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enfance - Page 2

  • Cuisine maison

    "Presque 15 jours de retard sur la troisième échéance du challenge Jonathan Coe,  une liste de lecture comme figée dans la neige tombée la semaine dernière, un blog en hibernation qui ronfle auprès du radiateur, un vote ouvert depuis trop longtemps sur la P.A.Léatoire... et elle vient nous parler de cuisine?" Se plaindront les lecteurs les plus assidus, les fidèles, les rescapés de mes longs silences, ceux qui commencent (et s'arrêtent? Bouh, que vous êtes méchants) à mes titres.

    Je vais de suite vous rassurer, non, je n'ai pas remplacé la lecture par la confection de gâteaux au chocolat et encore non, je n'ai rien à écrire sur les bûches de Noël et même, troisième non, pour obtenir un compte rond et équilibré, symbolique, je ne dirai rien, ou presque, sur ma cuisine en tant que lieu de vie. Non, parce que si je me lance là-dedans, il va falloir que j'explique pourquoi on y trouve ces jours-ci plus de tubes de dentifrice et de serviettes de toilette que de condiments et de torchons.

    Contre vents et marées (comme la Bretagne me manque... j'ai le mal du pays.), je lis toujours, quitte à utiliser une lampe torche, je lis exactement la même chose qu'il y a quinze jours, c'est dire si je suis obstinée et fidèle!

    J'exagère un tout petit peu, j'ai tout de même avancé, puisque je vais pouvoir présenter enfin:

    pepins_pommeLe goût des pépins de pommes, Katharina Hagena

    Avis chrono'

    Une histoire très tendre, qui brasse à feu doux, sans remous, l'histoire d'une famille sur trois générations de femmes. Un récit sans rebondissement ni longueur, qui a la douceur de ce qui est préparé maison, avec amour.


    J'aime beaucoup cette couverture. Je l'aimais déjà de loin, sur les rayons de la bibliothèque. Vous ne trouvez pas qu'elle donne envie de toucher? Les français (oui, je rattrape une semaine de silence forcé, de silence lourd, je suis pleine à ras bord de mots et j'ai du temps, avant de rentrer chez moi. Alors, aujourd'hui, c'est digression en promo. Dix pour le prix d'une. Pour la version courte, voir plus haut.). Nos français, donc, en avalent 20 kilos par an. Je laisse ma part, je dois dire, mais tout de même, c'est un beau fruit, je comprends qu'il vole un peu pour une fois la vedette aux nanas en cuir moulant des livres jeunesse et j'apprécie qu'on en revienne finalement où tout a paraît-il commencé, au péché (d'ailleurs, la pomme, c'est la version imberbe de la pêche, non?) à la tentation et à l'arbre aux pommes sous sa forme épurée, sobre, mais diablement tentatrice et tout aussi efficace en définitive... Comparons.

    mercy.jpg  fascin.jpg 

    Je conçois tout de même que ça reste une question de goût. Sans doute, certains préféreront ceux qui brillent davantage.

    J'ai cédé, tendu la main, cueilli le fruit. De près, c'est encore meilleur. Fantasmer n'est rien, je suis partisane d'une consommation immédiate, tactile, qui se doit de commencer par un examen minutieux du corps du délit. Minutieux, pas patient. Au risque de choquer, je pense que les préliminaires ne valent que dans l'incertitude d'être aimé. Traîner n'est légitime que si l'on redoute l'absence de réciprocité. La laideur s'accommode de temporiser, de faire durer, terrifiée à l'idée de plus voir revenir des instants volés. Là où le bonheur et la beauté courent à l'essentiel et à la franchise. Ce qui est laid et monstrueux se complaît dans l'ombre, le silence et la lourdeur.

    La lourdeur des mots, des phrases, de la syntaxe aussi... vous voyez, je ne suis pas  perdue, dans mes pensées, pas totalement... Mon écriture me ressemble. Elle s'étrangle où je m'étrangle.

