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Tale me more - Page 48

  • ça m'intrique !

    J'ai suivi autrefois une unité d'enseignement pompeusement baptisée (à tel point que j'ai oublié l'intitulé) mais qui revenait, grosso modo, à utiliser la fonction recherche du catalogue de la bibliothèque universitaire: entrer l'auteur ou le titre ou le thème et appuyer sur entrée. C'était moins d'une décennie après avoir appris, au collège, à rechercher des documents à partir d'un système de fiches cartonnées jaunies qu'il fallait manipuler avec précaution sous peine de les voir tomber en poussière. Et moins d'une décennie avant de me présenter à la médiathèque, à la recherche précise d'un ouvrage traitant de la génération par ordinateur de nombres aléatoires, errant pour cela dans un secteur que je ne fréquente jamais, jusqu'à m'arrêter devant l'étiquette "mathématiques" et sortir deux livres contenant dans leur titre le mot "hasard".

    Méthode qui sur le moment m'a pleinement satisfaite. Or, aucun des deux ouvrages ne répond à mon interrogation primaire. Néanmoins, le premier s'est révélé d'un intérêt dépassant mes espérances, ce que je n'avais aucune chance de découvrir dans d'autres circonstances où la simple mention "quantique" aurait fait disparaître sa couverture de mon champ de vision.  Conclusion, le hasard, quoi qu'il soit, fait bien les choses.

    quantique contact,hasard,chaos,gisin,ruelle,physique,métaphysique,quantique,scientifique,les sciences ont elles le monopole du -ique L'impensable hasard, Nicolas Gisin

    Ce livre de 150 pages fut une source d'émerveillement. J'ai relu la plupart des passages essentiels de nombreuses fois et certaines pourront témoigner que j'en ai discuté de nombreuses heures! L'auteur nous avertit dès le départ: nous ne comprendrons pas tout. Je suis rapidement tombée d'accord. Mais j'ai cru avoir compris des choses nouvelles, dans un domaine - la physique - qui n'a jamais été le mien ( du tout, viscéralement ). Puis j'ai brassé tout cela longuement en esprit. Puis j'ai essayé de transmettre ce savoir tout neuf et me suis aperçue du peu compris. Peut-être même du rien. Et je ne doute pas, vous voilà prévenus, de dire dans la suite de cet article des choses qui seront bien sûr incomplètes mais certainement même fausses.

    Toutefois, comme il serait lourd de placer à chaque instant des "je crois", des "j'ai cru comprendre" et autres "si j'ai bien compris mais je n'ai pas les connaissances suffisantes", j'écrirai l'essentiel à base d'affirmations et je vous laisse vous dépatouiller de ce qui relève de la vérité scientifique ou de ma bêtise personnelle. En résumé, si ce que je dis est faux, sachez que c'est de ma faute et pas celle de l'auteur. 

    Cette lecture vaut surtout pour le champ nouveau qu'elle offre à ma curiosité et que je ne manquerai pas d'explorer à nouveau dès que l'occasion s'en présentera. Entrons à présent dans le vif d'un sujet encore mystérieux, celui de la physique quantique.

    La physique classique décrit par des lois le monde qui nous entoure. Grossièrement, on considère que l'évolution des choses est prévisible, pour peu que l'on puisse appréhender l'état actuel des choses avec précision. Ainsi, si vous connaissez la position d'une voiture et sa vitesse, vous pouvez prédire où elle sera dans 3 minutes et 12 secondes. Ce qui est valable dans ce cas simple peut s'étendre à des cas complexes. Ajoutez un écureuil qui traverse la route : certes, du fait de l'embardée ou du coup de frein, la position finale du véhicule ne sera plus celle estimée auparavant mais si vous possédez d'avance ces nouveaux éléments, l'irruption de l'animal, le temps de réaction du conducteur, la qualité de freinage de la voiture et sa capacité d'accélération, alors il est tout à fait possible, toujours, de calculer sa position finale avec exactitude.

    Parfois, tellement de paramètres à connaître entrent en ligne de compte qu'il devient, en pratique, très difficile (ou impossible dans l'état actuel) de prédire vraiment un comportement. Pensez à la météo, à la quantité de particules à repérer, estimer, mesurer. Et les vents, les courants, les températures ou que sais-je... C'est beaucoup de données, mais si vraiment on les possède, alors tout devient prédictible.

