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Tale me more - Page 25

  • Trone de fer (T7)

    TdF_T07_Pygm.pngL'épée de feu, Georges R.R. Martin (Trône de fer T7)

    Je n'en parle pas chaque fois, parce qu'un milieu de série c'est délicat, ça fait son petit bonhomme de chemin tranquillement, il ne faut spoiler personne en évoquant d'un peu trop près un personnage ou un évènement. Mais je tiens à souligner que je suis scrupuleusement mon tirage au sort depuis des mois. J'ai donc emporté mon trône de fer au bord du lac, deuxième lecture des vacances.

    Toujours un plaisir! D'après livraddict, j'ai lu peu de longues séries, en dehors des bandes-dessinées et des classiques que le site classe en saga. Pourtant j'aime bien ce format qui laisse du temps pour broder, pour s'attacher et pour nuancer les personnalités. Plus je lis le trône de fer, moins je suis pressée de regarder la série. Je sens qu'elle n'aura pas le même charme.

    Dans l'épée de feu, rien de décisif,  il y a tellement de persos à suivre qu'ils n'ont qu'un ou deux chapitres chacun. Mais  mon coup de cœur pour une héroïne en particulier se confirme. J'avais même deviné le dénouement d'une scène, tellement tout autre rebondissement aurait été indigne d'elle. J'espère que l'auteur me la gardera encore un peu en vie. Quand je pense que j'ai encore huit livres de retard...

     

     

  • Horror Boréale

    me laisse froide,vision d'auroreBoréal, Sonja Delzongle

    Je venais juste de recevoir le livre quand j'ai croisé son autrice* en dédicace aux Quais du polar. 

    Je pensais Sonja Delzongle d'une nationalité scandinave, comme pas mal de reines du polar contemporaines. Alors qu'elle est née à Troyes et vit à Lyon. Sacré regard la dame, presque de ceux qui auraient pu me faire trouver tout un tas d'attraits à ce roman... mais la mayo n'a pas pris. Je suis bien embêtée. Un peu comme après ma lecture de Dust, toutefois les causes ne sont pas les mêmes.

     Elle a un talent indiscutable pour donner à ses romans de la couleur locale. Après l'étouffante chaleur africaine de Dust, douche écossaise : le sable remplacé par la glace à perte de vue, des températures inhumaines qui font tomber les orteils comme des fruits trop mûrs. Et une palanquée d'ours pour parfaire le décor et sonner l'heure de l'apéro. (Plutôt celui des ours.)

    On s'y croirait. J'ai passé mes vacances à me geler les fesses avec l'équipe de chercheurs et de chercheuses isolé·es dans une station du Groenland. Un huis clos dont la porte est ouverte sur un désert inhospitalier où vont se rejouer un peu les Dix Petits Nègres.

    Il est magnifique ce décor. Un vrai bijou de réalisme. Alors bordel pourquoi cette intrigue secondaire avec la nana et sa fille tuée à moto?! Drôle de thriller, qui se fait parfois plutôt pamphlet écolo. Si vous ne comprenez pas avec ça que la Banquise va nous péter à la gueule, c'est que vous travaillez chez Total.

    Je sors de là avec l'impression d'une intrigue fade (alors que j'ai eu du sexe bestial, des meurtres sanglants, une quête du coupable en bonne et dûe forme, un chien et des couples lesbiens avec enfants en arrière plan, qu'est-ce que je voulais de plus ?)

    Le tout magnifiquement emballé dans un décor à couper le souffle. Manque l'étincelle.

     

     

     

    * Note ! Note mes efforts. P'tit écart en souvenir d'un déjeuner en Suisse ;) Mais "auteure" n'a pas dit son dernier mot.

  • Vivre avec des remorts

    une autre idée du barbecue,plus de livres que dans la belle et la bête,humour à ma portée,scènes horribles bon dieu je vais passer pour une sadiqueLa bibliothèque de Mount Char, Scott Hawkins

    On pourrait croire à une de ces maisons d'étudiants qui appartiennent à une fraternité. On y trouve une douzaine de jeunes gens qui ne sentent pas tous la rose, couchent parfois les uns avec les autres, partagent un certain nombre d'expériences inoubliables et le reste du temps étudient. Sauf que cette maison-ci est un lieu hors des lieux, dans un temps hors du temps. Que ceux qui puent changent probablement de chaussettes et de caleçon mais ne sont pas tous vivants - du moins pas tous les jours - et que leurs domaines d'étude sortent un peu de l'ordinaire.

