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Tale me more - Page 32

  • Chasse à l'urss

    nouvelle sparte, lhomme, futur, couvertureNouvelle sparte, Erik L'Homme

    Si vous avez une étagère dans votre bibliothèque au carrefour entre l'antiquité et le futur, c'est là qu'il faut poser ce roman, qui m'a secouée un peu de ma torpeur et marque peut-être la fin de mon hibernation estivale. J'attends juste la confirmation que le thermomètre de la chambre ne repassera plus la barre des trente degrés la nuit...

    Valère et Alexia, seize ans, vivent dans une société légèrement postérieure à la nôtre, dans une cité-état au bord du lac Baïkal, dotée d'une technologie avancée mais dont la principale particularité est d'être un curieux mélange d'inspiration antique avec culte de l'exercice physique, temples dédiés aux dieux grecs (et la référence à Sparte bien entendu)  et de valeurs communistes ( mise en commun des ressources, travail au profit de la communauté).

    Tandis que le reste du monde a sombré dans la consommation à outrance, que les inégalités entre les classes sociales se sont creusées, que la pollution est devenue la norme, Nouvelle Sparte est un écrin de nature, de sagesse, de vie saine, d'équilibre entre développement personnel et collectif. Même la religion me convient :

    "Il sait aussi que les dieux ne font pas de miracles mais donnent aux âmes la force de les accomplir"

    Un paradis sur terre, pour lequel je suis prête à signer de suite !

    Nos deux jeunes héros, amoureux, viennent juste de terminer leur kryptie, ce rite de passage qui les fait entrer dans l'âge adulte, quand des attentats viennent briser la tranquillité de la cité. Pour découvrir les instigateurs de ces crimes, Valère va devoir quitter le seul monde qu'il connaît, pour s'infiltrer dans une version sombre du nôtre.

    Ce roman jeunesse, dont la seule faiblesse est une intrigue un poil trop linéaire et prévisible, est à la fois un récit initiatique, un roman d'espionnage, le support à une réflexion sur la xénophobie et un morceau délicieux de poésie. Car l'écriture est à l'image du récit - difficile à décrire, déjà - à la fois ampoulée, d'un lyrisme exagéré, surannée mais bourrée de néologismes ou de combinaisons inédites de termes qui ralentissent la lecture et nous obligent à examiner les formules choisies, ce qui n'est pas plus mal. Avec l'habitude et la crainte de ne jamais réussir à lire tout ce que je voudrais lire, j'ai parfois l'impression que mes yeux traversent les romans à bord d'un 4x4 du Dakar.

    Comble de l'ironie, je n'ai été gênée que par l'usage olé-olé des temps et des concordances. L'hôpital qui se fout de la charité, je sais...

    "Elle lui sourit - chaleur-dans-son-coeur. "J'y serai." Il sort de la taverne alors que le soir se muait en nuitée."

    C'est aussi une histoire d'amour, traitée à travers le thème de la séparation. D'amour et de désir, le corps n'est pas oublié. Je souscris à cette vision de la sexualité naissante, c'est joyeux, sans pudeur excessive, cash et très doux, comme j'aime. A cause de ces quelques propos sur le sexe, de l'âge des protagonistes, de mon petit côté vierge effarouchée, de ma tendance à croire à l'innocence des enfants jusqu'au baccalauréat, mais aussi de l'impression globale de maturité, le roman me semblait plutôt destiné à des ados, toutefois le débat est toujours ouvert. Solessor confirmera : à partir de 10 ans, elle conseille.

  • O. L.

    filles lionLes filles au lion, Jessie Burton

    Le premier roman de Jessie Burton, Miniaturiste, est sur ma liste depuis plus d'un an (il faut vraiment que je fasse du ménage, que je reparte à zéro, sa longueur me décourage).

    Une partie de l'intrigue se situe en Andalousie, pendant la guerre d'Espagne (le temps des filles au lion, j'ai mis de côté ma faible appétence pour l'Espagne). L'autre à Londres, dans les années soixante. Le pont entre les deux époques c'est ce fameux tableau des jeunes filles au lion et la présence, chaque fois, d'une jeune femme qui peine à s'affirmer et qui va être soutenue par une autre. Soit Une Olive ou une Odelle, et un lion (je me sens en devoir d'éclairer mon titre, aujourd'hui). 

    On attend bien sûr sagement ce fameux moment où l'intrigue dans le passé va éclairer la présence du fameux tableau dans l'intrigue postérieure, suspense qui se maintient à peu près jusqu'aux deux tiers. Tout tient dans mon "sagement". Si le cadre historique est plaisant, que les personnages féminins sont plutôt attachants, et que l'écriture est agréable, je n'ai pas été émue.

