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Médecine générale - Page 8

  • Gône*

    fin d'un prodige, femmes houleuses, L'enfant perdue, Elena Ferrante

    (L'amie prodigieuse T4)

    "Reste à son côté, c'est une femme qui n'arrive pas à vivre avec elle-même, sa vieillesse sera moche."

    Mmmh, nan. Décidément pas. C'était pas ça. Pas trop ça. Pas vraiment ça. Pas la fin que je voulais ? Mais quelle fin voulais-je ? Je ne sais pas l'écrire. Peut-être parce que j'aurais voulu que ça se passe bien alors que c'était déjà plié, sans doute depuis deux tomes, que je n'étais pas censée l'espérer encore ?

    Depuis, ça tourne un peu en rond, ça stagne méchamment. Lenu et son Nino. Encore Nino. Deux tomes de Nino.

    Le quartier, la mafia, la pauvreté. La modernité qui se fraie à peine un chemin.

    Et la relation avec Lila, âpre, brutale, en dents de scie, qui non seulement ne progresse plus mais ne s'éclaire pas. J'en sors sans savoir - ai-je assez dit que je déteste ne pas comprendre, ne pas être sûre. Je suis incapable de me faire une idée de ce qu'elles sont l'une pour l'autre. Affection, manipulation, rancune, incompréhension ? C'est presque du pile ou face. Avec une pièce à quatre faces. D'ailleurs tiens, oui, je n'y avais jamais songé, qu'on tire à pile ou face avec un objet à trois faces. C'est drôle, est-ce volontairement symbolique ? On croit faire des choix parmi un éventail fermé de possibilités et il en reste toujours une à laquelle on ne pense pas.

    Thème des enfants et de la maternité, déjà un peu le cas dans le volume précédent. Le titre n'est pas représentatif du roman, qui, au fond, n'est le récit de rien. Je me suis à nouveau demandée si c'était une autobiographie et si c'était la raison de mon désamour. C'est trop confus, les sentiments, les relations humaines, quand ça n'est pas tamisé par les besoins d'un roman. Quand c'est trop vrai, c'est brouillon, complexe et souvent absurde. Comme de se brouiller avec une amie prodigieuse pour avoir pris de ses nouvelles.

    A la fin de ma lecture du T3 j'écrivais :

    "Si c'est un talent de cacher les choses, dois-je m'attendre à ne trouver aucune réponse, aucun éclaircissement dans le dernier morceau ?"

    Quand je dis que du trois au quatre rien n'a progressé...

     

     

    * Oh bon sang cette fois je tiens le jeu de mots parfait ! Mais c'est vraiment du pur lyonnais. Gône = gamin, gosse.

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  • La rivière à l'envers

    moby dick tiens toi bien j'arrive !,quitte à lire moins autant lire mieux,caricature de la femme casse pied,voyage dans le passé,maison sur le rivage,daphné du maurierLa maison sur le rivage, Daphné du Maurier

    C'est une écriture un petit peu surannée - j'adore - ça se sent surtout dans les dialogues, de façon légère, indéfinissable. C'est comme si les personnages étaient tous un peu guindés, même quand ils sont mari et femme, même quand monsieur s'adresse à ses beaux-fils. L'intimité, mais d'un peu plus loin. Voilà, ça ce sont les lectures de ma jeunesse. Même en s'assassinant les uns les autres dans Agatha Christie il se respectent, se saluent, soulèvent leur chapeau et ont un langage chatié.

    En ce moment au boulot il nous arrive des cargaisons de nouveaux toutes les semaines. Je leur serre gentiment et avec le sourire la main le lundi. Je les vouvoie comme il se doit - c'est à dire comme je préfère. Et le mardi c'est tout juste s'ils me tapent pas dans le dos en me claquant la bise sans trop me laisser le choix. Je n'en peux plus des gens dans mon espace. Je vais demander une grotte lors de mon entretien annuel...

