Réparer les vivants, Maylis de Kerangal
J'ai une carte de donneuse dans mon portefeuille depuis une intervention de sensibilisation au lycée. C'est fou ce que ça marque, ces séances-là, dans les deux sens d'ailleurs. Depuis, je suis toute acquise au don d'organes, c'est un sujet que je n'interroge jamais. Mais j'étais aussi toute acquise à l'énergie nucléaire : visite de la centrale de Chinon à l'école primaire. Le public scolaire est très sensible au lobbying. Je me souviens aussi de la session "protégez vos oreilles". En revanche les interventions sexualité... jamais trop eu l'impression d'être concernée... allez comprendre pourquoi...
Simon meurt, l'histoire commence. Simon était un tout jeune homme, sportif et amoureux. Il est à présent maintenu en vie, cerveau éteint, le temps pour ses parents effondrés d'envisager un éventuel don d'organes. A la violence de la mort, qui survient sans être attendue, succède la violence de devoir décider dans l'urgence.
La qualité de ce roman tient surtout à sa forme originale, bribes de vies éparses, ramifications de ce corps en partance, et à son rythme très lent, comme on filmerait la chute d'une goutte d'encre dans un verre d'eau, sa propagation en apparence aléatoire mais qui répond à des phénomènes scientifiques précis même s'ils nous sont invisibles.
Le moment est ralenti, étiré à l'extrême pour faire entrer dans ces quelques heures tous les protagonistes. C'est esthétique, sensible. Il y manquait un petit quelque chose pour être un coup de coeur, mais pas grand chose.
Un livre des coulisses.