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Médecine générale - Page 10

  • Monstre-toi

    ce qui se passe quand je choisis moi meme un roman fantastique, très belle couverture, roi des fauves, wellensteinLe roi des fauves, Aurélie Wellenstein

    C'est l'article de Sol' qui m'a donné envie de le lire. Je voulais voir ce qu'il y avait à dire sur le monstre qu'on porte en nous. Voilà un thème prometteur.

    Les trios amicaux dans les romans sont presque toujours composés de deux garçons et d'une fille, non ? ( J'ai l'exception : les mystères de Larispem. ) Ceux là sont pauvres, affamés, et prennent le risque d'aller braconner sur la terre du seigneur voisin. Ils sont pris et condamnés à devenir des Berserkirs : au terme d'une mutation qui durera sept jours leur corps deviendra mi-homme mi-animal, ils perdront l'esprit et la mémoire de leur humanité, deviendront des brutes. Des bêtes ahuries.

    Sauf s'ils trouvent comment éviter la mutation. Fort heureusement, la solution leur est servie sur un plateau, il n'y a qu'à suivre le chemin. Est-ce que ça pouvait être si simple ? Presque tout le récit est creux. Les personnages avancent vers l'objectif. Rencontrent quelques opposants mais rien de folichon. Ceci dit j'ai eu du flair puisque j'ai pensé que tout cela n'avait aucun intérêt mais que les dernières pages pouvaient changer mon opinion.

    Le récit gagne en effet des points dans son dénouement, où, enfin, j'ai pu voir l'auteure se dépatouiller de l'animal qui rongeait peu à peu son héros et des relations entre les uns et les autres. C'était... différent de ce que j'attendais. Moins convenu, mais quel dommage d'entrer si tard dans le sujet... On aurait pu rabouter les trente premières pages aux trente dernières sans y perdre.

    Récit étrange, qui en tentant d'éviter de grosses ficelles se morfond longuement avant d'offrir une fin intéressante.

  • Et Dieu reconnaîtra les lesbiens

    influence bowie jeunes filles, guenassiaDe l'influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles, Jean-Michel Guenassia

    J'ai abandonné ma thématique annuelle LGBT mais pas ce livre que j'avais mis de côté pour l'occasion. L'auteur du club des incorrigibles optimistes signe là un récit très différent, beaucoup plus court, mais centré lui aussi sur un jeune homme. Sauf que Paul n'est pas, cette fois, le support à une délicieuse peinture de toute une époque. Paul ne semble pas être beaucoup plus que lui-même. Je ne lui ai pas trouvé une grande envergure. Ce qui fait de ce roman une assez cinglante déception.

    Paul est élevé par un couple de femmes. C'est un ado androgyne, hétéro mais qui aime jouer de son apparence pour laisser le doute s'installer, voire pour se glisser dans des lieux qui auraient dû lui être interdits. L'une de ses mères, tatoueuse, motarde, au caractère impétueux, pas très affectueuse, qui dialogue peu et mal avec son fils avait de quoi faire un bon personnage. L'autre aussi, son opposée, bien entendu.

    Je n'ai pas grand chose à reprocher au contenu. Les notions complexes de sexe, d'identité de genre, d'orientation sexuelle sont bien distinctes les unes des autres. C'est assez pédagogique si c'est cela qu'on attend. Est-ce que ça aurait versé dans la facilité, si ça avait été un peu plus... je ne sais pas. Un peu plus pétillant ? Paul ne mature pas. Il n'est pas non plus ancré dans une jeunesse vibrante qui nous emporterait, nous, les vieux. En fait, Paul ne m'attire pas, c'est impardonnable ! J'aurais aimé que ça croustille un peu plus. C'est fascinant, l'androgynie, non ? 

    La fin me laisse froide. Pourtant, la famille, surtout cette famille, c'était un thème pour moi. Mais même le début n'était pas conforme à mes attentes. Je suis partie de travers... C'est de ma faute : je l'ai choisi toute seule. On se trompe, souvent, avec les livres. C'est ça qui est génial. Quand on tombe juste, ce qui est rare, c'est réjouissant.

     

     

    * Le titre de l'article est gracieusement offert par Solessor dont le cerveau semble moins souffrir de la chaleur qu'hier.

    Edit : le titre n'est plus offert par le blog Ang'in, j'en ai trouvé un autre (toute seule). Néanmoins, je vous indique ici  sa proposition, que vous puissiez jauger des qualités respectives de nos propositions. Si des cris de protestations s'élèvent, je le remettrai à sa place, après tout, il était là avant :

    Pas mon genre *

     

  • Après le futur

    fille automate, bacigalupi, roman futuristeLa fille automate, Paolo Bacigalupi

    Dommage que la déception l'emporte car j'ai apprécié la qualité de l'écriture et du récit. Toute la première moitié est très bien faite, exigeant un effort des lecteurs et lectrices pour se situer dans le temps et dans l'espace et s'accoutumer à l'univers et à quelques termes étrangers, jamais traduits mais compréhensibles en contexte. J'ai davantage eu l'impression de dépaysement parce que l'intrigue se déroule à Bangkok que parce qu'elle se situe dans l'avenir. 

    La raison en est simple : ce futur là ne demande pas une grande capacité d'imagination. Il nous pend méchamment au nez. La main mise de grandes firmes occidentales sur le génome des semences, la pollution, les bricolages génétiques dont l'humain a perdu le contrôle, la montée des eaux qui a redessiné les paysages ainsi que les mortelles épidémies qui accompagnent souvent ces catastrophes ne sont qu'à peine de la science-fiction. 

