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Tale me more - Page 46

  • Ouverte ou fermée

    derriere-porte-waters.pngDerrière la porte, Sarah Waters

    Imaginez un bord de lac, à l'époque préhistorique. Un homme et une femme (respectons toujours à la parité) se promènent au soleil. Avec les moustiques, ça gratte un peu sous les peaux de bêtes. Quand soudain, oh! quel joli caillou ! Ils ne peuvent pas savoir - mais nous oui - qu'il s'agit du premier silex, qui coupera le premier steak de mammouth et servira à allumer le premier feu pour le cuire à point.

    Il s'agit donc de savoir qui des deux obtiendra ce précieux outil. Voilà donc nos deux préhistos qui se décident à le jouer à pile ou face et se mettent en quête d'une pierre à la forme approchant de celle d'une future pièce de monnaie, laquelle n'a pas encore été inventée, non plus que le capitalisme. Ni l'anticapitalisme d'ailleurs, soyons justes.

    Drame ! Au moment de lancer la pièce, en l'absence de gravure, comment distinguer le côté pile du côté face?

    Preuve que l'évolution procède par touches infimes, de nombreux siècles plus tard, j'en suis encore à méditer sur le titre de ce livre et à me demander "Mais quel est donc le côté qui est derrière la porte?" 

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  • Réhabiliter la fessée

    cul-nu-jung.pngCul nu, Cy Jung

    Le titre est assez explicite ou je dois me fendre d'un avertissement -18 ans ?

    En parlant d'avertissement... Je devine que je vais avoir du mal à vous convaincre mais je ne suis pour RIEN du tout dans l'arrivée de ce livre à la maison. D'ailleurs, c'est bien simple, je n'habitais même pas là, ce livre est antérieur à mon existence locale. Et ce n'est pas parce que je serais prête à mentir et utiliser la même excuse dans d'autres circonstances compromettantes que c'est le cas cette fois. Je suis innocente ! Tout ça c'est la faute de celle-dont-je-ne-dois-pas-prononcer-le-nom - j'ai été menacée des pires représailles si j'osais nommer des complices... c'est pour ça que c'est tentant. Mais si je suis sage et muette comme une tombe, je peux négocier une pizza ce soir. Et je suis aussi sooo corruptible.

    Entrons - je sens que chaque mot va prendre un double sens - dans le vif du sujet. Enfin pas trop tout de même car ce blog commence tout juste à se débarrasser des pervers qui cherchaient des allemandes nues (Dieu sait ce que j'avais bien pu écrire comme bêtises pour que ce type de recherche atterrisse chez moi !) au profit de wagons entiers de globe-trotters. Faites le test, je sors en 2e page sur le moteur Bing avec la recherche "Tour du monde asie". On comprend mieux la suprématie des algorithmes Goo***.

    Bien. Ce livre. Vous avez vu je sais faire durer, parfois. Et comme celle-dont-je-ne-dois-pas-prononcer-le-nom a dit qu'elle ne commenterait pas pour préserver son anonymat, je ne serai pas contredite pour une fois ! Je suis libre de dire tout ce qui me passe par la tête, crevée, une fin de semaine... Que de perspectives !

    Pour tromper Google et ne pas me retrouver fichée, il se peut que je travestisse quelques termes. Je laisse à votre sagacité le soin de rétablir le mot exact.

    Il s'agit non pas d'un roman mais d'un recueil de nouvelles. Des nouvelles éorqetius, au cas où il vous resterait un doute. 100% féminin: par une femme, pour les femmes qui aiment les femmes. Un ouvrage original. Voilà qui lui fait au moins une qualité.

    Le titre de chaque nouvelle est une expression contenant le mot en 'ul' qui désigne notre fondement. Il en existe une quantité incroyable... et d'une délicatesse, d'une poésie... ahlàlà

    ... Notre enthousiasme exploratoire du début a très vite fait place au dépit, voire à un sentiment d'horreur incrédule.

