Espions, Michael Frayn
Le second tome de ma pochette surprise. Un titre vers lequel je ne me serais pas dirigée spontanément, qui s'est révélé très bon!
Le narrateur est un vieil homme chez lequel un parfum de fleurs va faire revivre des souvenirs d'enfance, au point de le pousser à retourner dans la rue où il vécut, durant la guerre, dans une banlieue anglaise.
Stephen et Keith étaient deux copains, à l'imagination débordante, qui comme tous les enfants s'inventaient des jeux. Un jour, les deux garçons vont se persuader que la mère de Keith est une espionne allemande et le jeu cessera d'en être un.
Davantage que le thème de la jeunesse en temps de guerre, ce roman s'attache à nous décrire cet instant insaisissable: la sortie de l'enfance. Les derniers jeux, dans lesquels on fait semblant de croire encore à l'impossible, mais sans plus être dupe. Quand ce qui n'était qu'imagination se met à avoir des conséquences réelles.
« Dans la vie, il y a tant de choses qui ressemblent à une sorte d'épreuve. Dix fois par jour, si on est un garçon qui espère devenir un homme, on doit ramasser son énergie, s'imposer un effort supplémentaire, montrer un courage qu'on ne possède pas vraiment. »
Le mystère annoncé par le narrateur âgé perdure jusqu'aux toutes dernières pages puisqu'il s'applique à retracer les évènements avec les yeux de Stephen, à travers son regard et ses pensées d'autrefois, quand Stephen sentait confusément que ce jeu là était différent des autres mais sans comprendre.
Un joli roman-énigme, roman d'apprentissage, aussi, pour ceux qui acceptent de temps à autre de se passer de vampires, de serial-killer, de psychotiques de tout poil.
Commentaires
Du même auteur, "Tête baissée", ou les affres d'un écrivain -je crois, dans mon souvenir - face à la (re)découverte et reconnaissance d'une grande oeuvre picturale flamande dans le grenier de son voisin fermier...drôle et grinçant, ça se lit comme un bon polar, l'univers est totalement décalé. On me l'avait offert, j'avais mis des plombes à me décider à le lire, et n'ai dû me laisser aller qu'à la faveur d'une grossesse handicapante sur la fin. N'avais pas été déçue. A mettre sur une P.A.L...?
Sur ma P.A.L. ? Oui chef! tout de suite chef!