    Si je cherchais un livre traitant de génération des nombres aléatoires, c'est justement parce que je savais déjà intuitivement que le hasard n'existe pas et que j'en cherchais à la fois une confirmation, et une explication sur la façon dont l'informatique contourne en pratique le problème. Il se trouve que c'est encore plus compliqué...

    Symbole du hasard, le lancé d'un dé : s'il n'est pas pipé, vous avez autant de chance d'en sortir 1 que 2 ou 6. Pourtant, si vous m'avez suivi (et votre courage n'a d'égal que mon admiration envers vous), ce n'est pas du hasard. Si je mets dans un giga-calculateur l'emplacement du dé dans ma main, la façon dont il est tourné, son poids, la force et la direction dans laquelle je vais lancer, le frottement de l'air, celui de la table... en théorie je peux prédire le résultat même si en pratique la physique me fout la paix pendant ma partie de Monopoly.

    On considère notre monde comme déterminé par les lois physiques. Alors quand on ne comprend pas encore un phénomène, on cherche la loi qui le régit. Régulièrement on trouve et chaque siècle ajoute sa pierre à l'édifice . Or la pierre quantique du 20e siècle est une curiosité qui bouscule... le déterminisme!

    Autre concept cher à l'auteur, celui de localité : si vous voulez agir sur une chose il faut pouvoir l'atteindre et pour cela, procéder par "contact" de proche en proche. Si je veux faire lever les fesses de ma petite soeur qui vit à des centaines de kilomètres, je peux toucher mon téléphone, composer son numéro. Après quoi des ondes - que je ne "touche" pas, mais qui existent bien, qui partent bien du contact de mon téléphone pour parvenir d'une façon ou d'une autre au contact de celui de ma soeur, sans rompre donc la chaine de continuité - arriveront à Nantes et de là, si j'ai la chance de ne pas être importune, provoqueront l'acte de se lever pour décrocher le téléphone. Ce que je ne peux pas faire, nous disent à la fois la physique classique et le bon sens, c'est lui commander par télépathie d'aller se chercher un coca dans le frigo.

    ( Si vous croyez à la télépathie, aux horoscopes et autres phénomènes paranormaux, je ne peux rien pour vous, sinon me désoler. )

    Cependant - et si vous en profitez pour me reparler des horoscopes et des cadres qui tombent seuls des murs, retournez devant la télé - la physique quantique semble là encore rigoler avec la localité.

    Ce que montre l'auteur, c'est que les propriétés quantiques de certaines particules existent bien. Et la preuve qui a fermé le clapet de bien des contradicteurs, c'est qu'on arrive à les utiliser pour de vrai, dans notre monde réel, dans des applications qui étaient jusque là impossibles.

    Pour nous simplifier la tâche, l'auteur présente l'expérience suivante. En deux endroits du monde, deux personnes A et B qui ne peuvent pas communiquer entre elles se trouvent devant des boitiers dotés d'une manette qu'ils peuvent actionner à gauche ou à droite. A ce moment, la boite affiche soit un 0, soit un 1, au hasard. Si les deux personnes ont choisi la direction de droite, elles marquent un point si les résultats sont différents ( 0 et 1). Dans les autres cas (gauche/gauche , droite/gauche) le point est marqué si les résultats sont identiques.

    Mathématiquement (ne comptez pas sur moi pour tout écrire, mais j'ai tenté quelques possibilités et je suis convaincue) vous pouvez programmer les boites comme vous voulez, il est impossible de gagner plus de 3 fois sur 4 à ce jeu. Tout simplement parce que le choix opéré par les personnes est libre et que vous ne pouvez prédire le moment où il vont en même temps choisir la droite et où il faudra, pour marquer le point, des résultats différents.

    Vous êtes perdus? Croyez moi sur parole (et moi je crois l'auteur lequel possède une preuve mathématique solide), la seule façon de gagner, c'est de tricher en communiquant avec l'autre personne. Ou alors, c'est là le grand mystère, d'utiliser des particules dotées de propriétés quantiques. Ces particules ne gagnent pas à tous les coups mais 3,41 fois sur 4 en moyenne. Une chose absolument impossible ... rendue possible.

