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Médecine générale - Page 13

  • Fantomes du vieux pays

    couverture,fantômes du vieux pays, nathan hillLes fantômes du vieux pays, Nathan Hill *

     Calamity Packer, voici le surnom donné dans les médias à cette vieille dame qui a agressé un candidat à la présidentielle en lui jetant des petits cailloux. Ce fait divers finit (difficilement) par parvenir à Samuel, professeur à Chicago, endetté auprès d'un éditeur pour un livre qu'il n'a toujours pas écrit. Voici une occasion en or de publier un best-seller. Et si Samuel a une carte à jouer dans cette affaire, c'est que Calamity Packer n'est autre que sa mère, laquelle l'a abandonné quand il était enfant.

    960 pages. Trois époques parcourues pour démêler conjointement le mystère de ce départ, valise à la main, en laissant derrière elle fils et époux et comprendre les raisons de cette agression, deux décennies plus tard, contre l'homme politique.

    J'ai vraiment vraiment vraiment envie de faire la liste de tout ce qu'on trouve dans ce roman (comme l'étudiante tricheuse soutenue par le système)... mais il ne faut pas, ça donnerait une impression trompeuse de désordre (ou encore les joueurs de MMORPG) alors que l'ensemble est bien construit (et les manifs de 1968 aux Etats Unis) et que tout (y compris ces histoires de fantômes familiaux) va en réalité dans une même direction : se moquer du monde. Là, je sur-interprète peut-être un peu.

    N'empêche qu'un matin, en réfléchissant dans la voiture, je me suis demandée, puisque je retrouve à peu près toujours mes opinions politiques dans les romans, mais où sont les romans des autres ?
    En général, c'est très cynique, le regard porté sur la consommation, l'argent, l'environnement... Je n'ai pas souvenir d'un roman qui glorifie sincèrement le capitalisme, ou les valeurs de droite.
    Quand j'écoute les interventions de Mini-Macron au boulot et que mes oreilles saignent de son manque de compassion et de son obsession pour l'argent... je me demande où sont les livres de ses semblables.

    Hypothèse 1 : Leurs livres n'arrivent pas entre mes mains. Même quand je pioche au hasard. Jamais. Sauf les opinions machistes, ça j'en trouve de temps en temps.

    Hypothèse 2 : Leurs livres ne passent pas la barrière de la plupart des maisons d'édition, car tous les éditeurs sont du bon côté, c'est à dire du mien.

    Hypothèse 3 : Leurs livres ne sont jamais écrits, c'est du temps perdu d'écrire un bouquin et ça rapporte des clopinettes.

    (Renseignements pris, Mini-Macron ne lit pas. Je tiens peut-être une part de la réponse...)

     Allez, c'est le petit défi du jour. Trouvez-moi un roman de droite.

    En attendant je recommande celui-ci, qui, sans être un chef d'oeuvre, est tout plein de qualités que je n'ai pas su vanter.

     

    * Je ne peux malheureusement pas garantir qu'aucun animal n'aura été maltraité durant la lecture de cet ouvrage. 

     

  • La mère promise

    douleur,zeruya shalev, souverture, folioDouleur, Zeruya Shalev

    J'ai beau être piètre cuisinière, je ne peux pas toujours vous donner des surgelés. Voici une lecture toute fraîche d'une semaine à peine (et savoureuse) qui me permet d'ajouter un pays à ma carte de lecture, là en tout petit, au milieu !

     

    carte lecture

    Israël. Comme c'est tombé en plein au moment de l'arrivée d'un nouveau collègue qui nous a tout de suite fait part de son admiration pour Dieudonné et de sa crainte de la domination sioniste du monde, j'ai eu peur un instant de faire partie du complot à l'insu de mon plein gré. N'hésitez pas à me le dire si vous me trouvez suspecte.

    En attendant, je suis contente de mon choix, même si c'est comme acheter des broyés du Poitou : ne prendre aucun risque, partir sur un produit qu'on aime et qu'on connait bien.

    A savoir, ici, l'adultère. 
    Iris est mère de deux adolescents. Elle a connu deux grands chocs dans sa vie : dix ans plus tôt, elle a été victime d'un attentat, l'explosion d'un bus qui lui a causé de graves blessures dont elle souffre encore. L'autre choc, à la fin de son adolescence, lorsque le garçon dont elle était amoureuse l'a quittée, brutalement, pour un motif qui lui reste incompréhensible.

    Ce sont les retrouvailles avec ce garçon, devenu un homme, un médecin qu'elle croise en consultant pour ses douleurs, qui sont le point de départ de cette oeuvre intense et plutôt surprenante.

    Le côté broyés du Poitou, c'est le rendu des émotions liées à cette relation qui tente de reprendre là où elle s'était arrêtée, comme si les êtres étaient toujours les mêmes, comme si le mari n'était pas dans l'équation. Le mélange de culpabilité et d’insouciance totale, cet instant quand ils sont seuls où toute considération extérieure cède devant l'amour. Car ils s'aiment.

