Un élément perturbateur, Olivier Chantraine
Le bonhomme est cerné assez tôt. A peu près au moment où il se lamente sur le prénom que ses parents lui ont choisi (Serge). Alors que sa sœur s'appelle Anièce quand même !! Cet égoïste de 40 ans vit chez ladite sœur, qui lui prépare depuis toujours ses mouillettes au petit déjeuner. D'ailleurs, s'il se lève un peu trop tôt et qu'il y a autre chose à faire avec la cafetière qu'appuyer sur le bouton, il retourne au lit faire semblant de dormir en attendant que ça se fasse tout seul. Et hors de questions pour la sœur d'avoir une vie privée.
Il travaille dans une boite qui monte des plans tordus pour proposer à des billets de banque un peu de tourisme en passant surtout par de petits pays (Suisse, Luxembourg) et par des îles avec un nom d'animal à sac à main. Poste obtenu grâce à son politicien de frère, ministre des finances. L'intrigue démarre quand il se trouve mêlé à une magouille un poil plus louche que d'ordinaire et qu'il fait tout capoter. Pour vous résumer, ce grand dadais hypocondriaque et occasionnellement aphasique, se prend pour Besancenot au pays du Medef et traverse la vie d'un pas nonchalant et nombriliste.
Comme Laurel ne va pas sans Hardy, il ne tarde guère à former un duo de choc avec sa collègue, la sexy (j'ai oublié son nom et l'étagère est trop loin). Celle-ci souffre visiblement elle aussi d'un désordre psychiatrique. Elle est normale une minute, c'est à dire aguicheuse de première, chaude comme une bouillotte, une collègue féminine standard quoi, et trois secondes plus tard pour peu que le patron passe dans le couloir ou pire, si le frère ministre est évoqué, elle se transforme en une arriviste forcenée prête à piétiner quiconque se place en travers de son futur poste aux States. Le pauvre Serge passe du sauna à la douche froide toutes les cinq minutes.
Il n'y a presque pas de clichés dans ce roman. De clichés absents de ce roman, my bad, j'ai oublié un mot. Mais vous savez comme je suis magnanime et comme je m'adoucis quand on respecte la diversité de la société. Et là je dois bien dire qu'il y a du lieu commun pour tous les goûts, personne n'est lésé : le mec qui remonte son pantalon dès qu'il a joui, le politique véreux, la sœur vieille fiche moche et dévouée qui finit par se rebeller, le toubib mi-charlatan aux plantes, la femme d'affaire aux dents longues, le brave comptable terne, le pdg de province qui se prend pour un cow-boy, le requin de la finance au coeur de midinette. Cerise sur le gâteau, pour un rapport sexuel hétéro sans préliminaire à cheval sur une photocopieuse, une sodomie gay dans des toilettes publiques offerte.
Le pire c'est que c'était désolant, mais marrant.