  • Ponts et chaussées aux moines

    piliers, terre, follett, historiqueLes Piliers de la terre, Ken Follett

    C'est ma façon de contribuer à l'ambiance estivale, je lis les grandes sagas que je laissais de côté depuis longtemps.

    Est-ce la peine de présenter cette l'oeuvre que tout le monde semble avoir déjà lue ?

    Ambiance historique, Angleterre, XIIe siècle, les pauvres meurent en couches ou crèvent de faim, les nobles se querellent pour diriger le royaume et les moines prient.

    Tom le bâtisseur a pour ambition de bâtir une cathédrale et s'installe à Kingsbridge sous la protection du prieur Philip. 

    J'ai trouvé à l'ensemble le charme des pages rondement avalées. La lutte des bons, des pieux et des indigents contre la brutalité des despotes et les manigances des ambitieux, c'est plutôt efficace comme ressort. Au moins, cette fois, je ne me suis pas perdue. Il n'y a pas un nombre démesuré de personnages, en gros deux générations, et se sont les mêmes (ou leurs enfants) qui s'affrontent du début à la fin en deux camps bien nets, pas de surprise.

    Les femmes sont humiliées, exploitées et violées régulièrement, comme il se doit dans un roman historique qui se situe à plus de cinquante ans de distance de l'ère Macron. En alternance avec des épisodes de romance. 

    La cathédrale suit le mouvement des protagonistes, tantôt elle se bâtit, tantôt elle se fait débâtir et c'était une bonne idée. Je n'ai guère progressé en architecture, c'est ma principale doléance. 

    J'ai apprécié, je comprends le succès. Je n'irai pas lire la suite, sauf accident de bibliothèque.

  • Nom à se coucher dehors

    nom à particules,delzongle,dust,un nouvel aspiro n'y suffira pasDust, Sonja Delzongle

    Bouh c'était hyper sombre comme thriller... et par-dessus le marché, gore.

    Je reconnais qu'en partant d'une réalité aussi atroce que le massacre des albinos en Afrique, base d'un trafic de produits d'origine humaine supposés apporter chance, bonheur, pouvoir, santé, etc., on ne pouvait guère parvenir à un résultat léger. Fallait-il en plus que l'enquêtrice principale, Hanah Baxter, soit accro à la cocaïne ? (sans que ça pose un problème à quiconque, sauf à moi).

    Hanah, profileuse,  se rend au Kenya pour aider à une enquête qui piétine : des croix tracées au sol avec quantité de sang et aucun cadavre à l'horizon. Le meurtrier en série est rapidement présenté au lecteur, qui, s'il a un peu de jugeote, obtient rapidement son identité. 

    Tout l'intérêt du roman repose donc sur ces deux enquêtes parallèles, celle du tueur aux croix de sang et celle des meurtres d'albinos. Il faut quand même avoir envie de lire des horreurs pour se lancer là-dedans. Prostitution infantile, violences, gangs, sida... 

    Si on peut parfois à l'issue d'une lecture avoir envie de voyager pour visiter les lieux, je peux sans trop m'avancer vous dire que ce ne sera pas le cas cette fois. 

  • Faucille filante

    cosmonautes, gagarine, elitza gueorguievaLes cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva

    J'ai pioché largement dans la sélection Folio cet été... Un peu de tout, pour découvrir. J'ai commencé par celui-ci qui aurait pu être un roman japonais et !?? mais qui n'est que Bulgare et loufoque. 

    Au travers des yeux de la narratrice, une fillette qui grandit en Bulgarie en rêvant de devenir Youri Gagarine, on découvre une version des années 80 différente de celle qu'on a nous-même connue (les moins de 35 ans n'arrivent pas ici), de l'autre côté du mur soviétique.

    C'est un récit à la 2e personne, il faut un peu de temps pour s'y faire. Je n'ai pas adoré, mais j'ai été sensible à un certain humour diffus, qui naît, comme souvent dans les récits confiés à des enfants, du décalage entre ce qu'elle comprend et ce que le lecteur déchiffre. 

    Le retournement brutal des valeurs, par exemple, suite à la fin du communisme. On avait à manger, il n'y a plus rien. Mais les parents qui ouvraient grand les robinets pour couvrir des conciliabules dans la salle de bain semblent ravis de la nouvelle situation, au contraire du papy communiste convaincu qui se retrouve dans le mauvais camp. 

    Il y a beaucoup de détails qui reviennent en boucle, des histoires de chiens, de cousins, de placards... je suppose que ça peut paraître un peu lourd ou un peu froid comme récit. Ou alors c'est du comique de répétition (paraît que c'est mon genre).

    Un roman original, pas tout à fait dans mes goûts mais pas loin non plus.