    Mais bien sûr ça n'est pas si simple. Est-ce que ça efface la rupture et les mois de souffrance qui ont suivi ? Est-ce que le fait d'être, avec son mari, dans une mauvaise passe est signifiant ? L'égoïsme qui teintait leur ancienne séparation n'est-il pas toujours tapi là, dans cet amant qui ne semble pas plus que ça se préoccuper de ses inquiétudes actuelles ?

    Le traitement du thème était à la hauteur de mes attentes. J'avais un peu peur. Un peu d'appréhension quant à la fin. ça finit rarement bien, les histoires d'adultère. Je suis reconnaissante à l'auteure de m'avoir épargné cela. La surprise était ailleurs.

    Je suis incapable d'expliquer pourquoi mais je me suis rendue compte que bien sûr, je me projetais dans Iris, ce qui était à la fois prévisible et souhaité, mais pas dans l'amante. Dans la mère. De façon croissante pendant ma lecture, puis, à partir de la moitié, totalement, avec intensité, au point que l'autre thème s'est effacé.

    Autre coeur du récit, les enfants. Un ado plein de vie, qui est encore à la maison, en conflit avec son père, et une jeune fille qui part travailler à Tel Aviv et pour laquelle l'inquiétude grandit. Elle serait tombée sous l'influence d'une sorte de gourou. Toutes les réflexions qui tournaient autour de ce thème, de sa relation avec ses enfants, avant et après l'attentat, avec sa fille presque adulte, de la compétition qui parfois peut opposer les parents entre eux dans la conquête de l'affection des enfants, de la mauvaise lecture de leurs attentes, m'ont semblé très intéressantes. 

    Les deux thèmes se mêlent dans l'esprit d'Iris. Si sa fille va mal, c'est parce qu'elle agit mal, dans une sorte de charge superstitieuse, de loi qui voudrait qu'il faille payer pour cet amour, que le prix soit au moins aussi exorbitant que la culpabilité ressentie et qu'un sacrifice soit nécessaire. Si elle renonce à l'homme, alors sa fille ira mieux. 

    Je sens qu'il y a beaucoup à creuser et discuter, dans ce livre; Pourquoi le bookclub ne sert-il pas à cela plutôt qu'à manger des nems en parlant pour la 36e fois de la même série que je n'ai pas vue ???!!
    Où sont/vont les gens qui veulent vraiment partager des livres ?

    Je m'aperçois en me relisant que j'ai bien plus apprécié cette oeuvre que je ne pensais... J'ai peut-être été un peu sévère dans mon classeur, je vais ajouter une étoile. 

     

  • Le mariage pour toutes

    amie prodigieuse, reste, ferranteCelle qui fuit et celle qui reste, Elena Ferrante

     "Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses".

    Les citations, c'est quand j'ai un morceau de papier dans le livre, un crayon à portée de main et que le papier survit aux divers transports ou bien quand le livre m'appartient et que j'en corne les pages. Dans un cas comme dans l'autre, je ne note que la page. Et si un mois plus tard, en la relisant rien ne me saute aux yeux, ce qui est fréquent, pas de citation.

    Page 26, cornée, je ne vois que la phrase ci-dessus qui ressorte. Pourtant ce n'est pas une pensée que je partage. J'avais peut-être envie de lancer une polémique ?

    Tout bien réfléchi, si, ça peut être sympa, une source de bonheur à peu de frais. Passons. Disons simplement que dès le début de ce volume, on sent qu'il prend un tour plus politique que les précédents, ce qui m'a bien plu. On y trouve les échos de mai 1968, quelques passages dans des facultés agitées et Lila qui travaille en usine, pour le versant prolétaire. 

    Après le mariage, le T3 aborde aussi les thèmes de la maternité, un peu, et fait revenir le fameux Nino. Les relations entre les personnages étaient un peu moins intéressantes cette fois. Je me fous à peu près complètement de qui couche avec Nino, il faut bien le dire. J'attendais de voir comment évolueraient les deux amies et je reste (mais sans impatience) sur les dents. Elles évoluent en parallèle et leurs rares échanges sont plus épineux qu'agréables. Chacune est pour l'autre une référence à tenir à distance, une carte qu'on ne doit dégainer qu'en cas d'urgence. 

    "Regarde-moi jusqu'à ce que je m'endorme. Regarde-moi toujours, même quand tu t'en vas loin de Naples.
    Comme ça, je sais que tu me vois, et ça m'apaise."

    Si c'est un talent de cacher les choses, dois-je m'attendre à ne trouver aucune réponse, aucun éclaircissement dans le dernier morceau ? 