    A ce stade, je vous assure que j'ai tout tenté pour comprendre et en revenir à des concepts familiers ! Mais petit à petit, j'ai accepté...

    L'intrication (et la non localité)

    L'intrication est un phénomène qui fait de deux particules, l'une chez A et l'autre chez B, des parties d'un même tout. Non pas comme deux moitiés d'un puzzle mais plutôt comme des entités capables de violer la localité, de "savoir" ce que l'une fait, à distance et instantanément. C'est là que je patouille sec... ça se sent, non? J'ai cru avoir bien compris à l'aide d'une image utilisée par l'auteur : vous placez sur une table en verre transparente une pièce de monnaie. Puis une source lumineuse (une lampe torche) bien à gauche et une bien à droite. Naturellement, si vous regardez au sol sous la table sous avez une ombre de la pièce à gauche (projetée par la lampe droite) et une autre à droite.

    Songez à présent que vous êtes minuscule, au point d'ignorer la présence de la table au dessus de vous et la pièce de monnaie, que vous ne voyez que les deux ombres, l'une à gauche et l'autre à droite: alors, vous pensez voir deux objets différents. Vous ne pouvez pas savoir qu'ils sont une seule et même chose, dans une dimension inaccessible pour vous. Et en effet, si quelqu'un, au dessus, bouge la pièce, vos deux ombres bougeront ensemble. Elles sont liées et cela semblerait à l'être minuscule carrément étrange et incompréhensible. Je trouvais ça très pratique et très clair. Malheureusement l'auteur dit que ça n'est pas aussi simple que ça et qu'il ne suffit pas de nous imaginer au raz du sol et de chercher la table sur laquelle sont posées les particules A et B intriquées qui ne seraient en fait qu'un seul objet... Dommage.

    J'en arrive à ce qui m'a gênée un peu: certains concepts sont si complexes que l'auteur les survole ou les évacue d'un revers de main. Par exemple, puisque d'une façon ou d'une autre, pour atteindre 3,41 il faut que les particules se renseignent l'une l'autre, pourquoi ne pas imaginer que ces particules communiquent bien, exactement comme communiquent mon téléphone et celui de ma soeur, mais par un mécanisme et des ondes que l'on a pas encore découvertes? Chaque fois qu'on arrive à une telle conclusion logique, l'auteur nous sort "ah oui, mais ça, pour que ça soit possible, il faudrait que quelque chose dépasse la vitesse de la lumière, et ça, ce n'est pas possible". Je peux vous dire que la novice que je suis et qui s'est creusée la cervelle jusqu'au menton est passablement frustrée par de telles impasses qui ont l'allure de pirouettes et que j'ai eu souvent l'envie de le secouer : mais pourquoi "pas possible" BORDEL ?!  Dépasser 3 / 4 non plus, ça n'était "pas possible" !!

    L'ubiquité ... ???

    Quant au hasard, il est là, il est bien là. Plus difficile pour moi à appréhender, mais il ressort que d'une façon ou d'une autre, si on "programme" les boites, s'il y a une logique, une loi, même très complexe, alors le seuil de 3/4 est inévitable d'où il découle que le chiffre produit par les mesures quantiques et qui donne le "1" ou le "0" de la boite, est le fruit du pur hasard. Autrement dit, les particules quantiques, non contentes d'être en quelque sorte "télépathes", sont aussi dotées d'une incertitude innée - contrairement au dé, vous ne pourrez jamais prévoir leur comportement - et d'ubiquité (elles sont à la fois ici et ailleurs. En même temps!! Ne ne demandez surtout pas comment!! ça me file des pustules rien que d'y penser, mon esprit logique s'arrête devant cette porte et demande qu'on la condamne avec beaucoup beaucoup de parpaings).

    En pratique, on utilise la physique quantique pour la cryptographie, notion essentielle à notre société de données et d'informatique. L'intrication permet de produire des clés de cryptage simultanément à deux endroits différents (chez celui qui veut envoyer et chez celui qui reçoit) et le hasard total de cette production la rend inviolable. En très gros: on sort un résultat au hasard mais le même hasard à deux endroits...

    Et puis on "téléporte". C'est pas encore comme dans un film de science fiction, hein. Mais ça y ressemble. Si vous m'écrivez un mail admiratif, je vous dirai ce que j'en ai compris (ça tient en 3 lignes).