    Je ne sais pas vous, mais si on me dit film (9 lettres, du dieu grec de l'amour), je pense avant tout "suggestion". Et gros plan sur des visages pendant que tout se passe en dessous de la ceinture et de la caméra. Faut croire que la séparation entre 'éro-' et '*orno' n'est pas aussi nette en littérature.

    L'illusion a fonctionné le temps d'une nouvelle, peut-être deux. Ensuite il y a eu comme une patte d'oie: moi j'ai pris à gauche (comme d'hab, j'aime bien la routine) et l'auteure à droite sur des sentiers encore non-explorés et que je refuse à tout jamais d'explorer non mais et puis quoi encore? Mais qui fait ça ?!!

    Accepter de fantasmer durant 3 pages sur une voisine armée d'une éponge, why not, je peux faire cet effort. Une miss plombier qui fait honneur à la réputation de la profession ? ça reste dans le thème aquatique, ok, allons-y. Mais le récit suivant passe sans davantage de préliminaires au fist-(pratique qui semble traduire de solides aptitudes manuelles) de deux femmes de Cro-Magnon. Puis arrive celle qui fait l'amour à Paris (oui, la ville... pas dans la ville. à la ville. les métaphores sont... pfff) en se promenant. Ensuite quelques passages obligés: les bonnes-sœurs, la fouille au corps par une flic dans le métro. Tiens, je crois que c'est là, avec la fouille au corps, que j'ai commencé à m'inquiéter. J'étais encore bien loin du pire, restait à venir l'intronisation de la novice au couvent... très inspirée par un gars qui aimait souffrir sur une croix.

    Et tous ces pincements... Cette fille se prend sûrement pour un crabe ! J'en garde des stigmates aux seins.

    Comme on dit, il n'y a pas de mal à se faire du mal ! Quand je pense qu'on bataille à propos de la fessée... Il me semble urgent de se pencher d'abord sur l'usage qu'en font les adultes !

    Dire que l'auteure est homonyme d'un célèbre psychiatre... C'est troublant.

    Au début, ça fait rire. Comment réagir autrement? Mais l'accumulation de termes crus et surtout, tellement étranges, finit par assommer. Le bouquin est resté dans un coin pendant 10 mois, jusqu'à ce que je décrète qu'il était temps d'en finir pour la paix de mon âme qui n'aime pas les livres entamés. J'ai profité d'une séance de couture - mon bleu de travail ayant joyeusement pris feu - pour débiter à toute vitesse la moitié restante, assez honteuse.

    J'imagine un/une hétérosexuel(le) ouvrant par curiosité ce livre! Hic.

    Cependant, j'ai compris la démarche. Une fois mises de côté les pratiques les plus extrêmes (j'ai souvenir d'un lieu que je fréquentais autrefois et dans lequel, j'en suis certaine, on trouve à la pelle des femmes qui prendraient grand plaisir à les lire et n'y trouveraient rien d'extrême. Au fond ma gêne n'est que fonction de ma pudibonderie) j'admire tout de même le militantisme.

    Si le terme cyprine (équivalent féminin du très commun et très accepté "sper**") me semble si ridicule, si peu sexy et excitant, c'est surtout parce qu'il m'est quasi étranger. L'expression du plaisir au féminin est souvent réduite à un minimum caricatural. Grossièrement, un duo gémissements et humidité.
    Dans ces nouvelles, certes ce sont aussi souvent les mêmes termes qui reviennent, mais la crudité est telle que pour une fois on est bien dans la sexualité et l'appétit assumé et non simplement dans la sensualité.

     

    ça, c'est bien.

     

     

    Mais on va quand même se débarrasser de l’œuvre en question. Des volontaires?

  • 007 qd il n'est pas en RTT

    finder-paranoia.pngParanoïa, Joseph Finder

    C'est décidé, je fais un sort méthodique aux trois cartons de livres non lus qui me restent de mon dernier déménagement. Je ne choisis pas, je prends celui du dessus. La plupart traînent sur mes étagères depuis 3 ans, 5 ans, ou davantage. Trop moches, de provenance inconnue, présumés soporifiques ou déprimants, ce n'est jamais le bon moment, pour eux. Faut dire que dans le lot il y a l'Enéide... ça me fait envie comme à d'autres un suppositoire.

