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cindy van wilder

  • Vote blanc

    terre de brume couverture, cindy van wilder, belgeTerre de Brume T2 - Le choix des élues, Cindy Van Wilder

    Suite et fin de la mini-saga. Toutes précautions prises, je ne peux pas exprimer grand chose d'autre que de la déception. Ce second tome manquait de pep's. On y retrouve nos deux héroïnes et le même léger marquage LGBT que dans le reste des œuvres de Cindy Van Wilder. Intissar et Héra poursuivent leur aventure, à la recherche d'une arme anti-Brume, font de nouvelles rencontres et parlent même à un Dieu.

    Mais je crois que le récit manque de cassures, de surprises. L'émotion est là, mais poussive.  Et le défaut que je trouvais au premier, à savoir ces alternances de points de vue alors que les deux personnages, en plus, sont ensemble au même endroit m'a encore plus agacée. Et non, je ne boude pas parce que j'attendais autre chose de la relation entre Inti et Héra, c'était bien comme ça, rien à redire !

    Conclusion, plus je lis d'autres romans de Cindy Van Wilder et plus je suis inquiète à l'idée de relire un jour La lune est à nous. Je crains de m'apercevoir qu'il ressemble plus aux autres romans que je ne le voudrais. Peut-être vaudrait-il mieux ne jamais vérifier et garder intact ce bon souvenir.

    Il me reste la série des Outrepasseurs à découvrir.

     

     

  • Sur un petit nuage

    terre de brumes cindy van wilder.jpgTerre de brume - Le sanctuaire des dieux, Cindy Van Wilder

    Nous sommes vraiment à la frontière de ce que je peux écrire ici... Pire que les auteur·es non-décédé·es, voici les auteur·es non-décédé·es qui échangent régulièrement avec une personne que je connais. Je me demande comment font les journalistes, les chroniqueurs d'émission, pour émettre un avis sur un bouquin dont ils rencontrent l'auteur·e... ça me paralyse et pourtant je ne la connais pas personnellement, je ne l'ai que croisée.

    Dans ces moments-là, je me sens hyper mal à l'idée de tous ces livres dont je me suis allègrement moquée sur ce blog. C'est quand même autre chose que de discuter d'un roman entre amis pendant un dîner. S'il y avait la moindre chance qu'un·e auteur·e me lise, j'édulcorerais tout, c'est évident.

    Bref (j'essaie d'user parcimonieusement du "bref", mais souvent, il s'impose).

    C'est un roman jeunesse. Il part donc avec un handicap. Mais c'est aussi l'auteure de La Lune est à nous, le roman le plus bienveillant et réconfortant de mon année... Jusqu'à un éventuel prochain roman contemporain queer-friendly, convenons ensemble que ses autres œuvres seront de toute façon moins à mon goût. Sur cette échelle secondaire, Terre de Brume arrive en tête, devant Memorex, que j'avais trouvé décevant.

    Je commence par les points positifs. C'est un univers très attirant, un imaginaire qui me parle. J'aime ce doux cataclysme qui prend la forme d'une épaisse nappe de brume venue recouvrir et empoisonner un monde entier, ne laissant que quelques survivants, sur des îlots émergés. L'image me plaît. Émotionnellement, c'est équilibré, c'est assez proche du conte dans la structure, avec ce motif des parents morts, disparus, ou non-mentionnés, qui  placent en quelque sorte les deux héroïnes à un point de départ.

    Ce sont deux jeunes femmes, affirmées, audacieuses, indépendantes et complémentaires puisque l'une pratique la magie de l'eau, l'autre celle du feu. Au départ elles ne se connaissent pas mais des créatures qui émergent de la brume vont les faire converger l'une vers l'autre.
    Le symbole de la réunion de ces deux éléments suffit à démontrer que ça n'est pas que mon imagination: il se dégage des scènes où elles se battent ensemble une forme de sensualité plus ou moins explicite qui est très agréable.

    J'en connais (au moins une, mais qui milite pour dix) qui souhaitent qu'une romance se déclenche entre les deux héroïnes dans le volume suivant et je reconnais que... moi-même... quand je m'autorise... C'est que j'ai un faible pour les scènes de premier baiser. Et encore plus pour toute la tension qui précède cet instant où l'on sait que ça va arriver. Un premier baiser réussi et mon cœur est conquis à tout jamais. Qu'on se le tienne pour dit.