    Au lit avec un livre, donc, je touche, mais seulement quand j'aime et quand je sens qu'il va se passer quelque chose d'intense et d'important. C'est rare. Je me souviens de mon premier soir et de l'attention prétée aux détails, de l'examen minutieux de ces croquis qui évoquent les cours de biologie, les coupes à reproduire. J'ai observé les petits numéros qui accompagnent, ici la pomme, là, la fleur, ou le pépin fendu dans sa longueur.

    J'ai lu très lentement. Deux, trois, peut-être quatre semaines. Je n'ai pas lu seule mais je n'ai pas non plus été gênée de partager.

    La narratrice hérite de la maison de famille, à la mort de sa grand mère. La petite tension provoquée en moi par l'association des thèmes "famille", "héritage", "souvenir", "maison" (voir Une promesse, ou Val-de-grâce lus cet été) a été rapidement dissipée.

    Les transitions sont impeccables, on passe avec fluidité d'une anecdote à l'autre, par petits bonds, de l'évocation tendre d'une grand-mère qui perd la tête et évolue dans le potager au beau milieu de la nuit aux plaies vives d'une tante qui a perdu son amour et sa fille.

    Sans parler de véritable suspense, quelques pistes s'ouvrent au début du roman et serpentent jusqu'à la fin. Chaque personnage est attachant. Y compris le grand père un peu rude qui adhéra en son temps au parti nazi.

    Et si j'ai ricané tout d'abord de ce pommier nimbé de sagesse, aux manifestations quelque peu surnaturelles, j'ai fini par accepter l'étrange poésie de sa présence. Il est le fil conducteur de la narration, un instrument littéraire, une image.  Mais elle n'est pas si mal menée, ça tient la route, au fond, cette histoire du goût des pépins de pomme. Le goût du détail, de l'infiniment petit. De ce qui n'était pas destiné à la consommation et qui s'est révélé, au final, meilleur que ce qu'on en attendait. L'ingrédient infime qui fait toute la différence. Et s'il me plaît, à moi, de penser que ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'un fruit symbole de désir?

    Voilà. Je continuerais bien, mais pas seule. ça manque un peu de dialogue, tout cela, et d'échange.

    _________________________

    M****. est gravement malade et lutte pour sa vie. J'ai sûrement été maladroite en lui parlant ces derniers jours. Je le suis toujours quand je suis émue. Que dire? Comment adoucir? Comment aider? Comment consoler?

    M****. me recommande, à raison, de profiter à fond de ma vie, avant qu'on ne me l'écourte à coup de diagnostique et de pinces de crabe. Je lui dédie, comme je le fais parfois, cet article. Pour le bon goût de la compote. Parce que nous avons parlé de nos familles.

    Profiter, j'y songe. Simplement c'est plus simple à dire qu'à faire. On rencontre parfois un peu de résistance.

    Ce que j'aime, c'est écrire. Ce qui me rendrait heureuse, ce serait de savoir tellement bien le faire, que ça donnerait envie de me répondre. ça me fait une boule au ventre, ce désir là. C'est un pouvoir qui m'échappe et dont je suis avide.

    En attendant de m'améliorer, les brouillons, c'est ici. C'est chez moi. Ici je peux encore m'autoriser à dire "j'aime".

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  • L'esprit de noël

    En attendant la reprise (des chroniques) une reprise du tag de l'enfance.

    1) Quand vous étiez petite, que répondiez-vous à la question "Et toi, que veux-tu faire quand tu seras plus grande?

    Par taille croissante... "Instit" -  Puis "prof" - Puis "prof de math" - Puis "contrôleur aérien dans l'armée de l'air". Mais là,  j'avais sans doute déjà quitté l'enfance.

    2) Quels ont été vos BD et dessins animés préférés ?

    pegase.jpgTintin, Boule et Bill, Gaston Lagaffe. Pour les dessins animés, il y en a eu tellement... Saint Seiya (Les chevaliers du Zodiaque), Tom&Jerry, Dragon Ball, Juliette je t'aime, Princesse Sarah et tout ce qui passait au club Dorothée. Ah oui, et Ranma 1/2 que je cherche à revoir!


