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Tale me more - Page 24

  • Citrouille mécanique

    meyer, cinder, cendrillon, conteCinder, Marissa Meyer

    Quand je pense que pour m'en vendre la lecture, il a paru nécessaire de me mentir éhontément en me jurant que c'était le premier tome d'une série mais qu'on pouvait les lire indépendamment ... Indépendamment, mon œil !!

    Je l'aurais lu, puisqu'on me le conseillait. Je vais même lire les suites sans broncher puisque j'ai vraiment aimé cette réécriture de Cendrillon, en mode futuriste. Cendrillon n'est pas mon héroïne Disney préférée (tout le monde sait que c'est Belle - pas la chienne qui traîne avec Clochard ! - non, la fille qui aime les livres et qui finit par dépasser les apparences et tomber amoureuse de la Bête. J'adore la bête. Déjà petite je me demandais pourquoi il fallait qu'à la fin il redevienne un prince. ça gâche tout. Si c'est une bête qu'on aime, c'est une bête, faut pas tricher après et rentrer dans le rang.)

    Cette héroïne-ci surpasse l'original. Elle ne pépie pas avec les oiseaux en passant le balai. C'est une femme cyborg, dans une société qui ne les voit pas d'un bon oeil et n'en fait pas des citoyens à part entière. Cinder est mécanicienne. Elle a oublié des pans de son passé. Elle appartient à sa belle-mère, comme un objet.

    Les liens avec le conte sont lâches, c'est davantage un fil conducteur. Il y a bien des soeurs, et une belle-mère, mais elle est moins méchante que l'originale, plus nuancée. Il y a bien une histoire de pied - celui, artificiel, de Cinder - et une histoire de bal - que doit donner le prince héritier.  Lequel, bien sûr, a débarqué un jour dans l'échoppe de l'héroïne.

    Mais il y a surtout une épidémie mortelle, des complots, une terrible reine de la Lune aux pouvoirs psychiques...

    Récit vif, léger, qu'on croque en trois bouchées. Je me demande ce que me réserve la suite...

     

  • Après le futur

    fille automate, bacigalupi, roman futuristeLa fille automate, Paolo Bacigalupi

    Dommage que la déception l'emporte car j'ai apprécié la qualité de l'écriture et du récit. Toute la première moitié est très bien faite, exigeant un effort des lecteurs et lectrices pour se situer dans le temps et dans l'espace et s'accoutumer à l'univers et à quelques termes étrangers, jamais traduits mais compréhensibles en contexte. J'ai davantage eu l'impression de dépaysement parce que l'intrigue se déroule à Bangkok que parce qu'elle se situe dans l'avenir. 

    La raison en est simple : ce futur là ne demande pas une grande capacité d'imagination. Il nous pend méchamment au nez. La main mise de grandes firmes occidentales sur le génome des semences, la pollution, les bricolages génétiques dont l'humain a perdu le contrôle, la montée des eaux qui a redessiné les paysages ainsi que les mortelles épidémies qui accompagnent souvent ces catastrophes ne sont qu'à peine de la science-fiction. 

    Voici donc le décor, une ville qui a survécu grâce à la prévoyance de son gouvernement, grâce aux pompes qui protègent la ville de la submersion, grâce à sa banque de semence qui permet encore de nourrir la population. J'ai aimé qu'on ne m'explique pas grand chose, que je doive extraire moi-même une certaine compréhension - encore à présent imparfaite - de la situation à partir de détails. L'énergie est une denrée rare, bien sûr, plus d'électricité. Les immeubles sont encore là. L'ascenseur aussi, mais pour le faire monter, de la main d'oeuvre bon marché doit grimper à pied les étages et monter dans une cage qui fait contrepoids.

    Les personnages que l'on suit ne sont ni bons, ni méchants. Ils sont là, chacun avance dans cette vie difficile, porté par tantôt par ses idéaux, tantôt par ses intérêts. Le récit est assez politique. Le plus étonnant, c'est ce personnage de femme artificielle, prisonnière d'un bordel, objet technologique complètement décalé, inadaptée à cette période de disette énergétique. Le futur déjà obsolète. Personnage qui donne son nom au roman, qui est presque seule citée dans le résumé et n'est pourtant qu'une étincelle. Ni celle à laquelle on s'attache le plus, ni celle qu'on suivra le plus. Comme une touche de romanesque apporté à un documentaire géo-politique pour en diluer le sérieux.

    Tout est étrange, dans ce livre, y compris mon sentiment final, de mélancolie qui ne trouve ni assez pour se nourrir de pessimisme, ni assez pour secouer les esprits et donner de l'espoir. Ai-je trouvé cela trop triste ? Trop indécis ? En tout cas, j'en sors déçue (ou frustrée? C'est la même chose?). Quelque chose ne s'est pas passé, dans la seconde moitié, je ne saurai pas dire quoi. Pourtant, c'était un beau roman.

    Un roman pour penser notre monde. 

     

  • Souffre au coeur

    reparer-vivants-kerangal-couverture.jpgRéparer les vivants, Maylis de Kerangal

    J'ai une carte de donneuse dans mon portefeuille depuis une intervention de sensibilisation au lycée. C'est fou ce que ça marque, ces séances-là, dans les deux sens d'ailleurs. Depuis, je suis toute acquise au don d'organes, c'est un sujet que je n'interroge jamais. Mais j'étais aussi toute acquise à l'énergie nucléaire : visite de la centrale de Chinon à l'école primaire. Le public scolaire est très sensible au lobbying. Je me souviens aussi de la session "protégez vos oreilles". En revanche les interventions sexualité... jamais trop eu l'impression d'être concernée... allez comprendre pourquoi...