    Finalement, ma seule critique*, c'est que c'est de la fantasy jeunesse et que ce n'est pas mon genre favori. J'ai un peu trop d'attentes, ça me semble souvent manquer de complexité, de densité. Je suis chiante, je sais. Mais je ne peux pas retrouver mon regard d'enfant. J'en suis incapable. Quelqu'un a le mode d'emploi ?

    Je lirai bien sûr avec plaisir le tome 2 mais si elles finissent l'une ou l'autre avec un jeune homme... :(

     

    * Ah et aussi le choix de l'alternance des points de vue, un coup une fille, un coup l'autre, à la première personne. Il faut que je creuse la question, mais je dois aussi avoir un problème avec les récits à la première personne.

  • Le lion au corps

    la lune est à nous, cindy van wilder, mieux que la coke, LGBTQQI2SAAP, le lion au corps, une locomotive dont le confucteur est pas en grèveLa lune est à nous, Cindy Van Wilder

    Le titre me plaît énormément, il est à l'image du roman, plein de mordant et d'assurance. Pour l'avoir rencontrée à l'occasion d'un petit salon de l'imaginaire, où les auteur.e.s étaient particulièrement accessibles, je sais qu'il est aussi à l'image de son auteure. Même sans lui parler directement, j'ai senti chez C. Van Wilder le même rayonnement bienveillant.

    Etre ado, être gros.se et s'en prendre plein la tronche, voici le coeur de ce roman jeunesse, décliné au féminin avec Olivia, qui s'épanouit au travers de son blog jusqu'à ce qu'un connard déclenche une tempête, et au masculin avec Max, complexé, qui doit faire face au divorce de ses parents et à un déménagement imposé en Belgique.

    C'est un tour de force d'obtenir un texte aussi cohérent en abordant tout ce qui peut faire souffrir : cyber harcèlement, grossophobie, homophobie, non représentation des personnes racisées dans les médias, la culture, le marketing, sexisme, conflit avec les parents, pression des réseaux sociaux, adoption...

    J'ai aimé l'analyse de la portée des réseaux sociaux et des moteurs de recherches, qui sont à la fois des algorithmes insensibles qui conduisent au formatage des contenus et à l'hyper-exposition des stéréotypes mais aussi le lieu où trouver des représentant·es, des modèles, des groupes communautaires et du soutien quand on appartient à une minorité ou qu'on est isolé·e.

    Si le roman soulève tout ce qui peut faire mal, c'est pour nous inonder ensuite de baume. Il est beaucoup question d'amitié et d'amour. Et pour une fois, personne n'est oublié, on s'aventure même un peu au delà des deux premières lettres de LGBTI. Ça fait un bien fou.

    J'ai été profondément émue. Ce livre ne rouvre pourtant pas chez moi des cicatrices d'adolescence. J'étais alors quelconque, cisgenre, blanche, lunettes, appareil dentaire, cheveux longs raides et moches, je n'ai jamais été particulièrement moquée ni embêtée. Ce que le livre chatouille ou grattouille, c'est plutôt mon identité d'adulte, mal sortie de son cocon, le conflit larvé qui m'oppose à mon corps, le mec aviné à Lorient qui m'a abordé dans la rue pour me demander si j'étais "lesbienne ou quelque chose comme ça", qui m'a fait peur et auquel je n'ai rien su répondre d'intelligent. Ma position incertaine sur tout un tas d'échiquiers, quand je ronchonne contre mes semblables, mon hésitation entre repli résigné et combativité. Savoir lâcher même dans ces moments où on se sent comme perfusé d'énergie, parce que le combat n'a pas vocation à être emporté. Savoir au contraire dénicher un peu d'enthousiasme pour raviver une journée morose...

    Ce livre en est une, de perfusion d'enthousiasme. C'est un roman lumineux, humaniste, plein de peps, qui invite à l'amour, à l'amitié, à la solidarité et à la lutte.
    La lune est à nous. A nous.