    Celui-ci est un thriller. Air banal. Livre d'occasion. Peut-être Emmaüs? Brocante? Je devais être d'humeur à choisir n'importe quoi parce que les histoires d'espionnage, je déteste. Et non, je ne fais pas d'exception pour James Bond. Surtout pas.

    Mais...

    ... dans le genre qu'on lit et qu'on oublie aussi sec, c'était pas mal. Déjà, parce que personne ne poursuit personne avec une arme dans une bagnole de luxe sur une route de montagne. Grand soulagement.

    Notre espion, Adam Cassidy, ne fait pas dans la fléchette empoisonnée. C'est un type quelconque, qui occupe un poste assez minable dans une grosse boîte de télécoms et qui dérape à l'occasion du départ à la retraite d'un collègue: "Oh comme c'est injuste la vie ! Ce mec part après des décennies de loyaux services et pas de petite fête ? Tiens, si je piratais les comptes de l'entreprise pour lui payer un gueuleton identique à celui que les pontes se sont offert la semaine dernière?"

    La facture est aussi salée qu'une morue, Adam se fait pincer et on lui donne le choix entre passer par la case prison ou aller espionner l'entreprise concurrente. Super poste en vue, salaire énorme, voiture de sport. Pis le patron d'en face est plus gentil. Adam dit oui et les emmerdes commencent.

    Je crois que pour ce genre de lecture, un super résumé comme celui-ci suffit bien à vous donner une idée, hein? ça glisse tout seul, on a pitié de lui, on sent/espère bien qu'il va y laisser des plumes notre pigeon de l'année. On retient son souffle quand il fouille les bureaux de nuit et que le gardien passe tout près... La routine du thriller.

    Au suivant !

  • Je fais un peu de testostérol

    darrieussecq-folio.jpgIl faut beaucoup aimer les hommes, Marie Darrieussecq

    Quel excellent conseil, isn't it ?

    Et si vous vous demandez comment un roman contemporain qui a pour unique thème le couple mixte formé par une actrice et un réalisateur ténébreux a pu attirer mon attention, je pense que vous irez de surprise en surprise : j'ai succombé à la présentation de Folio qui ne contenait qu'une unique citation et devinez de qui?? Marguerite Duras - que je ne peux pas blairer. Si on fait un palmarès des auteurs que je peux pas blairer, il y a Rousseau (mais lui et moi c'est personnel, je ne me souviens même plus de ce qui fonde notre différend. Mais je suis fâchée, c'est certain) et Duras en haut des piles.  C'est mon incontrôlable côté SM qui a téléguidé mon choix mais chuuuut.

    Jolie citation quand même, non ?

    "Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter."

    La narratrice rencontre un homme, à une soirée entre gens du cinéma et cet homme est noir. Je me suis demandée si le thème du couple mixte n'était pas un peu dépassé, un peu daté. Et par la suite, si c'était vraiment le thème du roman, si ça avait vraiment quelque chose à voir avec la fragilité de leur couple... En tout cas, la nana, ça la tracasse drôlement, elle s'en pose des questions.  Par exemple est-ce que sa couleur de peau a joué dans la séduction exercée sur elle ? Je vous jure, parfois, en amour, on se triture la cervelle pour des détails...

    Si ça ne colle pas et qu'elle se languit de lui la moitié du temps, c'est parce que lui est cool, détaché, c'est un crisse de taiseux de canadien, oui ! Il vient chez elle, il est beau, doux, fait bien l'amour. Il repart, oublie de donner des nouvelles, revient comme si de rien n'était. Il est à 200% concentré sur le film qu'il veut réaliser, une adaptation d'Au coeur des ténèbres de Conrad, tournée en Afrique.

    Attention, il n'y a pas un poil de machisme dans cet homme. Mais il transpire la virilité. Un Homme dans toute sa majestuosité.