    J'ai conscience que personne ne peut lire cet article en entier... Même moi je n'ai pas le courage de relire pour les fautes de frappe et d'orthographe... (Edit : mais je viens de le faire)

     

    CONCLUSION : très bon livre pour faire rêver votre esprit à un monde supérieur encore inconnu dont notre présence sur terre ne serait que le théâtre d'ombres.

    Ou ( et si je suis quantique, je suis à la fois le 1 et le 2, c'est très pratique) pour vous convaincre définitivement que cela ne tient pas debout et qu'il y a forcément une explication et une règle physique qui expliquera parfaitement tout cela, le rendra prédictible, déterminé (si on a toutes les cartes en main) ou local (si on trouve comment surmonter le problème de la limite de la vitesse de la lumière).

     

     

    quantique contact,hasard,chaos,gisin,ruelle,physique,métaphysique,quantique,scientifique,les sciences ont elles le monopole du -iqueHasard et chaos, David Ruelle

    Second livre, qui illustre parfaitement l'idée de hasard : en choisissant mes livres à la bibli, ils pouvaient être bons ou mauvais. Le premier était bon.

    L'auteur est doté d'un sens de l'humour certain (mais d'une efficacité douteuse) et d'un égo solide. L'ensemble a été survolé en 2h, je n'ai pas ressenti le besoin de m'attarder ni de réfléchir. Il est surtout question de mécanique des fluides et de la théorie du chaos, le tout nappé d'une sauce hot n spicy mathématique. Aride et difficilement accessible à mon niveau, en ce sens qu'il ne provoque pas l'envie de chercher à comprendre.

    Ce que je retiens de plus stimulant n'est pas tant physique que métaphysique.  Par exemple le concept - déroutant - d'irréversibilité. N'est-il pas étrange, d'ailleurs c'est horriblement difficile à comprendre et à prouver, que certains faits soient irréversibles? Par exemple on peut mélanger de l'eau chaude et de l'eau froide et obtenir de l'eau tiède, mais pas faire marche arrière et "séparer" de l'eau tiède.  Il m'a semblé comprendre quand même que c'est possible de revenir à cet état antérieur, aussi peu intuitif que cela paraisse, mais qu'il faudrait pour cela un temps dont nous ne disposons pas.

    Autre curiosité: pourquoi l'eau ne devient-elle pas progressivement épaisse, visqueuse, en approchant du degré zéro, mais devient-elle de la glace d'un seul coup ?

     

    J'ai pu noter au passage que l'auteur est de la même espèce que le précédent, chatouilleux sur la question de la lumière: "Les clignotants rouges s'allument et les sirènes se mettent à hurler dans l'esprit d'un physicien quand il est question de vitesse supérieure à celle de la lumière".

    Contient tout de même quelques très jolies phrases. Par hasard ?

  • -> Jeu de mot avec cerise

    winterson,cerises,féminisme,espère que vous lisez les citations parce que pénible à recopierLe sexe des cerises, Jeanette Winterson

    "A mon avis, ceux qui ont le plus besoin de changement choisissent souvent de tomber amoureux, puis lèvent les bras au ciel et en rejettent la faute sur le destin."

    Si vous ne savez pas qui est Mrs Winterson... oh bon sang il faut tout faire dans ce blog! 
    Heureusement qu'il y a déjà cet article (mon coup de foudre) et un petit mot sur Les oranges ne sont pas les seuls fruits, forcément de moindre saveur.

    1er constat : Jeanette est une fervente disciple des cinq fruits et légumes par jour.

    2e constat : C'est bien. C'est très bon pour la santé. J'y suis presque je viens de finir une clémentine. Et des haricots verts. 

    Sinon, sinon, sinon... Que dire? Mmh, c'était il y a un mois ce bouquin, je dois pelleter dans ma cervelle boueuse...

    Je le lisais pendant les pauses et ça ne passait pas du tout. Vif sentiment - immédiat, dès 3 ou 4 pages - de rejet, à la limite du dégoût. Sensation désagréable, effet probable du trop grand écart entre ce que j'avais aimé - autobiographie - et ce que je trouvais : une sorte de récit historique tentaculaire, un conte fragmenté situé moitié dans l'Angleterre de Cromwell et moitié dans des endroits fabuleux. Quel fouillis délirant! Même les passages qui devraient être "dans la réalité" débordent d'étranges personnages, comme cette mère géante, adorable monstre qui recueille un garçon, lequel finira par partir en quête d'une danseuse, par croiser des gens qui vivent sans toucher le sol et par rapporter un ananas...