    Le héros du récit arrive seul dans une maison de campagne prêtée par son vieil ami le professeur Magnus. Sa femme et les enfants de celle-ci ne le rejoindront que plus tard. Encore aura-t-il tout tenté pour retarder leur arrivée. Il y a en arrière plan de ce récit leur relation de couple. En clair : la plupart du temps, il en a plein le dos d'elle, de ses amis, de son désir d'aller vivre aux Etats-Unis. Elle est un gros caillou dans sa chaussure.

    Or, monsieur a fort besoin de ses souliers en se moment puisqu'il arpente les alentours dans tous les sens. Mais pas dans son époque. Grâce à une drogue confectionnée par Magnus, il voyage dans le passé et se promène dans une réalité alternative, révolue de quelques siècles. On suit, au fil de ses voyages, les aventures de ces personnages rencontrés dans le passé qui finissent par avoir pour lui bien plus de réalité et surtout bien plus d'importance que ceux de sa vie réelle, jusqu'à ce que se crée une certaine confusion.

    Très belle illustration au passage de la mise en place d'une dépendance. Depuis le temps que je devais le lire, j'en suis très contente !

    P.S. M'a fait beaucoup penser à Barjavel, mais en mieux.

     

     

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  • Journal du Far West

    des nouvelles du monde, couverture , folio, paulette jilesDes nouvelles du monde, Paulette Jiles

    Même époque, ou presque, que ma récente lecture Des jours sans fin : 1870 aux Etats-Unis, l'après guerre de Sécession, l'ouest encore à moitié sauvage, les voyages périlleux, les bandits et les indiens embusqués. Mais tandis que dans le roman de Barry deux jeunes hommes adoptaient une petite indienne orpheline, dans celui de P. Jiles c'est un vieil homme, ancien combattant et ancien imprimeur qui accepte de reconduire dans sa famille une petite fille enlevée par les indiens quand elle avait six ans.

    Des deux romans c'est celui-ci qui a ma préférence sur presque tous les plans. Pour l'écriture d'abord : beaucoup moins de fioritures. Pour les deux personnages principaux, dont la psychologie est plus détaillée. Le capitaine Kidd colporte des nouvelles, traversant la région pour lire le soir à haute voix à son public des journaux en provenance du reste du pays ou d'Europe. C'est pourquoi on fait appel à lui pour reconduire Johanna chez les siens. 

    C'est surtout la petite qui est attachante dans le roman. En quelques années seulement, elle a tout oublié de sa langue maternelle, elle est complètement devenue indienne et ne pense qu'à s'échapper pour rejoindre les siens - pas ceux vers qui on la ramène. Elle ne comprend plus rien aux villes, aux vêtements, aux usages mondains. 

    Le roman tourne principalement autour de ce sujet de l'apprivoisement mutuel. Mais c'est aussi un road movie en chariot, avec péripéties et échanges et tirs. 

    Lecture rapide et agréable.

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  • A l'ouest rien de nouveau

    barry-jours-sans-fin.jpgDes jours sans fin, Sebastian Barry

    Encore un roman qui a dû donner mal à la tête à la personne chargée des 4e de couverture.

    Dans les années 1850, chassé d'Irlande par la Grande Famine, le jeune Thomas McNulty vient tenter sa chance en Amérique. Il y rencontre John Cole, qui devient l'ami et l'amour de sa vie. Tour à tour, Thomas et John vont combattre les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestir en femmes pour monter des spectacles, et s'engager du côté de l'Union dans la guerre de Sécession. Jusqu'à ce que la violence de la guerre les rattrape... [N'importe quoi cette phrase! On dirait moi quand j'abuse des points de suspension.]

    Sebastian Barry dessine le portrait d'une famille touchante et inhabituelle, composée de ce couple inséparable, de Winona, leur fille adoptive sioux, et du vieux poète noir Mcsweny, et pose un regard neuf sur une des périodes les plus brutales de l'histoire américaine.

    Le début et la fin collent bien au livre. Le reste est malin... pas faux, projecteurs braqués sur des détails.

    L'ami et l'amour de sa vie : l'homosexualité est un thème mineur du récit. Ils s'aiment, font l'amour, leur couple dure, sans qu'on en parle souvent. C'est comme ça, un simple fait. Depuis que les deux gamins se sont trouvés en s'abritant dans le même fossé, miséreux, seuls et affamés.