    J'ai essayé déjà d'expliquer à C'era mais j'ai échoué, j'en ai peur. Tant pis, je re-tente ma chance avec vous : c'est un parangon d'hétérosexualité.  Bien sûr qu'il y a des couples hétéro presque dans chaque livre, mais je me comprends, moi (au moins un jour sur deux ce qui est un bon score, pouvez-vous en dire autant ?).  Avec ce mâle muet sur ses sentiments, mais tellement beau - mais tellement indéchiffrable - mais tellement talentueux ... on se croirait en plein fantasme féminin de perfection masculine. Ou plutôt en plein dans un fantasme tel que le fantasment ceux qui ont envie de fantasmer sur les fantasmes féminins. C'est limpide ? Vous me suivez? L'hétérosexualité exacerbée de ce livre me collait aux chaussettes. Et d'un coup il m'est venu que si ça se trouve, c'était pour ça que je n'aimais pas Duras. Du coup. Mais je n'irai pas relire pour vérifier. Trop risqué.

    Conclusion ? Aucune idée.
    Qui aimerait lire ce livre, d'excellente qualité littéraire au demeurant ? C'est une histoire d'amour, mais pas romantique, plutôt sérieuse et encombrée de questions. Il y a un peu de cinéma, partout en arrière plan. De beaux décors à la fin pour les candidats au dépaysement.

    "Son cerveau avait tendance à patiner, en sa présence. Elle n'avait aucun argument. Elle ne savait rien. Elle n'avait lu aucun livre. Elle ne savait pas lire."

    "Jessie ne tournerait les scènes d'averse que sous Evian. Mille francs la bouteille importée via Douala."

    Si ce n'est déjà le cas, aimez les hommes. ça semble un filon d'avenir.

  • La Pause s'impose

    ete-hommes-hustvedt.jpgUn été sans les hommes, Siri Hustvedt

    J'ai encore pris un retard monstre dans mes notes de lecture... La faute aux travaux qui reprennent sur i-francais. J'ai deux ou trois livres en cours et je m'amuse déjà de ce que je vais pouvoir tirer d'un certain recueil de nouvelles dont la lecture touche à sa fin (dieu merci).

    Mais en attendant, il faut bien que je fasse un sort à celui-ci. Quelle déception! Pourtant, que de points communs avec Un Monde Flamboyant, lu il n'y a que quelques mois et adoré.

    A nouveau, une femme artiste, à nouveau une femme vieilissante, qui se retrouve seule, mari parti, enfant grandi et s'interroge sur sa vie et sur ce que peut encore lui réserver l'avenir. On retrouve bien sûr la thématique de l'art. Tout ce que j'avais aimé est là. Mais une recette ne se limite pas à sa liste d'ingrédients, hélas ! 

    Que c'était mélancolique... Et monotone, surtout. Rien ne se passe. Le mari de la dame est parti courir des jupons beaucoup plus frais : "La Pause", comme la surnomme l'épouse abandonnée, laquelle a fait une grosse dépression avec hospitalisation. Elle n'aspire plus qu'à prendre un peu de distance. Retour aux sources, à la campagne pour animer un atelier d'écriture poétique. Toutes ces jeunes filles... D'où l'impossibilité d'éviter de comparer, de se revoir à cet âge, de se retourner sur le chemin parcouru.

    Et encore des femmes : celles qui entourent la mère de la narratrice, dans leur résidence pour personnes agées. Les octogénaires ont la pêche, elles, au moins. Prennent les choses avec désinvolture et distance. L'une d'elle dissimule au dos d'ennuyeux travaux de couture, broderie et cache-théière en points de croix des scènes osées, érotiques ou sulfureuses, polémiques, provocatrices. C'est mon détail préféré. Comme dans Un monde flamboyant, le message artistique est caché, seules son auteure et quelques complices initiées peuvent s'amuser de leur double sens.

    Je n'oublie pas la voisine (mari toujours sur la route), débordée avec les enfants.

    Des tonnes de femmes et pas le moindre coup de coeur...

    C'est beau et bien écrit pourtant. Tendrement intimiste. Je n'ai peut-être pas trouvé ma place dans ce carnet de pensées d'une femme mûre.