    Je ne garantis en rien la logique de ce déroulement.

    Heureusement, c'est aussi plein de sirènes lesbiennes. Ou était-ce des princesses avec de véritables pieds?

    "Il avait onze frères et nous fûmes toutes mariées, une à chaque frère, et comme on dit, nous vécûmes à tout jamais heureuses. C'est exact, mais pas après de nos époux.
    J'ai toujours aimé nager, et c'est dans des eaux profondes qu'un jour je me suis arrêtée devant une grotte de corail où j'ai vu une sirène peigner sa chevelure. Je suis tombée amoureuse d'elle instantanément, et au bout de quelques mois de rendez-vous secrets, époque où mon mari se plaignait sans cesse que j'empestais le poisson, je me suis sauvée et mise en ménage avec ma belle dans une félicité parfaite et pleine de sel".

    Les deux en fait, je n'ai pas si mauvaise mémoire!

    Et j'suis un peu têtue, un peu, un tout petit peu obstinée. Parfois. Donc je me suis focalisée sur les thèmes communs avec les précédentes oeuvres. Maternité et adoption. Evasion par l'imagination. Corbeille de fruits. Homosexualité. Une fois retrouvés mes petits, je suis un peu sortie de mon rejet primaire. Mais ça  reste une expérience quelque peu ... irritante. Comme d'être vigoureusement séchée à la plage à l'aide d'une serviette pleine de sable.

    Et malgré tout, allez comprendre, je l'aime. Elle me plaît beaucoup.

     

    Jeu bonus: Je suis en panne de titre d'article. Vous avez toutes les clés en main, proposez !

  • Cave amantem*

    6162-gf.jpgCarmen  &  Colomba , Prosper Mérimée

    J'ai tiré Mérimée de son étagère poussiéreuse! A l'occasion des fêtes - je sais je suis bizarre - Carmen fin 2014 et Colomba pour débuter 2015. Ai préféré le second, de peu. Ce ne sont pas de grands romans, à mon goût. Je ne connaissais que la Vénus d'Ille qui était devenue pour moi le parfait petit manuel d'étude du fantastique, j'avais en tête l'air de l'Opéra de Bizet et j'ai pensé qu'il était temps de combler une nouvelle ornière d'inculture.

    Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus consistant mais ce monsieur Mérimée fait plutôt dans l'idée fixe, sans surprise. Toujours un homme, érudit, un voyageur témoin et un peu de dépaysement. Le narrateur de Carmen se rend en Espagne, il me semble. Dans Colomba, un anglais et sa fille après l'Italie voyagent en Corse.Et les soldats ! Il kiffait pas un peu les soldats, les beaux jeunes hommes, nobles de coeur, un brin innocents?  Quant aux femmes, aïe.  La Vénus d'Ille n'était déjà pas super aimable mais on pouvait lui trouver l'excuse d'être une statue.

    colomba-3885893.jpgMais Carmen ! C'est une petite garce aguicheuse, une bohémienne fière et envoûtante qui pousse au crime son malheureux soupirant et y prend plaisir.
    Colomba n'est pas l'amante mais la soeur de sa victime, un gentil garçon qui rentre au pays après des années d'absence. Leur père est mort et les moeurs corses appellent le sang en vengeance. La soeur est dévorée de rancune, le frère tente de s'y soustraire. Mais elle a la tête dure, la gamine, et effrontée avec ça.

    C'est le côté pittoresque de cette peinture de la Corse qui a emporté ma préférence.

    Mais mon intérêt... ce serait de savoir comment Mérimée s'en sortait avec les femmes, s'il voyait toujours en elles des démons tentateurs, des sirènes malveillantes tout juste bonnes à conduire les coeurs les plus purs dans le péché.  Eve, la tentation, la chute... 

    Dans une prochaine carrière, ou dans un autre espace-temps, j'ouvrirai aux grands auteurs mon cabinet de psychanalyse.

     

     

    * Cf La vénus d'Ille :  si elle t'aime, prends garde à toi.