    Bienvenue dans la bibliothèque de Mount Char, où Père a recueilli des orphelins qu'il forme d'une poigne de fer (c'est un euphémisme), chacun et chacune en charge d'un "catalogue". L'un apprend l'art de la guerre, l'autre parle et vit avec les animaux, sa soeur soigne les petits bobos et les morts diverses, et Carolyn, notre héroïne, apprend tous les langages de la Création.

    Père a disparu... Le chaos est sur le point de s'abattre sur leur monde et sur le nôtre. Il est temps de se promener aux Etats-Unis habillé en tutu rose et machette, accompagné d'un lion ou encore d'une naïveté à l'épreuve des balles. D'utiliser pour de Grands Desseins un plombier qui n'a rien demandé à personne, de faire tourner un ex-militaire en bourrique et de faire tondre sa pelouse par des zombies.

    Ce livre est mon chouchou de l'année, pour l'instant. Je me suis amusée alors que le fond est d'une noirceur... J'ai lu deux fois la définition de burlesque, pour savoir s'il y avait de ça. Je ne suis pas encore bien sûre...

    Ce roman a un charme irrésistible (avis très personnel, je ne sais pas à quel profil il est susceptible de plaire). Il donne la pêche. J'ai bien vu le message sérieux, un poil métaphysique, Dieu, les apprentis Dieu tout ça... Et l'intrigue n'est pas trop mal fichue - le dernier quart un peu plus lent - mais avant tout, c'était marrant ! Horrible, pourtant, terrible, sombre. Mais franchement... le lion ! Et Steve ! (Et le lion...) et le mec qui tond la pelouse... L'auteur est un sacré numéro à mon avis. Du genre à faire des blagues d'un air sérieux, mais avec un petit sourire en coin si on regarde bien ? Je serai très curieuse de lire autre chose de lui. Je signe de suite.

     

  • Worst trade center

    élément perturbateur, chantraine, roman feel-goodUn élément perturbateur, Olivier Chantraine

    Le bonhomme est cerné assez tôt. A peu près au moment où il se lamente sur le prénom que ses parents lui ont choisi (Serge). Alors que sa sœur s'appelle Anièce quand même !! Cet égoïste de 40 ans vit chez ladite sœur, qui lui prépare depuis toujours ses mouillettes au petit déjeuner. D'ailleurs, s'il se lève un peu trop tôt et qu'il y a autre chose à faire avec la cafetière qu'appuyer sur le bouton, il retourne au lit faire semblant de dormir en attendant que ça se fasse tout seul. Et hors de questions pour la sœur d'avoir une vie privée.

    Il travaille dans une boite qui monte des plans tordus pour proposer à des billets de banque un peu de tourisme en passant surtout par de petits pays (Suisse, Luxembourg) et par des îles avec un nom d'animal à sac à main. Poste obtenu grâce à son politicien de frère, ministre des finances. L'intrigue démarre quand il se trouve mêlé à une magouille un poil plus louche que d'ordinaire et qu'il fait tout capoter. Pour vous résumer, ce grand dadais hypocondriaque et occasionnellement aphasique, se prend pour Besancenot au pays du Medef et traverse la vie d'un pas nonchalant et nombriliste.

    Comme Laurel ne va pas sans Hardy, il ne tarde guère à former un duo de choc avec sa collègue, la sexy (j'ai oublié son nom et l'étagère est trop loin). Celle-ci souffre visiblement elle aussi d'un désordre psychiatrique. Elle est normale une minute, c'est à dire aguicheuse de première, chaude comme une bouillotte, une collègue féminine standard quoi, et trois secondes plus tard pour peu que le patron passe dans le couloir ou pire, si le frère ministre est évoqué, elle se transforme en une arriviste forcenée prête à piétiner quiconque se place en travers de son futur poste aux States. Le pauvre Serge passe du sauna à la douche froide toutes les cinq minutes.

