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politique

  • My heart will go wound

    couverture, coe, coeur angleterre, brexitLe coeur de l'Angleterre, Jonathan Coe

    Ce titre peut se lire seul, bien qu'il fasse suite à Bienvenue au Club et au Cercle fermé, dont les personnages reviennent ici. Oeuvres qui ne comptaient pas dans mes favorites, je préfère le Jonathan Coe plus poétique, plus drôle, plus romanesque. 

    Je relis pour la 3e fois le dernier paragraphe, histoire d'imprimer que ça semble finir sur une note positive mais j'ai du mal à m'en convaincre, tant ce livre m'a pesé, bien que je n'aie cessé de sourire aux réparties des uns ou des autres, ou devant la pertinence de certaines remarques.

    C'est un récit très politique et social, ancré dans la réalité de 2010 à 2018, c'est presque un docu-fiction sur le Brexit, ses causes, les forces en présence dans la société, le mécontentement croissant, les difficultés économiques, le racisme rampant, le politiquement correct vécu comme un muselage du peuple et de ses préoccupations. Que ça soit vécu par des personnages que l'on connait déjà (ce n'est pas mon cas, je les avais tous oubliés, je n'ai presque pas eu de réminiscences) n'y change rien, ni que ça soit mêlé à leurs histoires de couple.

    Je n'ai pas eu le sentiment qu'on me proposait une nouvelle approche, une mise en lumière ou à distance. J'ai eu la sensation de me plonger dans la chronique d'évènements trop proches, dont les pires éléments sont toujours bien présents et ces forces, qui coupent en deux l'Angleterre, comme sur la couverture, qui favorisent inexorablement la montée de l'extrême droite, à quoi bon les lire, quand nous les vivons ?

     

  • Suspension de citoyenneté

    Le billet prévu aujourd'hui, qui se proposait de faire à nouveau le point sur les mots-clés, d'élire miss Allemande sexy et de réaligner les planètes sur l'étagère est reporté.

     

    Sound se sent en effet ce soir d'humeur pour un billet... d'humeur.

     

    Citoyen: Personne agée de plus de 18ans et née de parents français ou naturalisés.

    Je ne suis pas réputée pour mon militantisme. Plutôt pour ma capacité à passer lâchement inaperçue. J'ai quelques convictions, dont je fais parfois, mais rarement, état ici. Ma conscience politique ne s'est éveillée que très tardivement, je ne suis même pas certaine qu'elle ait achevé de sortir du lit. Elle doit encore avoir la marque de l'oreiller, les cheveux en bataille et mauvaise haleine.

    Néanmoins, je me dois de partager avec vous les propos que m'a tenus ce matin un policier municipal (avant de m'inviter à voter front national, ce qui est encore un autre problème):

    "Vous n'êtes pas citoyenne, vous êtes manifestante."

    Craignez-vous une déformation de ma part? Une poussée de mauvaise foi? Je peux vous fournir le contexte: il s'agissait pour moi d'entrer dans une mairie de province, aux horaires d'ouverture, par la porte sur laquelle était inscrite "Service à la population".

    Et tandis que je m'informais, avec une collègue, de la raison pour laquelle ladite administration avait fermé ses grilles un jeudi matin à 10h, je me suis entendue répondre dans les termes cités ci-dessus qu'en temps que manifestante, la police n'avait plus à me considérer comme une citoyenne.

    Encore heureux, je n'ai pas été reconduite à la frontière.

     

    Choquant, non?

    Imaginez-vous muni votre grille-pain tout neuf mais défectueux, vous entendre répondre par le service après vente qu'en raison de votre réclamation, le magasin ne vous considérait plus comme client.
    Par votre assurance qu'après un sinistre vous n'êtes plus un assuré!
    Par un médecin que malade, vous n'êtes plus un patient.

    Pratique... pratique et écoeurant. Pratique et terrifiant. Est ce que je vis encore dans une république? Dans une démocratie? Si chaque fois que je suis mécontente, je cesse d'apartenir à mon Etat? Si je ne suis citoyenne que quand je dors sagement, que je n'ai rien à demander à mes élus?

    Si mes droits, inscrits dans la constitution, sont sujets à des variations, selon les jours et les heures?

    Peut-être que quand je suis dans ma voiture, sans le savoir, je ne suis plus citoyenne, mais automobiliste. Et quand je suis consomatrice? Téléspectatrice? Mère de famille? Je suis encore citoyenne?

     

    A ceux qui me diront que ce ne sont que les propos d'un seul homme, je répondrai qu'ils étaient près d'une douzaine de policiers et A.S.V.P. sur place, sûrement pas de leur propre initiative.

    Qu'il est plus qu'inquiétant pour un administré de voir son élu se protéger des demandes d'audience pacifiques en transformant une malheureux mairie et une poignée de grévistes en château assiégé par des terroristes.

    Que mon exemple est loin d'être unique et que, pire, ça devient banal. Normal. Que ça ne choque personne. Pensez qu'après cet incident, un collègue auquel nous racontions la chose a tout de même demandé, en toute bonne foi "Ah bon, c'est vrai? On est plus citoyen?".

    Mais bien sûr... On peut déchoir de la nationalité française (intimement liée à la citoyenneté) uniquement les personnes l'ayant acquise depuis moins de 10 ans et s'étant rendues coupables de crimes contre la nation ou de terrorisme... et les manisfestants! C'est bien connu! Le tout en 3mn devant une grille, dans une rue!

    C'est marrant, quand je paye mes impôts, je suis citoyenne. Je vais en profiter pour demander un abattement.
    Et tant qu'à faire, aujourd'hui, je ne suis plus tenue non plus de respecter les lois. Quelqu'un veut que j'aille lui piquer un truc dans un magasin? Vous avez une belle-mère encombrante? Appelez-moi avant minuit.

     

    Le premier droit du citoyen est celui de voter et croyez moi, je ne vais pas me le laisser enlever celui-ci!