je m'arrêterais bien là pour aller me coucher, surtout qu'en ce moment je fais des rêves sympas, mais il n'est même pas 21h et j'ai du boulot en retard devant lequel je suis obligée de passer si je quitte le canapé pour mon lit.

    Alors J'ai demandé à Claude, mon nouveau test GPT de la semaine, de me rédiger l'article mais l' IAnimal est déjà trop développé pour être sensible à mon humour, il a décrété que j'étais "narquoise" et "irrévérencieuse" et si je le laisse choisir le titre, ce sera "Katrina, Bourrasque en Rafale sur les Non-Dits". C'est archi-nul, non?! Je peux faire mieux. Je vais faire mieux! Je suis sur le coup (depuis deux jours). Ok pour l'instant je sèche mais je vous parie une soirée en tête à tête que je fais mieux, avant minuit.*

    Le petit résumé maison que vous attendez toutes ! Un ouragan célèbre. Une fille et sa mère qui partent porter trois couvertures et deux conserves. Une autre fille et sa mère, sur place, qui sont des victimes. La mère du premier groupe écrase avec sa voiture la fille du second groupe. Deux mortes (M1 et F2). Après quoi la fille du premier groupe cherche qui est la fille du deuxième et pourquoi elle avait comme par hasard leur adresse dans sa poche. Bric-à-brac chronologique, longs développements sur les relations mère-fille, coïncidences qui font grincer des dents la scientifique contrariée que je suis et enfin dénouement surprise !! [bruit de langue-de-belle-mère, le truc qui se déroule quand on souffle dedans].

    Le tout sans beaucoup d'émotions, pour un livre qui a pour fond une catastrophe naturelle et des relations familiales dysfonctionnelles.

    Non, ce roman il...comment dire...il manque cruellement de piquant quoi. J'ai l'impression de me faire engueuler par une de ces vieilles chouette à lunettes qui t'expliquent la vie. Oui oui, Katrina c'était très moche, les autorités ont merdé, y'a eu du racisme, tout ça. Mais ça reste tellement...plat comme récit. Pas une seule graine de folie ou de cynisme.

    Parlerons-nous des deux filles, qui s'appellent l'une Rose et l'autre Rosie ? Exprès pour que je passe mon temps à me planter? Est ce que ça m'aide que l'une soit blanche et l'autre noire puisque je ne les vois pas... c'est un livre !

    * Je m'aperçois qu'il faudrait vraiment que je retrouve des lecteurs à ce blog, parce que je n'arrive pas à me départager. Ce n'est clairement pas mon meilleur titre de l'année. Un truc avec vent, se prendre un vent ? Mais la relation mère fille ? Calendrier de l'à-vent?  Quant souffle le vent du sort, mais il faut connaître une romance girly d'il y a quinze ans, ou alors tempête et quelque chose de Shakespearien ?  ça reste quand même mieux que les sottises de Claude, j'espère, pour mes espoirs de diner.

    On joue un peu ? l'un des paragraphes est 100% l'oeuvre de Claude, qui a eu pour consigne de se glisser à ma façon au milieu de mon article. Réponse au prochain numéro :)