    Il n'y a presque pas de clichés dans ce roman. De clichés absents de ce roman, my bad, j'ai oublié un mot. Mais vous savez comme je suis magnanime et comme je m'adoucis quand on respecte la diversité de la société. Et là je dois bien dire qu'il y a du lieu commun pour tous les goûts, personne n'est lésé :  le mec qui remonte son pantalon dès qu'il a joui, le politique véreux, la sœur vieille fiche moche et dévouée qui finit par se rebeller, le toubib mi-charlatan aux plantes, la femme d'affaire aux dents longues, le brave comptable terne, le pdg de province qui se prend pour un cow-boy, le requin de la finance au coeur de midinette. Cerise sur le gâteau, pour un rapport sexuel hétéro sans préliminaire à cheval sur une photocopieuse, une sodomie gay dans des toilettes publiques offerte.

    Le pire c'est que c'était désolant, mais marrant.

     

  • Perdue de vue

    romance italienne, miracles, salvatore basile, folioPetits miracles au bureau des objets trouvés, Salvatore Basile

    Le père du jeune Michele est chef de gare dans une petite ville italienne. Un soir que le garçon rentre plus tôt que prévu de l'école, il trouve sa mère valise à la main, prête à monter dans le train. Elle lui dit à bientôt mais ne revient jamais. Des années plus tard, Michele a pris la relève de son père, cloitré dans cette petite gare où il collectionne les objets abandonnés par les voyageurs.

    J'étais à deux doigts de crier au Marc Lévy avec ce tendre roman. Même si chacun étalonne à sa guise son niaisomètre personnel, là, on a quand même de quoi faire frémir la plupart des instruments...  Quelques passages sont carrément cuculs, soyons honnêtes. Par exemple ceux sur les associations entre les gens et les couleurs. Et tous ces moments où les amoureux, séparés, perçoivent ce qui arrive à l'autre. J'ai peut-être omis de dire que bien sûr, c'est une rencontre avec une jeune fille toute aussi exubérante que Michele est renfermé, aussi vivante qu'il est empoussiéré, qui va conduire le jeune homme à quitter sa grotte de gare et à explorer le vaste univers (la partie du vaste univers accessible via cette ligne de ce qui ressemble à un TER).

    L'histoire est contemporaine, je tiens à le préciser, ça ne saute pas aux yeux. Vieille baraque, métier que je pensais même disparu. Quoi, un mec payé à faire partir un unique train le matin, à le nettoyer le soir au retour et c'est tout ? Et avec logement de fonction ??!  Et puis ces objets oubliés... La mélancolie de Michele au début est si pesante, sa vie semble si figée dans le temps que je me croyais dans les années 60 et quand la nana a dégainé son téléphone portable, j'ai ressenti les effets du jet-lag. A vous de voir si ce paragraphe est un compliment. (Indice : moui ça pourrait bien. C'est bien de parvenir à l'effet souhaité)

    Quoiqu'il en soit, il y a aussi trois rebondissements (en gros), et chacun d'entre eux est hyper prévisible. (Indice numéro deux : ce n'est pas un compliment).

    Mais étrangement, et comme mon niaisomètre est en panne et que par conséquent aucune sirène stridente déclenchée par les bêtasseries du roman n'est venue me déranger dans ma lecture, j'ai bien aimé. C'était convenable après amputation des ci-dessus désignés passages.

    Car ce roman parle avec délicatesse du sentiment d'absence - à défaut d'être une romance torride, ce qui m'aurait bien plu car la nana était énergique, décidée et fantasque tout comme j'aime. Déjà qu'on ne peut pas faire plus d'une scène de premier baiser par roman, si en plus je n'en ai aucun souvenir en fermant le livre, c'est décevant !

    Je m'égare. Ce livre traite aussi de l'absence de la mère, bien sûr, et des questions restées ouvertes qui empêchent à jamais de cicatriser, mais aussi de notre propre responsabilité quand tout n'a pas été entrepris pour les refermer. Certaines choses m'ont parlé, comme le recours aux fantômes, invoqués pour converser avec ceux qui nous manquent.    

     

    Ce qui nous fait un bilan assez équilibré au final !