    3) Quels ont été vos jeux préférés ?

    Sans hésiter le Mécano et les Lego. Les plus difficiles, ceux avec des plans de montage de plusieurs pages. Et puis les puzzles, un peu. Sinon, j'étais très forte pour inventer des jeux à partir de rien.

    4) Quel a été votre meilleur anniversaire et pourquoi ?

    Mes vingt ans. Parce qu'il y avait du monde, même si ce n'étaient que des amis d'emprunt. Que la soirée fut joyeuse, que j'étais amoureuse... Ma seule fête d'anniversaire digne de ce nom.

    5) Qu'est-ce que vous auriez absolument voulu faire et que vous n'avez pas encore fait ?

    J'ai toujours voulu écrire un roman.

    6) Quel était votre premier sport préféré ?

    A la suite d'une pèce de théâtre au collège, à laquelle je n'ai pas osé participer, mais j'assistais à toutes les réprésentations, je me suis prise d'amour pour le rugby. Mais uniquement à la télé!

    7) Quelle était votre première idole de musique ?

    graeme_allwright.jpgJe n"idole" pas. Pas mon genre. Mais sans doute Graeme Allwright.

    8) Quel est le plus beau cadeau de Noël (ou équivalent) que vous ayez reçu ?

    Je n'ai que de vagues souvenirs de mes noëls d'enfance, mais ils étaient heureux. Quel plus beau cadeau que cela?

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  • La mémoire qui flanche

    modiano_pedigree.jpg

    Un pedigree, Patrick Modiano

    Avis chrono'

    Un récit autobiographique qui ne verse pas dans le sentimentalisme et qui, sans être renversant, m'a touchée.


    note.jpg

    L'imbécile que je suis a rendu le livre (audio) avant d'écrire son billet... Pour les citations, c'est fichu.

    Aujourd'hui, parlons de Modiano. Je vous devine surpris - "Pas son genre ça..." - Si seulement vous saviez! Plus rien de ce que je fais en ce moment n'est mon genre. D'abord il n'y a plus rien qui me tente au rayon livre audio de la petite bibli. Et pour la grande, je n'ai plus le temps d'y aller. Alors voilà, mea culpa, cette semaine, je me suis retrouvée à rouler 30 minutes en écoutant... radio Grand Ciel. Vous ne connaissez pas? Je vous mets sur la piste? Le Ciel, avec un grand 'C'? La méthode de trois 'P' pour faire durer votre couple? (Programmer, Protéger et ... tss j'ai pas assez bien écouté... Pardonner? Parler? Parler ça me semble bien mais ce n'était pas cela). Vous ne voyez toujours pas? Et si j'ajoute des exégèses de textes bibliques, vous y êtes?

    Le plus drôle, c'est que ça n'était pas désagréable. Mais quand même j'ai senti qu'il était temps que je trouve quelque chose à me mettre sous l'oreille, avant d'entrer dans les ordres.

    Début de semaine, donc, avec Un pedigree, de Modiano. Oh mon Dieu (voilà ça déteint déjà...) me suis-je dit après les quinze premières minutes. Ce n'était que succession de noms propres, des femmes, des hommes, de la famille, des villes. Impossible de m'y retrouver.

    Il s'agit d'un roman autobiographique dans lequel Modiano revient sur son enfance et notamment sur la vie de ses parents, après la guerre.

    modiano_boutiques_obscures.jpgJ'avais déjà lu, peu de temps après l'ouverture de ce blog Rue des boutiques obscures, sans trop savoir comment le prendre. Le narrateur courrait d'un bout à l'autre de l'histoire derrière son identité (il souffrait d'amnésie), me perdait lui aussi dans une énumération de noms et de lieux. J'ai détesté. Le seul point positif était ce jeu de piste, cet homme renvoyé comme une bille d'une piste à une autre, d'un témoin à l'autre, ici à cause d'un souvenir confus, là grâce à une photo... C'était très froid comme récit.