     

     

     

  • On se dit quoi

    Fêtes mouvementées. Je viens seulement de faire le calcul : petite année 2014, 44 romans lus. Guère envie d'aller plus loin dans le bilan.

    Pas évident de repartir comme si de rien, après tous ces évènements durant lesquels je me suis contentée de lire - beaucoup - ce que d'autres écrivaient, sans trop intervenir. A quoi bon? Tout a été dit, du meilleur au pire.

    Je m'interroge, comme tout un chacun. Je ne crois pas avoir jamais fait preuve de courage, dans ma vie, ni usé véritablement de ma liberté d'expression. Je me sens donc mal placée pour en sonder les limites. Peut-être n'y en a-t-il aucune. J'ai l'impression que ma propension à la boucler octroie de fait, aux courageux, le droit de l'ouvrir.

    Pourvu que dure cet élan de solidarité nationale.

    Bonne année 2015.

     

  • Coups de fourchette

    On passe à table, en cette veille de réveillon, avec deux romans qui nous proposaient de faire bonne chère - et bonne chair aussi.

    yeux-gros-ventre-soares.pngLes yeux plus grands que le ventre, Jô Soares

    On commence par un petit tour au Brésil, avec un polar qui aurait dû plaire à la gourmande que je suis: voilà qu'un esprit perturbé  se met dans l'idée d'assassiner les grosses femmes en les appâtant avec des gâteaux (puis de la charcuterie, quand il commence à épuiser ses idées de desserts) avant de les leur enfourner dans le gosier jusqu'à les étouffer.

    J'ai trouvé l'écriture déplorable, c'était laborieux et appliqué comme une expression écrite de collège, avec quelques scènes - je pense à celle de la course automobile - complètement hors-sujet, qui n'apportent rien, ne servent à rien. Exactement comme la contextualisation histoire...

    On perçoit presque à chaque page la volonté de nous faire aimer les personnages, de leur donner de la profondeur - mais c'est raté.

    Il y a de l'humour, c'est indéniable: Le présentateur de radio profitait de chaque intervention pour caser une publicité, souvent mal à propos. -->Comique de répétition. 

    En bref, idée excellente, résultat désastreux. Je ne dis trop rien, ça m'arrive tout le temps.

     

    zombie-browne.pngComment j'ai cuisiné mon mère, ma mère... et retrouvé l'amour, S.G. Browne

    J'ai du nez, quand même! Voici ma nouvelle devise : j'ai osé le zombie et ça m'a réussi !

    Voilà de l'humour réussi et un roman convenablement écrit et plus encore, convenablement pensé.  Imaginez : parfois, certaines personnes se réveillent après leur mort. C'est comme ça, les morts-vivants sont parmi nous. Croyez-en Andy, c'est là que les ennuis commencent.

    Vous puez, vous partez en morceaux; Ni vos parents ni vos amis n'ont plus tellement envie de vous avoir à table.
    Dans la rue, les gosses hurlent et les adultes vous jettent à la tête leurs cannettes de bière. La nuit, c'est pire : de petits voyous s'amusent à chasser ces innocents zombies pour les démembrer. il ne fait pas bon trainer dehors!
    Comme si ça ne suffisait pas, la société vous retire tous vos droits, on vous interdit de voir vos enfants, de travailler... Aucune indépendance.

    Zombie, c'est pas une vie.

    Ce roman, narré par un mort-vivant déprimé est un vrai petit bijou, bien meilleur que tout ce à quoi je pouvais m'attendre. Le résumé, très bien fait, m'avait mis l'eau à la bouche mais c'est encore bien plus amusant.

    D'autant que le sujet est sérieux, dans le fond. Il est question des minorités et de leur difficulté à faire valoir leurs droits. Bien sûr, quand ces minorités sont à la fois mortes et vivantes, l'humour nous attend au coin de la page.

    Il est si chou, Andy, touchant comme un chiot mouillé. Surtout quand il tombe amoureux, secoue sa morosité et commence à se révolter contre son statut de paria. Le pauvre, chaque fois il finit dans une cage de la S.P.A, nourri aux croquettes en attendant que ses parents viennent le chercher!

    Histoire géniale, écriture de bonne qualité.
    Je l'ai dévoré. Miam.

     

    Happy Christmas, mes virtuels amis.