    Ensemble ils traversent les épreuves. Leur jeune âge les conduit d'abord, grimés en femmes du monde, à faire rêver les mineurs épuisés à la fin de leur journée, le temps d'une danse dans un saloon, loin du reste de la civilisation, dans des lieux inhospitaliers où ne vivent presque aucune femme.

    Puis, lorsque même avec de la bonne volonté ils ne peuvent plus faire tenir l'illusion, ils vont là où on leur donnera presque chaque jour du pain : ils s'engagent dans l'armée.

    Ne vous laissez pas berner par la "famille touchante" et par ce vieux poète noir, qui ne fait qu'une maigre apparition. C'est foncièrement un récit de guerre, de sang, de marches à travers les plaines avec peu de pain et à peine une paire de chaussures. Une guerre peinte comme elle est souvent : inepte, mais qu'on conduira parce que ce sont les ordres et qu'on ne se voit pas faire autre chose. Un massacre en entraîne un autre en représailles, triste engrenage. Quand on ne tue pas les indiens, on éduque leurs enfants, on négocie des traités de paix, qu'on respectera ou non d'un côté comme de l'autre. Quand les indiens ne sont plus les cibles, c'est dans la guerre de Sécession qu'on s'engage.

    Je ne suis pas convaincue par le choix du style "j'écris comme je parle", ça n'apportait pas grand chose. Autre petit détail, jamais le narrateur n'appelle John "John" quand il parle de lui, c'est toujours John Cole ce qui est d'autant plus étrange que les deux hommes forment un couple, c'est explicite.

    Pour le reste c'était vraiment un bon moment de lecture. Le XIXe siècle, ça me plaît aussi de l'autre côté de l'Atlantique ! Une plongée réfléchie et impartiale dans une période historique sanglante, loin des mirages de la ruée vers l'or.

    Je pensais que ça pourrait plaire à mon père mais il n'a qu'à peine réagi à ma présentation, je suis déçue, c'est le genre de livre qui sans être un chef d’œuvre absolu gagne à être partagé.

     

     

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  • Monstre-toi

    ce qui se passe quand je choisis moi meme un roman fantastique, très belle couverture, roi des fauves, wellensteinLe roi des fauves, Aurélie Wellenstein

    C'est l'article de Sol' qui m'a donné envie de le lire. Je voulais voir ce qu'il y avait à dire sur le monstre qu'on porte en nous. Voilà un thème prometteur.

    Les trios amicaux dans les romans sont presque toujours composés de deux garçons et d'une fille, non ? ( J'ai l'exception : les mystères de Larispem. ) Ceux là sont pauvres, affamés, et prennent le risque d'aller braconner sur la terre du seigneur voisin. Ils sont pris et condamnés à devenir des Berserkirs : au terme d'une mutation qui durera sept jours leur corps deviendra mi-homme mi-animal, ils perdront l'esprit et la mémoire de leur humanité, deviendront des brutes. Des bêtes ahuries.

    Sauf s'ils trouvent comment éviter la mutation. Fort heureusement, la solution leur est servie sur un plateau, il n'y a qu'à suivre le chemin. Est-ce que ça pouvait être si simple ? Presque tout le récit est creux. Les personnages avancent vers l'objectif. Rencontrent quelques opposants mais rien de folichon. Ceci dit j'ai eu du flair puisque j'ai pensé que tout cela n'avait aucun intérêt mais que les dernières pages pouvaient changer mon opinion.

    Le récit gagne en effet des points dans son dénouement, où, enfin, j'ai pu voir l'auteure se dépatouiller de l'animal qui rongeait peu à peu son héros et des relations entre les uns et les autres. C'était... différent de ce que j'attendais. Moins convenu, mais quel dommage d'entrer si tard dans le sujet... On aurait pu rabouter les trente premières pages aux trente dernières sans y perdre.

    Récit étrange, qui en tentant d'éviter de grosses ficelles se morfond longuement avant d'offrir une fin intéressante.

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