    Dans Un Pedigree, j'ai retrouvé avec une grande surprise des noms propres sortis tout droit de ma précédente lecture, là je ne comprenais plus. Fiction? Autobio? J'ai fini par m'habituer, au moins, je me sentais en terrain connu. J'ai même aimé, à la fin. Je n'en lirais pas quinze du même genre, mais ce ton documentaire, ces faits alignés sans trop de sentiments, comme de simples constats, m'ont plu. Sans pouvoir citer les mots exacts, je me souviens d'un moment où il justifie  cette distance et ce ton glacé et objectif.

    Il re-construit une enfance qui n'a rien d'enviable, à mon sens, à partir d'objets récupérés. Comme si ça ne venait pas d'un coeur, mais d'une boite en carton qui sent la poussière. (ça, c'est moi qui le pense).

    Curieuse relation que celle qui l'unit (ou le désunit) à son père. Drôle d'enfance racontée sans entrer dans les sentiments du principal concerné, comme vue de de l'extérieur, comme si les lieux qui se succèdent, les amis de la famille aux noms égrenés, tout cela pouvait suffire à retracer une vie.

    Et ce n'est pas idiot, au fond. Peut-être que cela ne compte pas, ce qu'on peut dire de nous-même, de nos joies, de nos désirs, de notre envie d'aider ou de détruire. D'ailleurs qui entend? Peut-être que tout ce qui doit rester de nous après la mort, ce sont quelques photos, des tickets de train ou de ciné, des adresses. Le concret.

    J'ai songé à Val de Grâce lu cet été, qui parlait aussi d'enfance, de mémoire, qui était plus joyeux et que je n'ai pas aimé.

    Là encore, le lieu était le centre de tout, le centre d'un monde et d'une personnalité.

    Ce narrateur-ci est toujours bringueballé d'une ville à l'autre et ce n'est pas un enfant heureux, ou si peu.

    Le secret du bonheur d'une enfance serait-il de ne jamais déménager?

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  • Retombée en enfance

    Espions_frayn_couverture.jpgEspions, Michael Frayn

    Le second tome de ma pochette surprise. Un titre vers lequel je ne me serais pas dirigée spontanément, qui s'est révélé très bon!

    Le narrateur est un vieil homme chez lequel un parfum de fleurs va faire revivre des souvenirs d'enfance, au point de le pousser à retourner dans la rue où il vécut, durant la guerre, dans une banlieue anglaise.

    Stephen et Keith étaient deux copains, à l'imagination débordante, qui comme tous les enfants s'inventaient des jeux. Un jour, les deux garçons vont se persuader que la mère de Keith est une espionne allemande et le jeu cessera d'en être un.

    Davantage que le thème de la jeunesse en temps de guerre, ce roman s'attache à nous décrire cet instant insaisissable: la sortie de l'enfance. Les derniers jeux, dans lesquels on fait semblant de croire encore à l'impossible, mais sans plus être dupe. Quand ce qui n'était qu'imagination se met à avoir des conséquences réelles.

    «  Dans la vie, il y a tant de choses qui ressemblent à une sorte d'épreuve. Dix fois par jour, si on est un garçon qui espère devenir un homme, on doit ramasser son énergie, s'imposer un effort supplémentaire, montrer un courage qu'on ne possède pas vraiment. »

    Le mystère annoncé par le narrateur âgé perdure jusqu'aux toutes dernières pages puisqu'il s'applique à retracer les évènements avec les yeux de Stephen, à travers son regard et ses pensées d'autrefois, quand Stephen sentait confusément que ce jeu là était différent des autres mais sans comprendre.

    Un joli roman-énigme, roman d'apprentissage, aussi, pour ceux qui acceptent de temps à autre de se passer de vampires, de serial-killer, de psychotiques de tout poil.

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