  • Aventuriales 2018

    Je sens bien que c'est un tort d'écrire un nouvel article si vite, sans vous laisser le temps de vous remettre de mon avis éblouissant sur le roman de Jonathan Coe... Mais la fin du T3 de l'amie prodigieuse, c'était le 1er septembre, si j'attends plus et que je m'en souviens encore moins, ce sera un article tellement extraordinaire que vous resterez à jamais pétrifié.e dans la béatitude. Or, j'aime les femmes (et potentiellement mais ça n'est pas encore prouvé, les hommes) avec un minimum de répondant. 

    Si je suis si motivée, c'est que je reviens d'un revigorant weekend consacré à la lecture, qui valait la peine de se lever tôt samedi. Nous étions aux Aventuriales, un salon (festival ?) du livre imaginaire. Je ne suis donc presque pour rien dans l'avalanche de nouveaux livres qui rejoignent nos bibliothèques. Je ne connaissais que deux auteures, celles qui papotent régulièrement sur Twitter avec Sol' et qu'elle m'a fait lire, à savoir Agnès Marot et Cindy Van Wilder. 

    Je ne donnerai pas son nom mais nous avons croisé un spécimen d'auteure particulièrement peu engageante, qui a levé les yeux au ciel en découvrant qu'elle allait devoir vendre et dédicacer quatre livres d'un coup. Elle a même tenté de nous en faire abandonner un... Et une libraire qui aurait été canon si elle avait su sourire, au lieu de quoi elle surveillait chaque livre que les visiteurs approchaient à moins d'un mètre avec une telle tension que j'en ai eu mal au dos.

    De pauvres âmes de bonne volonté, qui étaient venues déguisées, ont dû faire une danse des mascottes que je n'ai pas pu regarder jusqu'au bout, on ne doit pas se repaître de la misère des autres.
    Il y avait plein de couvertures colorées, de filles évanescentes aux longs cheveux, d'elfes aux oreilles pointues et de grimoires aux licornes. Une pancarte vendait "du sexe mais pas que". Il y avait un nombre honnête de fans d'Harry Potter. Ce n'était pas mon rayon lecture. Mais c'était chaleureux.

    J'avais parlé de ma première rencontre avec Cindy Van Wilder dans l'article consacré à son roman La Lune est à nous, un fort souvenir de mes dernières vacances. Je confirme, elle dégage vraiment quelque chose... 


    Quand j'ai fondu en larmes, en mai, j'ai ressenti un désir impérieux de posséder mon propre exemplaire. Six mois plus tard, j'ai lutté avec ma raison qui me dit toujours qu'il n'y a rien de plus superflu qu'un achat de livre, ainsi qu'avec ma timidité, j'ai hésité jusqu'à la dernière seconde et j'ai réussi à marmonner quelque chose d'assez intelligible pour revenir avec une lune est à nous  à moi, dédicacé. Je ne peux pas le relire, une telle émotion c'est un verrou qui a sauté, ça ne marcherait peut-être plus une deuxième fois. Mais je l'ai.

    J'ai aussi fait ma première expérience en chambre d'hôte. C'est flippant un gars bizarre qui te fait la conversation pendant le petit déjeuner. Je suis restée muette, incapable de participer à ces échanges sur la pluie, le beau temps, les cours de ski, le parapente, les églises du XIIe siècle, comme ça, à froid, le matin.

    J'ai profité ensuite d'une randonnée et d'un pique-nique au bord d'un lac pour me remettre à lire après un mois de septembre complètement sec. J'ai bouclé un bon roman et entamé un autre qui se présente bien. Je vais remettre à plat toute ma wish-list et revoir l'ordre des priorités. Lire le matin au petit déj (4mn). 

    Je suis regonflée.

     

  • O. L.

    filles lionLes filles au lion, Jessie Burton

    Le premier roman de Jessie Burton, Miniaturiste, est sur ma liste depuis plus d'un an (il faut vraiment que je fasse du ménage, que je reparte à zéro, sa longueur me décourage).

    Une partie de l'intrigue se situe en Andalousie, pendant la guerre d'Espagne (le temps des filles au lion, j'ai mis de côté ma faible appétence pour l'Espagne). L'autre à Londres, dans les années soixante. Le pont entre les deux époques c'est ce fameux tableau des jeunes filles au lion et la présence, chaque fois, d'une jeune femme qui peine à s'affirmer et qui va être soutenue par une autre. Soit Une Olive ou une Odelle, et un lion (je me sens en devoir d'éclairer mon titre, aujourd'hui). 

    On attend bien sûr sagement ce fameux moment où l'intrigue dans le passé va éclairer la présence du fameux tableau dans l'intrigue postérieure, suspense qui se maintient à peu près jusqu'aux deux tiers. Tout tient dans mon "sagement". Si le cadre historique est plaisant, que les personnages féminins sont plutôt attachants, et que l'écriture est agréable, je n'ai pas été émue.