    Simon meurt, l'histoire commence. Simon était un tout jeune homme, sportif et amoureux. Il est à présent maintenu en vie, cerveau éteint, le temps pour ses parents effondrés d'envisager un éventuel don d'organes. A la violence de la mort, qui survient sans être attendue, succède la violence de devoir décider dans l'urgence.

    La qualité de ce roman tient surtout à sa forme originale, bribes de vies éparses, ramifications de ce corps en partance, et à son rythme très lent, comme on filmerait la chute d'une goutte d'encre dans un verre d'eau, sa propagation en apparence aléatoire mais qui répond à des phénomènes scientifiques précis même s'ils nous sont invisibles.

    Le moment est ralenti, étiré à l'extrême pour faire entrer dans ces quelques heures tous les protagonistes. C'est esthétique, sensible. Il y manquait un petit quelque chose pour être un coup de coeur, mais pas grand chose.

    Un livre des coulisses.

     

  • Croix de bois, croix d'enfer

    Le-serment-des-limbes.jpgLe serment des limbes, Jean-Christophe Grangé

    Pssst, Sonja ! Par ici ! Je crois que je le tiens, le type qui fait fondre ta banquise ! Et qui passe tout en notes de frais en plus, le salaud...

    Signalement du suspect : jeune flic célibataire, a fait le séminaire avant d'aller lutter contre le Mal sur le terrain. Ami d'un autre mec avec un prénom d'apôtre, lui aussi fervent croyant mais dont l'empreinte carbone est nettement plus acceptable puisqu'il reste sur son lit, dans le coma. Il s'est jeté dans une rivière, une pierre autour cou. Comme Mathieu ne trouve pas cette technique de natation très catholique, il est décidé à prouver que ce n'est pas un suicide et obtient plus ou moins de ses supérieurs d'aller reprendre l'enquête de Luc.

    C'est un roman très Da Vinci Code. Ésotérisme, possessions, complots, ingérences au plus haut niveau, brigades secrètes du Vatican, séjour dans des lieux fermés au grand public et surtout... frais de déplacements ! Trajets façon gribouillis d'enfant, un coup ici, un coup là, à gauche, à droite et retour. Et à l'international, s'il vous plaît. Avec la palme pour les quelques petites heures de voiture - proches du dénouement - après lesquelles le gars arrive sur place, s'aperçoit en deux paragraphes qu'il n'est pas au bon endroit et repart ailleurs. Pourquoi ??

    J'en ai fini avec les critiques car pour le reste, dans ce genre assez identifiable, c'est bien fichu. Le thème du satanisme n'est pas qu'une recette facile pour appâter le lecteur ou la lectrice, il est creusé, documenté. La psychologie de ces personnages animés par la foi tient la route.

    J'ai un peu renâclé à m'y mettre, parce qu'en ce moment, Dieu, ça me casse les pieds. Mais c'était une vraie lecture de vacances, divertissante, un thriller bien fichu dont je n'avais pas démêlé tous les fils.

    Je reconnais que ça n'aurait peut-être pas eu la même gueule s'il n'avait enquêté qu'à Limoges en trottinette.

  • De marbre

    si vous ne savez pas quoi offrir aux instits de vos gamins, roman historique, pietra viva, recondoPietra Viva, Léonor de Recondo

    Il y a des tas de façons de recevoir des conseils de lecture... Preuve que je suis bonne pâte comme fille, je ne me suis pas formalisée de celle-ci : un bout de papier jeté sur mes genoux alors que j'étais tranquillement penchée sur ma liseuse. Jeté par la dame de la chaise voisine. Pas le modèle le plus cordial de l'assemblée, aussi me suis-je dis que ça devait être son maximum en terme d'approche sociale. N'ayant guère de leçons à donner en la matière, j'ai déplié le papier, lu les deux titres, ai indiqué que je connaissais déjà le roman de Giebel (je crois que c'était Meurtres pour rédemption) mais pas l'autre et que je tâcherais de réparer ça rapidement.

    C'était le soir qui précédait le bouclage de la valise, l'ouvrage conseillé a donc eu le temps de rejoindre la pile. J'ai voulu la semaine dernière lui faire un retour. J'ai bégayé pour emballer ça un peu mieux que "c'était nul". Ne m'en suis pas vraiment sortie. J'aurais dû attendre d'avoir écrit l'article et d'avoir mis mes idées un peu au clair. Elle m'en a conseillé un autre, je ferai mieux pour elle la prochaine fois. 

    Pour vous ce n'est pas encore trop tard, même si je suis toujours emmerdée avec ces livres dont le principal tort est de me faire me cogner la tête dans mon plafond social. 

    Histoire : L'Histoire. Tout court + celle des arts. Un minuscule extrait de la biographie (romancée ? documentée ? aucune idée!) de Michel-Ange. Le gars est connu pour sa Pièta et pour son David, il apprend la mort d'un très beau jeune homme (un moine) et quitte Rome pour aller sélectionner à Carrare les blocs de pierre pour le tombeau du pape. Et là il parle à un enfant alors qu'il n'aime pas les enfants.

    C'est très court comme livre. C'est assez introspectif (si ça ce dit), intellectualisé. Je ne crache pas sur le côté historique, mais qui n'est pas hyper instructif. Ni sur les quelques considérations sur la sculpture. J'ai juste trouvé l'ensemble assez creux. L'émotion avec l'enfant, tout ça... surjoué.

    C'est mon impression globale : comme on parle d'art, on se sent obligé de jeter des pétales de mots en l'air et de jouer de la lyre pour les lecteurs. Je préfère la tartiflette, surtout quand je suis en Savoie.