    Voici donc le décor, une ville qui a survécu grâce à la prévoyance de son gouvernement, grâce aux pompes qui protègent la ville de la submersion, grâce à sa banque de semence qui permet encore de nourrir la population. J'ai aimé qu'on ne m'explique pas grand chose, que je doive extraire moi-même une certaine compréhension - encore à présent imparfaite - de la situation à partir de détails. L'énergie est une denrée rare, bien sûr, plus d'électricité. Les immeubles sont encore là. L'ascenseur aussi, mais pour le faire monter, de la main d'oeuvre bon marché doit grimper à pied les étages et monter dans une cage qui fait contrepoids.

    Les personnages que l'on suit ne sont ni bons, ni méchants. Ils sont là, chacun avance dans cette vie difficile, porté par tantôt par ses idéaux, tantôt par ses intérêts. Le récit est assez politique. Le plus étonnant, c'est ce personnage de femme artificielle, prisonnière d'un bordel, objet technologique complètement décalé, inadaptée à cette période de disette énergétique. Le futur déjà obsolète. Personnage qui donne son nom au roman, qui est presque seule citée dans le résumé et n'est pourtant qu'une étincelle. Ni celle à laquelle on s'attache le plus, ni celle qu'on suivra le plus. Comme une touche de romanesque apporté à un documentaire géo-politique pour en diluer le sérieux.

    Tout est étrange, dans ce livre, y compris mon sentiment final, de mélancolie qui ne trouve ni assez pour se nourrir de pessimisme, ni assez pour secouer les esprits et donner de l'espoir. Ai-je trouvé cela trop triste ? Trop indécis ? En tout cas, j'en sors déçue (ou frustrée? C'est la même chose?). Quelque chose ne s'est pas passé, dans la seconde moitié, je ne saurai pas dire quoi. Pourtant, c'était un beau roman.

    Un roman pour penser notre monde. 

     

  • Souffre au coeur

    reparer-vivants-kerangal-couverture.jpgRéparer les vivants, Maylis de Kerangal

    J'ai une carte de donneuse dans mon portefeuille depuis une intervention de sensibilisation au lycée. C'est fou ce que ça marque, ces séances-là, dans les deux sens d'ailleurs. Depuis, je suis toute acquise au don d'organes, c'est un sujet que je n'interroge jamais. Mais j'étais aussi toute acquise à l'énergie nucléaire : visite de la centrale de Chinon à l'école primaire. Le public scolaire est très sensible au lobbying. Je me souviens aussi de la session "protégez vos oreilles". En revanche les interventions sexualité... jamais trop eu l'impression d'être concernée... allez comprendre pourquoi...

    Simon meurt, l'histoire commence. Simon était un tout jeune homme, sportif et amoureux. Il est à présent maintenu en vie, cerveau éteint, le temps pour ses parents effondrés d'envisager un éventuel don d'organes. A la violence de la mort, qui survient sans être attendue, succède la violence de devoir décider dans l'urgence.

    La qualité de ce roman tient surtout à sa forme originale, bribes de vies éparses, ramifications de ce corps en partance, et à son rythme très lent, comme on filmerait la chute d'une goutte d'encre dans un verre d'eau, sa propagation en apparence aléatoire mais qui répond à des phénomènes scientifiques précis même s'ils nous sont invisibles.

    Le moment est ralenti, étiré à l'extrême pour faire entrer dans ces quelques heures tous les protagonistes. C'est esthétique, sensible. Il y manquait un petit quelque chose pour être un coup de coeur, mais pas grand chose.

    Un livre des coulisses.

     

  • Croix de bois, croix d'enfer

    Le-serment-des-limbes.jpgLe serment des limbes, Jean-Christophe Grangé

    Pssst, Sonja ! Par ici ! Je crois que je le tiens, le type qui fait fondre ta banquise ! Et qui passe tout en notes de frais en plus, le salaud...

    Signalement du suspect : jeune flic célibataire, a fait le séminaire avant d'aller lutter contre le Mal sur le terrain. Ami d'un autre mec avec un prénom d'apôtre, lui aussi fervent croyant mais dont l'empreinte carbone est nettement plus acceptable puisqu'il reste sur son lit, dans le coma. Il s'est jeté dans une rivière, une pierre autour cou. Comme Mathieu ne trouve pas cette technique de natation très catholique, il est décidé à prouver que ce n'est pas un suicide et obtient plus ou moins de ses supérieurs d'aller reprendre l'enquête de Luc.

    C'est un roman très Da Vinci Code. Ésotérisme, possessions, complots, ingérences au plus haut niveau, brigades secrètes du Vatican, séjour dans des lieux fermés au grand public et surtout... frais de déplacements ! Trajets façon gribouillis d'enfant, un coup ici, un coup là, à gauche, à droite et retour. Et à l'international, s'il vous plaît. Avec la palme pour les quelques petites heures de voiture - proches du dénouement - après lesquelles le gars arrive sur place, s'aperçoit en deux paragraphes qu'il n'est pas au bon endroit et repart ailleurs. Pourquoi ??

    J'en ai fini avec les critiques car pour le reste, dans ce genre assez identifiable, c'est bien fichu. Le thème du satanisme n'est pas qu'une recette facile pour appâter le lecteur ou la lectrice, il est creusé, documenté. La psychologie de ces personnages animés par la foi tient la route.

    J'ai un peu renâclé à m'y mettre, parce qu'en ce moment, Dieu, ça me casse les pieds. Mais c'était une vraie lecture de vacances, divertissante, un thriller bien fichu dont je n'avais pas démêlé tous les fils.

    Je reconnais que ça n'aurait peut-être pas eu la même gueule s'il n'avait enquêté qu'à Limoges en trottinette.